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L'architecture et son public : les églises de la Contre- Réforme

Published online by Cambridge University Press:  06 September 2021

Pierre Charpentrat*
Affiliation:
Paris, École Pratique des Hautes Études, (VIe Section)

Extract

Ces réflexions d'un non-historien, le beau livre de Maurice Agulhon, Pénitents et francs-maçons de l'ancienne Provence,les a, non point sans doute directement inspirées, mais stimulées et infléchies. Spécialement les chapitres où l'auteur, débordant le cadre provençal, s'efforce, avec toutes les nuances et la prudence requises, de délimiter une France, puis une Europe, des Pénitents. Les frontières lui paraissent d'abord coïncider avec celles d'une « sociabilité méditerranéenne », liée sans doute à une certaine densité urbaine, et en vertu de laquelle les hommes s'unissent en groupes d'importance réduite, exclusifs les uns des autres, quels que soient les objectifs du rassemblement et l'idéologie qui l'a provoqué. C'est ainsi que les loges maçonniques, puis les clubs révolutionnaires, remplissent en partie les mêmes fonctions, répondent dans une certaine mesure aux mêmes besoins, que les pieux groupements nés à la fin du XVIe siècle.

Type
Histoire Non Écrite
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973 

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References

Notes

1. Paris, 1968. Compte rendu dans les Annales E.S.C., mars-avril 1971.

2. Charles-Emmanuel Ier le nomme en 1584 ingénieur et architecte ducal. Il est né en 1539 à Orvieto ; sa carrière militaire s'est déroulée dans les armées des Habsbourg. Il a dessiné le premier plan d'urbanisme pour Turin. Outre les deux églises dont il est question ici, il a mis au point la Madonna di Mondovi, destinée à recevoir les sépultures de la Maison de Savoie. Autre église centrée, autre église en marge des liturgies ordinaires ; mais les déterminations sont d'un tout autre ordre que celles que nous nous efforçons d'analyser actuellement. Notre série d'églises semi-privées urbaines côtoiera constamment des séries d'édifices « exceptionnels » présentant des analogies — chapelles funéraires, chapelles palatines, églises de pèlerinage. Il arrive même que les lignées se recoupent.

3. La Confrérie de la Très-Sainte-Trinité a été fondée en 1577 « pour accueillir et soigner les pèlerins et les convalescents ». L'église de Vittozzi a été ouverte au culte en 1606.

4. Cf. R. Wittkower, Art and Architecture in Italy, 1600 to 1750, Londres, 1958

5. La Chapelle du Saint-Suaire s'inspire de la Trinité de Vittozzi et du Saint-Yves de Borromini, mais ses fonctions de chapelle-reliquaire la relient à une autre tradition, indépendante de la Contre-Réforme.

6. Les plus portés à l'action pastorale furent les Chanoines réguliers de Saint-Augustin, dont le statut différait d'ailleurs du statut monastique, et qui rendirent très vite leurs églises particulièrement accueillantes aux laïcs. Les plus réticents furent les Cisterciens. Les Bénédictins occupent une position intermédiaire. De ces positions vis-à-vis des tâches de la reconquête, l'architecture « baroque » rend compte, du moins en Allemagne.

7. Le plan d'Ottobeuren témoigne d'une certaine recherche, mais il est antérieur, précisément, à l'arrivée de Fischer sur le chantier.

8. L'étude de diocèses fermement administrés comme ceux du Main montre à quel point les églises paroissiales étaient volontairement conçues en fonction d'un schéma simplifié et commode. L'architecte des Schônborn, Balthazar Neumann, qui cherche des formules originales lorsqu'il travaille pour les princes-évêques ou pour des moines, ou lorsqu'il construit des églises de pèlerinage, livre une bonne vingtaine d'églises de série aux paroisses du diocèse de Wurtzbourg et des diocèses voisins.

9. Ce qui ne signifie pas que se rétablissent entre elles les proportions classiques : voir E. Kauffmann, L'Architecture au Siècle des Lumières, traduction française, Paris, 1963.