Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Consacré à cent cinquante ans d'histoire d'un carrefour commercial, le livre de Henri Dubois ne se présente pas pour autant dans la série des travaux d'histoire régionale française, habituellement dédiés à une ville, à une province ou à un grand apanage. Son propos est à la fois plus étroit et plus ambitieux. Plus étroit, car il ne se propose pas de traiter dans tous ses aspects économiques et sociaux de l'histoire des pays bourguignons à la fin du Moyen Age; plus ambitieux, parce qu'il se présente comme une contribution à la connaissance des échanges européens à partir d'une documentation vaste et précise.
1. Henri Dubois, Les foires de Chalon et le commerce dans la vallée de la Saône à la fin du Moyen Age (vers 1280-vers 1430), Paris, Imprimerie nationale, Université Paris-I, Série Sorbonne 4, Publications de la Sorbonne, 1976, 632 p., cartes, plans, graphiques, index.
2. Cf. F. Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe IL I, Paris, 1966, p. 203, évoquant 1’ « isthme français » vers la Méditerranée, écrit: « Il attire toute la grande vie de l' Occident, du xiie au xiiie siècle, avec la primauté des foires de Champagne. Puis vient une longue éclipse. Mais le couloir se ranime à la fin de la guerre de Cent Ans, à partir de 1450, mieux encore, de 1480 »; et R. Gascon, « Le couple Lyon-Milan dans l' Europe des affaires au xvie siècle », Histoire économique du monde méditerranéen 1450-1650. Mélanges en l'honneur de F. Braudel, I, p. 178: « De la renaissance de la route occidentale — celle des plaines de la Saône, de la Champagne, de la vallée du Rhône et des cols occidentaux alpins — Lyon et ses foires furent les bénéficiaires. Lyon recueillit l'héritage des foires champenoises. » On voit à quel point le livre de H. Dubois ressuscite ce qui n'existait plus dans la mémoire historique.
3. Cf. Renouard, Y., Les villes d' Italie de la fin du Xe siècle au début du XIVe siècle, I, Paris, 1969, p. 204 Google Scholar.
4. Par exemple, H. Klein, « Der Saumhandel über die Tauern », dans Festschrift fur H. Klein, Salzbourg, 1965, p. 475 (taverniers et crédit).
5. Les Vénitiens apparaissent peu, parce que leur route de France est le « chemin de Bâle » et qu'ils ne l'utilisent plus guère après 1360; cf. R. Cessi, « Le relazione commerciali tra Venezia e le Fiandre nel sec. XIV», Politica ed economia di Venezia nel Trecento, Rome, 1952, pp. 71-172, surtout p. 164. Rappelons que la route des foires de Champagne pour les Allemands passe par Metz, et qu'entre Besançon et Arles, la carte des privilèges commerciaux acquis par les Nurembergeois dans le premier tiers du xive siècle accuse un vide significatif; cf. H. Ammann, Nürnbergs wirtschaftliche Stellung im Spâtmittelalter, Nürnberger Forschungen 13, Nuremberg, 1970, pp. 23-25.
6. D'après les protocoles des deux notaires de l'art des marchands de Côme entre 1430 et 1440, qui ont enregistré les reconnaissances de dettes des artisans de Côme et de Torno, travaillant à façon pour le compte de marchands lombards ou allemands; cf. quelques régestes dans A. Schulte, Geschichte des mittelalterlichen Handels und Verkehrs zwischen Westdeutschland und Italien, II, Leipzig, 1900, pp. 140-143. Dans ces années, la laine allemande l'emporte en quantité mais non en valeur sur la laine anglaise; la laine de Minorque et de San Mateo représente des quantités infimes; cf. G. Mira, Lefiere lombarde nei secoli XIV-XVI, Côme, 1955, p. 156.
7. Sur les exportations de grains de Bourgogne vers Orange et Arles au xvie siècle, cf. F. Braudel, La Méditerranée…, I, p. 199.
8. Cf. J.-F. Bergier, Genève et l'économie européenne de la Renaissance, Paris, 1963, pp. 73, 155, 341, 344-349.
9. Cf. H. Ammann, Nürnbergs wirtschaftliche Stellung…, pp. 110-120.
10. Ces articles de métal étaient exportés en grandes masses, par exemple par la « Grosse Ravensburger Gesellschaft » en direction de Barcelone; mais au détail, on saisit un Bernhard de Nuremberg, résidant à Milan et vendant aux foires de Crema sonnailles et cuillers en laiton (1477, 1479); cf. A. Schulte, Geschichte des mittelalterlichen Handels…, II, n° 171 et 184a.
11. Sur les foires des Pouilles, cf. A. Grohmann, Lefiere del regno di Napoli in età aragonese, Naples, 1969.
12. Même à Francfort, à la veille des foires, on recouvrait de paille les rues principales, et une grande ville marchande comme Florence conservait à la fin du xive siècle un caractère profondément rural, comme l'a noté Ch. M. DE LA RonciÈRE, Un changeur florentin du Trecento: Lippo di Fede del Sega, 1285 env.-1363 env., Paris, 1973, p. 212.