Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
« Épouse et n'épouse pas ta maison »
René CharParmi les métaphores qui aident les juristes à penser les rapports entre le roi et le royaume, celle du mariage politique occupe une place privilégiée.
L'analogie est le pont aux ânes des scolastiques, ancienne ou nouvelle, et la fiction un procédé familier à la pensée normative. Au sens précis, la fiction consiste à accorder à une personne le statut juridique d'une autre. Mais prêter au roi le statut d'un époux mystique est une opération mentale qui dépasse une simple manipulation à l'intérieur du droit fondateur des statuts. Il s'agit bien plutôt de la création mythique du droit royal lui-même, d'une cosmogonie de la monarchie légitime, en somme.
From the 15th to the 17th centuries, theologico-political metaphors created a kind of cosmography of the legitimate monarchy. Closely linked to the corporative fiction, the image of the king's political marriage with the Republic was borrowed from Lucas of Penna by French jurists (associated with the Parliament of Paris) towards the end of the 1470's (and not in 1527), and the image's ceremonial basis appears to have been even older. During the 16th century, the function of the marriage-metaphor was to modernize the ancient principal of the inalienability of the royal domain, which became, in 1566 a «fundamental law» complementing the statutory transmission (of power). It would nevertheless be a grave error to see, in the development of these fictions, an archeology of constitutionalism. The opposed consequences, on the political level, of the organicist metaphor (absorbing the kingdom into the persona of the «boss») and of the corporative metaphor (posing the possibility of a proper representation of the kingdom), lead back to questions of freedom of king and freedom of kingdom. The «State in right» of the Ancien Régime condemned both kings of freedom. This paradox, however, tended to resolve itself durint the enlightenment, when a critical space was opened in politics by juridical discourse and ceremonial rituel, both of which had contributed, in an on-going competition, to founding the normative order of theologico-political power.
* Je remercie Alain Boureau, André Burguière, Alain Guerreau, Anita Guerreau-Jalabert, Pierre Legendre, Jean Nagle et Yan Thomas, qui, lors de la discussion de la communication ou par la suite, ont bien voulu me faire part de leurs remarques.
1. Un historien comme Henri Hauser, « Le traité de Madrid et la cession de la Bourgogne à Charles-Quint. Étude sur le sentiment national bourguignon en 1525-1526 », Revue bourguignonne, vol. 22, n° 3, 1912, p. 81, n'hésitait pas à qualifier l'argumentation développée à Madrid par les Français de «bric-à-brac juridico-archéologique». Mais les historiens (positivistes) du droit n'éprouvent pas forcément plus de compréhension à l'égard des modes de pensée des anciens juristes : Joseph Declareuil parle de « fantasmagorie » et François Olivier-Martin situait l'« abstraction » du mariage politique « en dehors de la vie, dans la région glacée des idées pures ». Naturellement, il ne saurait être question de négliger la réflexion des juristes sur la fiction et celle des linguistes sur la métaphore. Sur le problème de la propriété, voir le livre essentiel de Marie-France Renouxzagamé, Origines théologiques du concept moderne de propriété, Genève, Droz, 1987, 399 p.
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4. On pourrait ici évoquer l'œuvre d'Erwin Panofsky, aussi bien que les analyses moins ambitieuses consacrées à des thèmes particuliers, par exemple les contributions d'Alain Tapieet Jean- François Groulierdans L'allégorie dans la peinture. La représentation de la Charité au XVIIe siècle, Caen, Musée des Beaux-Arts, 1986.
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11. Jean Barbey, op. cit., pp. 179-180 et 186. C'est sans doute cette position intellectuelle que Jellinek, Georg, L'État moderne et son droit, Paris, Giard et Brière, 1911, t. 1, p. 296 Google Scholar, qualifie d'« identification naïve » d'où serait provenue la plus grande partie des erreurs de la doctrine sur la « personne » confondue avec l'« homme ».
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22. Bloch, Marc, Les rois thaumaturges, Paris, Gallimard, 1983 (1924), pp. 194–195 et 496.Google Scholar En outre, aux xiiie et xive siècles, les évêques de Paris investissaient leurs plus importants vassaux par la remise d'un anneau d'or ( Olivier-Martin, François, Histoire de la coutume de la prévôté et vicomte de Paris, Paris, Éditions Cujas, 1972 (1914), t. 1, p. 306 Google Scholar).
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27. L'expression semble être de Nicolas Bergier, avocat et historiographe du roi Louis XIII. On peut ici se référer à ce que dit Alain Boureau, Le simple corps du roi, Paris, Les Éditions de Paris, 1988, p. 41, sur « la structure triple de l'emblème » : signe / objet / interprétant d'un côté, icône / indice / symbole, de l'autre.
28. On sait que les sacres donnent lieu à des « largesses » (cf. Godefroy, op. cit., p. 486, pour Claude de France). Sur le don royal, Guéry, Alain, « Le roi dépensier. Le don, la contrainte et l'origine du système financier de la monarchie française d'Ancien Régime », Annales ESC , n° 6, 1984, pp. 1241–1259 Google Scholar, et, dans un contexte général, Peck, Linda Levy, Court Patronage and Corruption in Early Stuart England, Boston, Unwin Hyman, 1990, pp. 1–11, « The Fountain of favors ».Google Scholar
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33. Texte communiqué par Christophe Blanquieet cité dans sa thèse sur le Chevalier de Thodias.
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35. Les avis, pour l'une ou l'autre solution, sont recueillis dans BN, f. fr. 16674, déjà cité.
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48. Cette évolution complexe est résumée par Julien Brodeau, dans Georges Louet, Nouveau et dernier Recueil d'aucuns notables arrests donnez en la cour de Parlement de Paris, Paris, M. Guillemot, 11e éd. par Julian Brodeau, 1633, pp. 256-261: «Or cet accident, ou plutost confusion des censives au fief rendent le tout une mesme chose, qui prendra sa qualité, sa dénomination de son essence de la plus noble, qui est la féodale ». Brodeausignale que la question de la réunion « des rotures et censives à leurs fiefs avoit esté autrefois résolue au contraire, à sçavoir que la reunion ne se faisoit point de plein droict», mais qu'il fallait une déclaration du seigneur. La jurisprudence a effectué ce renversement entre «l'arrêt des Bochart» (1529) (de signification controversée) et «l'arrêt des Bragelongne» (1601), en passant par le procès de la succession de Jean Poisle à la fin du xvie siècle (toutes ces familles appartenant à la bonne robe parisienne). Quelque choquante que puisse être cette constatation pour les vieux historiens du droit, le parallélisme est évident avec l'évolution de la conception de la réunion au domaine royal.
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59. C'est l'histoire de l'avocat général Jean Ruzé (neveu de Semblançay, qui, lui, perdit vraiment sa tête), mais on pourrait aussi évoquer celle, similaire, du maître des Requêtes Ragueneau, quelques années plus tard. L'histoire est racontée par De Mesmes, Henri, Mémoires inédits, Frémy, Edouard éd., Paris, P. Leroux, S. d., p. 174.Google Scholar
60. Boissy, Gabriel, Les pensées des rois de France, Paris, A. Michel, 1921, p. 226.Google Scholar Pour cette discussion, voir Apostolidès, Jean-Marie, Le roi-machine. Spectacle et politique au temps de Louis XIV, Paris, Minuit, 1981, 165 p.Google Scholar et Marin, Louis, Le portrait du roi, Paris, Minuit, 1981, 301 p.Google Scholar, sans négliger les réflexions de Fumaroli, Marc, «Sacerdoce et office civil: la monarchie selon Louis XIV », Les monarchies, Emmanuel Le Roy Ladurie éd., Paris, PUF, 1986, pp. 101– 114.Google Scholar
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70. Ernst Kantorowicz, op. cit., pp. 293-294.
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