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Les cabinets de lecture dans Paris : pratiques culturelles et espace social sous la Restauration

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Françoise Parent
Françoise Parent*
Affiliation:
École des hautes études en sciences sociales
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L'histoire de la ville, de son espace, de son fonctionnement, constitue en ellemême un objet d'étude dont la fécondité n'est plus à démontrer. Mais on peut aussi l'utiliser comme un instrument pour éclairer certains phénomènes sociaux sur lesquels l'information directe fait en partie défaut. Nous voudrions montrer ici comment, dans une recherche sur les cabinets de lecture parisiens, sous la Restauration, le « détour » par l'analyse urbaine a contribué à la compréhension de cette institution dans toutes ses dimensions, économique, sociale, politique. Il fut entrepris, au départ, comme un substitut imparfait à des sources d'informations qui n'avaient pas été conservées, et son apport, bien que limité, s'est révélé plus fructueux que nous ne l'aurions espéré.

Summary

Summary

The author analyses an institution that was both commercial and cultural : cabinets de lecture, boutiques where people could corne to read or borrow books and periodicals, making printed matter available to a far broader public than the private and public libraries.

The absence of direct sources has made it necessary to approach the subject in a roundabout way, via urban analysis : the social workings of the cultural institution are thus apprehended in their Parisian setting at the beginning of the 19th century. Far from confining itself to mere commercial geography, the analysis provides us, in return, with an understanding of the conditions permitting the expansion of this reading market in the period under consideration and, subsequently, to suggest hypotheses more soundly rooted in the social composition of its clientele.

Type
L'Espace Parisien
Information
Annales. Histoire, Sciences Sociales , Volume 34 , Issue 5 , October 1979 , pp. 1016 - 1038
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1979

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References

Notes

1 Cette recherche s'est appuyée, au départ, sur un très bon article de Pichois, Claude, paru dans cette même revue : « Pour une sociologie des faits littéraires. Les cabinets de lecture à Paris durant la première moitié du xixe siècle », Annales ESC, 1959, pp. 521–534.Google Scholar

2 Définition du Dictionnaire de l'Académie de 1835.

3 BN, 8° Q28, Catalogues des cabinets de lecture. Ce fonds comprend vingt et une boîtes pour Paris et vingt-cinq pour la province. Nous avons effectué seulement le dépouillement exhaustif des catalogues parisiens, pour n'en retenir que quatre-vingts de la période de la Restauration, où leur nombre est très supérieur à ceux des autres périodes.

4 AN FI 8 2162 B, Demandes d'autorisation pour l'ouverture de cabinets de lecture ; AN FI 8 2117-2134, Imprimeurs, libraires et lithographes. Demandes de brevets, rejets, affaires sans suite. Paris. 1815-1870 ; AN FI 8 1726-1834, Imprimeurs, libraires et lithographes. Dossiers des brevetés, Paris, 1815-1870.

5 Cf. infra, p. 1 020, carte n° 1 « Répartition des 463 cabinets de lecture ».

6 Cf. infra, p. 1 039, carte n° 7, « La vie culturelle à Paris : implantation des équipements collectifs ».

7 Voir en particulier les travaux de Chombart de Lauwe, P. H., Paris et l'agglomération parisienne, Paris, PUF, 1952, 2 vol., 262 p. et 109 p.Google Scholar

8 Une grande partie des informations sur Paris, utilisées pour cette analyse de l'espace, ont été reprises des travaux d'A. Daumard, Ch. H. Pouthas, G. de Bertier de Sauvigny (avant la publication du tome VII de la Nouvelle histoire de Paris), L. Chevalier, A. Jardin et A. J. Tudesq, R. H. Guerrand, et de quelques autres.

9 Daumard, Adeline, La bourgeoisie parisienne de 1815 à 1848, Paris, EPHE, VIe Section, Sevpen, 1963, 661 p. (p. 26 et pp. 213-218)Google Scholar.

10 Daumard, Adeline, Les bourgeois de Paris au XIXe siècle, Paris, Flammarion, 1970 (Col. Science), 382 p. (pp. 18-19).Google Scholar

11 Nous nous sommes appuyée sur les chiffres indiqués par A.-M. Perrot, dans son Petit Atlas pittoresque des 48 quartiers de la ville de Paris, Paris, E. Garnot, 1834-1835, deux parties en un volume in-fol., parce qu'il avait pris soin de soustraire du nombre total d'habitants recensés en 1817, soit 713 966, les individus en communautés diverses, tels les hospices, hôpitaux, prisons, établissements militaires… représentant 7,95 % de la population globale. La population de certains quartiers s'en est trouvée, de ce fait, modifiée dans un sens plus conforme à notre propos.

12 La bourgeoisie parisienne…, op. cit., p. 200.

13 Tous nos chiffres approchent du vraisemblable, mais rappelons qu'ils ne sont pas à retenir en valeur absolue.

14 Il a été indispensable, pour l'analyse, de localiser chacun des types d'activités auxquels nous nous référons: imprimeries (80), rédactions de journaux (150), principales librairies (131), principaux hôtels, cafés, restaurants, etc. Nous nous sommes arrêtée à la sélection qu'en avait faite Le véritable conducteur parisien…, Paris, Terry ed., 1828; reproduit en fac-similé par les editions Les Yeux Ouverts, Paris, 1970, sous le titre Guide de Paris pour 1828. Certains renseignements ont été complétés par le Bottin de 1828. Pour suivre le développement ci-après, il faut se reporter à la carte n° 7, « La vie culturelle à Paris », page 1 039.

15 Voir tout spécialement : Maurice Agulhon, Le cercle dans la France bourgeoise 1810- 1848. Étude d'une mutation de sociabilité, Paris, A. Colin, 1977 (Cahier des Annales n° 36), 105 p.

16 Article en préparation.

17 Monnier, Henri, Le roman chez la portière, scènes populaires dessinées à la plume par Henri Monnier, 2e edit, Paris, Levavasseur lib., 1831 Google Scholar; Brisset, M. J., Le cabinet de lecture, Paris, Magnan, V., 1843, 2 vol. in-8°, 357 p. et 430 p.Google Scholar

18 Le point a été définitivement fait sur cette question par François Furet et Jacques Ozouf dans Lire et écrire .• l'alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry, Paris, Editions de Minuit, « Le sens commun », 1977, t. I, 390 p.

19 Nous rappelons ici tout particulièrement les travaux de Robert Mandrou, Geneviève Bollème et Jean-Jacques Darmon, sur le colportage. Cette recherche sur les cabinets de lecture nous avait du reste été confiée par Robert Mandrou. Il s'agissait, au départ, de comprendre dans quelle mesure ces officines remplissaient, auprès des masses urbaines, des fonctions analogues à celles du colportage.

20 Sur la fonction politique du cabinet de lecture, article à paraître en 1980 dans le numéro de la revue Romantisme consacré à la révolution de 1830.