Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Je voudrais apporter ici une contribution au débat déjà riche et nourri sur l'adoption par l'Occident médiéval du schéma des trois ordres fonctionnels. Cette contribution consistera à verser une pièce nouvelle au dossier, un passage des Miracula sancti Germani d'Héric d'Auxerre, et à tenter de montrer quel a été, dans la seconde moitié du rxe siècle, l'apport de l'École d'Auxerre dans l'élaboration du schéma médiéval des trois ordres fonctionnels, en faisant mienne la pertinente question que J. Le Goff posait il y a quelques années dans ces mêmes colonnes : « L'idéologie médiévale est dominée par le christianisme. Comment le schéma (trifonctionnel indo-européen) qui n'est pas chrétien à l'origine s'insère-t-il dans le système chrétien, comment est-il baptisé ? »
This article contributes to the analysis of the problem of the origins of the médiéval pattern of the three functional orders. It throws a light on a passage from book II of the Miracula sancti Germani written by Heiric of Auxerre in the 870's. The passage is studied in the context of book II of the Miracula and is presented with an analysis of Heiric's vocabulary. It then traces back the long thread of textual dependancies leading to Heiric (and before him Haimo of Auxerre, Hrabanus Maurus, Isidore of Séville and Servius) and making him the heir of the pattern of Indo-European origin, formulated by the Roman annalists. Finally it attempts to show Heiric's contribution to he formulation of the médiéval pattern of the three functional orders. Influenced by his masters Haimo, Hrabanus Maurus, but also by the neoplatonism conveyed in the work of John Scottus (Eriugena), he hellenized, christianized and monaticized the three-functional Indo-European pattern. As a conclusion, it suggests how the pattern formulated by Heiric survived among the Cluniacs at the turn of the eleventh century.
Je remercie B. Colot, J. Dalarun, A. Levallois et M. Zerner-Chardavoine d'avoir bien voulu lire et critiquer la première ébauche de ce travail pour l'enrichir de leurs remarques. Ma dette à l'égard de G. Duby et d'E. Ortigues est de celle dont on ne s'acquitte jamais — surtout pas en note de bas de page.
1. On se reportera bien sûr à la riche étude de Georges Duby, Les trois ordres ou l'imaginaire du féodalisme, Paris, Gallimard, 1978. Dans son article intitulé « Les trois fonctions indo-européennes, l'historien et l'Europe féodale », Annales E.S.C, n° 6, nov-déc, 1979, pp. 1187-1215, Jacques Le Goff rend compte de l'ouvrage de Georges Duby et fait le point sur le débat historiographique relatif aux trois ordres, en l'enrichissant de ses propres réflexions. Depuis la parution de cet article, plusieurs travaux majeurs sont parus sur la question :
- G. Dumézil, Apollon sonore et autres essais, Paris, Gallimard, 1982. A propos des trois ordres, pp. 205-248 ; et, tout dernièrement, La courtisane et les seigneurs colorés, Paris, Gallimard, 1983, pp. 219-227.
- J. H. Grisward, Archéologie de l'épopée médiévale, Paris, Payot, 1981.
- P. E. Dutton, « Illustre ciuitatis et populi exemplum : Plato's Timeus and the Transmission from Calcidius to the End of the Twelfth Century of a Tripartite Scheme of Society », Médiéval Studies, XLV, 1983, pp. 79-119.
- La note que le Père L. J. Bataillon consacre aux « ordres de la société » dans son bulletin d'histoire des doctrines (Revue des Sciences philosophiques et théologiques, 66, 1982, pp. 262-263) rend compte, avec largeur d'information, hauteur de vue et pénétration, des développements les plus récents de la question ; on se reportera aussi au passage que le même auteur a consacré au problème des ordines dans « Les conditions de travail des maîtres de l'Université de Paris au XIIIe siècle », Revue des Sciences philosophiques et théologiques, 67, 1983, pp. 418-419.
- O. G. Oexie, Tria gênera hominum. Zur Geschichte eines Deutungsschemas der sozialen Wirklichkeit in Antike und Mittelalter, dans Institutionen, Kultur und Gesellschaft in Mittelalter. Festschrift fur Josef Fleckenstein zum 65. Geburtstag, L. Fenske, W. Rösener et T. Zotz éds, Sigmaringen, 1984, pp. 483-500.
- C. Carozzi, « La vie de saint Dagobert de Stenay : histoire et hagiographie », Revue belge d'Histoire et de Philologie, 62 (1984, 2), pp. 226-258, qui propose une datation nouvelle - troisième quart du ixc siècle — de ce texte important dans la genèse du schéma trifonctionnel.
2. Article cité (n. 1), p. 1189.
3. Sur la date et les temps de composition des Miracula sancti Germani, on se reportera à l'utile étude de P. Janin, « Heiric d'Auxerre et les Gesta pontificum Autissiodorensium », Francia, 4, 1976, pp. 89-105, qui fait, par ailleurs, un sort au mythe de la participation d'Héric à la composition des Gesta. Je remercie M. Janin de toutes les précisions qu'il a bien voulu me donner oralement sur les conditions d'élaboration des Miracula et la tradition manuscrite du texte.
4. Sur la biographie, encore bien incertaine, d'Héric, voir B. De Gaiffier, « Le calendrier d'Héric d'Auxerre du manuscrit de Melk 412 », Analecta Bollandiana, 77, 1959, pp. 392-425 et, surtout, l'introduction du Père R. Quadri aux Collectanea d'Héric, Spicilegium Friburgense, Fribourg, 1966, pp. 3-28 ; sur la date de la mort d'Héric, se reporter à la discussion, P. Janin, art. cit. pp. 103-105, R. Quadri, « Sulla data di morte di Eirico di Auxerre », Studi Medievali, 1983 (1), pp. 355-366.
5. Sur Haymon, voir en dernier lieu, J. J. Contreni, « Haimo of Auxerre Abbot of Sasceium (Cessy-les-Bois) and a New Sermon on I John V, 4-10 », Revue bénédictine, 85,1975, pp. 303-320. Sur l'école monastique d'Auxerre, voir P. Riche, Écoles et enseignement dans le Haut Moyen Age, Paris, Aubier, 1979, pp. 107-108.
6. J. J. Contreni, The Cathedral School of Laon from 850 to 930. Ils Manuscripts and Masters, Munich, 1978, p. 145 ss, a bien établi que c'est par l'intermédiaire de Wulfad, abbé de Saint- Médard de Soissons et proche de Jean Scot, qu'Héric a été mis en contact avec l'oeuvre de l'Érigène ; sur l'érigénisme d'Héric, voir aussi E. Jeauneau, « Dans le sillage d'Érigène une homélie d'Héric d'Auxerre sur le prologue de Jean », Studi Medievali, 1970 (3), pp. 937-955, et J. Marenbon, From the Circle ofAlcuin to the School of Auxerre. Logic, Theology and Philosophy in Earles Middle Ages, Cambridge University Press, 1981, en particulier pp. 114-115.
7. Collectanea, R. Quadri éd. (cf. supra n. 4).
8. Cf. J. J. Contreni, « The Biblical Glosses of Haymo of Auxerre and John Scottus Eriugena », Spéculum, 51, 1976, pp. 411-434.
9. Paris, B. N. latin 13757, le plus ancien manuscrit de la Vita sancti Germani et des Miracula sancti Germani (désormais = V.S.G. et M.S.G.) qui nous soit parvenu, est accompagné de gloses tirées du Periphyseon de Jean Scot ; celles-ci sont reproduites dans l'édition que L. Traube a donnée de la V.S.G. dans les M.G.H., Poetae latiniaeuicarolini, Berlin, 1896, p. 432 ss, en particulier p. 433.
10. M.S.G., II, II-V, pp. 556-558 dans l'édition de Ph. Labbe, Nova bibliotheca manuscriptorum librorum, Paris, 1657, t. \(P.L. 124, col. 1247-1251). J'adopte la capitulation de l'édition de Labbe qui correspond à celle du ms. Paris,“B=N, latin 13757 (livre II des M.S.G. = fol. 127v°- 151V.) sauf pour la division en paragraphes où je suis-les leçons du manuscrit.
11. Cf. R. Louis, Autessiodurum christianum. Les églises d'Auxerre des origines au XI’ siècle, Paris, 1952, p. 38 ss, et pour la topographie religieuse d'Auxerre jusqu'au vir= siècle, J. C. Picard, « Espace urbain et sépultures épiscopales à Auxerre » Revue d'Histoire de l'Église de France, LXII, n° 168, janv.-juin 1976, p. 205.
12. Cf., en dernier lieu, Y. Sassier, « Recherches sur le pouvoir comtal en Auxerrois du Xe au début du xme siècle », Cahiers d'Archéologie et d'Histoire, n° 5, Auxerre, 1980, pp. 3 et 9.
13. Cf. R. Poupardin, Le royaume de Bourgogne (888-1038), Paris, Champion, 1907, p. éss, et M. Chaume, Les origines du duché de Bourgogne, t. I, Dijon, 1925, pp. 263 et 240.
14. Eo factum est, ut paternis, annuente Deo, (Hugo) suffectus honoribus, auitae memor gloriae, et potestatis et probitatis patriae robustissimus haeres existât, beato protegente Germano, uotis nostris cunctorumque fidelium adsanctae decus ecclesiae et diutissime et féliciter floriturus. « Sed memoriam illius uiri, omnes anni excipient conséquentes » (= Cicéron, Cato Major, 19), M.S.G., II, V, p. 558 (P.L. 124, col. 1250 D).
15. Sur ces soldats chrétiens de la fin du IIIe siècle qui ont préféré être exécutés plutôt que de prêter serment à Maximien et prendre part à un sacrifice païen, se reporter aux textes recensés dans la B.H.L., 5737-5764 et édité dans les AASS, sept. VI (1767), pp. 342-343 et 895-926, et les M.G.H.SSser. mer. III, pp. 20-41.
16. Cf. R. Poupardin, op. cit. (n. 13), p. 10.
17. Héric fait totalement le silence sur l'avant-nef édifiée à l'ouest et consacrée à saint Jean- Baptiste, cf. R. Louis, op. cit. (n. 11), p. 38.
18. M.S.G., II, IX, pp. 560-561 (P.L. 124, col. 1254A-1255B).
19. P. Janin, art. cité (n. 3), pp. 100-101.
20. C'est en leur honneur que Germain avait fait édifier un oratoire où il fut lui-même enterré et qui est à l'origine de Saint-Germain, cf. R. Louis, op. cit. (n. 11), p. 35.
21. Ibid., p. 51 ; P. Janin, art. cit. (n. 3), pp. 102-103, que corrige et complète J. Roumailhac, « Dans la confession de l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre : la disposition des corps saints autour de celui de Germain selon les Miracula sancti Germani d'Heiric », Bulletin de la Société des Fouilles archéologiques et des Monuments historiques de l'Yonne, 2(1985), pp. 17- 22.
22. « Quid pignoris, quid thesauri romulea ferretur ab urbe, uirtutum consequentium celebritate coeptum est e uestigio declarari… », M.S.G., II, XIII, p. 563 (P.L., 124, col. 1258D).
23. Cf. P. Janin, art. cit. (n. 3), pp. 96 et 104-105.
24. Sancta quondatn sanctorum uerebantur Hebraei, quod ibi arca Testamenti intraque eam uirga Aaron et coeleste manna, ibi altare quod dicebatur Tymiamatis, ibi cherubim aurea cum Propitiatorio, ceteraque symbola intellectualiter typica et typice intellectualia, ac per hocfuturae olim ueritatis coniecturam praeferentia tegebantur, M.S.G., II, XVI, p. 567 ﹛P.L., 124, col. 1266B).
25. Haymon D'Auxerre, Expositio in Pauliepistolas, P.L., 117, col. 879D-880A-B.
26. M.S.G., II, XVII, p. 568 (P.L., 124, col. 1267B).
27. Cf. P. Brown, Le culte des saints, Paris, Le Cerf, 1984, pp. 14 et 20 ss ; sur la controverse patristique autour du miracle, on se reportera à la brillante mise au point de M. Van Uytfanghe, « La controverse biblique et patristique autour du miracle, et ses répercussions sur l'hagiographie dans l'Antiquité tardive et le Haut Moyen Age latin », dans Hagiographie, cultures et sociétés IVe-XIIe siècles, Études augustiniennes 1981, pp. 204-233, spécialement p. 211 ss.
28. M.S.G., II, XVII, p. 567 (P.L., 124, col. 1266D-1267A) = Jérôme, Contra Vigilantium, P.L., 23, col. 344.
29. M.S.G., loc. cit., et Jérôme, op. cit., col. 346-347.
30. Héric dit ainsi de Germain :
Vere inmortalis, uere per saecula uiuit, Viuit et empyrias auget splendore cohortes Coniunctus domino, conformis denique Christo, Quodque magis stupeas : unitus et unificatus InqueDeum transfusus homo factusque, ΘEΩΣIΣ V.S.G., VI, v. 297-301.
31. Aeternum spécimen decusque rerum,
Causarum séries, origo lucis,
Naturae columen paterque ueri,
Fons et principium bonique summa,
Hac te suppliciter canemus oda :
Oramus, copias ab ore munus,
ibid., Inuocatio, v. 1-6 ;
(…) Quaesic dictaplacet, quod (Deus) omne cernât
Seu quod sic potius per omne currat,
Ut nusquam tamen extra seferatur,
Cum sit motus et idem ipse status Et motus stabilis,
ut olim aiunt, Status mobilis atque(…)
Hoc non est nec hoc est, sed exstat omne,
Non hic, nonibi, sed per omne totus (…)
Sic paruis, mediis adestque magnis
Ipse indiuiduus manensque totus (…)
Ex ipso quoniam, per ipsum atque
Sunt, quaecumque uigent, ad ipsum aeque
Tendunt omnia tamquam adquietem, ibid., v. 18-23 ; 29-30 ; 35-36 ; 38-40.
Dans une bonne partie de ce passage, Héric dépend de Jean Scot, Periphyseon, I, 12, P.L. 122, col. 452B-D et du Pseudo-Denys, Noms Divins, IX, 9, dans la traduction de Jean Scot, P.L. 122, col. 1162C-D ; ajoutons, suivant les judicieuses remarques de J. Marenbon, op. cit. (n. 6), p. 115, que l'érigénisme d'Héric n'est pas sans faille : contrairement à Jean Scot, il parle ainsi, au v. 431 de la V.S.G. et au chapitre xvn des M.S.G., II, qui nous intéresse ici, de la « perception » de Dieu par Germain ; il confond, par ailleurs, Dieu et les causes primordiales, le créationisme biblique et l'émanatisme néoplatonicien.
32. Cf. R. T. Wallis, Neoplatonism, Londres, Duckworth and Co, 1972, p. 150.
33. La providence est, justement, selon Proclus, la loi spécifique des hénades, ibid., p. 149.
34. Cf. la définition que donne Du Cange : Epistola qua aliquidpraecipitur, qua quis commonetur, ut rem mandatam exequatur, qui cite aussi, dans le sens d'aide-mémoire (mais à son usage propre) le Commonitorium de Vincent de Lérins : Me uero subleuandae recordationis, uel potius obliuitionis meae gratia, Commonitorium mihimet parasse sufficerit.
35. Cf. son homélie, ‘ Cum uenerit filius hominis… ’, P.L. 95, col 1217B ( = n° 30 de la liste établie par H. Barré, « Les Homéliaires carolingiens de l'École d'Auxerre », Studi e Testi, Vatican, 1962, pp. 165-166).
36. JÉRÔME, op. cit. (n. 28), col. 345 et 348.
37. Cf. P. Brown, Saint Augustin, Paris, Le Seuil, 1971, p. 154 ; l'expression « deificari in otio », employée par Augustin, est sans doute tirée de Porphyre, cf. G. Folliet, « ‘ Deificari in otio ’, Augustin, EpistulaX, 2 », Recherches Augustiniennes, II, 1962, pp. 225-236.
38. L'expression est de P. Brown, loc. cit.
39. Augustin, Retractationes I, 26, 2 ; dans l'attente de la parution de l'édition d'A. Mutzenbecher dans le C.C. séries latina, on se reportera à l'édition de la Bibliothèque augustinienne, Paris, 1950, p. 426.
40. Augustin, De Diuersis Quaestionibus octoginta tribus, A. Mutzenbecher éd. (C.C. séries latina 4AA), Turnhout, 1975, p. 19.
41. M.S.G., II, XVIII, p. 568 (P.L. 124, col. 1268) ; Labbe a eu entre les mains un manuscrit où le nom « Fonteius » était écrit dans le texte à la suite du titre De Mente mundanda ad uidendum Deum ; dans le manuscrit Paris B. N. latin 13757, le nom « Fonteius » n'apparaît que dans la marge du fol. 150 r°.
42. « (meatus) per quos pandere lumen rationis mentis radius solet », Fonteius, op. cit., p. 62, M.S.G., loc. cit.
43. (…) Deus ubiquepraesens est, tune autem unicuique nostrum simul est, cum mentis nostrae illibata puritas in eiuspraesentia patuerit, id. ; ce que je propose de traduire ainsi : « Dieu est partout, il est révélé en même temps à chacun de nous quand la pureté sans tache de notre esprit a accédé à sa présence »
44. Cf. infra, p. 000.
45. Fonteius, M.S.G., loc. cit. (n. 41 et 42).
46. Ceux-ci en particulier : In hoc ( = lumen) uoluntas innoxia, in hoc recte facti meritum relucet, ce qui, il est vrai, est précédé de In hoc Deus... », id.
47. M.S.G., II, XVIII, p. 568(P.I., 124, col. 1269A).
48. G. Dumézil, L'idéologie tripartite des Indo-Européens, Bruxelles, Latomus, 1958 (33), p. 18.
49. Id.
50. Il est dit, en effet, dans les phrases suivantes : Atque ut aliud esse coarguam quod naturae consortibus, aliud quod ipsi debetur Deo, illud an te omnia semper in oculis uoluite, quod ipse uos fecerit, quod perditos reformant, quod tam crebris, tam copiosis, tam denique proficuis prouexerit beneficiis, ut… ».
51. Cf. infra, pp. 113-117.
52. G. Duby, op. cit. (n. 1), p. 139.
53. Ambroise Autpert, Expositio in Apocalypsin, R. Weber éd., C.C. continuatio medievalis, XXVII, Turnhout, 1975, p. 66.
54. P.L., 117, col. 953B.
55. Ibid., col. 1021C.
56. Ibid., col. 1038C.
57. Ms. Bern, 391 (IXe siècle), cf. E. Pellegrin, « Les manuscrits de Loup de Ferrières. A propos du ms. Orléans 162 (139) corrigé de sa main », B.E.C. CXV, 1957, p. 17 ; sur la place de ce texte dans la réflexion sur la notion d'ordo, voir G. Duby, op. cit. (n. 1), pp. 95-96.
58. C'est aussi l'hypothèse de P. E. Dutton, art. cit. (n. 1), p. 87, n. 35 ; sur la diffusion manuscrite de ce texte jusqu'au xe siècle, voir M. Reydellet, « La diffusion des Origines d'Isidore de Séville au Haut Moyen Age », M.E.F.R. 78,1966, pp. 383-437.
59. Ms. Paris, B. N. latin 7960. G. Lobrichon, « Saint Virgile auxerrois et les avatars de la IVe Eglogue », Colloque Virgile, École Française de Rome, octobre 1981 (à paraître) a établi, en rassemblant un faisceau d'arguments convaincants, que ce manuscrit du ixe siècle est d'origine auxerroise. La correspondance de Loup de Ferrières, un des maîtres d'Héric d'Auxerre, atteste — s'il en était besoin — l'intérêt que les érudits du ixe siècle ont porté à l'oeuvre de Servius ; on y trouve, en particulier, des éclaircissements sur des notions latines antiques oubliées ou mal comprises, cf. Ep. 125, Ad Leotaldum, à propos du terme « Pater patratus », L. Levillain éd., t. II, Les Classiques de l'Histoire de France, Paris, Belles-Lettres, 1964, p. 192.
60. Il n'existe, à ma connaissance, aucune preuve manuscrite de la lecture par Haymon de l'oeuvre de son contemporain Raban Maur. Le rapprochement de Y Expositio in Apocalypsin et du De rerum naturis que je propose plus loin (cf. infra p. 112) me semble cependant éclairant. Haymon a pu connaître le De rerum naturis par diffusion manuscrite directe de Fulda à Auxerre ou par l'intermédiaire de Ferrières ; Loup, abbé de Ferrières à partir de 837, est en effet un élève de Raban et l'on sait qu'à cette époque Ferrières et Auxerre entretenaient d'étroits contacts. Ajoutons que Raban avait un grand sens de la publicité au service de ses oeuvres (sur ce point, voir l'introduction de K. Holterauvol. I de Hrabanus Mourus, Liber de laudibus sanctae crucis, vollstândige Faksimilie-Ausgabe im Originalformat des Codex Vindobonensis 652 der ôsterreichischen National-Bibliothek, Kommentar kodicologische und kunsthistorische Einfùrung, Graz, Akademische Druck, 1972, 2 vols in fol. ; je remercie M. J. Vézin de m'avoir fourni cette indication).
61. Je reprends ici la suggestion de P. E. Dutton, cf. supra n. 58.
62. Étym. IX, 4, 7, J. Orozreta éd. (Biblioteca de Autores Christianos), Madrid, 1982, vol. 1, p. 776 (= p. 161 dans l'édition de M. Reydellet, A.L.M.A. Paris, Belles-Lettres, 1984).
63. Tels qu'on les trouve énumérés, par exemple, chez Pline L'Ancien, Histoire naturelle XXXIII, 29, H. Zenacker éd., Paris, Belles-Lettres, 1983, p. 58, qui dit, à propos du port de l'anneau d'or : Anuli distinxere alterum ordinem a plèbe (…) Sed anuli plane tertium ordinem mediumque pleibei et patribus inseruere, ac quod antea militares equi nomen dederant, hoc nunc pecuniae indices tribuunt.
64. Étym., XVI, 18,7, vol. II, p. 302.
65. Servius, Commentarius in Aen, V, 560, A. F. Stocker et A. Hartman Travis éds, vol. III, Oxford, 1965, pp. 554-555 ; cf. ms. Paris, B. N. latin 7960, fol. 113 r°.
66. Varron, De Lingua latina, V, 35 et 55 ; Trre-Lrve, Ab Urbe condita, I, 13,8 ; Cicéron, De Republica, II, VIII, 14 et XX, 36 ; Ennius, Annalium Frg., I, 59.
67. Cf. réf. n° 66.
68. Cf. Isidore, Etym. IX, 3,51, vol. I, pp. 772-774 (et Raban Maur, De rerum naturis (De uniuerso), XVI, 3, P.L., 111, col. 450D) : Turma triginta équités sunt. Romani enim équités in una tribu trecenti fuerunt. De singulis enim centuriis decem dabantur etfiebant turma ; cf. aussi Pompeius Festus, dans l'abrégé de Paul Diacre : Turma equitum, quasi terima, quod ter déni équités ex tribus tribubus Titiensium, Ramnium, Lucerum fiebant. Itaque primi singularum decurionum decuriones dicti, qui ex eo singulis turmis sunt etiamnunc terni, Leipzig, éd. Lindsay, 1913, 485, 3.
69. Cf. G. Dumézil, Idées romaines, 2e éd., Gallimard, Paris, 1969, p. 210.
70. Cf. G. Dumézil, Mythe et épopée I, Paris, Gallimard, 1968, p. 434.
71. C'est là une précieuse indication pour l'histoire de l'acception du mot « miles » au Haut Moyen Age.
72. Etym., IX, 4,8, vol. I, p. 776.
73. Servius, op. cit. (n. 65), V, 758, vol. III, p. 576.
74. Etym., V, 39,17, vol. I, p. 556.
75. Etym., VII, 8,10, vol. I, p. 666 : Ozee saluator, aut saluons. Dum enim iram Dei in populum Israël ob crimen idolatriae prophetasset, domni ludae salutem pronuntiauit. Propter quod Ezechias rex Iuda, sublatis idolis, quos praecedentes reges consecrauerant, templum Domini purgasse ac purificasse monstratur.
76. Cf. IV Reg., 18 et II Paralipomenon, 29-32.
77. Etym., IX, 4, 5-6, vol. I, p. 776.
78. Cf. G. Dumézil, Idées romaines… (n. 69) p. 184.
79. On peut citer, à la suite de G. Dumézil, un autre exemple de cette transmission ; dans Etym., XVIII, 41,2, vol. II, pp. 416-418, Isidore fait écho à Jean le Lydien, Des Mois, IV, 30, et au souvenir des trois couleurs symboliques des chars (albati, russati, uirides), mises en rapport avec Jupiter, Mars, Vénus ainsi que les trois tribus primitives ; cf. G. Dumézil, L'idéologie tripartite… (n° 48), p. 27 et Idées romaines… (n° 69), p. 222.
80. Cf. supra pp. 108-109.
81. M. Reydellet, éd. citée (n° 62) révèle (p. 161, n° 259) que Columelle 5,1,7 est la source probable d'Isidore pour la fin de ce passage : quae tamen tribus nunc multiplicatae nomen pristinum retinent. Le nunc renvoie donc à la société romaine du i” siècle apr. J.-C. Isidore reprend à son compte l'opposition nunc/nomen pristinum : les trois tribus ne suffisent pas non plus à classer la diversité sociale contemporaine d'Isidore.
82. M.S.G., II, VI, p. 558 (P.L., 124, col. 1251A-B).
83. Etym., IX, 3,2-3, vol. I, p. 764 ; cf. M. Reydellet, La royauté dans la littérature latine de Sidoine Apollinaire à Isidore de Séville, École Française de Rome, 1981, p. 515.
84. Un excellent exemple nous en est fourni, à la génération précédente, par Paul Diacre dans sa dédicace à Charlemagne de l'abrégé du De significatione uerborum de Pompeius Festus : Cupiens aliquid uestris bibliothecis addere, quia ex proprio perparum ualeo, necessario ex alieno mutuaui. Sextus denique Pompeius romanis studiis affatim eruditus, tam sermonum abditorum, quam etiam quarundam causarum origenes aperiens, opus suum ad uiginti usque prolixa uolumina extendit. Ex qua ego prolixitate superflua quaeque et minus necessaria praetergrediens, et quaedam abstrusa penitus stilo proprio enucleans, nonnula ita ut erant posita relinquens, hoc uestrae celsitudini legendum conpendium obtuli. In cuius série, si tamen lectum ire non dedignabimini, quaedam secundum artem, quaedam iuxta ethimologiam posita non inconuenienter inuenietis, et praecipue ciuitatis uestrae Romuleae, portarum, uiarum, montium, locorum, tribuumque uocabula diserta reperietis, ritus praeterea gentilium et consuetudines uarias, dictiones quoque poetis et historiographis familiares, quas in suis opusculis frequentius posuere. Quod exiguitatis meae munusculum si sagax et subtilissimum uestrum ingenium non usquequaque reppulerit, tenuitatem meam uita comité ad potiora excitabit, M.G.H., Ep., 4, n. 11, p. 508. Les Collectanea d'Héric, tirés de l'enseignement d'Haymon (cf. n. 4), rassemblent d'importants extraits d'historiens latins.
Sur la boulimie de textes antiques à l'époque carolingienne, on se reportera à B. Bischoff, « Palâographie und frùhmittelalterliche Klassikerùberlieferung », dans La Cultura antica nell'Occidente latino dal VII all' XI secolo, Settimane di studio sull'alto Medioèvo, Spolete, 1975, pp. 59- 87, et, en dernier lieu, L. D. Reynolds éd., Textsand Transmission. A Survey of the Latin Classics, Oxford, Clarendon Press, 1983, en particulier, pour Auxerre, pp. 48 (ms. Vat. lat. 4929), 224-225 (Macrobe, Commentaire sur le songe de Scipion), 434 (Virgile, ms. Vat. lat. 3827).
85. Sur l'accentuation, au ixe s. de la distance entre « laïcs et église des clercs », on se reportera à Y. Congar, L'ecclésiologie du Haut Moyen Age, Paris, Le Cerf, 1968, pp. 97-98. A. Guerreau-Jalabert, « La “ Renaissance carolingienne ” : modèles culturels, usages linguistiques et structures sociales», B.E.C., CXXXIX, 1981, p. 24 ss., présente à juste titre la « renaissance carolingienne » comme un accaparement de la culture savante, latine et écrite, par l'Église.
86. Cf. Jean Flori, L'idéologie du glaive, préhistoire de la chevalerie, Genève, Droz, 1983, chap. II, III, IV et V (première partie).
87. Dès l'époque de Louis le Pieux, s'approfondit la réflexion sur la notion de ministerium, les rapports entre ministeria de grands laïcs et ecclésiastiques et le ministerium de l'Empereur cf. en particulier VAdmonitio de 823/825 : Sed quamquam summa huius ministerii in nostra persona consistere uideatur, tamen et diuina autoritate et humana ordinatione ita per partes diuisum esse cognoscitur ut unusquisque uestrum in suo loco et ordine partem nostri ministerii habere cognoscatur ; unde apparet, quod ego omnium uestrum admonitor esse debeo, et omnes uos nostri adiutores esse debetis, M G. Cap. I, 303, n° 150, 3 ; sur ce point on se reportera à E. Ewig, « Zum christlichen Kôniggedanken im Fruhmittelalter », dans Das Kônigstum, seine geistlichen undrechtlichen Grundlagen, « Vortràge und Forschungen 3 », Constance, 1956, p. 71.
88. Cf. supra pp. 102-103, n. 14.
89. Cf. J. Dévisse, Hincmar archevêque de Reims (845-882), Genève, Droz, 1975, t. I, p. 516 ss.
90. A. Momigliano, « L'historiographie païenne et chrétienne au rve siècle après J.-C. », Problèmes d'historiographie ancienne et moderne, Paris, Gallimard, 1983, p. 150 ss.
91. Saint Augustin, La Cité de Dieu, en particulier livre II, chap. 16-21 et livre IV, chap. 34.
92. Sur les méthodes de révision de Raban Maur, on se reportera à P. Lehmann, « Zu Hrabans geistiger Bedeutung, », Sankt Bonifatius, 2e éd., Fulda, 1954, pp. 473-487 ; J. Fontaine, « Isidore de Séville et la mutation de l'encyclopédisme antique », dans La pensée encyclopédique au Moyen Age, « Langages Documents », Neuchâtel, La Baconnière, 1966, p. 51 ; et E. Heyse, Hrabanus Maurus Enzyklopàdie « De Rerum Naturis », Untersuchungen zu den Quellen und zur Méthode der Kompilation, Munich, Arbeo-Gesellschaft, 1969, « Miïnchener Beitràge zur Mediàvistik und Renaissance-Forschung 4 », pp. 47-64 ; et F. Brunhôlzl, « Zur geistigen Bedeutung des Hrabanus Maurus », dans Hrabanus Maurus Lehrer, Abt und Bischof, R. Kottje et H. Zimmermann éds, Akademie der Wissenschaften und der Literatur Mainz, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, 1982, pp. 1-17.
93. Tribus dicuntur tanquam curiae et congregationes distinctae populorum et uocatae tribus, quod in principio Romani trifarie e Romulo dispertiti : in senatoribus, militibus et plebibus, quae tamen tribus nunc multiplicatae nomen pristinum retinent. Tribus similiter mystice significant aut duodecim tribus Israelitici generis, aut conuenticula sanctorum in Ecclesia. Nam cum de Jérusalem mystica propheta commemoret, addidit : ‘ Illuc enim ascenderunt tribus, tribus Domini, testimonium Israël ad confitendum nomini tuo, Domine (Ps. \2\) ’. Dicendo ‘ illuc ’, signifiât ciuitatem Jérusalem, quam superius dixit : ‘ cuiusparticipatio eius in idipsum ’ (ibid.), et ut coelestem esse cognosceres, addidit, ‘ ascenderunt ’ : ad quam beati semper ascendunt, quoniam iugi exercitatione proficiunt, subiunxit ‘ tribus ’ in quibus erat Israeliticus populus distributus, sic enim illi genti ad numerum filiorum Jacob duodecim tribus fuerunt, sicut Romano populo triginta quinque curiae ; in istisergo tribubus significat sanctos qui Dominum Saluatorem esseDeum confessi sunt. Nam ut ab infidelibus tribus istas fidelium segregaret, addidit ‘ tribus Domini ’, quae u tique eiusesse non poterant nisi eipura mente credidissent. Alias enim tribus constat fuisse diaboli, quae ex Christo maluerunt impia uoluntate separari, quibus ipse in Euangelio dixit ‘ Vos a pâtre diabolo estis ’ (Jn. 8,44). Verum quales- essent istae tribus Domini breuiter indicauit, ‘ testimonium Israël ’, idest, qui testimonium praebant sanctitati, P.L., 111, col. 452C-453A.
94. Ce psaume appartient à un recueil post-exilien qui était une sorte de manuel du pèlerin. La Loi (Deut., 16,16) ordonnait, en effet, de « monter » à Jérusalem aux grandes fêtes de l'année. On interprète ainsi les premiers vers du psaume (v. 1-5) comme le salut du pèlerin à Jérusalem.
95. P.L., 111, col. 445B-C ; cf. supra p. 110 et n. 83.
96. Raban reprend Cassiodore, In Psalm. 67,33-34.
97. A propos de Zach. 12,12 : Et plongent se omnes tribus terrae, filiae et familiae seorsum : (…) dicit ergopropheta, quod ad imitationem istiusplanctus (= planctus Adedremon in campo Magedo) plongent se in die iudicii homines omnium ordinum…, Collectanea, éd. cit. (n. 4), p. 125.
98. Contemporain de Jean Scot, Haymon n'a apparemment pas subi son influence ; cf. E. Jeauneau, « Les Écoles de Laon et d'Auxerre » dans La Scuola nell'Occidente latino dell'alto Medioèvo, Settimane di studio sull'alto Medioèvo, Spolete (1971), 1972, t. II, p. 558.
99. Quelques années sans doute après Héric, le rédacteur anonyme du ms. Bern, Burgerbibliothek 363, rapproche lui aussi l'héritage latin de Servius et les écrits de Jean Scot. Ainsi — mention importante pour notre propos — fait-il un « io » ( = Johannes [Scotus]) en face du Commentaire de Servius à Enéide V.560, cf. John J. Contreni, « The Irish in the Western Carolingian Empire », dans Die Iren und Europa in frùheren Mittelalter, H. Lowe éd., t. 2, Stuttgart, 1982, p. 787.
100. Pseudo-Denys, Hiérarchie ecclésiastique, trad. M. de Gandillac, Paris, Aubier, 1943, 508C-509A, p. 300 ; sur la structure du monde dionysien, voir R. Roques, Le monde dionysien, 2e éd., Paris, Le Cerf, 1984.
101. P.L., 122, col. 532-533.
102. CL supra n. 50.
103. On se rappelle l'importance accordée, dès l'époque de Louis le Pieux, au fait que l'accès aux « ordres » sacrés lave de la macule servile. L'Astronome dit ainsi à propos de la législation ecclésiastique de 817 : Considérons etiam isdem piissimus imperator non debere Christi ministros obnoxios esse humanae seruituti, sed et multorum auaritiam abuti ministerio ecclesiastico adproprium quaestum, statuit, ut quicumque ex servili conditione, conciliante scientia et morum probitate, ad ministerium adsciscerentur altaris, primum manumittantur a propriis dominis, uelpriuatis uel ecclesiasticis, et tune demum gradibus indantur altaris, M.G.H., S.S. II, p. 622 ; ce dont font également mention les Formulae Impériales : Siquidem nouimus, domnum Hludouicum serenissimum imperatorem post decretum Augusturum Constantini atque Theodosii salubri institutione sanxisse, illos qui ad sacros promouendi ordines, quouis seruitutis uinculo detineantur a propriis dominis libertatis munus debere promereri, M.G. Formulae merowingici et karolini aeui 328, Addimentum 2.
104. Hiérarchie ecclésiastique…, 536C, p. 311.
105. Ibid., 533A, pp. 307-308.
106. Héric, lecteur du Periphyseon sait la force de l'adverbe extrinsecus (dont il fait, lui, un qualificatif), attaché chez Jean Scot à l'accidentel (P.L., 122,1, col. 471C, 483D ; III, 666A ; IV, 767B ; 943B), au corporel (II, 581C ; III, 633B, 659B, 679A), aux « fantaisies » (phantasia) des sens (III, 659B ; IV, 762C) qui portent atteinte à la créature humaine (III, 725B ; V, 944C).
107. Cf. supra pp. 105-106.
108. Pseudo-Denys, Hiérarchie céleste… 293B, p. 226.
109. E. Ortigues, « Que veut dire” mystique “ ? », Revue de Métaphysique et de Morale, 1, 1984, p. 77 ; je m'appuie, par ailleurs, sur les utiles précisions de l'auteur sur la notion d'unification (dynamique du retour à l'Un, et non pas « union »), p. 79.
110. Cf. supra p. 106.
111. Pseudo-denys, Hiérarchie céleste…, “SQ\C, p. 229.
112. Ci. supra p. 104-105
113. Cf. supra pp. 102-103.
114. Cf. supra pp. 103 et 104.
115. Haymon commente ainsi Ap., 12, 1 ('Et signum magnum apparuit in coelo : Mulier amicta sole, et luna sub pedibus eius ’) : (…) (mulier = ) perfectiores in Ecclesia qui, iuxta Domini consilium sua omnia relinquentes, secuti sunt Christum. Per lunam autem simplices qui laborant ad aliorum usus in plantando, aedificando, et agricolando. His itaque habent Mi, qui sunt perfecti, quasi sub pedibus, quia longe ab eorum merito distant, non tamen Mi mercede carebunt, licet Mis non per omnia coaequentur, si fideliter ministerium suum impleuererint. P.L., 117, col. 1081C.
116. Cf. supra p. 112.
117. Commentaire d'Ap., 7, 9 (cf. supra p. 108): ‘Ex omnibus gentibus et tribubus et populis et linguis’. Cum dicit ex omnibus gentibus, et deinde subinfertur, et tribubus, ostendit quia in omnium gentium nomine comprehenduntur fidèles omnium tribuum, et econtra in tribuum nomine comprehenduntur fidèles omnium gentium. Sancta Ecclesia in très ordines diuiditur, in praelatos, coniugatos et continentes. Numerus ergo praemissus non est accipiendus pro finito sed pro infinito, Haymon, op. cit., col. 1038B-C.
118. Cf. G. Lobrichon, « L'Ordre de ce temps et les désordres de la fin. Apocalypse et société du IXe à la fin du XIe siècle », Colloque Eschatologie in de Middeleewen, Katholieke Universiteit Leuwen, mai 1984 (à paraître). On notera que Haymon reprend ici, mais en le transformant, le schéma des trois ordres de justes énoncé par Grégoire le Grand (prelati, continentes, boni coniugati, In Ez. 40,10 et 11, P.L., 76, col. 975C-976C et 1013C-1014C et Moralia in Job, I, 20, Dom. R. Gillet éd., S.C., 32bis, Paris, Le Cerf, 1975, p. 194). Dans son Commentaire sur Ezéchiel (encore inédit = ms. Paris B. N. latin 12302, Xe s., fol. 15 v° — à propos des tria gênera castrorum in presenti uita — et fol. 48 v° — en commentaire à'Ezéchiel 14,14-16) Haymon utilise aussi cette tripartition mais dans le même ordre que Grégoire.
119. Cf. supra p. 103.
120. Le contexte est à cet égard fort explicite : les fonctions dont il est question (prières, office) sont monastiques ; cf. supra pp. 106-107.
121. On note ainsi le lien étroit entre les notions d'eschatologie et de vertu. Un siècle et demi plus tard, c'est une puissante théorie des vertus (comportant une « conversion » des vertus intellectuelles en vertus évangéliques) qui expliquera les transformations apportées par les moines de Cluny à la façon de penser les ordres de la société, cf. E. Ortigues et D. Ioona-Prat, « Raoul Glaber et l'historiographie clunisienne » (à paraître dans les Studi Medievali).
122. Cf. G. Duby, op. cit. (n. 1), p. 25 ss et le Carmen ad Robertum regem d'Adalbéron de Laon, C. Carozziéd. (Les Classiques de l'histoire de France), Paris, Belles-Lettres, 1979.
123. E. Ortigues et D. Iogna-Prat, art. cité (n. 121) ; D. Iogna-Prat, Recherches sur les sources hagiographiques relatives à saint Maieul de Cluny (954-994) (à paraître aux éditions du Cerf).
124. Ce point ne pourra être éclairci que lorsque l'on disposera d'une bonne étude sur la conception que se faisait Héric de l'épiscopat.
125. Cf. G. Duby, La société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise, 2e éd., Sevpen, Paris, 1971, p. 145. ss.
126. Cf. J. Lemarignier, « Structures monastiques et structures politiques dans la France de la fin du Xe et des débuts du xie siècle » dans II Monachesimo nell'alto Medioèvo e la formazione délia civiltà occidentale, Settimane di Studio sull'alto Medioèvo, Spolete (1956), 1957, p. 383 ss.
127. Dans son Apologétique contre Arnoulphe, il énonce le schéma suivant : « laïcs, clercs, moines » ; cf. G. Duby, Les trois ordres… (n. 1), p. 115 et J. Batany, « Abbon de Fleury et les théories des structures sociales vers l'an Mil », Etudes ligériennes d'histoire et d'archéologie médiévale, Auxerre, 1975,p. 10.
128. Cf. J. J. Contreni, « A propos de quelques manuscrits de l'École de Laon au IXe siècle : découvertes et problèmes », Le Moyen Age, 1, 1972, p. 37, n° 1, qui rapporte la découverte de l'abbé B. Merlette.
129. Carmen ad Robertum regem, v. 296, C. Carozzi éd. (n° 122), p. 22.
130. Cf. supra p. 116.