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Le vœu, la dette et le contrôle pontifical des échanges au début du XIIIe siècle

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Alain Boureau
Alain Boureau*
Affiliation:
EHESS
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Résumé

Entre 1190 et 1234, depuis les premières compilations des lettres décrétales des papes jusqu’au Liber Extra, le pontificat s’est doté d’un puissant instrument de pouvoir, la gestion des dettes. On donne ici une analyse détaillée du titre du Liber Extra sur le voeu, qui offre un bon objet de conversion mutuelle entre le spirituel et le temporel, surtout à propos du voeu de croisade, offert, échangé et racheté. Innocent III avait joué un rôle original: le pouvoir pontifical ne se voulait ni directement absolu ni contractuel, mais arbitral. Mais il avait dû composer avec les tendances plus strictement centralisatrices de la Curie, qui ont triomphé dans le Liber Extra, commandé par Grégoire IX, au fondement durable et fragile d’un droit monarchique.

Abstract

Abstract

Between 1190 and 1234, from the first compilations of pontifical decretal letters up to the Liber Extra, the pontificate acquired a strong instrument of power: the management of debts. This essay includes a detailed analysis of the Liber Extra section about vows, which offers a suitable method for exchanging spiritual for temporal matters or vice versa: vows, especially those concerning crusades, were offered, bartered and redeemed. Innocent III played an original role: for him, pontifical power was defined as neither directly absolute nor contractual, but as one of arbitration. But he had to compromise with more strictly centralizing forces in the Curia, which took over in the Liber Extra, a work ordered by Gregory IX, which became the unstable but long-lasting basis for monarchical laws.

Type
Échanges et communautés
Information
Annales. Histoire, Sciences Sociales , Volume 67 , Issue 2 , June 2012 , pp. 417 - 449
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2012

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References

1- Boureau, Alain, « Le monastère médiéval, laboratoire de la dette publique ? », in Andreau, J., Béaur, G. et Grenier, J. -Y. (dir.), La dette publique dans l’histoire, Paris, Éd. du Comité historique pour l’histoire économique et financière de la France, 2006, p. 21–33 Google Scholar.

2- Voir le bel article de Miramon, Charles De, « Spiritualia et Temporalia – Naissance d’un couple »Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtschichte. Kanonistische Abteilung, 92, 2006, p. 224–287.Google Scholar

3- Pour une vue globale du voeu médiéval, voir Boureau, Alain, « Le voeu, une parole à l’efficacité disputée », in Rosier-Catach, I., Bériou, N. et Boudet, J. -P. (dir.), Le pouvoir des mots au Moyen Âge, Turnhout, Brepols Google Scholar (à paraître), et les numéros 16 et 21 (1996 et 1998) des Cahiers du Centre de Recherches Historiques, qui publient le résultat partiel des quatre journées annuelles d’études sur le voeu que nous avons organisées avec Pierre-Antoine Fabre de 1995 à 1998.

4- Que j’appelle parfois traité, tant par économie de mots que par souci de marquer l’aspect doctrinal qui m’intéresse ici.

5- Le Liber Extra est édité dans Friedberg, Emil (éd.), Corpus Iuris Canonici, Graz, Akademische Druck, [1881] 1959, t. II.Google Scholar Le titre XXXIV du livre III, De voto et voti redemptione, se trouve aux col. 589-596.

6- C’est ce que j’avais déjà tenté dans Boureau, Alain, La loi du royaume. Les moines, le droit et la construction de la nation anglaise (XIe-XIIIe siècles), Paris, Les Belles Lettres, 2001 Google Scholar, qui était centré sur mon commentaire du titre V, 33 du Liber Extra, consacré au privilège.

7- Mais certains de ces spécialistes du droit, comme Yan Thomas, Emanuele Conte ou Kenneth Pennington, se sont attachés particulièrement à l’articulation du droit et de l’histoire.

8- Dans une immense bibliographie, je retiens surtout, pour mon propos, l’oeuvre de Michele Maccarrone rassemblée dans Lambertini, Roberto (dir.), Nuovi studi su Innocenzo III, Rome, Istituto storico italiano per il Medio Evo, 1995 Google Scholar, et Maccarrone, Michele, Studi su Innocenzo III, Padoue, Antenore, 1972 Google Scholar.

9- Voir l’excellente introduction de Brundage, James A., Medieval Canon Law, Londres, Longman, 1995 Google Scholar.

10- Ibid., p. 56.

11- Friedberg, Emil (éd.), Quinque compilationes antiquae nec non Collectio canonum lipsiensis, ad librorum manu scriptorum fidem recognovit et adnotatione critica, Graz, Akademische Druck, [1882] 1956 Google Scholar.

12- Singer, Heinrich, Die Dekretalensammlung des Bernardus Compostellanus antiquus, mit Benutzung der in Friedrich Maassens Nachlasse enthaltenen vorarbeiten, Vienne, Alfred Hölder, 1914 Google Scholar. Le titre sur le voeu est en III, 27, p. 82-83.

13- Tancrède De Bologne donne un témoignage précieux et contemporain qui construit une continuité, malgré la coupure 1150-1190, dans un texte reproduit par E. Friedberg (éd.), Corpus Iuris Canonici, op. cit., t. I, p. XXIII : Post compilationem decretorum factam a Gratiano multae a Romana curia epistolae emanaverant, quas magister B. tunc praeposilus, postmodum episcopus Papiensis, ad studentium utilitatum sub compelentibus titulis collocavit, quaedam antiquiora interserendo, et vocatur compilatio prima. Et post illam compilationem aliae quaedam decretales a diversis apostolicis emanaverunt, quas magister Gilbertus ad instar primae compilations sub titulis collocavit. Post illum vero magister Alanus suam similiter compilationem effecit, tandem magister Bernardus Compostellanus, archidiaconus in Romana Curia, in qua curia moram faciens aliquantum, de regestis domini Innocentii papae unam fecit decretalium compilationem, quam Bononiae studentes Romanam compilationem aliquanto vocaverunt.

14- Johannes Teutonicus, Apparatus glossatorum in compilationem tertiam, éd. par K. Pennington : http://faculty.cua.edu/pennington/#Joh.%20Teu.%20Baldus.

15- Tancrède De Bologne, in Corpus Iuris Canonici, I, p. XXIII : Papa in talibus non dispensat set declarat et interpretatur votum.

16- Ibid. : Votum in se continet hanc conditionem, si pape placuerit.

17- Kuttner, Stephan, « Raymond of Peñafort as Editor: The Decretales and Constitu- tiones of Grégoire IX », Bulletin of Medieval Canon Law, 12, 1982, p. 65–80 Google Scholar.

18- Jaffé, Philipp (éd.), Regesta pontificum Romanorum ab condita ecclesia ad annum post Christum natum MCXCVIII, Leipzig, Veit, 1885-1888 Google Scholar.

19- Le texte original du pape, reproduit par Emil Friedberg (1837-1910) dans son édition de 1879-1881, note typographiquement les coupures pratiquées par les compilateurs. Je remercie Luc Ferrier d’avoir discuté avec moi des responsables de ces coupes.

20- E. Friedberg (éd.), Quinque compilationes antiquae…, op. cit., p. 176.

21- E. Friedberg (éd.), Corpus Iuris Canonici, op. cit. : Verum, quia in ipsa compilatione reperebantur decretales quas Romana curia refutabat.

22- Texte signalé dans Potthast, August, Regesta pontificum Romanorum: inde ab a. post Christum natum MCXCVIII ad a. MCCCIV, Berlin, R. de Decker, 1874-1875, no 445, p. 43Google Scholar, et reproduit dans la Patrologie Latine, 214, col. 418.

23- Cette position a été vigoureusement défendue par l’historien du droit Conte, Emanuele, Diritto comune. Storia e storiografia di un sistema dinamico, Bologne, Il Mulino, 2009 Google Scholar.

24- Voir Boureau, Alain, « Le voeu monastique et l’émergence de la notion de puissance absolue du pape (vers 1270) », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 21, 1998 Google Scholar : http://ccrh.revues.org/index2508.html.

25- Olivi, Pietro Di Giovanni, Petri Iohannis Olivi Quaestiones de Romano Pontifice, éd. par M. Bartoli, Grottaferrata, Editiones Collegii S. Bonaventurae ad claras aquas, 2002, p. 122 Google Scholar : Item Extra, De voto et voti redemptione, dicit Innocentius III : Non est voti dicendus transgressor qui quod vovit auctoritate sedis apostolice distulit adimplere.

26- Ibid. : Ergo, secundum hoc, Papa habet potestatem in prolongando solutionem voti. Sed qua ratione habet potestatem in prolongando, eadem ratione et in totaliter absolvendo, aut saltem in dispensando. Ergo etc.

27- Ibid. : Dicendum quod ibi est supplendum sicut supplet Bernardus in Apparatu : Si iusta causa subest. Alias non est securius quoad Deum cum quo Papa dispensat. Hec Bernardus. Innocentius autem in verbo Sedis Apostolice convenienter hoc subintellexit tamquam valde probabile quod Sedes Apostolica sine iusta causa hoc nullatenus faceret.

28- J. Brundage, Medieval Canon Law, op. cit., p. 69 et 163-164.

29- Brundage, James A., Medieval Canon Law and the Crusader, Madison/Londres, University of Wisconsin Press, 1969 Google Scholar.

30- E. Friedberg (éd.), Quinque compilationes antiquae…, op. cit., L. III, Tit. XXI, cap. 1, p. 87.

31- E. Friedberg (éd.), Corpus Iuris Canonici, op. cit., t. II., L. III, Tit. XXXIV, cap. 3, col. 589-590.

32- Ibid. : Literaturam tuam † et prudentiam iam dudum referente fama cognovinus, et saluti tuae tanto attentius consulere volumus et debemus, quanto personam tuam consideratione tuae honestae conversationis et vitae ferventioris caritatis brachiis amplectimur. Relatum est auribus nostris ex parte tua, quod, Quum ex quadam minutione nimio fuisses mortis pavore perterritus, haec verba tecum protulisti : « non diu hic morabor », proponens in animo, quod religionis habitum esses aliquando suscepturus. † Sed propter frequentes infirmitates, quae plurimum vitae religiosae districtionem impediunt, et quia transeuntibus hospitalitatem exhibes, et plura salutaria impendis, quod concepisti olim in animo opere nondum implevisti, ac per hoc dubitas, ne pro fracta fide voti in districto debeas examine conveniri. Tibi igitur, licet prudentiam tuam latere non credamus, quid canones in huiusmodi statuant, consulenti respondemus breviter quod sentimus, praesentium significatione mandantes, quod, si plus non est in voto processum, quam praediximus, transgressor iudicari non poteris, et si non impleas quod dixisti. Monemus autem prudentiam tuam attentius et hortamur quatenus id facias quod tuae saluti amplius cognoveris provenire et conditionis tuae memor exsistens memoriter teneas, quod Loth dum montis timeret ascensum, Segor civitatem parvulam petiit et accepit. (Les passages en romain correspondent aux citations insérées dans le texte original.)

33- Ibid. : Quum ex quadam minutione nimio fuisses mortis pavore perterritus, hec verba protulisti : « non diu hic morabor », proponens in animo, quod religionis habitum esses aliquando suscepturus. Tibi igitur, respondemus, quod, si plus non est in voto processum, transgressor iudicari non poteris, si non impleas quod dixisti.

34- Ibid. : Quum Trecensis ecclesia contra libertatem ecclesiasticam gravaretur nec per alium, quam per Campaniae comitem in ultramarinis partibus constitutum, eidem ecclesiae crederes posse de facili subveniri, ad ipsum proposuisti accedere, ac in signum peregrinationis et devotionis terrae orientalis crucem dominicam assumpsisti.

35- Je dois corriger le texte de l’édition d’Emil Friedberg de metentes en mentientes.

36- Ibid. : Ipsum etiam votum, quod ex sui forma sanctum et honestum erat, ex persona voventis minus licitum videbatur, quod, licet pennas habeat, quibus satagat avolare, ita tamen adstrictae sunt nexibus presidentis, ut liberum non habeant absque ipsius permissione volatum.

37- Ibid. : Ad hanc autem indulgentiam tibi de benignitate sedis apostolicae faciendam id etiam specialiter nos induxit, quod iter tuum iam non videbatur ultramarinae provinciae fructuosum, a qua fere omnes Gallici remearant, et quum pro salute animae tuae ac libertate Trecensis ecclesiae per dictum comitem assequenda praecipue votum peregrinationis emiseris, eo sublato de medio, quia cessavere causae, facilius cessare potuit et effectus.

38- Gouron, André, « Cessante causa cessat effectus : à la naissance de l’adage », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143-1, 1999, p. 299–309 Google Scholar.

39- Etsi Christus, de jusjurando (Du jurement), II, 24, 26, in E. Friedberg (éd.), Corpus Iuris Canonici, II, op. cit., col. 369-371 : Quemadmodum ergo Paulus indulsit propter necessitatem discipulo suo, [videlicet] Timotheo, ut utatur modico vino propter stomachum et frequentes infirmitates, sic profecto, quum necessitas exigit, pro re vera, licita et honesta potest secure iurari, quia cessante causa cessat effectus. Licet ergo debeatis esse viri perfecti, ut, quantum potestis, iuramenti vinculum evitetis, volentes tamen indemnitati vestri monasterii paterna sollicitudine providere, ne propter defectum testium sui iuris sustineat laesionem, eius auctoritate, qui dicit in evangelio : « Si peccaverit in te frater tuus, corripe eum inter te et ipsum solum, et, si non audierit te, adhibe tecum duos vel tres testes, ut in ore duorum vel trium testium stet omne verbum », praesenti vobis pagina indulgemus, quatenus vos et monasterii vestri conversi possitis in causis eiusdem, deficientibus aliis testibus, pro ipso perhibere testimonium veritati.

40- Latran IV, 1215, c. 22 : Cum infirmitas corporalis nonnumquam ex peccato proveniat dicente domino languido quem sanaverat vade et amplius noli peccare ne deterius aliquid tibi contingat, decreto praesenti statuimus et districte praecipimus medicis corporum ut cum eos ad infirmos vocari contigerit ipsos ante omnia moneant et inducant quod medicos advocent animarum ut postquam infirmis fuerit de spirituali salute provisum ad corporalis medicinae remedium salubrius procedatur cum causa cessante cesset effectus.

41- Corpus Iuris Canonici, II, col. 595-596 : Per tuas nobis literas intimasti, te in Gratianopolitana ecclesia suscipiendi habitum regularem votum solenniter emisisse, et postea promississe in manibus praelati eiusdem ecclesiae, te infra duos menses, postquam ab apostolica sede rediisses, ad quam eo tempore accedebas, votum, quod emiseras, impleturum. Quumque termino ipso transacto non curasses quod voveras adimplere : tandem exsistens voti transgressor, vocatus fuisti ad regimen ecclesiae Gebennensis, † super quo a nobis tuae saluti postulas provideri. Nos igitur tuae discretioni breviter respondendo consulimus, ut, si tuam omnino sanare desideras conscientiam, regimen resignes ecclesiae memoratae, ac reddas Altissimo vota tua, in hoc tibi gratiam facientes, quod, si capitulum eiusdem Gebennensis ecclesiae te postmodum canonice duxerit eligendum, electionem recipere poteris taliter de te factam.

42- De fait, le regeste d’A. Potthast, Regesta pontificum Romanorum…, op. cit., no 4789, p. 417, signale cette lettre avec Pierre, élu de Genève, comme destinataire.

43- Voir Mischlewski, Adalbert, Un ordre hospitalier au Moyen Âge. Les chanoines réguliers de Saint-Antoine-en-Viennois, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1995 Google Scholar. Cette traduction a été augmentée par l’auteur par rapport à son original allemand.

44- Voir Boureau, Alain, « Glose : la généalogie cistercienne du vote communiste breton », in Milo, D. S. et Boureau, A. (dir.), Alter-Histoire. Essais d’histoire expérimentale, Paris, Les Belles Lettres, 1991, p. 69–72 Google Scholar.

45- Corpus Iuris Canonici, II, col. 590 : Rex Hungariae, pater tuus, agens in extremis, votum, quod voverat Domino, Hierosolymitanam provinciam in forti manu et brachio extenso, humili tamen corde et humiliato spiritu visitare, sub interminatione maledictionis paternae commiserit tuae fidei exsequendum.

46- Ibid., col. 591 : Tu, intellecta pia voluntate parentis, assumpto crucis signaculo, te id impleturum sine dilatione qualibet promisisti.

47- Le mot se trouve aussi chez Innocent III dans le canon 6 de la compilation de Bernard de Compostelle.

48- Ibid. : Verum, eodem patre tuo sublato de medio, quum Hierosolymitanum iter te arripere simulasses, assumptae peregrinationis oblitus, quam contra inimicos crucis dirigere debueras, in fratrem tuum et regnum Hungariae convertisti aciem bellatorum, et multa contra serenitatem regiam malignorum usus consilio commisisti. Nos autem, quos diebus istis ad pontificatus officium, licet immeritos, Dominus evocavit, tam paci regni Hungariae, quam tuae volentes saluti consulere, nobilitatem tuam rogamus, monemus et exhortamur in Domino, ac per apostolica tibi scripta praecipiendo. Mandamus, quatenus, postpositis ceteris sollicitudinibus, neque ad festum exaltationis sanctae Crucis proximo venturum debitum acceptae crucis exsolvens, propositum iter arripias et humiliter prosequaris.

49- Ibid. : Sciturus, extunc anathematis te vinculo subiacere, et iure, quod tibi, si dictus rex sine prole decederet, in regno Hungariae competebat ordine geniturae, privandum, et regnum ipsum ad minorem fratrem tuum appellatione postposita devolvendum.

50- Ibid., col. 590 : Non est voti dicendus transgressor, qui quod vovit de auctoritate sedis apostolicae, iusta tamen ex causa, distulit adimplere. Sane, significavit nobis carissimus in Christo filius noster Henricus illustris rex Hungariae, quod, quum in regni perturbatione consilium et auxilium tuum sibi senserit hactenus profuisse, utilitati eius non modicum derogaret, si Hierosolymam, sicut ex voto teneris, regno pergeres impacato. † Quum igitur nobis immineat de honore ipsius regis et statu regni Hungariae sollicite cogitare, fraternitati tuae per apostolica scripta mandamus, quatenus non prius iter arripias Hierosolymam adeundi, quam regnum ipsum fuerit tranquillitati pristinae faciente Domino restitutum, vel super hoc receperis ab apostolica sede mandatum.

51- Alphandéry, Paul et Dupront, Alphonse, La Chrétienté et l’idée de croisade, postface de M. Balard, Paris, Albin Michel, [1954-1959] 1995, p. 298–299 Google Scholar.

52- Corpus Iuris Canonici, II, col. 589 : De peregrinationis quoque votis, an eleemosynis redimi possint vel pro necessitate in aliud commutari, tibi respondemus, quod ab eius, qui praesidet, pendet arbitrio, ut consideret diligentius et attendat qualitatem personae, et causam commutationis, scilicet an id ex infirmitate, seu affluentia divitiarum contingat, an alia causa probabili peregrinatio, an recompensatio melior fuerit et Deo magis accepta ; et secundum hoc debet exinde dispensare.

53- Barlow, Frank, « Bartholomew (d. 1184), Bishop of Exeter », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford, Oxford University Press, 2004 Google Scholar, et A. Boureau, La loi du royaume…, op. cit., p. 116.

54- P. Jaffé (éd.), Regesta pontificum Romanorum ab condita…, op. cit., no 7578.

55- Patrologie Latine, 199, lettres 33, 93, 128, 173 et 266. Une inattention de la Catholic Encyclopaedia fait de Guillaume de Turbeville un « ami » de Jean de Salisbury.

56- Voir Langmuir, Gavin I., « Thomas of Monmouth: Detector of Ritual Murder », in Langmuir, G. I., Toward a Definition of Antisemitism, Berkeley, University of California Press, 1990, p. 209–236 Google Scholar.

57- Corpus Iuris Canonici, II, col. 589 : Venientis ad nos R. clerici narratione accepimus, quod, quum in puerili aetate constitutus fuisset Hierosolymam disposuit proficisci, cuidam quoque consocio suo, qui nihilominus sepulcrum dominicum proposuerat visitare, fidem dedit, et suam recepit ab eo, quod sibi invicem in via socii fideles exsisterent, † et bonam societatem servarent. Qui utique sollicita mente revolvens, ad nos accessit, ut sibi nostrum super hoc consilium aperiremus. Nos autem ipsum gravi infirmitate laborare, sicut asserit, intelligentes, et, quod in partibus orientis eius adventus parum utilitatis conferret, diligentius attendentes, praesertim quum non sit licitum, clericum infra sacros ordines constitutum arma sumere, vel sanguinis effusioni vacare, ipsum a voto, quod in aetate tenera, facilitate potius quam ex arbitrio discretionis promisit, absolvimus, et ad propria remittimus absolutum, ita tamen, quod idem votum eleemosynis redimat, et iuxta consilium nostrum toto vitae suae tempore uni pauperum Christi, tam in victu quam in vestitu, dummodo ad hoc suae facultates sufficiant, debeat providere.

58- Ibid. : Reus fracti voti aliquatenus non habetur, qui temporale obsequium in perpetuam noscitur religionis observantiam commutare.

59- Mediavilla, Richard De, Super quatuor libros Sententiarum Petri Lombardi quæstiones subtilissimæ, Brescia, Vicenzo Sabbio, 1591, t. IV, p. 322 Google Scholar : Extra, de voto et voti redemptione cap. I dicitur quod dispensiatio in votis peregrinationis, pendet ex eius, qui presidet, pendet arbitrio, secundum Glossam et dominum Hostiensem non tantum papa sed etiam episcopus.

60- Petri Iohannis Olivi Quaestiones de Romano Pontifice, op. cit., p. 130.

61- Girolami, Remigio Dei, De bono pacis, éd. dans Memorie domenicane, 16, 1985, p. 169–183 Google Scholar : Sed ille qui presidet, puta rex vel alius dominus, potest exigere licite bona temporalia a subditis suis pro minori bono quam sit pax, puta pro itinere, pro ponte, pro militia, pro nuptiis filie etc. Ergo multo magis potest hoc exigere pro pace.

62- Locution traditionnelle pour désigner la corruption.

63- Corpus Iuris Canonici, II, col. 594 : † Super his autem diligens est discretio adhibenda, ne quid prece vel pretio, amore vel odio sive occasione quacunque contra salutem animae vel utilitatem terrae quomodolibet attentetur. Unde per viros religiosos et provi- dos dispensationem huiusmodi volumus provideri.

64- Ibid. : De mulieribus autem hoc credimus observandum, ut quae remanere noluerint viros suos sequantur euntes ; ceterae vero, nisi forte sint divites, quae secum in suis expensis possint ducere bellatores, votum redimant, quod voverunt, aliis ad terrae sanctae subsidium singulis secundum proprias facultates diligenter inductis.

65- Ibid., col. 595 : De mulieribus […] votum redimant. Hoc enim, quod ultimo loco dicitur, videtur tantum de voventibus esse dictum. Quod autem superius ponitur : « mulieres, quae remanere noluerint etc. », de illis intelligendum esse videtur, quae se ad peregrinationis propositum nullius voti vinculo adstrinxerunt, † quod sic esse dubium non exstitit.

66- Ibid., col. 594 : De clericis vero inquisitioni tuae taliter duximus respondendum, quod, quum clericatus officium eos reddat inhabiles ad pugnandum, nisi vel consilio strenui, vel officio praedicationis instructi, aut magnatum sint obsequio deputati, aut usque adeo divites fuerint et potentes, ut in expensis suis aliquos secum ducere valeant bellatores, magis ab eis expedit redemptionem accipere, quam ad votum illos cogere prosequendum, si necessitas exigit vel utilitas persuadet.

67- Voir Cheney, Christopher R., Hubert Walter, Londres, Nelson, 1967 Google Scholar.

68- Ibid., col. 594 : Quum per apostolica scripta sine distinctione receperis in mandatis, ut eos, qui signum crucis assumptum abiecerunt ad resumptionem ipsius et exsecutionem voti per censuram ecclesiasticam appellatione remota compellas, non obstante aliqua indulgentia, si qua forte per surreptionem a praedecessore nostro fuerat impetrata.

69- Ibid. : Utrum, quod in ea dicitur, ius constituat generale, ut passim praelatis quibuslibet illos secundum formam expressam absolvere liceat, qui eorum sunt iurisdictioni commissi, sollicite requisisti. Ad hoc igitur inquisitioni tuae breviter respondemus, quod in consultatione nostra ius commune editur, et, licet ad quales, et ad quos tamen specialiter spectet eius exsecutio, nullatenus explicatur : illis autem solummodo ius hoc exsequendum incumbit, qui super hoc mandatum nostrum receperint a sede apostolica speciale.

70- Ibid. : Sic ergo illi est inquisitioni responsum, qua consequenter tua fraternitas requisivit, de quibus religiosis intelligendum hoc esset, quod continebatur circa consultationis nostrae medium, in haec verba : « per viros religiosos et providos dispensationem huiusmodi volumus provideri » ; utrum scilicet ibi religiosi vocentur hi tantum, qui religionis habitum susceperunt, quorum plures idiotae sunt et iuris ignari, quum tamen in consultatione vestra dicatur : per religiosos et providos ; an episcopi, qui, sicut dignitate praecellunt, sic et religione debent aliis praeeminere. Nam ad neutros illius exsecutio iuris spectat, nisi per apostolicam sedem eis specialiter delegetur.

71- Ibid. : « Si quis voventium est inutilis ad pugnandum, quamvis sit habilis ad eundum, melius est, ut redimat votum, quam consumat expensas », generaliter accipi debeat, ut nobiles etiam et magnates, qui sunt consilio strenui, et multos secum possunt trahere bellatores, an minores tantummodo verbum huiusmodi generale comprehendat.

72- Ibid. : Verum, si ad superiora oculum tuae considerationis paulisper extendas, quaestionem istam invenies in serie consultationis nostrae solutam, ubi dicitur, quod debiles et inopes magis in defectum terrae sanctae, quam ad eius profectum accedunt, † quum hi pugnare nequeant, et illi necesse habeant mendicare, nisi forte sint nobiles et magnates, qui suis secum expensis bellatores adducunt. Et cetera, quae sequuntur.

73- Ibid. : Vel artifices et agricolae, qui de laboribus suis sibi possint acquirere necessaria et terrae subsidia ministrare ; quamvis non multi talium propter brevitatem possessionum et paucitatem inhabitantium ibi sint opportuni.

74- Ibid. : Qui enim debiles hic dicuntur, appellantur inferius inutiles ad pugnandum. Unde par exceptio debet intelligi utrobique, quamvis possit aliter responderi, quod non sunt inutiles ad pugnandum, qui, etsi per se pugnare non possunt, maturitate tamen consilii adesse valent pugnantibus, et personae defectum per alios relevare.

75- Ibid. : Rursus inter illos, qui pro defensione terrae sanctae votum peregrinationis emittunt, et eos, quibus pro satisfactione suorum criminum iter peregrinationis iniungitur, credimus distinguendum, quod circa primos plus terrae sanctae succursus, et circa secundos plus labor itineris secundum intentionem voventis vel poenitentis debet attendi. Quod et de poenitente, qui propter debilitatem non potest iter iniunctae peregrinationis implere, sane valet intelligi ; non autem de illo, qui, quamvis sit impotens ad bellandum, potens tamen est ad eundum.

76- La somme déjà ancienne de Paulus, Niklaus, Geschichte des Ablasses im Mittelalter, vom Ursprung bis zur Mitte des 14. Jahrhunderts, Paderborn, Schöningh, 1922-1923Google Scholar, n’a jamais été remplacée.

77- E. Friedberg (éd.), Quinque compilationes antiquae…, op. cit., comp. III, livre V, titre 16, p. 132.

78- Corpus Iuris Canonici, II, col. 593 : Ad hanc autem indulgentiam tibi de benignitate sedis apostolicae faciendam id etiam specialiter nos induxit, […].

79- Latran IV, c. 71 : Ne igitur hoc sanctum propositum impediri vel retardari contingat universis ecclesiarum praelatis districte praecipimus ut singuli per loca sua illos qui signum crucis deposuerunt resumere ac tam ipsos quam alios crucesignatos et quos adhuc signari contigerit ad reddendum vota sua Domino diligenter moneant et inducant et si necesse fuerit per excommunicationis in personas et interdicti sententias in terras eorum omni tergiversatione cessante compellant illis dumtaxat exceptis quibus tale impedimentum occurrerit propter quod secundum sedis apostolicae providentiam votum eorum commutari debeat merito vel differri.

80- Corpus Iuris Canonici, II, col. 595-596 : Postulatis a nobis, an vobis, professis ordinem regularem, quorum alter cruce signatus est, et reliquus charactere crucis desiderat insigniri, liceat vigesimam proventuum ecclesiarum vestrarum deputatam succursui terrae sanctae deferre vobiscum, † ut per vos proficiat terrae illius succursui, qui parati estis personas vestras exponere servitio Iesu Christi ; praesertim quum multi exemplo aemulationis laudabilis provocati ad currendum post vos viriliter accingantur, proeliaturi proelium Domini contra gentes.

81- A. Potthast, Regesta pontificum Romanorum…, op. cit., no 7814, p. 673.

82- Ibid., col. 596 : Si ecclesiae vestrae alias per absentiam vestram enormiter non ledantur, et vos utiles fueritis terre sancte verbo pariter et exemplo, quod conscientiae vestrae duximus relinquendum, dimissis procuratoribus idoneis in ecclesiis vestris, potestis et tenemini votum peregrinationis implere, et sic potest in usus vestros transire vicesima ecclesiarum vestrarum, terrae sanctae subsidio deputata.

83- En ce sens, j’entends nuancer l’historiographie courante qui a tendance à accentuer la continuité homogène et progressive de l’absolutisme pontifical d’Alexandre III à Jean XXII. Je repère des directions et des moyens bien différents, à distinguer des degrés divers de l’absolutisme.