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Le rythme trentenaire de l'expansion européenne

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

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« Les récents progrès des sciences sociales bouleversent encore une fois… notre discipline historique. » « La science a progressé au XXe siècle » : Frédéric Mauro l'affirme dans l'introduction de la troisième partie « Débats et Combats. Direction de Recherches » du beau livre qu'il vient de consacrer à près de trois siècles d'expansion européenne. Il suffirait pour s'en convaincre de mesurer le chemin parcouru entre l'ancienne et la nouvelle Clio dont les contours sont, désormais, définitivement fixés.

Le bond en avant de l'histoire, depuis que, dans la conjoncture difficile donc féconde des années 30, elle s'est insérée dans le flux en expansion des sciences de l'homme, ce petit livre d'une étonnante densité en porte témoignage. Frédéric Mauro est informé, comme peu d'historiens de sa génération, de toutes les sciences de l'homme. Sa culture va de l'économie mathématique à la sociologie, en passant par l'ethnologie et l'anthropologie culturelle. Il domine, avec aisance, une bibliographie de mille titres savamment hiérarchisés, à laquelle s'ajoutent ses propres recherches sur tout le secteur portugais, plus une expérience de voyageur au regard neuf et sympathique.

Type
Notes Critiques
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1966

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References

1. Frédéric Mauro, L'Expansion européenne, 1600-1870, Nouvelle Clio. L'Histoire et ses problèmes, n° 27. Paris, P.U.F., 1964, in-16, 417 p., p. 266.

2. Ouverte en 1963 par L'Occident aux XIVe et XVe siècles. Aspects économiques et sociaux, de Jacques Heeks, 388 p. et Les Révolutions de Jacques, Godechot, 410 p. Depuis : La ruine de l'Empire romain, de Rémondon et L'Amérique contemporaine, de Claude Fohlen.

3. Les auteurs sont de plus en plus victimes des exigences de l'édition.

page 887 note 1. Robert Boutruche, plus particulièrement et Paul Lemerle qu'il faut louer pour la fermeté de leurs choix, la nouveauté de la présentation, la vigueur avec laquelle ils conduisent une entreprise aussi nécessaire que difficile.

page 887 note 2. L'Expansion européenne dans le Monde, cité par Mauro, p. 266.

page 887 note 3. Qui se veut couvrante. A moins de se résoudre au système des essais juxtaposés. C'est-à-dire d'accepter des vides, ce à quoi un éditeur se résoud, sans trop de peine, mais plus significatif, des superpositions, c'est-à-dire des points de vue différents sur une même frange frontière.

page 888 note 1. F. Mauro, pp. 383-384. Ne conclut-il pas sur ces mots : « Peut-être la jeune école historique française a-t-elle, sans le vouloir, maintenu quelque chose de ses préjugés (ceux de l'ère coloniale, de l'exotisme et du ton épique) en s'attachant à l'étude des océans et des mers, de leurs économies, de leurs sociétés et de leurs civilisations. En effet ces mers étaient à l'Europe. Elle y régnait en souveraine entre 1600 et 1870. Mais les autres civilisations subsistaient, continentales, massivement continentales. L'Afrique, l'Asie et de façon différente l'Amérique ont eu une vie propre qui s'est bien moqué de l'Europe. Géants proteiformes, l'activisme des Européens n'irritait que leurs épidermes… ces continents qu'avant 1870 l'Europe a agacés, qu'après 1870 elle remue dans leur chair. »

page 889 note 1. Dutch asiatic trade (1620-1740). Copenhague-La Haye, 1958. Gr. in-8°, XII- 304 p.

page 889 note 2. Asian trade and European Influence in the indonesian archipelago between 1500 and about 1630. La Haye, Martinus Nijhoff. 1962, in-8°. 471 p., et notre note dans Annales E.S.C., 1964, n° 2, pp. 317-321.

page 889 note 3. Cf. Koyré, Alexandre, DU monde clos à l'univers infini, Paris, P.U.F., 1962.Google Scholar

4. P. 142 : simple erreur matérielle, l'occupation hollandaise de Pernambouc prend fin à Tahorda (26 janvier 1654) non en 1657. L'histoire du vaisseau de permission nous semble vue un peu trop exclusivement du côté anglais… (p. 154) ; il nous paraît que l'écart des ratios entre l'Europe et l'Extrême-Orient est plus important, du moins au XVIIe siècle, que F. Mauro ne le croit (p. 159) ; caballerias, estancias, de labor, de ganado… le passage du système de domination personnelle sur les hommes à un système qui passe par la confiscation de la terre, en Amérique espagnole (p. 172) est peutêtre un point de vue d'une manière trop juridique. Le contenu des mots change de place en place. Le jugement porté (p. 189) sur le système administratif français outremer, mais il est impossible, aujourd'hui, sur la foi de Lavisse, d'en rendre responsable le système des charges. « C'est le reflet sur le plan colonial de la faiblesse administrative française reposant sur le système des charges. » La vénalité, au XVIIe siècle, du moins, est, évidemment, cela découle clairement de toute l'oeuvre de Roland Mousnier, cause de force, d'efficacité et de cohésion, non de faiblesse.

P. 191. Une erreur matérielle. Le système des Intendants ne s'installe pas en Amérique espagnole au début du XVIIIe siècle, mais soixante ans après l'acclimatement en Espagne. Conséquence du choc causé par la prise de La Havane (1766), l'instruction du 31 octobre 1764, et le premier intendant Miguel de Altarriba arrive à La Havane en mars 1765. Les résistances créoles stoppent l'installation en Nouvelle Espagne. C'est en 1782, seulement, que le système commence à s'implanter dans le Rio de La Plata.

P. 208. L'alignement des Anglicans du sud des États-Unis, ce rocher de l'orthodoxie protestante, de teinte souvent fondamentaliste, sur la déjà discutable « nonchalance de leurs coreligionnaires européens », me semble une erreur. Le protestantisme episcopalien de la fin du x v n e fait penser à l'anglicanisme anglais du tout début du XVIIe siècle et le fossé va s'agrandissant au fur et à mesure que l'on descend dans le temps.

Il est difficile de suivre toujours Mauro sur le pacte colonial. Cette notion du XVIIIe siècle finissant est, pour le meilleur, anachronique avant et surestimée au delà.

On peut regretter que le reflet du monde extra européen sur les crises de conscience européennes de 1680 et au delà, le thème si l'on veut, pour emprunter à Etiemble, de l'Orient philosophique, soit un peu trop négligé (quelques lignes p. 122). On peut regretter, aussi, que l'Amérique moyenne non pas seulement hollandaise, mais germanique et Scandinave entre l'Amérique anglo-saxonne ancienne du Sud et la Nouvelle Angleterre du Nord n'apparaisse pas, dont le rôle sera si considérable au fur et à mesure que l'on descend le cours des siècles, depuis son point de départ modeste à la fin du XVIIe siècle.

Comment parler de ralentissement (p. 226) de l'expansion européenne, outremer, de 1732 à 1870, quand le nombre des Européens hors d'Europe, entre ces deux dates passe, en gros de 8 à 50 millions, c'est évidemment sacrifier à une optique politique mystificatrice.

page 890 note 1. Les chances alternées du système des grandes compagnies et du commerce libre sont bien marquées et parfaitement éclairées.

page 891 note 1. Tout récemment, encore, notre note de la Revue Historique, 1964, n° 3, pp. 111-118.

page 892 note 1. Marczewski et nos réflexions in Cahiers Vilfredo Pareto, Genève, 1964, t. 3, pp. 165-176.

page 892 note 2. Nous-raême, après bien d'autres, in Industrie, Bruxelles, juin 1960, pp. 370-376, Information historique, 1960, n. 5, Studi in onore di Amintore Fanfani. Milan, 1962, t. 4, pp. 221-255 et Mélanges Antony Babel, Genève, 1963, t. 1, pp. 337-355.

page 893 note 1. P. 307. « On critiquera Pierre Chaunu, pour l'emploi qu'il fait parfois de la tendance majeure séculaire. II faut renoncer à cet hybride, encore que pour l'Espagne, au début du XVIIe siècle, le retournement de la tendance majeure se confonde avec celui du mouvement séculaire. »

page 893 note 2. En règle générale, sur le Kondratieff, en français, d'un point de vue d'économiste, voir la solide compilation de Gaston Imbekt, Des mouvements de longue durée Kondratieff. La pensée universitaire, Aix-en-Provence, 1959, gr. in-8°. XII, 539 p. plus volume de diagrammes.

page 893 note 3. Nous concédons volontiers à Fernand Braudel cette rectification de vocabulaire. Fernand BRAUDKL, « Pour une histoire sérielle », Annales E.S.C., 1963, n° 3, p. 548.

page 893 note 4. Nous renvoyons à ce que nous avons écrit, récemment, sur ce point dans un article de Diogène, 1963, n°43 :” Amérique latine et Amérique. Conjoncture et croissance », et dans l'Amérique et les Amériques, Paris, « Destins du Monde », t. 8, A. Colin, 1964, in-8°, 472 p. plus 40 pl., pp. 48 et 51.

5. Dans une page essentielle, Frédéric Mauro rappelle que l'économie européenne dans l'Océan Indien ne devient coloniale, au sens propre (Frédéric Mauro écrit « colonialiste ») qu'au delà de 1750, entendez le moment où elle réexporte sur l'Europe les bénéfices de l'entreprise.