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Les combats de Carnaval et de Carême. Trajets d'une métaphore
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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Le 23 février 1506, à Bologne, l'humaniste Giovanni Sabbadino écrivait à sa protectrice Isabella Gonzaga que le prince de la ville Bentivoglio avait fait ériger sur la grande place, devant la cathédrale, une bannière vers laquelle avançaient de part et d'autre deux hommes déguisés, l'un en Carnaval, l'autre en Carême. Chacun était suivi d'une bande de soldats qui combattaient ceux de l'autre camp. La lutte, écrivait Sabbadino, durait environ une heure « au milieu des rires des spectateurs », chaque bande cherchant à s'emparer de la bannière du camp adverse, jusqu'au moment où Carnaval, « uomo grasso, tondo e colorito sopra cavallo grasso » et Carême « a cavallo macro in forma de richissima vechia » en venaient aux mains. Finalement, Carnaval réussissait après « avoir beaucoup lutté » à s'emparer de l'étendard de Carême. Vaincue et dépitée « la mischina mercor di futura cum le sue macre vivande » se retirait.
Summary
Medieval examples of the allegorical genre, the combat of Carnival and Lent, rationalize diversely structured ritual practices (Christian, feudal, peasant) by personifying two moments of the annual calendar. As the calendar moves from late winter to spring, so the fortunes of Carnival and Lent change from triumph to exile, imprisonment or glorious return. In the fifteenth and sixteenth centuries, the genre moves away from concern with the raison d'être of the calendar toward analysis of the social behavior involved in the opposition between festive and penitent behavior. A new totality, Nature, begins to order the texts explicitly or by inference. The theatrical pieces, stories and descriptions which use the Carnival/Lent opposition after 1450 analyse the behavior associated with the two rites psycho-moralistically. Neither Carnival nor Lent is exempt from criticism. Neither time of the calendar “wins”, for both aresubjected to newsecularly hierarchized pressures: city ways subordinate country habits, social control triumphs over inherited custom, social conscience dissolves institutional presumptions.
- Type
- Pour une Histoire des Formes
- Information
- Copyright
- Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1983
References
1 : Voir n. 8, les textes sont donnés par Campbell, op. cit., pp. 121-123.
2 : Voir n. 8, cf. Segre et Marti, op. cit., pp. 15-16.
3 : Voir n. 2, les formes dialectales utilisées par l'auteur amènent Lozinski à localiser ce texte, connu par 5 copies manuscrites des xiiie et xive siècles, dans la France du Nord-Ouest et à le dater du milieu du xmc siècle.
4 : Voir n. 4.
5 : Voir n. 5.
6 : Voir n. 14.
7 : Cette « Dispute entre Noël et Carême » fut publiée d'après un manuscrit daté de 1457 par Ljunggren, Gustaf, Svenska drainât intill slutet afsjuttonde ârhundrate, Lund, 1864, pp. 133–134.Google Scholar
8 : La Prophetia maxima qui prédit premièrement le règne de Carnaval et ensuite celui de Carême dans un style de parodie astrologique, se trouve dans un manuscrit du xvc siècle conservé au Vatican, signé par le copiste Bojoannes de Agnella Ferrariensis. Le texte est donné par Camposeri, La maschera di Bertoldo, op. cit., pp. 195-196, qui estime qu'il ne peut pas être antérieur à 1440.
9 : Voir n. 11, cette pièce ainsi que les numéros 10 et 11, appartiennent à ce qu'on appelle la « première » tradition des jeux de carnaval, ceux qui furent Écrits entre 1440 et 1480 à Nuremberg.
10 : Ce jeu de carnaval est publié par Keller, op. cit., 2e partie, pp. 624-627, n. 72.
11 : Ce jeu de carnaval porte le n° 73 dans Keller, op. cit., pp. 628-631. Il a Été réédité par D. Wuttke, op. cit., pp. 3-7, qui l'attribue, d'une manière hypothétique, à Hans Rosenpliit, artisan de Nuremberg.
12 : Voir n. 6 : Aubailly, op. cit., pp. vm-ix, montre que la pièce fut imprimée à Paris en 1490, mais qu'elle avait déjà Été jouée à Tours en 1485. L'auteur se dit « prince de la Basoche d'issouldun » sur la page de titre.
13 : Publié six fois entre 1496 et 1516, réimprimé par Gimeno, R. Éd., Obras dramaticas de Juan del Encina, Madrid, 1975.Google Scholar
14 : Publié s.l.n.d. dans un petit octavo de huit pages qui daterait du premier tiers du xvic siècle selon A. Montaiglon, qui l'a réimprimé dans Montaiglon, et Rothschild, Éds. Recueil de poésies françoises des XVe et XVIe siècles, t. 10, Paris, 1875, pp. 116–127.Google Scholar
15 : Le poème « Carnaval et Carême » existait en manuscrit jusqu'en 1869, quand il fut publié (sauf le début, qui manque dans le manuscrit unique de la fin du xvie siècle) par Sakcinski, L, Pjesme Marka Marulica, Zagreb, 1869, pp. 254–258.Google Scholar Lozinski, op. cit., p. 118, en donne un résumé.
16 : Il y eut au moins neuf Éditions au xvie siècle de ce poème selon Manzoni, L., Libro di Carnevale deisecoli XVeXVl, Bologna, 1881, pp. 242–249.Google Scholar Réimprimé par Manzoni, ibid., pp. 5-52.
17 : Publié à Naples, 1890, sous le titre El contrasta…, à partir d'un manuscrit datant de la fin du xve ou du début du xvic siècle, par G. Amalfl Toschi, op. cit., pp. 158-159, donne une description de ce poème.
18 : Cette lettre prédit, comme la Prophetia maxima, la venue de Carême décidé à se battre, sans donner d'indication sur l'issue. Elle est imprimée dans Luigi Manzoni, op. cit., pp. 237-238.
19 : Ce texte a Été réédité en partie par Camporesi, La maschera di Bertoldo, pp. 298-300, et en partie, par Manzoni, op. cit., pp. 122-125.
20 : Publié par Aubailly, op. cit.
21 : Voir Montaiglon et Rothschild, t. 10, op. cit., p. 114 pour une brève description de cette pièce rarissime que Camporesi, « Carnevale, cuccagna… », p. 67, dit avoir Été Éditée deux fois (1544, 1715).
22 : Voir le Quart Livre, chapitres 29-42.
23 : Voir n. 16.
24 : Édité par Van Vloten, J., Het nederlandsche Kluchtspel van de 14e tôt de 18e eeuw, I, Haarlem, s.d., pp. 206–215.Google Scholar Stridbeck, op. cit., p. 105, en donne le résumé.
25 : Réimprimé dans Manzoni, op. cit.
26, 27, 28 : Ces opuscules de Croce n'ont jamais Été réimprimés. Malgré le titre de 28, le poème se termine sans que Carnaval et Carême en soient venus aux armes.
29 : Dans la collection manuscrite des poèmes et pièces de théâtre qui s'appelle Cancionero de los Nocturnos, il y a la relation d'une mascarade qui se faisait dans les rues à Valencia vers 1592, selon les dires d'Henri Mérimée, Spectacles et comédiens à Valencia, Toulouse, 1913, pp. 93-94. Mérimée décrit le déroulement d'une rencontre entre Carnaval et Carême, qui prenait la forme d'une tentative de mariage de Carnaval avec Dame Carême. Mérimée ne cite que deux vers qui Étaient récités à cette occasion ; la partie du manuscrit du Cancionero qui contient cette pièce n'a pas encore Été Éditée.
30 : La page de titre de ce poème a Été reproduite dans Joly, Antoine, Note sur Benoet du Lac, Lyon, 1862.Google Scholar Elle donne 1615 comme date d'émission, mais Joly essaie de prouver que cette date, donnée en chiffres romains, devait se lire 1595. Joly donne un ample résumé du poème et montre aussi que Benoet du Lac Était l'anagramme de Claude Bonet, Écrivain dauphinois.
31 : Ensemble avec les numéros 29 et 35, c'est le seul texte du genre qui reste encore inédit. Le manuscrit de quatre pages est conservé au Musée Correr à Venise et daterait du xviie siècle.
32 : Voirn. 7. Le nom de Croce n'estjamais cité, mais il est dit que la pièce est traduite de l'italien.
33 : Voir la description de cet Épisode des cantos 7 et 8 du long poème de Basili (réimprimé à Palerme en 1674) dans Archivio per lo studio délie tradizioni popolari, X, 1891, 142 (notice de S. Salomone-Marino).
34 : Nous n'avons pas pu voir le texte de cette « favola comica » (voir Montaiglon et Rothschild, t. 10, op. cit., p. 114).
35 : Croce, Benedetto, dans son I Teatri di Napoli, Naples, 1891 Google Scholar (passage non retenu dans les Éditions postérieures), p. 164, donne une ample description de cette pièce restée manuscrite.
36 : Imprimé parmi d'autres pièces facétieuses dans le Nouveau Meslange de pièces curieuses, Paris, 1664, ce dialogue fait référence en passant aux troubles de la Fronde, ce qui permet de le dater plutôt vers 1650.
37 : Nous n'avons pas pu voir le texte de ce poème, dont fait mention Paolo Toscw, op. cit., p. 159.
38 : Nous n'avons pas pu voir le texte de cette comédie en « vers gascons », selon Brunet, J. C., Nouvelles recherches bibliographiques, t. 3, Paris, 1834, p. 103.Google Scholar
39 : La bibliothèque de Toulouse possède la seule copie connue de cette publication de huit pages, s.l.n.d., Écrite en vers alexandrins vers la fin du xvnc siècle.
40 : Zibrt, C. a publié cette « Querelle de Carnaval avec Carême » dans son Vesele choile v zivote lidu ceskeho, e e partie, Prague, 1911, pp. 15–17.Google Scholar
41 : Nous n'avons qu'un fragment de ce poème curieux. Octave Dnlnpin RRE, Macaroneana ou Mélanges de littérature macaronique…, Paris, 1852, donne le même extrait de ce poème déjà publié dans Magasin récréatif, ou Recueil choisi de bons mots, Amsterdam, 1767.
42 : Un ample fragment de ce texte, « Le Tribunal tenu au sujet de Carnaval et Carême », est donné et traduit en français dans Schmidt, L. Éd., Le théâtre populaire européen, Paris, 1965, pp. 116–134.Google Scholar Le texte complet, en réto-roman, se trouve dans Annalas délia Societad rhaeto-romanscha, t. 9, 1895, p. 105. Il est donné par l'éditeur, C. Decurtins, dans une forme jouée en 1867, mais il fut composé par le prêtre G. Belletta «autour de 1793» selon Muoth, J., « Nachrichten ùber bundnerische Volksfeste und Brâuche », Schweizerisches Archiv fur Volkskunde, 2, 1898, p. 148.Google Scholar
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- Cited by