Article contents
Le silencement du monde: Paysages sonores au haut Moyen Âge et nouvelle culture aurale
Published online by Cambridge University Press: 30 August 2018
Résumé
Alors que les textes antiques abondent en informations sur le paysage sonore, les textes altimédiévaux restent très silencieux. Que s'est-il produit lors du passage de l'Antiquité au haut Moyen Âge pour que le répertoire des manifestations acoustiques s'amenuise de manière aussi sensible ? Ce « silencement du monde » est-il l'indice d'une mutation du paysage sonore « objectif » que l'on pourrait attribuer à des changements dans les conditions matérielles et/ou celui d'une profonde mutation de la culture aurale ? S'il est raisonnable de supposer que la transformation des infrastructures explique en partie le recul du bruit, elle ne permet pas pour autant d’élucider l’énigme de la raréfaction des indications sonores dont témoignent les textes. Pour comprendre les enjeux qui se cachent derrière ce phénomène, il faut prendre en compte la dimension didactique de la littérature hagiographique et les motivations théologiques des auteurs dont le but est de sensibiliser les fidèles à une « sonographie sacrée ».
Abstract
While ancient texts are generally keen to describe soundscapes, early medieval literature remains largely silent. How can we explain the dwindling references to sound following the passage from antiquity to the Early Middle Ages? Does this “silencing of the world” point to an alteration of the “objective” soundscape induced by changes in the material and physical environment, and/or does it indicate a deeper shift in the aural culture of the period? If there is reason to suppose that the decline in noise can be partly explained by an overall change in infrastructures, this transformation cannot account for the growing scarcity of sound references in the literature of the time. In order to understand this phenomenon, one must focus on the didactic character of hagiographic literature and on the theological motivations of its authors, whose goal was to sensitize their flock to a “sacred sonography.”
- Type
- Histoire du silence
- Information
- Copyright
- Copyright © Éditions de l'EHESS
References
1 Sidoine Apollinaire, Lettres, éd. et trad. par A. Loyen, Paris, Les Belles Lettres, 1970, II, 2, 14, p. 50.
2 Ibid., VII, 17, p. 124. Voir aussi les témoignages sonores de Claudius Rutilius Namatianus, Sur son retour, éd. et trad. par É. Wolff, Paris, Les Belles Lettres, 2007, I, 200-205, et de Ammianus Marcellinus, Ammien Marcellin, Jornandès, Frontin (Les stratagèmes), Végèce, Modestus, éd. dir. par M. Nisard, Paris, Firmin Didot, 1860, XVIII, 4, 29.
3 Sidoine Apollinaire, Lettres, VIII, 3, p. 127.
4 François Ploton-Nicollet, « Entre éloge de la nature et récriture précieuse : le carmen III de Mérobaude », in B. Goldlust et F. Ploton-Nicollet (dir.), Le païen, le chrétien, le profane. Recherches sur l'Antiquité tardive, Paris, Presses de l'université Paris-Sorbonne, 2009, p. 43-63, ici p. 57.
5 Françoise Prévot, « Sidoine Apollinaire et l'Auvergne », in B. Fizellier-Sauget (dir.), L'Auvergne de Sidoine Apollinaire à Grégoire de Tours. Histoire et archéologie, Clermont-Ferrand, Institut d’études du Massif central/Association française d'archéologie mérovingienne/Service régional de l'archéologie d'Auvergne, 1999, p. 63-80.
6 Denis Henry et B. Walker, « Review Man in an Artificial Landscape: The Marvels of Civilization in Imperial Roman Literature, by Zoja Pavlovskis », Classical Philology, 72-4, 1977, p. 365-367. Sur les rapports de Sidoine Apollinaire à la culture païenne, voir Lucie Desbrosses, « L'Ancien monde chez Sidoine Apollinaire. Prégnance et signification du modèle païen », in S. Ratti (dir.), Une Antiquité tardive noire ou heureuse ?, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2015, p. 209-226.
7 Venance Fortunat, Poèmes, éd. et trad. par M. Reydellet, Paris, Les Belles Lettres, 1994, III, 9, p. 100-101, v. 315, 346 et 374.
8 Anne Rolet, « L'Arcadie chrétienne de Venance Fortunat. Un projet culturel, spirituel et social dans la Gaule mérovingienne », Médiévales, 15-31, 1996, p. 109-127, ici p. 111 ; Michael Roberts, The Humblest Sparrow: The Poetry of Venantius Fortunatus, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2009, p. 145-147.
9 Les poèmes de Fortunat représentent une sorte de carnet de route selon François Cassingena-Trévedy, « Son et lumière, la ‘matière’ liturgique des Carmina de Venance Fortunat : entre l’Adventus de la croix et l'icône de Martin de Tours », no spécial « Présence et visages de Venance Fortunat, xive centenaire », Camenae, 11, 2012, www.paris-sorbonne.fr/IMG/pdf/6Cassingena_Camenae.pdf. Il est intéressant de noter le réalisme de certaines de ses descriptions, comme lorsque Fortunat évoque longuement la sécheresse du Gers (Poèmes, I, 21, De Egircio flumine). Voir Gustave Laurent, « L'Armagnac et les pays du Gers », Annales de géographie, 20-110, 1911, p. 143-154, ici p. 148. Voir aussi Fabrice Guizard-Duchamp, Les terres du sauvage dans le monde franc, ive-ixe siècle, Rennes, Pur, 2009, p. 108.
10 Luce Pietri, « Fortunat, chantre chrétien de la nature », in Venanzio Fortunato e il suo tempo, Trévise, Fondazione Cassamarca, 2003, p. 317-330.
11 Charles Mériaux, « Du nouveau sur la Vie de saint Éloi », Mélanges de science religieuse, 67-3, 2010, p. 71-85.
12 Vita Eligii ep. Noviomagensis, éd. par B. Krusch, Monumenta Germaniae historica, Scriptores rerum Merovingicarum 4 (ci-après MGH, SRM), Hanovre, Hahn, 1902, p. 666-741, II, 16, p. 705.
13 D'aucuns objecteront que chroniques et textes hagiographiques répondent à des modèles narratifs qui ne sont point comparables. Cependant, « les recherches récentes tendent plutôt à marquer, sinon l'identité entre œuvres historiques et œuvres hagiographiques, du moins leur appartenance à un genre finalement commun », selon Patrick Henriet, « Texte et contexte. Tendances récentes de la recherche en hagiologie », in S. Cassagnes-Brouquet et al. (dir.), Religion et mentalités au Moyen Âge, Rennes, Pur, 2003, p. 75-86, ici p. 81. Ce type de glissement d'un genre à l'autre, ou de « contamination » de l'historiographie par l'hagiographie, est caractéristique de l’Histoire des Lombards : Christiane Veyrard-Cosme, « Saints et rois dans l’Histoire des Lombards de Paul Diacre (viiie siècle) : une tentation hagiographique ? », in F. Laurent, L. Mathey-Maille et M. Szkilnik (dir.), Des saints et des rois. L'hagiographie au service de l'histoire, Paris, Honoré Champion, 2014, p. 47-60, ici p. 47.
14 Frédégaire, Chronique des temps mérovingiens (livre IV et Continuations), trad. par O. Devillers et J. Meyers, éd. par J. M. Wallace-Hadrill, Turnhout, Brepols, 2001, 20 et 36.
15 Les « sonorités maîtresses » ou « toniques » (keynote sounds) sont des sons qui jouent le rôle de fond, comme l'eau, le vent, les forêts, les plaines, les oiseaux, les insectes et les animaux, cités par Raymond Murray Schafer, Le paysage sonore. Le monde comme musique, trad. par S. Gleize, Marseille, Éd. Wildsproject, [1977] 2010, p. 31-32.
16 Éric Palazzo, « Les cinq sens au Moyen Âge. État de la question et perspectives de recherche », in É. Palazzo (dir.), Les cinq sens au Moyen Âge, Paris, Éd. du Cerf, 2016, p. 11-57, ici p. 13-31 ; Id., L'invention chrétienne des cinq sens dans la liturgie et l'art au Moyen Âge, Paris, Éd. du Cerf, 2014.
17 M. Schafer reprend, sans la citer explicitement, la question fondamentale que pose le philosophe George Berkeley pour rendre compte du rapport entre perception et réalité : « Lorsqu'un arbre s'abat dans la forêt sans personne pour l'entendre, sa chute produit-elle un son ? »
18 Jean-Marie Fritz, « Littérature médiévale et sound studies », in S. Emerit, S. Perrot et A. Vincent (dir.), Le paysage sonore de l'Antiquité. Méthodologie, historiographie, perspectives, Le Caire, Institut français d'archéologie orientale, 2015, p. 63-85.
19 R. M. Schafer, Le paysage sonore…, op. cit., p. 29.
20 Les sound culture studies peuvent être définies comme « un champ interdisciplinaire émergent qui étudie la production et la consommation matérielles de la musique, du son, du bruit et du silence et la manière dont ils se sont transformés au long de l'histoire et dans différentes sociétés » : Trevor Pinch et Karin Bijsterveld, « Sound Studies: New Technologies and Music », Social Studies of Science, 34-5, 2004, p. 635-648, ici p. 636. Dans Karin Bijsterveld et Trevor Pinch (dir.), Oxford Handbook of Sound Studies, New York, Oxford University Press, 2012, il est fait état de la recherche la plus récente dans ce domaine.
21 Le sensory turn (tournant sensoriel), qui s'est amorcé dans les années 1980 en histoire et en anthropologie, a fait naître un nombre incalculable d’études et de sous-champs : David Howes, « The Expanding Field of Sensory Studies », Centre for Sensory Studies, 2013, www.sensorystudies.org/sensorial-investigations/the-expanding-field-of-sensory-studies/.
22 Francisco López, « Schizophonia vs. l'objet sonore. Le paysage sonore (soundscape) et la liberté artistique », no spécial « Écologie acoustique », eContact!, 1-4, 1998, http://cec.sonus.ca/econtact/Ecology/Lopez_fr.html ; Tim Ingold, « Against Soundscape », in A. Carlyle (dir.), Autumn Leaves: Sound and the Environment in Artistic Practice, Paris, Double Entendre/Crisap, 2007, p. 10-13. Voir aussi la critique de David Dunn contre le naturalisme de M. Schafer, rapportée par Pauline Nadrigny, « Paysage sonore et pratiques de field recording. Le rapport de la création électroacoustique à l'environnement naturel », Centre interuniversitaire de recherche sur l'histoire de l'art contemporain, 2010, p. 1-12, ici p. 10-11, http://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/CIRHAC/pauline nadrigny.pdf. Pour une évaluation du terme et de ses lacunes, voir Ari Y. Kelman, « Rethinking the Soundscape: A Critical Genealogy of a Key Term in Sound Studies », Senses and Society, 5-2, 2010, p. 212-234 ; Alexandre Vincent, « Paysage sonore et sciences sociales : sonorités, sens, histoire », in S. Emerit, S. Perrot et A. Vincent (dir.), Le paysage sonore de l'Antiquité…, op. cit., p. 9-40.
23 Emily Thomson, The Soundscape of Modernity: Architectural Acoustics and the Culture of Listening in America, 1900-1933, Cambridge, Mit Press, 2004, p. 1-2.
24 Ibid., p. 2.
25 R. M. Schafer, Le paysage sonore…, op. cit., p. 340.
26 Ibid., p. 86.
27 Ibid., p. 383, pour la définition des termes lo-fi et hi-fi.
28 P. Nadrigny, « Paysage sonore et pratiques de field recording… », art. cit., p. 7.
29 Christopher M. Woolgar, The Senses in Late Medieval England, New Haven, Yale University Press, 2006, p. 66.
30 Jean-Pierre Gutton, Bruits et sons dans notre histoire. Essai sur la reconstitution du paysage sonore, Paris, Puf, 2000, p. 19.
31 Jean-Marie Fritz, La cloche et la lyre. Pour une poétique médiévale du paysage sonore, Genève, Droz, 2011, p. 98 ; Id., Paysages sonores du Moyen Âge. Le versant épistémologique, Paris, Honoré Champion, 2000.
32 Didier Lett et Nicolas Offenstadt (dir.), Haro ! Noël ! Oyé ! Pratiques du cri au Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 2003, p. 40, expliquent l'absence d’étude sur la place du cri au haut Moyen Âge « sans doute moins parce que le Moyen Âge tardif est plus sonore que parce que notre documentation, plus abondante et émanant d'autorités plus diverses et davantage laïques, offre une plus grande place au cri ». Pour une bibliographie des études des différents bruits de la ville, voir Andrea Martignoni et Mickaël Wilmart, Les bruits de la ville. Choix bibliographique, 2006, http://questes.free.fr/index2.php?option=com_content&do_pdf=1&id=76 ; Laurent Hablot et Laurent Vissière (dir.), Les paysages sonores. Du Moyen Âge à la Renaissance, Rennes, Pur, 2015 ; Susan Boynton et Diane J. Reilly (dir.), Resounding Images: Medieval Intersections of Art, Music, and Sound, Turnhout, Brepols, 2015 ; Philippe Guérin, « Du bruit dans le Décaméron », Chroniques italiennes, série web 19-1, 2011, http://chroniquesitaliennes.univ-paris3.fr/PDF/web19/Guerinweb19.pdf.
33 Sur la notion de paysage et ses implications idéologiques : A. Vincent, « Paysage sonore et sciences sociales… », art. cit., p. 17-22.
34 Steve Mills, « The Contribution of Sound to Archaeology », Buletinul Muzeului Judeţean Teleorman, 2, 2010, p. 179-195, ici p. 184.
35 Kristopher Poole et Eric Lacey, « Avian Aurality in Anglo-Saxon England », World Archaeology, 46-3, 2014, p. 400-415 ; Eric Lacey, « Birds and Words: Aurality, Semantics, and Species in Anglo-Saxon England », in S. C. Thomson et M. D. J. Bintley (dir.), Sensory Perception in the Medieval West, Turnhout, Brepols, 2016, p. 75-98. Malheureusement, l'archéologie acoustique n'est d'aucune aide dans le contexte du haut Moyen Âge. Les premiers pots acoustiques médiévaux datent du xie siècle selon Bénédicte Palazzo-Bertholon et Jean-Christophe Valière (dir.), Archéologie du son. Les dispositifs de pots acoustiques dans les édifices anciens, Paris, Société française d'archéologie, 2012. Parmi les rares recherches, voir David J. Knight, « The Archaeoacoustics of a Sixth-Century Christian Structure: San Vitale, Ravenna », in R. Jiménez, R. Till et M. Howell (dir.), Music and Ritual: Bridging Material and Living Cultures, Berlin, Ekho Verlag, 2013, p. 133-147.
36 Paul Van Ossel, « De la ‘villa’ au village. Les prémices d'une mutation », 2006, p. 1-19, ici p. 6-7, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00090599/document.
37 Elio Lo Cascio et Paolo Malanima, « Cycles and Stability: Italian Population before the Demographic Transition (225 B. C.-A. D. 1900) », Rivista di storia economica, 21-3, 2005, p. 5-40, ici p. 12-13. Certains historiens expliquent la baisse démographique comme étant le résultat d'un ensemble de phénomènes économiques et sociaux corrélatifs à la chute de l'Empire romain : Jean-Pierre Devroey, « Catastrophe, crise et changement social. À propos des paradigmes d'interprétation du développement médiéval (500-1100) », in L. Buchet et al. (dir.), Vers une anthropologie des catastrophes, Antibes/Paris, Apdca/Ined, 2009, p. 142-147.
38 Sur la peste en Angleterre : John Maddicott, « Plague in Seventh-Century England » [1997], in L. K. Little (dir.), Plague and the End of Antiquity: The Pandemic of 541-750, New York, Cambridge University Press, 2007, p. 171-214.
39 Paul Diacre, Histoire des Lombards, éd. et trad. par F. Bougard, Turnhout, Brepols, 1994, II, 4, p. 39.
40 Philippe Leveau, « La ville antique et l'organisation de l'espace rural : villa, ville, village », Annales ESC, 38-4, 1983, p. 920-942, ici p. 925.
41 P. Van Ossel, « De la ‘villa’ au village… », art. cit., p. 5. Selon Claude Raynaud, « Les campagnes en Gaule du Sud-Est dans l'Antiquité tardive et le haut Moyen Âge », Zephyrus. Revista de prehistoria y arqueología, 53-54, 2000-2001, p. 473-507, ici p. 478, certaines régions, notamment le Sud-Est de la Gaule, sont le témoin de l’« effacement de la villa à la romaine entre le milieu du ve et le milieu du vie siècle ».
42 J.-P. Devroey, « Catastrophe, crise et changement social… », art. cit., p. 143.
43 Ibid.
44 Steve Mills, Auditory Archeology: Understanding Sound and Hearing in the Past, Walnut Creek, Left Coast Press, 2014, p. 129.
45 Ibid., p. 130.
46 Cyrille Ben Kaddour, « Chartres et sa proche campagne au haut Moyen Âge (fin ve-fin xe siècle). Topographie urbaine et péri-urbaine, analyse de structures et étude du mobilier : un premier bilan », Revue archéologique du Centre de la France, 53, 2014, http://racf.revues.org/2104. Par exemple, Reims se recroqueville dans ses 20 à 30 hectares, tandis que Paris n'en occupe plus que 8 ou 9 et Soissons 12. Jean Heuclin, Georges Jehel et Philippe Racinet, Les sociétés en Europe du milieu du vie à la fin du ixe siècle, Nantes, Éd. du Temps, 2002, p. 101, ainsi que John H. W. G. Liebeschuetz, Decline and Fall of the Roman City, Oxford, Oxford University Press, 2001, p. 84-85, donnent les chiffres suivants : Orléans, 30 ; Sens, 25 ; Bordeaux, 32 ; Lyon, 21 contre 65 au début de l'Empire ; Autun, 12 au lieu de 180 ; Narbonne, 3.
47 Guy Halsall, « Town, Societies and Ideas: The Not-So-Strange Case of Late Roman and Early Merovingian Metz », in N. Christie et S. T. Loseby (dir.), Towns in Transition: Urban Evolution in Late Antiquity and the Early Middle Age, Aldershot, Scolar Press, 1996, p. 235-261, ici p. 246.
48 Par exemple, la ville de Tours voit la construction d'une basilique dédiée à saint Martin à plus de 800 mètres de l'enceinte où se trouvaient les vestiges de la ville romaine et où demeuraient les centres du pouvoir. Ce phénomène se retrouve à Orléans qui se recentre autour de trois établissements religieux : Saint-Paul, Saint-Aignan et Saint-Euverte. Les bourgs monastiques possèdent souvent leurs propres enceintes, comme à Tours, Bourges, Reims, Poitiers, Soissons, etc. Voir C. Ben Kaddour, « Chartres et sa proche campagne au haut Moyen Âge… », art. cit.
49 Depuis les années 1980, le débat s'est cristallisé autour de la question de l'interprétation des terres noires, cette couche de terre plus foncée qui apparaît autour des castra. D'abord unanimement perçues comme un signe de raréfaction de la population, les terres noires sont désormais vues comme dénotant la présence continue d'une population encore relativement nombreuse. Elles obligent à envisager pour cette période de l’« entre-deux urbain » des critères radicalement autres que ceux qui ont présidé autant à l’étude de la ville antique qu’à celle de la ville médiévale : Henri Galinié, « L'expression terres noires, un concept d'attente », Les petits cahiers d'Anatole, 15, 2004, p. 1-29, ici p. 3 et 13, http://citeres.univ-tours.fr/doc/lat/pecada/F2_15.pdf ; Hélène Noizet, « La ville au Moyen Âge et à l’époque moderne. Du lieu réticulaire au lieu territorial », EspacesTemps.net, 2014, www.espacestemps.net/articles/la-ville-au-moyen-age-et-a-lepoque-moderne.
50 Rainer Schreg, « Farmsteads in Early Medieval Germany: Architecture and Organisation », Arqueología de la arquitectura, 9, 2012, p. 247-265, ici p. 252.
51 Voir l’étude du paysage sonore d'un petit village soudanais par Samuel Rosen et al., « Presbycusis Study of a Relatively Noise-Free Population in the Sudan », Annals of Otologie, Rhinology and Laryngology, 71-3, 1962, p. 727-743, ici p. 733 : « L'absence de surfaces réverbérantes dures, murs, plafond, planchers, meubles, etc., semblerait expliquer la faible intensité des niveaux enregistrés, qui sont de l'ordre de 73-74 dB à l'oreille du travailleur. »
52 Marc Heijmans, « Les habitations urbaines en Gaule méridionale durant l'Antiquité tardive », Gallia, 63, 2006, p. 47-57, ici p. 51. Cet état de fait est attesté à Arles et dans beaucoup d'autres villes comme Nîmes, Cimiez et Fréjus. Cité p. 52-53, Procope de Césarée, Histoire des Goths, éd. et trad. par D. Roques et J. Auberger, Paris, Les Belles Lettres, 2015, vol. II, 6, 1, se fait le témoin de cette pratique : « Il y a un cirque où les gladiateurs combattaient autrefois, et où l'on a depuis bâti des maisons. »
53 Marc Heijmans et Claude Sintès, « L’évolution de la topographie de l'Arles antique. Un état de la question », Gallia, 51, 1994, p. 135-170, ici p. 160.
54 Rien qu’à Poitiers, aux cinq églises existantes au ve siècle viennent s'adjoindre cinq nouvelles au cours du siècle et neuf autres avant l'an 700 : J. H. W. G. Liebeschuetz, Decline and Fall of the Roman City, op. cit., p. 85.
55 Paul Diacre, Histoire des Lombards, II, 4, p. 39.
56 Raymond Murray Schafer, « Open Ears », in M. Bull et L. Back (dir.), The Auditory Culture Reader, Oxford, Berg, 2003, p. 25-41, ici p. 25.
57 Sur l'ambivalence, voir Avitus, Histoire spirituelle, éd. et trad. par N. Hecquet-Noti, Paris, Éd. du Cerf, 2005, t. II, p. 27.
58 Anne Fraïsse, « Épopée biblique entre traduction poétique et commentaire exégétique », Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires, 4, 2008, §. 1-44, ici §. 8-11, http://cerri.revues.org/570.
59 Roger P. H. Green, Latin Epics of the New Testament: Juvencus, Sedulius, Arator, Oxford, Oxford University Press, 2006.
60 Pour une définition du genre, voir Paul-Augustin Deproost, « L’épopée biblique en langue latine. Essai de définition d'un genre littéraire », Latomus. Revue d’études latines, 56-1, 1997, p. 14-39.
61 Avitus, Histoire spirituelle, introduction, p. 35.
62 Juliette Guérard, « Le thème du cortège divin dans la littérature latine de l'Antiquité tardive : lectures profanes et adaptation chrétienne », Camenulae, 7, 2011, p. 1-16, ici p. 1, www.paris-sorbonne.fr/IMG/pdf/Guerard.pdf.
63 Ibid., p. 15. Sur les méthodes d'imitation des poètes chrétiens, voir Paul W. A. T. van der Laan, « Imitation créative dans le Carmen Paschale de Sédulius », in A. Hilhorst et J. Den Boeft (dir.), Early Christian Poetry: A Collection of Essays, Leyde, Brill, p. 135-166.
64 Robert Markus, Au risque du christianisme. L’émergence du modèle chrétien, ive-vie siècle, éd. et trad. par D. Kempf, Lyon, Presses universitaires de Lyon, [1990] 2012, p. 305.
65 A. Fraïsse, « Épopée biblique… », art. cit., § 2.
66 Michel Zink, Poésie et conversion au Moyen Âge, Paris, Puf, 2003.
67 René Martin, « Poésie, politique et religion à l’époque carolingienne », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, 1-2, 2000, p. 157-174. Il faut effectivement attendre la Renaissance carolingienne pour que l’élégie réapparaisse dans le cercle fermé des lettrés de la cour de Charlemagne. Cependant, le rapport à la nature qui en émane a profondément évolué depuis l'Antiquité tardive, mâtiné d'un bucolisme « à la Virgile » : F. Guizard-Duchamp, Les terres du sauvage…, op. cit., p. 105. Dans ces poésies, la nature, tout comme l'univers bruissant qui affleure, n'est plus qu'un décor dans lequel « le conventionnel l'emporte sur la sensibilité » (p. 107). Imitant le modèle de la poésie antique, les vers des poètes carolingiens ne traduisent plus une expérience sensorielle mais des conventions poétiques que seul un public lettré et solidement christianisé peut apprécier et comprendre sans être soupçonné de paganisme. C'est le résultat d'un long processus et du formidable travail de reconversion des hagiographes mérovingiens.
68 Sylvie Labarre, « Introduction », no spécial « Présence et visages de Venance Fortunat, xive centenaire », Camenae, 11, 2012, p. 1-7, ici p. 3.
69 F. Cassingena-Trévedy, « Son et lumière… », art. cit. p. 10.
70 M. Roberts, The Humblest Sparrow…, op. cit., p. 320.
71 Marc Van Uytfanghe, « L'hagiographie de l'Antiquité tardive : une littérature populaire ? », Antiquité tardive. Revue internationale d'histoire et d'archéologie (ive-viie siècle), 9, 2002, p. 201-218. Sur le sermo humilis : Michel Banniard, Viva Voce. Communication écrite et communication orale du ive au ixe siècle en Occident latin, Paris, Institut des études augustiniennes, 1992, p. 126-127.
72 Marie-Céline Isaïa, « Normes et hagiographie dans l'Occident latin (ve-xvie siècle) », Bulletin du Centre d’études médiévales d'Auxerre, 15, 2011, p. 229-236.
73 Jamie Kreiner, The Social Life of Hagiography in the Merovingian Kingdom, Cambridge, Cambridge University Press, 2014, p. 8, défend l'hypothèse que les hagiographes espéraient que « leur prose enseignerait aux lecteurs bien disposés à suivre de nouvelles manières de penser et que leurs audiences finiraient par adapter leur comportement et leur sentiment communautaire aux modèles suggérés par les Vitae ».
74 Pour une étude plus approfondie des influences littéraires de Grégoire le Grand : John Moorhead, « Gregory's Literary Inheritance », in N. Bronwen et M. Dal Santo (dir.), A Companion to Gregory the Great, Leyde, Brill, 2013, p. 249-267, ici p. 263 ; Claude Dagens, Saint Grégoire le Grand. Culture et expérience chrétiennes, Paris, Études augustiniennes, 1977, p. 34.
75 Jacques Fontaine, « Esthétique et foi d'après la poésie latine chrétienne des premiers siècles », Comptes rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 137-4, 1993, p. 881-888, ici p. 887.
76 R. Markus, Au risque du christianisme…, op. cit., p. 300.
77 Susan Rankin, « Écrire les sons. Création des premières notations musicales », in É. Palazzo (dir.), Les cinq sens au Moyen Âge, op. cit., p. 78-98, ici p. 81-83.
78 R. Markus, Au risque du christianisme…, op. cit., p. 305.
79 L'empreinte sonore « confère à la vie acoustique d'une communauté son caractère singulier », R. M. Schafer, Le paysage sonore…, op. cit., p. 32.
80 M. Van Uytfanghe, « L'hagiographie de l'Antiquité tardive… », art. cit., p. 217.
81 Martin Heinzelmann, « L'hagiographie au service de l'histoire. L’évolution du ‘genre’ et le rôle de l'hagiographie sérielle », in F. Laurent, L. Mathey-Maille et M. Szkilnik (dir.), Des saints et des rois…, op. cit., p. 23-44, ici p. 34 et 36, pense que les chroniques profanes deviennent des historiae, un genre historique spécifiquement chrétien.
82 Pour une présentation de la théologie des cinq sens, voir É. Palazzo, L'invention chrétienne des cinq sens…, op. cit., p. 31-73.
83 Paulin de Nole, Letters of St. Paulinus of Nola, éd. et trad. par P. G. Walsh, Westminster/Londres, Newman Press/Longmans, Green and Co., 1966, vol. II, p. 158.
84 Grégoire le Grand, Morales sur Job, éd. par R. Gillet et trad. par A. de Gaudemaris, Paris, Éd. du Cerf, 1989, XXI, II. Sur l'image de l'homme citadelle, voir É. Palazzo, L'invention chrétienne des cinq sens…, op. cit., p. 73.
85 Sur l'origine origénienne de la notion de sens spirituels, voir le résumé de Régis Courtray, « Une exégèse des cinq sens chez Jérôme. Du mépris au salut », in G. Puccini (dir.), Le débat des cinq sens de l'Antiquité à nos jours, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2013, p. 201-215, ici p. 201.
86 Épître aux Romains, 10, 17. Voir J.-M. Fritz, Paysages sonores du Moyen Âge…, op. cit., p. 34-40.
87 Paul Tombeur, « ‘Audire’ dans le thème hagiographique de la conversion », Latomus. Revue d’études latines, 24-1, 1965, p. 159-165, ici p. 159.
88 Saint Benoît, La règle de saint Benoît, éd. et trad. par A. de Vogüé et J. Neufville, Paris, Éd. du Cerf, 1972, t. I, prologue, V, 1.
89 R. Courtray, « Une exégèse des cinq sens chez Jérôme… », art. cit., p. 201.
90 Mariette Canévet et al., Les sens spirituels. Sens spirituel, goût spirituel, toucher, touches, gourmandise spirituelle, luxure spirituelle, Paris, Beauchesne, 1993, p. 6.
91 J.-M. Fritz, Paysages sonores du Moyen Âge…, op. cit., p. 34-40.
92 Saint Ambroise, Hexameron, Paradise, and Cain and Abel, trad. par J. J. Savage, New York, The Catholic University of America Press, 1961, VI, 62, p. 274.
93 Lactance, Institutions divines, éd. et trad. par C. Ingremeau, Paris, Éd. du Cerf, 2007, liv. VI, p. 329 ; Jérôme, Contra Jovinianum, Patrologia Latina, XXIII, II, 8, p. 297.
94 Paulin de Nole, Letters of St. Paulinus of Nola, vol. II, p. 218.
95 Je suis la réflexion que R. Courtray développe dans « Une exégèse des cinq sens chez Jérôme… », art. cit.
96 Ibid., p. 204.
97 É. Palazzo, L'invention chrétienne des cinq sens…, op. cit., cité p. 64.
98 Saint Augustin, Confessions, éd. et trad. par P. de Labriolle, Paris, Les Belles Lettres, 1925, X, 33, p. 277.
99 É. Palazzo, L'invention chrétienne des cinq sens…, op. cit., p. 65.
100 Selon É. Palazzo, la vision pessimiste ou du moins ambivalente de Grégoire vis-à-vis des sens n'est pas dominante à la période carolingienne.
101 George E. Demacopoulos, « Gregory the Great », in P. L. Gavrilyuk et S. Coakley (dir.), The Spiritual Senses: Perceiving God in Western Christianity, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 71-85, ici p. 71.
102 Ibid., p. 73.
103 Ibid., p. 84-85.
104 Grégoire le Grand, Homélies sur Ezéchiel, éd. et trad. par C. Morel, Paris, Éd. du Cerf, 1986-1990, t. 2, II, 2, p. 95.
105 Grégoire de Tours, Œuvres complètes, vol. 3, Le livre des miracles de saint Martin, éd. et trad. par H. Bordier, Clermont-Ferrand, Éd. Paleo, 2006, t. 2, I, IV, p. 19.
106 Carol Harrison, The Art of Listening in the Early Church, Oxford, Oxford University Press, 2013, p. 25.
107 Charles Mériaux, « Qui verus christianus vult esse. Christianisme et ‘paganisme’ en Gaule du Nord à l’époque mérovingienne », in H. Inglebert, S. Destephen et B. Dumézil (dir.), Le problème de la christianisation du monde antique, Paris, Picard, 2010, p. 359-373, ici p. 372.
108 G. E. Demacopoulos, « Gregory the Great », art. cit., p. 84.
109 Il existe une certaine analogie entre la mission des hagiographes et celle que M. Schafer attribue aux designers sonores : « Encourager la société à se remettre à l’écoute des modèles du paysage sonore merveilleusement modulés et équilibrés comme le sont les grandes compositions musicales. Celles-ci aident à concevoir la manière de modifier, d'accélérer ou de ralentir, de purifier ou de densifier un paysage sonore, à déterminer ce qu'il faut encourager et ce contre quoi il faut lutter », M. Schafer, Le paysage sonore…, op. cit., p. 340.
110 Makis Solomos, De la musique au son. L’émergence du son dans la musique des xxe-xxie siècles, Rennes, Pur, p. 7.
111 Sur les différents aspects de la biographie de P. Schaeffer et l’évolution de son rapport au christianisme : Martin Kaltenecker et Karine Le Bail (dir.), Pierre Schaeffer. Les constructions impatientes, Paris, Cnrs Éditions, 2012, et notamment l'article « Jalons », p. 9-65, ici p. 9-20.
112 M. Kaltenecker rapporte que, au bas d'une feuille de brouillon, P. Schaeffer a disposé en croix quatre phrases qui suggèrent une équivalence des modes d’écoute entre quatre attitudes face à Dieu : « Je Te comprends » ; « Je Te prends » ; « Je tends vers Toi » ; « Je T'entends » (M. Kaltenecker et K. Le Bail (dir.), Pierre Schaeffer…, op. cit., p. 198). Sur la dimension théologique de l’écoute selon P. Schaeffer, voir Martin Kaltenecker, « Théologie de l’écoute », Droit de cités, 2010, http://droitdecites.org/2010/10/15/kaltenecker/.
113 Pierre Schaeffer, Traité des objets musicaux. Essai interdisciplines, Paris, Éd. du Seuil, 1966, p. 105.
114 Ibid., p. 104.
115 Ibid., p. 27.
116 Ibid., p. 106.
117 Ibid.
118 Ibid.
119 Umberto Eco, Le signe. Histoire et analyse d'un concept, Bruxelles, Éd. Labor, 2002, p. 23.
120 Cours au conservatoire de Paris, 22 janv. 1969, cité par M. Kaltenecker, « Théologie de l’écoute », art. cit., p. 5.
121 Grégoire le Grand, Homélies sur Ezéchiel, t. 2, V, 9, p. 243.
122 Selon Venance Fortunat, Poèmes, II, XVI, p. 75, les bœufs portaient des clochettes. Les chevaux en portaient aussi : Liber historiae Francorum, éd. et trad. par B. Bachrach, Lawrence, Coronado Press, 1973.
123 Iordanes, Getica, Auctores antiquissimi 5, 1, n. IV, 27, p. 60, l. 19
124 Paul Diacre, Histoire des Lombards, n. 40.
125 Grégoire de Tours, Histoire des Francs, trad. par R. Latouche, Paris, Les Belles Lettres, 1963-1965, 2 vol, t. 1, III, 15, p. 160.
126 Sulpicius Seuerus, Dialogorum libri II (CPL 0477), dialogus 3, cap. 3.
127 Vita Genovefae virginis Parisiensis, MGH, SRM 3, c. 22, p. 224 ; Grégoire de Tours, Liber in gloria martyrum, MGH, SRM 1, 2, c. 86 (p. 546), p. 96, l. 10 ; Ionas, Vita Iohannis abb. Reomaensis, MGH, SRM 37, c. 16, p. 339, l. 17.
128 Grégoire de Tours, Liber in gloria martyrum, XXXVI.
129 Paul Diacre, Histoire des Lombards, III, p. 72.
130 À la fin du Moyen Âge, c'est exactement l'inverse qui se produit – le hennissement des chevaux est récurrent, le chant des oiseaux devient un marqueur du passage des saisons : J.-M. Fritz, La cloche et la lyre…., op. cit., p. 33-34.
131 Venantius Fortunatus, Vita Radegundis, éd. par B. Krusch, MGH, SRM 2, 1888, p. 364-377, 2, lib. I, c. 36, p. 375, trad. in R. Favreau (dir.), Radegonde. De la couronne au cloître, Poitiers, Association Gilbert de la Porée, 2005, p. 54.
132 Grégoire le Grand, Dialogues, éd. par A. de Vogüé et trad. par P. Antin, Paris, Éd. du Cerf, 1978-1980, t. II, p. 83-85.
133 Clément d'Alexandrie, Jean Chrysostome, Jérôme, Augustin, Gaudence et bien d'autres rejettent la musique instrumentale car elle risque de détourner du sacré. Toutes les références aux cymbales dans la littérature chrétienne sont citées par James McKinnon (dir.), Music in Early Christian Literature, Cambridge, Cambridge University Press, 1987.
134 Henri-Irénée Marrou, « Une théologie de la musique chez Grégoire de Nysse ? », Christiana tempora. Mélanges d'histoire, d'archéologie, d’épigraphie et de patristique, Rome, École française de Rome, 1978, p. 365-372.
135 Les cymbales sont aussi utilisées par les Hébreux pour rythmer leurs louanges : Joachim Braun, Music in Ancient Israel/Palestine: Archaeological, Written, and Comparative Sources, trad. par D. W. Stott, Grand Rapids, W. B. Eerdmans, [1999] 2002, p. 108. Pour Jean Chrysostome, dans son commentaire du psaume CXLIX, s'accompagner d'instruments dénotait incontestablement une faiblesse de l'esprit, cité par J. W. McKinnon (dir.), Music in Early Christian Literature, op. cit., p. 83. Voir aussi H.-I. Marrou, « Une théologie de la musique… », art. cit., p. 366.
136 David E. Garland, 1 Corinthians, Grand Rapids, Baker Academic, 2003.
137 Dans sa lettre à Agricola, Sidoine Apollinaire, Lettres, t. II, I, 2, p. 8, décrit les goûts musicaux de Théodoric : « Mais c'est un fait qu'on n'entend jamais résonner là-bas les orgues hydrauliques, ni un chœur de chanteurs entonner ensemble, sous la conduite d'un chef d'orchestre, un concert savamment préparé. Il n'y a là ni joueur de lyre, ni flûtiste, ni coryphée, ni joueuse de tympanon ou de cithare, car le roi ne trouve de plaisir qu'aux instruments dont la force ne charme pas moins l’âme que la mélodie l'oreille. »
138 Césaire d'Arles, Sermons au peuple, éd. et trad. par M.-J. Delage, Paris, Éd. du Cerf, 1971, t. I, 6, 3, p. 325. Au sujet de la condamnation des chansons et danses populaires, voir Catherine Dunn, The Gallican Saint's Life And The Late Roman Dramatic Tradition, Washington, The Catholic University of America Press, 1989.
139 Baudonivia Pictaviensis, Vita Radegundis, éd. par B. Krusch, MGH, SRM 2, 1888, p. 377-395. v. 2, lib. II, c. 18, p. 390.
140 Jacques Le Goff, « Le christianisme médiéval en Occident du concile de Nicée (325) à la Réforme (début du xvie siècle) », in H.-C. Puech (dir.), Histoire des religions, vol. 2, La formation des religions universelles et des religions de salut dans le monde méditerranéen et le Proche-Orient. Les religions constituées en Occident et leurs contre-courants, Paris, Gallimard, 1972, p. 749-868, ici p. 749.
141 Dimitri Nikolai Boekhoorn, « Bestiaire mythique, légendaire et merveilleux dans la tradition celtique. De la littérature orale à la littérature écrite », thèse de doctorat, Université Rennes 2/University College Cork, 2008, p. 202 ; Liliane Bodson, « Les oiseaux dans l'Antiquité gréco-romaine. Choix de textes avec introduction, traduction, commentaires et passages parallèles », supplément au Bulletin de l'Association des professeurs de langues anciennes de l'Académie de Lille, 15, 1991, p. 13-17.
142 D. N. Boekhoorn, « Bestiaire mythique, légendaire et merveilleux dans la tradition celtique… », op. cit., p. 229-230.
143 Sulpicius Seuerus, Dialogorum libri II (CPL 0477), dialogus 3, cap. 3.
144 Dans un autre épisode de la Vita, Sulpice Sévère raconte comment Martin exerce son autorité sur une meute de chiens féroces en leur ordonnant de cesser la poursuite d'un lièvre affolé, ibid., IX ; Dominic Alexander, Saints and Animals in the Middle Ages, Woodbridge, Boydell Press, 2008, p. 16.
145 Luc Charles-Dominique, « Anthropologie historique de la notion de bruit », Filigrane, 7, 2008, p. 33-55.
146 Umberto Eco, « Sur l'aboiement du chien et autres archéologies zoosémiotiques », De l'arbre au labyrinthe. Études historiques sur le signe et l'interprétation, trad. par H. Sauvage, Paris, B. Grasset, [2007] 2010, p. 199-215.
147 Geneviève Bührer-Thierry, « Des païens comme chiens dans le monde germanique et slave du haut Moyen Âge », in L. Mary et M. Sot (dir.), Impies et païens entre Antiquité et Moyen Âge, Paris, Picard, 2002, p. 175-187.
148 M. Banniard, Viva Voce…, op. cit., p. 111, utilise le terme de « pastorale phonique » pour désigner la transmission orale/aurale du message divin et celui de « pastorale iconographique » pour qualifier un apprentissage qui passe par la figuration.
149 On remarque, à la suite de J.-M. Fritz, le phénomène d'anthropomorphisation que subit la matière sonore. Dans le cadre du récit hagiographique, les sons, et plus particulièrement les voix, deviennent l'un des éléments de l'immersion du fidèle dans un monde sacré.
150 R. M. Schafer, Le paysage sonore…, op. cit., p. 381 ; Id., « I Have Never Seen a Sound », Environmental and Architectural Phenomenology, 17-2, 2006, p. 10-15.
151 Marc Van Uytfanghe, « La Bible dans les Vies de saints mérovingiennes. Quelques pistes de recherche », Revue d'histoire de l’Église de France, 62-168, 1976, p. 103-111.
152 Isidore de Séville, Traité de la nature, éd. par J. Fontaine, Paris, Institut d’études augustiniennes, [1960] 2002, p. 19-38.
153 Grégoire de Tours, Liber de passione et virtutibus Iuliani, éd. par B. Krusch, MGH, SRM 1, 2, 1885, p. 1, 2, c. 15, (p. 570), p. 120, l.
154 Pour plus de détails sur Agrestius, voir Bruno Dumézil, « L'affaire Agrestius de Luxeuil. Hérésie et régionalisme dans la Burgondie du viie siècle », Médiévales, 52-1, 2007, p. 135-152.
155 Jonas de Bobbio, Vie de Saint Colomban et de ses disciples, éd. par A. de Vogüé, Brégolles-en-Mauges, Éd. Abbaye de Bellefontaine, 1988, p. 200.
156 Ibid., p. 220 ; Ionas, Vitae Columbani libri II, SS rer. Germ. 37, liv. II, c. 19.
157 Ionas, Vitae Columbani libri I, SS rer. Germ. 37, liv. I, c. 19, p. 188.
158 « La situation d’écoute acousmatique est celle où l'on entend le son sans voir la cause dont il provient » : Michel Chion, Glossaire, 2006, www.lampe-tempete.fr/ChionGlossaire.html.
159 Vita Eligii ep. Noviomagensis, II, 65.
160 Grégoire le Grand, Dialogues, t. II, p. 111-113.
161 Vita Sadalbergae abb. Laudunensis, éd. par B. Krusch et W. Levison, MGH, SRM 5, 1910, p. 49-66, 5, c. 21, p. 62.
162 Ibid., 5, c. 22, p. 62.
163 Les spécialistes de l'hagiographie mérovingienne ont déjà remarqué que le diable n'occupe plus la place centrale qui lui était dévolue dans l'hagiographie antique : Marc Van Uytfanghe, « Pertinence et statut du miracle dans l'hagiographie mérovingienne (600-750) », in D. Aigle (dir.), Miracles et karâma, Turnhout, Brepols, 2000, p. 67-144, ici p. 101-103 ; Martin Roch, L'intelligence d'un sens. Odeurs miraculeuses et odorat dans l'Occident du haut Moyen Âge (ve-viiie siècles), Turnhout, Brepols, 2009, p. 201.
164 Sulpice Sévère, Vie de Saint Martin, t. VII, éd. et trad. par J. Fontaine, Paris, Éd. du Cerf, 1967-1969, 2, p. 299.
165 Grégoire de Tours, Liber vitae patrum, MGH, SRM 1, 2, c. 11 (p. 710), p. 260, l. 26.
166 Grégoire le Grand, Dialogues, t. II, p. 381-383.
167 Ibid., t. II, p. 273.
168 Grégoire de Tours, Liber vitae partum, MGH, SRM 1, 2, c. 17 (p. 729), p. 279, l. 21.
169 Saint Boniface, Lettres, éd. Tangl (M.), MGH. Epistolae selectae I, Berlin, 1916, p. 8-15, cité par Claude Carozzi, Le voyage de l’âme dans l'au-delà d'après la littérature latine (ve-xiiie siècle), Rome, École française de Rome, 1994, p. 195-196.
170 Ibid., p. 74.
171 Bède le Vénérable, Histoire ecclésiastique du peuple anglais, 2 t., éd. et trad. par O. Szerwiniack et al., Paris, Les Belles Lettres, 1999.
172 Ibid., V, 12, p. 325.
173 Sur la notion de silence chez Bède le Vénérable, voir Olivier Szerwiniack, « Le silence dans l’Histoire ecclésiastique du peuple anglais de Bède le Vénérable », Micrologus. Natura, scienze e società medievali, 18, 2010, p. 29-46, ici p. 30-33.
174 Pour la définition du genre, voir C. Carozzi, Le voyage de l’âme…, op. cit., p. 4-5.
175 J.-M. Fritz, La cloche et la lyre…, op. cit., p. 184-185 et 408 ; L. Charles-Dominique, « Anthropologie historique de la notion de bruit », art. cit., p. 13-14.
176 J.-M. Fritz, La cloche et la lyre…, op. cit., p. 184.
177 J'adopte ici les conclusions de l’étude de J.-M. Fritz, La cloche et la lyre…, p. 409.
178 Mircea Eliade, Traité d'histoire des religions, Paris, Payot, 1964, p. 25.
179 Rudolf Otto, Le sacré. L’élément non rationnel dans l'idée du divin et sa relation avec le rationnel, trad. par A. Jundt, Paris, Payot et Rivages, 2001.
180 Grégoire le Grand, Homélies sur l’Évangile, t. I, éd. par R. Étaix, C. Morel et B. Judic, Paris, Éd. du Cerf, 2005, 15, p. 341.
181 R. M. Schafer, Le paysage sonore…, op. cit., p. 381.
- 1
- Cited by
Linked content
Translation available: The Silencing of the World: Early Medieval Soundscapes and a New Aural Culture