Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Le livre de R. Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, n'a pas eu à notre sens, au moment de sa publication, l'accueil qu'il aurait dû recevoir. Cet ouvrage appartient à un genre nouveau, puisqu'en lui se retrouvent les finesses de l'analyse littéraire, les concepts de l'étude philosophique et les perfections de la recherche psycho-sociologique. Parce qu'il renouvelle en quelque sorte la critique, il s'est trouvé pris en porte à faux, chaque spécialiste pensant que ce texte relevait de l'autre.
Nous présentons ici deux analyses, l'une d'un philosophe, Jean Cohen, l'autre d'un littéraire, Michel Crouzet. En bien des points ces textes se recoupent, mais la différence de ton, d'éclairage, de langage même est telle que nous n'avons pas craint de les juxtaposer.
Ces interférences et ces différences attestent d'ailleurs la richesse du livre de R. Girard. Les articles qui suivent — de F. Châtelet et T. Todorov — traduisent d'autres approches des problèmes de structure posés par les textes littéraires et par l'usage que nous en faisons.
page 465 note 1. Paris, Grasset, 1961.
page 467 note 1. Au concept d' « inauthenticité » qui est de Heidegger, auteur qui n'est jamais cité malgré une évidente filiation, Girard préfère le concept de « médiation ». Mais ce n'est pas simple souci d'originalité terminologique. Le sens ultime de la médiation se situe, on le verra, aux antipodes de la métaphysique heideggerienne.
page 472 note 1. La « dégradation » est un phénomène observé par Lukaus dont la Théorie du roman a été rapproché par Lucien Goldmann, dans Pour une sociologie du roman, de la thèse de Girard. Rapprochement possible, mais à condition de retourner complètement la pensée de Girard. Pour celui-ci, en effet, le roman « révèle » la vie sociale, alors que, pour Lukacs, c'est la vie sociale qui « explique » le roman.