Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
En Juin 1936, le Maroc connut des mouvements ouvriers de quelque ampleur. Ils se produisirent là où, par suite du développement industriel, des concentrations ouvrières se trouvaient réalisées, dans les mines de phosphates de Khouribga et de Louis-Gentil, et à Casablanca, déjà capitale économique du pays.
Ces événements peuvent apparaître comme un pâle reflet de ceux qui, dans le même temps, agitaient la France et le reste de l'Afrique du Nord. Mais replacés dans l'histoire naissante du mouvement ouvrier au Maroc, leur importance se révèle considérable. Des revendications depuis longtemps exprimées furent enfin satisfaites. Pour la première fois des travailleurs marocains, hier encore des ruraux, se livraient, entraînés par l'exemple de leurs compagnons français, à des cessations concertées de travail.
page 418 note 1. Il s'agit de la « zone française » du Maroc. Le recensement de 1936 y dénombrait 6 245 000 habitants : 6 042 500 Marocains et 202 500 Européens. (Sur les incertitudes des recensements dans l'ancien Protectorat français, voir : Albert AYACHE, Le Maroc, Paris, 1956, p. 281 et suiv.)
page 418 note 2. Variation à Casablanca, de 1930 à 1935, des cours moyens du blé dur et de l'orge, céréales spécifiquement marocaines, et du blé tendre cultivé plus particulièrement par les Européens, d'après la courbe établie dans Y Annuaire de Statistique Générale du Maroc, année 1936, p. 44 :
Années | 1930 | 1931 | 1932 | 1933 | 1934 | 1935 |
---|---|---|---|---|---|---|
Blé dur. … | 133,2 | 123,2 | 82,2 | 82 | 70 | 60 |
.………… | 60 | 46,7 | 42,3 | 33,3 | 30 | 23,3 |
.…… | 126,6 | 143,2 | 116,6 | 60 | 63,3 | 70 |
Les prix des céréales au cours de la période envisagée se sont affaissés jusqu'à diminuer de moitié, et même plus (orge).
page 419 note 1. Il y eut une seule bonne récolte, en 1934. Les récoltes des années 1931, 1932 et 1933 furent médiocres ; celles de 1930 et 1935, très mauvaises (voir les courbes de production et de rendement dans VAnnuaire Statistique…, 1936, p. 45).
page 419 note 2. Voir note 2, p. 418.
page 419 note 3. D'après Le Maroc. Encyclopédie maritime et coloniale, Paris, 1940 (p. 216). Cette indication n'existe plus dans l'édition de 1947.
page 419 note 4. L'application à ces sommes des coefficients pour la revision des bilans établis par le décret du 18 février 1952 (J. O. du 19, p. 2 050) permet d'en obtenir la valeur en francs 1952, soit pour 1931 : 15 210 millions ; pour 1932 : 45 400 millions ; pour 1933 : 19 960 millions ; pour 1934 : 18 130 millions.
page 419 note 5. Importation de ciment :
page 420 note 1. Entreprise en décembre 1935, l'enquête fut publiée dans le Bulletin Economique du Maroc de juillet 1936, p. 177 et suiv.
page 420 note 2. 3 151 personnes, recensement de 1936.
page 421 note 1. Les indications de salaire données dans l'enquête sont les suivantes :
L'Annuaire statistique général du Maroc donne pour le mois de janvier 1936 (Année 1936, p. 40) :
Notons la différence considérable entre les chiffres relevés par les enquêteurs et ceux de la statistique officielle pour les salaires des maçons : 7 F et 14/20 F. — La différence aussi entre les salaires européens et marocains, le minimum du premier est toujours supérieur au maximum du second. Toutefois les taux de la journée du « manoeuvre indigène » concordent : 3 francs.
page 421 note 2. Ration journalière d'une famille-type composée d'un homme, d'une femme et de un ou deux enfants — à condition qu'elle y consacre la presque totalité de son gain journalier (2 F 95 sur 3 F) — d'après Baron, Huot, Paye, p. 181 :
0 F 25 à 0 F 30 de lben (petit lait) : 1 litre ou 1 litre 1 /2.
1 F de thé et de sucre : 100 gr de thé environ, 200 gr. de sucre.
0 F 25 d'huile : 8 à 10 centilitres au plus.
1 F à 1 F 20 de pain : 1 kg.
0 F 25 de beurre : 50 gr.
1 F 75 à 2 F de viande par semaine (1 /S kg), soit 0 F 30 par jour pour ceux qui ont de l'argent.
page 422 note 1. Dans L'Entreprise au Maroc, Bulletin hebdomadaire. Casablanca, jeudi 11 juin 1936.
page 423 note 1. Le front populaire marocain se constitua définitivement le 5 mars 1936. Il comprenait la Fédération du Maroc de la S.F.I.O., le parti radical et radical-socialiste, la Fédération du Maroc de la Ligue des Droits de l'Homme, l'Union Départementale des Syndicats Confédérés du Maroc. Le parti communiste n'étant pas autorisé, les communistes français présents au Maroc militaient au sein de la S.F.I.O.
page 423 note 2. Cependant la section marocaine du parti radical avait refusé de condamner le nouveau Résident.
page 424 note 1. A une délégation de cheminots reçue le 3 juin 1936 à Rabat, il avait déclaré : « Le point crucial est la question indigène. L'application de cette législation (la loi française de 1884) au Maroc aboutirait en effet à l'évincenient [sic] de l'élément européen dans les syndicats et plus particulièrement dans les Comités au profit de l'élément marocain le plus nombreux… » (L'Avenir du Rail, revue mensuelle, Casablanca, juin 1936).
page 425 note 1. Communiqué officiel, publié dans Le Petit Marocain du 14 juin 1936. Le quotidien casablancais sera désormais désigné par les initiales P.M.
page 426 note 1. Dans Le Maroc Socialiste, hebdomadaire de la Fédération du Maroc de la S.F.I.O., Casablanca, en date du 23 juin 1936 (NumérOtSpécial consacré au mouvement gréviste).
page 426 note 2. Réponse du secrétaire de l'Union départementale (C.G.T.) de 1936 à un questionnaire de l'auteur.
page 426 note 3. P. M. du 16 juin.
page 426 note 4. Cf. la « Note sur le récent mouvement ouvrier au Maroc », par le Comité d'action marocaine, dans Le Maroc socialiste du 19 septembre 1936.
page 426 note 5. Dans L'Afrique Française de juillet 1936, un article signé J.L.L. était consacré aux mouvements de grève en Afrique du Nord, notamment au Maroc.
page 429 note 1. Maroc Socialiste, 23 juin 1936.