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Le Spartakisme et sa problématique

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Si la social-démocratie allemande a fait l'objet, au cours de ces dernières années, en Allemagne et aux États-Unis surtout, de travaux nombreux et importants, si l'éclatement du parti social-démocrate sous l'effet de la guerre, a été particulièrement étudié, les historiens ont en général consacré moins d'attention à l'aile gauche qu'aux courants centristes et majoritaires . Pourtant le Spartakisme est un facteur politique qu'on ne saurait sous-estimer , comme nous allons essayer de le montrer, même si la révolution qu'il souhaitait, préconisait et préparait n'a pas réussi en Allemagne, alors que les Bolchéviks ont triomphé en Russie.

Type
Mélanges Sur L'Allemagne de Weimar
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1966

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References

page 654 note 1. Bornons-nous à citer les ouvrages les plus récents, en renvoyant à la bibliographie détaillée que quelques-uns comportent. Franz Osterroth - Schuster, Dieter, Chronik der deutschen Sozialdemokratie, Dietz, Hannover, 1963 Google Scholar ; Heidegger : Dû deutsche Sozialdemokratie und der nationale Staat ( 1870-1920 ),Gôttiagen, 1956, Willi Eichxer, 100 Jahre Sozialdemokratie, Bielefeld, 1962. R. HÔHN, Die vaterlandsloser Gesellen. Der Sozialismus im Licht der Geheimberichte der preussischen Polizei 1878- 1914. Bd, I. Kôln, 1914 ; Wohlgemuth, H., Burgkriez, nicht Burgfriede Berlin, 1964 Google Scholar. Lorsque cette chronique a été composée, les deux ouvrages de Kolb et Oertzen, sur les Conseils ne nous étaient pas encore parvenus

page 654 note 2. Outre l'ouvrage de Cari E. Schorske, Germon Social Democracy 1905-1914, The Development of the Great Schism, Harvard University Press, 1955, qui contient une précieuse bibliographie analytique (pp. 330-352), on peut consulter A.-J. Berlau, The German Social Démocratie Party, 1914-1921, New York, 1949. On sait que le problème de l'attitude de la social-démocratie allemande pendant la première guerre mondiale a fait l'objet au Congrès de Stockholm d'un rapport nourri de Henri Haag (très nombreuses indications bibliographiques), suivi d'une discussion fort animée. XIe Congrès International des Sciences historiques, Stockholm, 21-28 août 1960. Rapports, V, pp. 61-96. Cf. également la communication de M. Ch. Bloch (Israël)

page 654 note 3. Trois ouvrages consacrés à F. Ebert viennent de paraître successivement (Peters, 1954, Kotowski, Besson, 1964.

page 654 note 4. Curieusement, le Spartakisme semble avoir moins intéressé les historiens que certains groupes de militants, qui y voyaient une sorte de modèle dont il conviendrait d'imiter l'exemple — c'est ainsi qu'ont paru longtemps, en France, des « Cahiers de Spartakus ». Dans la Chronique d'Osterroth et Schuster, le groupe Spartakiste et la Ligue Spartakiste ne sont mentionnés qu'une seule fois en plus de 600 pages. Seule étude d'ensemble : Bartel, Walter : Die Linken in der deutschen Sozialdemokratie im Kampf gegen Militarismus und Krieg, Berlin, 1958 Google Scholar. Ouvrage documenté, intéressant, mais avec une tendance à l'hagiographie, qui conduit l'auteur à passer sous silence, parfois, les erreurs et les faiblesses du Spartakisme

page 654 note 5. Le Spartakisme a été éclipsé par le succès des Bolcheviks. A un double titre. D'abord parce qu'on s'attache davantage à étudier le succès d'une révolution que sonavortement, ensuite parce que, à plusieurs reprises, dans les milieux réformistes en particulier, on a voulu utiliser — non sans tronquer les textes ou en modifier l'éclairage — le Spartakisme, et Rosa Luxemburg en particulier, contre les Bolcheviks. Cf. la préface de Paris, M., Rosa Luxemburg, la Révolution russe, Paris, 1964 Google Scholar

page 655 note 1. On trouve une documentation importante dans Ernst Drahn, p. 15, Leonhaed, Susanne, Unterirdische Literatur im revolutionàren Deutschland wàhrend des Weltkrieges, Berlin, 1920 Google Scholar, ainsi que dans Liebknecht, Karl, Klassenkampf gegen den Krieg, Berlin, 1919 Google Scholar. A ces sources déjà anciennes sont venus s'ajouter récemment les Dokumente und Materialien zur Geschichte der Deutschen Arbeiterbewegung, Reihe II, Bd 1 (1914-1917), Berlin 1958 ; Bd 2 (nov. 1917-dée. 1918), Berlin, 1957, Bd 3 (1919), Berlin, 1958, qui contiennent une foule de documents inédits et du plus haut intérêt (nous citerons en abrégé : Dokumente…) ; Léo Stern, Die Auswirkungen der grossen sozia- Hstischen Oktoberrevolution auf Deutschland (dans Archivalische Forschungen zur Geschichte der deutschen Arbeiterbewegung, Berlin, 1959, 4 vol. (dont 3 de documents : 811 documents sur la période qui s'étend de février 1917 à novembre 1918). E. Matthias et R. Morsey ont entrepris la publication de documents sur cette période ; les plus intéressants, pour notre sujet, sont contenus dans le volume intitulé : Die Regierung des Prinzen Max von Baden, Dusseldorf, 1962. L'ouvrage, Revolutionare Ereignisse und Problème in Deutschland wàhrend der Période der Grossen Sozialistischen Oktoberrevolution 1917J1918, Berlin, 1957 Google Scholar,utilise de nombreux documents inédits et Kuczynski, J. en publie quelques-uns, en annexe à son livre : Der Ausbruch des ersten Weltkrieges und die deutsche Sozialdemokratie, Berlin, 1957 Google Scholar

page 655 note 2. Par contre, lorsque, au lendemain du Congrès, des négociations s'engagent avec les Revolutionare Obleute [Délégués révolutionnaires d'usine] de Berlin, une des conditions que ceux-ci posent, pour une adhésion éventuelle au parti communiste, c'est la suppression du mot « Spartakus » dans le nom du nouveau parti. Le Spartakisme effraie une partie du prolétariat

page 655 note 3. Après le Congrès de l'U.S.P.D. [Socialistes indépendants], qui a décidé à Halle, le 12 octobre, par 234 voix contre 158, d'adhérer à la Iiie Internationale, se tient, du 4 au 7 décembre, à Berlin, le Congrès d'unification, où la majorité de l'U.S.P.D. fusionne avec les communistes. Une nouvelle période commence pour le parti communiste allemand (K.P.D.)

page 656 note 1. Cf. Schorske, o.c, ch. IX et X en particulier

page 656 note 2. Par exemple, passent de l'aile gauche à l'aile droite, au cours de la guerre : Cunow, Lensch, Haensch, Haenisch, Schulz, Max Cohen, Grûnwald, tandis que les révisionnistes Bernstein, Kurt Eisner, Edmund Fischer adhéreront au parti socialdémocrate indépendant, sans toutefois devenir Spartakistes

page 656 note 3. Schorske, O.C, p. 291

page 656 note 4. En dehors du Spartakisme, existe le groupe Ledebour. A la veille du second vote sur les crédits militaires, dix députés se réunissent au domicile de Ledebour, qui décident de ne pas imiter Liebknecht et de voter les crédits. « De décembre 1914 à janvier 1917 les deux tendances de l'opposition… vécurent dans une hostilité mutuelle ». Schorske, O.C.,p. 302. Au début d'avril 1916, le journal social-démocrate de Chemnitz, die Chemnitzer Volkstimme, va jusqu'à distinguer six tendances dans la minorité : « 1° Le groupe spartakiste ; 2° Le groupe des Lichtstrahlen (revue éditée de septembre 1918 à avril 1916 par Julian Borchardt) ; 3° Le groupe Ledebour - Adolf Hoffmann ; 4° Le groupe « Neue Zeit » (c'est-à-dire Kautsky et ses amis) ; 5° Le groupe Bernstein ; 6° Le groupe « grosse majorité de la minorité » (c'est-à-dire tous ceux qui avec Haase ont refusé le vote des crédits). » Cité par Koszyk, Kurt : Zwischen Kaiserreich und Diktatur. Die Sozialdemokratische Presse von 1914 bis 1933, Heidelberg, 1958, p. 30 Google Scholar. Toutefois, aux Conférences de Zimmerwald (5-8 septembre 1915) e t de Kienthal, Ernst Meyer et Bertha Thalheimer représentant le groupe de « l'Internationale » qui va devenir le groupe spartakiste, voteront avec Ledebour et les Centristes contre la résolution proposée par Lénine

page 656 note 5. Rosa Luxemburg et Julian Karski notamment

page 657 note 1. Sur la parution de cette revue, et plus généralement sur le regroupement de l'opposition et la naissance du Spartakisme, voir notre article dans Le Mouvement social, n° 49, oct.-déc, 1964, pp. 77-105. On désigne au début les Spartakistes sous cet autre titre : « Die Gruppe Internationale »

page 657 note 2. Rosa Luxemburg écrit : « Après le 4 août 1914, la social-démocratie n'est plus qu'un cadavre nauséabond » et Liebknecht parle des « Socialistes de sa Majesté »

page 657 note 3. C'est Rosa Luxemburg qui lutte avec le plus de conséquence et de vigueur contre les thèses de Kautsky. Nous pensons que E. Matthias a raison de dire que la véritable ligne de démarcation passe entre les Spartakistes d'une part, les Majoritaires et les Indépendants de l'autre. E. Matthias, Die deuische Sozialdemokratie und der Osten 1914-1945, p. 1. Cf. également les documents fournis à l'appui de cette thèse par Walter Baktel, O.C.,pp. 421-422

page 657 note 4. E. Matthias, O.C.Préface

page 658 note 1. Schorske souligne que les Spartakistes restent aussi fidèles à la lettre du programme du parti et aux résolutions des Congrès internationaux d'avant 1914

page 658 note 2. On sait que Rosa Luxemburg a consacré une brochure à l'analyse de cet exemple : Massenstreik, Partei und Gewerkschaften, dont la traduction vient d'être republiée, Paris, 1964; cf. également l'article de Rosa Luxembourg du 27 nov. 1918, Dokumente… II, 2, op. cit., pp. 487-490

page 658 note 3. Cf. Tracts diffusés en janvier 1918. Textes dans Spartakus im Kriege, Berlin, 1927, documents 40 à 45

page 658 note 4. Cf. Textes publiés par Léo Stehn, Die Auswirkungen der grossen Sozialistischen Oktoberrevolution auf Deutschland.

page 658 note 5. « L'Internationale se compose des masses des ouvriers et non de quelques douzaines ou de cent délégués… elle vit dans la pratique quotidienne du prolétariat, non dans les résolutions et manifestes de quelque conférence que ce soit… la solution des contradictions ne doit pas être trouvée à Zimmerwald, mais d'abord en Allemagne et encore en Allemagne… Karl Liebknecht dans sa cellule fait plus pour le rétablissement de l'Internationale que dix aunes de manifeste de Zimmerwald. » Spartakusbriefe, Berlin, 1958, p. 180

page 658 note 6. « Aussi refusons-nous de prendre le pouvoir simplement parce que les Scheide-mann et les Ebert auront fait la preuve de leur incapacité ou que les Indépendants auront abouti à une impasse pour avoir collaboré avec eux. Spartakus ne prendra jamais le pouvoir que par la volonté sans équivoque de la grande majorité des masses prolétariennes, que grâce à leur approbation consciente des idées, des buts et des méthodes de lutte de la Ligue spartakiste. » (” Was will der Spartakusbund î », in Die Rote Fahne du 14 décembre.

page 659 note 1. « La victoire de la Ligue Spartakiste ne se situe pas au début mais à la fin de la révolution. Elle se confond avec la victoire de la grande masse, des millions d'ouvriers du prolétariat socialiste. » Ibidem.

page 659 note 2. Un délégué du « Groupe Internationale » au Congrès de fondation prit soin de souligner que les Spartakistes entendaient, en adhérant, conserver leur autonomie au sein du nouveau parti

page 659 note 3. On mesure, sur ce point, l'écart qui sépare cette conception de celle du parti bolchevik : le parti avant-garde de la classe ouvrière et organisateur de la révolution

page 659 note 4. « L'organisation des actions révolutionnaires, il faut l'apprendre et on ne peut l'apprendre que dans la révolution elle-même, tout comme on ne peut apprendre à nager que dans l'eau. » Rosa Luxembourc, Dokumente… op. cit. II, 3, p. 26

page 659 note 5. Au contraire l'U.S.P.D. expliquera, en avril 1917, que contrairement à ce qui s'est passé en Russie, en Allemagne les changements doivent se faire au Parlement. Mitteilungsblatt der U.S.P.D., Berlin, 8 avril 1917. Cité par Matthias, Die deutsche Sozialdemokratie und der Osten, o.c, p. 12

page 660 note 1. G. Badia, Le mouvement social, n° 49, 1964. Documents, pp. 100-105

page 660 note 2. En annexe à la brochure de Junius, rédigée par Rosa Luxemburg (Ausgemàhlte Beden und Schriften), Bd 1, pp. 258-399, Berlin, 1955 et à laquelle Lénine consacrera un long article critique. Lénine, OEuvres, Éditions Sociales, t. 22, pp. 828-343

page 660 note 3. Spartakus ira Kriege, o.c., p. 161, cité par Walter Bartel, O.C, pp. 402-403

page 661 note 1. Selon un rapport du général commandant la région de Berlin, 26 000 ouvriers métallurgistes se mirent en grève à Berlin (la Lettre de Spartakus du 12 août estime le nombre des grévistes à S5 000). Deux cortèges de manifestants (2 000 personnes) réussirent à atteindre le centre de Berlin, à partir des faubourgs du nord de la capitale. Le soir 600 jeunes gens manifestèrent à l'Alexanderplatz et devant la gare de Potsdam. A Brunswick, 8 000 grévistes. A Stuttgart, 2 000 manifestants

page 661 note 2. En 1917 ont lieu deux élections partielles. Toutes deux, dans des fiefs de l'opposition, sont gagnées par les Majoritaires. Crispien est battu près de Stuttgart, et Mehring, qui se présente dans la circonscription de Liebknecht ne recueille que 930 voix contre 12 886 au candidat des Majoritaires, Stahl, un inconnu

page 661 note 3. Cité par Koszvk, o.e., p. 114

page 661 note 4. Heidegger, o.e., note p. 375 : « Le parti social-démocrate majoritaire fut pour ainsi dire contraint de participer à la révolution et il s'efforçait en même temps de tenir en lisière les forces radicales… qui seules pouvaient entraîner les masses. » (Souligné par moi) et Noske (à propos de la semaine sanglante) : « Si cette foule avait eu des chefs sachant exactement où ils allaient ce jour-là (6-1-1919) à midi elle aurait eu Berlin en mains »

page 662 note 1. Ce chiffre augmentera peu à peu : 20 quotidiens en mars 1919

page 662 note 2. Chiffres mentionnés dans le Mitteilungsblatt de l'U.S.P.D. pour la région de Berlin du 23 septembre 1917

page 662 note 3. Il est significatif que l'influence spartakiste ait été très faible au premier Congrès des Conseils d'ouvriers et de soldats qui s'est réuni à Berlin le 16 décembre 1919. Ni Rosa Luxemburg, ni Liebknecht n'y ont été délégués

page 662 note 4. C'est ce qui explique, pour une part, le manque de coordin ation entre les soulèvements qui ont lieu au début de 1919 à Berlin, Brunswick, Brème, Munich, dans la Ruhr et qui seront écrasés successivement par les corps francs de Maercker, sur l'ordre de Noske

page 662 note 5. C'est également l'opinion de Schorske, O.C,pp. 341-342

page 663 note 1. « L'influence de la gauche se concentrait sur Berlin, Brème, Stuttgart, Leipzig Duisbourg, Brunswick et quelques autres localités. Au nombre des journaux sur lesquels elle exerçait une forte influence on comptait, au début de la guerre, Die Schwâbische Tagwacht (Stuttgart), Der Volksfreund de Brunswick, Dos Gothaer Volksblatt, qui sera interdit en janvier 1915, Die Bremer Biirger Zeitung, Der Kampf (Dûsseldorf) ». W. Bartei., O.C.,p. 190

page 663 note 2. Sur cette publication voir l'article de Jewserow, R. J ., in Voprossy Istorii, 1956, 2, p. 107 Google Scholar et suiv

page 663 note 3. Répétons, sans pouvoir y insister ici, qu'à notre sens, la lassitude de la guerre, le désir de paix, la faim résultant du blocus sont les causes déterminantes de la radicalisation des masses allemandes en 1917

page 663 note 4. Jusqu'en mai 1917, Clara Zetkin assura la rédaction de « Die Gleichheit », Zeitschrift fur die Interessen der Arbeiterinnen » (L'Égalité, revue de défense des intérêts des travailleuses). A cette date, la direction du parti la congédia. Elle rédigea alors le supplément féminin de la Leipziger Volkszeitung. Le 29 juillet 1915, elle avait été emprisonnée pour avoir fait diffuser en Allemagne le Manifeste de la Conférence internationale des femmes qui s'était réunie à Berne (26-2-1915)

page 663 note 5. A Berne, s'était tenue également du 4 au 6 avril une Conférence internationale de la Jeunesse socialiste, à laquelle participèrent des délégués venus de Suisse, d'Allemagne, de Russie, d'Italie, de Pologne, de Hollande, du Danemark, de Suède et de Bulgarie. La Conférence décida l'édition d'une revue et la création d'un fonds « Karl Liebknecht »

page 663 note 6. K. Liebknecht : Klassenkampf…, o.c., p. 51

page 663 note 7. On estime que Berlin compte 250 000 chômeurs en février 1919

page 664 note 1. Il jouit évidemment du prestige que lui valent son nom et ses interventions dans les Congrès internationaux, avant la guerre. De même, tous les socialistes du monde connaissent Clara Zetkin. En 1917, à la fondation de l'U.S.P.D., c'est elle qui recueille le plus grand nombre de voix lors des élections aux organismes dirigeants

page 664 note 2. Cf. G. Badia, Le Mouvement social, op. cit. pp. 86-92

page 664 note 3. Adler, Victor: Briefwechsel mit August Bebel und Karl Kautksy, Vienne, 1954, p. 630 Google Scholar. S'il est populaire dans les tranchées, Liebknecht n'est pas apprécié par les hommes politiques modérés, qui cependant ne contestent pas son intégrité. Le vicechancelier von Payer écrit dans ses souvenirs : « Nous voulions (en octobre 1918) adoucir la détention… de ce député du Reichstag, fanatique, et peut-être pas tout à fait normal, mais qui n'agissait pas pour des motifs intéresses. » Payer, F. von, Von Bethmann Hollweg bis Ebert. Erinnerungen und Bilder, Francfort, 1923, p. 12 Google Scholar. Contre certains dirigeants spartakistes, on lance des attaques plus basses (Juifs, cosmopolites, etc.) qui ne feront que s'amplifier en 1918-1919. Le Majoritaire Kolb écrit en 1915 : « L'âme de l'opposition est constituée par ces émigrants et ces publicistes cosmopolites et déracinés qui ont pu acquérir une influence démesurée dans la social-démocratie allemande grâce à notre patience quasi-inépuisable. » Sozialdemokratie am Scheidewege, p. 61. Et le général Groener, parlant de la révolution allemande de novembre, écrit à sa femme le 17 novembre : « Et qui sont les tireurs de ficelles ? Ici comme là-bas (en Russie) des Juifs ». Un « jugement » analogue est porté par M. Benoist-MÉChin dans son Histoire de Varmée allemande.

page 665 note 1. Les Spartakistes font le raisonnement suivant : quelle solution que les Bolcheviks choisissent, elle sera mauvaise. S'ils signent une paix séparée avec l'Allemagne, ils renforcent celle-ci et prolongent la guerre. S'ils ne signent pas, ils sont perdus : la révolution sera écrasée. Rosa Luxemburg, Mehring, sont pris entre leur désir de soutenir la révolution russe et leur hostilité à toute prolongation de la guerre. La solution serait évidemment la révolution mondiale, mais le prolétariat allemand n'est pas encore résolu à la déclencher. Les Majoritaires acceptent le traité imposé aux Bolcheviks. Au Reichstag, ils s'abstiennent. Seuls, les Indépendants votent contre

page 665 note 2. Et parmi ceux-ci figurent très tôt, en bonne place, les Majoritaires qui qualifient le bolchévisme « d'asiatique, de réactionnaire et d'impérialiste ». Cf. E. Matthias, Die Deutsche Sozialdemokratie und der Osten, o.c., p. 6

page 665 note 3. Luxemburg, Rosa, Briefe an Freunde, Hambourg, 1950, p. 157 Google Scholar

page 665 note 4. Luxemburg, Rosa, La Révolution russe, Paris, 1964, p. 39 Google Scholar

page 665 note 5. Mitteilungsblatt des Verbandes der sozialisdemokratischen Wahlvereine Berlin» und Umgegend, n° 16 du 21 juillet 1918, texte reproduit dans Dokumente…, o.c, p. 162. Franz Mehring consacre aux Bolcheviks une série d'articles qui paraissent en maijuin dans la Leipziger Volkszeitung (n08 124, 125, 132 et 138 des 31 mai, 1e r juin, 10 juin, 17 juin 1918)

page 666 note 1. Le « péril bolchevik » est mentionné à plusieurs reprises au cours des délibérations du gouvernement Max de Bade dont les procès-verbaux viennent d'être publiés. Scheidemann, le 24 octobre : « Le péril du bolchévisme devient de plus en plus grand. » Les socialistes sont d'accord pour « organiser » l'incident, qui [servira de prétexte à l'expulsion de l'ambassadeur soviétique, accusé de faire de la propagande. Sur ces questions, cf. E. Matthias et R. Morsey, Die Regierung des Prinzen Max von Baden, 1962, pp. 333, 397-98, etc. Cf. également E. Matthias, Die deutsche Sozialdemokratie und der Osten, o.c., p. 6

page 666 note 2. Kautsky, Karl, Die proletarische Révolution und ihr Programm, Berlin, 1922 Google Scholar, préface à la 2e édition, p. 7

page 666 note 3. Résolutions du Congrès de Genève in Vorwârts des 24-25 juillet 1920, cité par Camille Bloch, Revue d'Histoire de la Guerre mondiale, 1933, p. 33

page 667 note 1. Dans VAvenir International du 31 janvier 1919, Romain Rolland écrit : « Les Scheidemann et les Ebert sont, malgré eux, à présent captifs de la réaction, englués dans les forces conservatrices auxquelles ils ont eu recours contre leurs frères ennemis… [L'Entente] est hypnotisée par le danger social des Spartakistes. Mais elle ne voit pas que les Spartakistes incarnent l'esprit de réconciliation entre les nations, et que dans le nouveau bloc Scheidemann - Erzberger - Noske - Ludendorff… s'incorporent les idées de revanche nationale et de rancune inexpiable. » Cité par René Cheval, Romain Rolland, l'Allemagne et la guerre, Paris, 1963, pp. 688-689

page 667 note 2. « Le rôle des Rate dans la naissance de la République de Weimar », a constitué l'un des thèmes de discussion de la Conférence des historiens d'Allemagne occidentale qui s'est tenu à Berlin-Ouest du 7 au 11 octobre 1964. Sur cette question cf. Thormin, W., Zwischen Ratediktator und soziale Demokratie, etc., Dusseldorf, 1954 Google Scholar. Kolb, E., Die Arbeiterate in der deutschen innenpolitik 1918-1919, Dusseldorf, 1962 Google Scholar, et Oertzen, P. von, Betriebsrdte in der November-revolution, Dusseldorf, 1964 Google Scholar.