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La structure hospitalière de la France sous l'ancien Régime

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Muriel Jeorger*
Affiliation:
École des Hautes Études en Sciences Sociales

Extract

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, une part généreuse des critiques qui déferlent sur les institutions en place concerne les hôpitaux. Toutefois, les attaques que subissent ceux-ci sont d'autant plus vives, contradictoires et, finalement, d'autant plus passionnées qu'ils sont mal connus. De leur organisation intérieure, ce « moi » dont chacun d'entre eux « s'enveloppait », il ne filtre, il est vrai, que des bribes arrachées à des administrations jalouses de leur pouvoir. Plus-curieusement, et alors qu'une part importante des critiques achoppe implicitement ou très nettement sur leur trop grand nombre — la France étant le pays où ils se seraient « le plus multipliés » —, « on ignore leur nombre absolu et positif ».

Summary

Summary

On the basis of a survey conducted in 1792, whose data are confirmed by various other sources, we have tried to describe and analyze the complex and little-know structure of hospitals in France during the second half of the 18th century.

We first tried a rough statistical and geographical approach to the question : there seem to have been, at the time, some 1961 hospitals with between one hundred- and one hundred-twenty thousand beds which were unevenly distributed. A simple separation of these hospitals into three categories with their respective number of beds brings out the basic characteristic of Public Welfare (l'assistance) at the dawn of the Revolution. It was for the unwanted of all ages, a safety valve for a society struggling with a growing population; caring for the ill was not the basic concern. The figures from 1847 to 1973 show how, little by little, the ratio was inverted. On the whole, the number of institutions and the number of beds are in direct proportion to the population figures. But the local force of catholicism, the development of a Baroque sensibility and the more or less recent annexation of a province must be taken into account and explain certain massive implantations. On the other hand, economic prosperity was not a determining factor in the number of establishments.- under the Ancien Régime—and independently of the wishes of the reigning elites from the 17th century on—hospitals were not governed by rational principles alone.

Type
Pratiques et Discours Médicaux
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1977

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References

Notes

1. J. Tenon, Œuvre manuscrite, B.N., NAF 22 743, P 222.

2. Abbé De Recalde, Traité sur les abus qui subsistent dans les hôpitaux du royaume et les moyens propres à la réforme afin de rendre l'établissement des maisons de charité utile à l'humanité et glorieux pour la nation, 1786, p. 4. Au XIXe siècle, le ministre de l'intérieur De Gasparin, Rapport au roi sur les hôpitaux, les hospices et les maisons de bienfaisance, Paris, 1837, p. 2, écrit encore que « la France ne le cède à aucun autre pays par le nombre de ses établissements ».

3. J. Tenon, B.N., NAF 22 743, f° 242.

4. M. Jeorger, « Les enquêtes hospitalières au xvme siècle », Bulletin de la Société française d'histoire des hôpitaux, 1975, n°31.

5. Necker, , De l'administration des finances de la France, t. III, chap. xvi, Paris, 1784, p. 176 Google Scholar.

6. Nous songeons évidemment à M. Foucault, Histoire de la folie, Paris, 1961, rééd. en 1974, puis à Gutton, J.-P., La Société et les pauvres : l'exemple de la généralité de Lyon, 1534- 1789, Paris, 1970 Google Scholar; Hufton, O., The Poor of eighteenth century France, 1750-1789, Oxford, 1974 Google Scholar; N. Z. Davis, « Assistance, humanisme et hérésie, le cas de Lyon », 1968, dans Études sur l'histoire de la pauvreté (sous la direction de M. Mollat), Paris, 1974; B. Geremek, « Criminalité, vagabondage, paupérisme; la marginalité à l'aube des Temps modernes », Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1974.

7. M. Foucault, dans Naissance de la clinique (1963), Paris, 1972, étudie ce passage en tant que tel; F. Lebrun, dans Les Hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1971, est amené à le faire dans un cadre plus vaste.

8. Il est impossible de citer ici ces travaux, dont le Bulletin de la Société des hôpitaux, sous la direction attentive de M. Candille, rend très fidèlement compte de façon régulière.

9. Tenon, J., Mémoires sur les hôpitaux de Paris, Paris, 1788, p. 1 Google Scholar.

10. Ce comité regroupait les attributions de deux Comités de mendicité et de salubrité de la précédente assemblée. Sur ce dernier, Ferdinand-Dreyfus, cf. L., L'assistance sous la Législative et la Convention, Paris, 1905 Google Scholar.

11. Circulaire lançant cette enquête (dont il ne reste que très peu de traces dans les archives), A.D. Somme, La circulaire 1083 par exemple.

12. J. Tenon (1724-1816), chirurgien en renom, membre de l'académie des sciences, se fit connaître d'un public élargi en publiant en 1788 ses Mémoires sur les hôpitaux de Paris. Ses papiers, presque tous postérieurs à cette date, sont conservés à la B.N. Cf. à ce sujet, P. Huard, « Les papiers de J. Tenon », dans Compte rendu du XIXe congrès international d'histoire de la médecine, Bâle, 1964.

13. L'enquête du Comité des secours publics ne faisant en réalité que reprendre dans les mêmes termes et au point d'indisposer les municipalités qui avaient déjà répondu, celle du Comité de mendicité dont les archives départementales conservent des éléments nombreux. L'enquête de 1791-1792 repart tellement de la précédente que, pour prendre un exemple, «la liste Tenon » relative au Bas-Rhin reproduit exactement celle adressée en 1790 pour contrôle à ce département par le Comité de mendicité (AD. Bas-Rhin, L 1086), et pour laquelle on ne dispose d'aucun élément de réponse. Or il est sans exemple que les listes du Comité de mendicité n'aient pas dû subir des corrections.

14. Tout d'abord aucune des deux enquêtes ne put être achevée : faute de temps et faute d'empressement de la part des autorités locales. D'autre part, les listes du Fonds Tenon confectionnées à l'occasion d'un « Rapport sur les hôpitaux de la République » que celui-ci préparait n'ont pas pu enregistrer les réponses arrivées ultérieurement (cf. listes Tenon, très erronées, du Gers et de la Charente inférieure et les réponses complètes préparées par ces deux départements [A.D. Gers, L 427 et AN. FIS 260]).

15. Cf. le texte des circulaires lançant l'enquête sur Comité de mendicité dans Bloch, C. et Tuetey, A., Procès-verbaux et rapport du Comité de mendicité, Paris, 1911, pp. 244 et 251 Google Scholar.

16. Les contrôles ont été effectués à partir des réponses aux enquêtes des comités révolutionnaires conservées dans les Archives départementales (série L) ou aux Archives nationales (série F15). On a d'autre part systématiquement dépouillé l'ensemble des enquêtes hospitalières du XVIIIe siècle antérieures à la Révolution (A.N. série M ou A.D. série C). Des enquêtes menées par deux intendants postérieurement à 1750 ont été d'une aide fondamentale pour tout cela (cf. nos « sources manuscrites ») de même évidemment que l'ensemble des ouvrages ou des articles anciens ou récents, traitant d'un établissement hospitalier (cf. le fichier par département de la bibliothèque de l'assistance publique à Paris).

17. Hôtel-Dieu, maison-Dieu, hôpital général, charité, hospice, maison des pauvres, hôpital de charité, hôpital de bienfaisance… hôpital, etc. Sur ce problème de terminologie, cf. C. Bloch, L'assistance et l'État en France à la veille de la Révolution, Paris, 1908 et M. Candille, « Les mots hôpital et hospices dans la terminologie du xvmc siècle », L'hôpital et l'aide sociale, 1964.

18. Sur la question fondamentale de l'assistance spirituelle des hospitalisés, cf. L. Perouas, Le Diocèse de La Rochelle, de 1648 à 1724, sociologie et pastorale, Paris, 1964, p. 395 et F. Lebrun, Les Hommes et la mort…, p. 391.

19. Une récapitulation de J. Tenon (NAF 22 742, f° 219) reprenant les titres les plus courants des hôpitaux « destinés à secourir à domicile », l'élimination a été facile; sauf information les concernant, « les charités » qui souvent se bornent à distribuer des secours, ont été également exclues.

20. La description qui suit étant seulement destinée à fixer les idées du lecteur pour les développements ultérieurs, est réduite au strict minimum. Ainsi conçue elle appauvrit considérablement le contenu d'une institution dont les implications sont innombrables.

21. On appelle «incurable», s'indigne Tenon (B.N., NAF 22 7 43) «quiconque n'est pas guéri en six mois dans un hôpital de fiévreux ou de blessés. Or il n'y a rien de moins prouvé que pareille assertion ».

22. Sur la transformation des hôpitaux généraux en hospices malgré une réglementation qui au xvme siècle « s'enracine (nt) vigoureusement dans une tradition de renfermement » (J.-P. Gutton, L'État et la mendicité dans la première moitié du XVIIIe siècle : Auvergne, Beaujolais, Forez, Lyonnais, Centre d'études forésiennes, 1973, p. 26); cf. également Paultre, Ch., De la répression de la mendicité et du vagabondage en France sous l'ancien Régime, Paris, 1906 Google Scholar.

23. Cf. entre tant d'autres cette demande de fonds pour hôpital général de Sedan (A.N.15 334) où « les 19/20c de (cette) la population sont des ouvriers attachés aux manufactures de draps qui réduits à l'indigence lorsque l'ouvrage manque ou que la vieillesse et les infirmités surviennent n'ont pour eux et leurs enfants d'autres ressources que cette maison ».

24. J. Tenon — comme souvent chez lui quand la pitié transparaît à travers le constat — aura une belle formule pour traduire l'étonnement atterré que lui inspire l'hôpital général : « On se demande pourquoi cet oubli des premiers besoins, ce froissement de l'enfance, des vieillards, des infirmes » (B.N., NAF 22 743).

25. Pour des raisons nombreuses, l'utilisation de cette source à propos de la fin du xvmc siècle surtout, est contestable mais qui dit mieux en matière d'exhaustivité et finalement d'exactitude ? Grâce aux indications du Laboratoire de cartographie dirigé par J. Mallet, que nous remercions ici ainsi que ses collaborateurs, nous avons procédé aux réajustements de limites départementales et donc de chiffres de population nécessaires pour retrouver en gros 1791. Pour des villes étudiées à titre particulier, nous avons toujours eu recours aux travaux récents.

26. L'ensemble des calculs mathématiques ou statistiques sont dus à M. Demonet à la patience et à la gentillesse duquel je rends ici un hommage reconnaissant.

27. Les vérifications à partir d'autres sources se sont en effet presque toujours traduites par plus de suppressions que de rajouts.

28. En 1847, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône (qui constituent à peu près le département des Bouches-du-Rhône de 1792) sont respectivement 1er et 4e, le Var est 3e, la Seine-et-Oise 5e, la Seine-et-Marne 9e.

29. Agulhon, M., Pénitents et francs-maçons de l'ancienne Provence, Paris, 1968, p. 32 Google Scholar et Vovelle, M., Piété baroque et déchristianisation, Paris, 1974 Google Scholar. Tout en rappelant qu'il s'agit «d'une réalité parfois assez humble » ce dernier découvre des hôpitaux dans près de la moitié des 190 villages étudiés.

30. Lits doublés ou triplés dans les hôtels-Dieu de Paris, Tours (F15 227), Limoges (F15 228-1). Pour les hôpitaux généraux où « le nombre des pauvres est indéfini », comme à Marseille où il varie du simple au quadruple d'une enquête à l'autre (A. D. des Bouches-du-Rhône, R. 4196), les témoignages sont innombrables.

31. Ses données alimentent le rapport de De Watteville, Rapport à monsieur le ministre de l'intérieur sur l'administration des hôpitaux et des hospices, Paris, 1851, et distingue entre les malades et les vieillards, ce qui n'apparaît qu'en 1853 dans la Statistique générale de la France.

32. Nous avons basé cette affirmation sur un calcul trop long à exposer et prenant en compte l'existence de 133 hôpitaux de moins de 10 lits en 1847 alors que nous en trouvons 595 pour la fin du xvme siècle.

33. Ce qui concerne la période contemporaine, en fait 1973, provient des Publications du ministère de la Santé, Santé, Sécurité sociale, statistiques et commentaires, 1975, n° 4, tome A. Statistiques annuelles des hôpitaux publiées, n° 4, tome B. Recensement des établissements d'hospitalisations privés. Publications du ministère de la Santé et du ministère du Travail. Pour obtenir les résultats présentés dans le texte, nous avons regroupé les chiffres de l'assistance publique et ceux du secteur privé.

34. J.-P. Goubert et F. Lebrun, « Médecins et chirurgiens dans la société française du xvme siècle », Medicina, economia e società nell'esperienza statica, Congresso internazionale, Pavie, 1973; Perrot, J.-C., Genèse d'une ville moderne : Caen au XVIIIe siècle, Paris, 1975, t. II, p. 283 Google Scholar. Les petits hôtels-Dieu s'accommodent de chirurgiens, les grands souvent aussi compte tenu de la négligence des médecins qui n'est cependant pas générale. L'attitude des médecins à l'égard de l'hôpital auquel ils témoignent souvent une « espèce d'indifférence » (Iberti, Réflexions sur les hôpitaux, Paris, 1788) vaudrait d'être analysée de près.

35. A titre de comparaison : le nombre de lits dans les 42 départements dont plus de 70 % d'établissements ont fait connaître leur capacité (au niveau global le pourcentage s'établit à 86,70 96) est de 32 596. En 1837, il monte à 44 002 unités dans ces mêmes départements mais prend en compte l'ensemble des établissements.

36. Très longtemps — puisque encore sous le second Empire, cf. De Lurieu (Sous la direction de), Situation administrative et financière des hôpitaux de l'empire, t. I, Paris, 1869, p. xi — les administrations hospitalières ne « fixèrent » pas pour chaque établissement « mixte » un nombre précis de lits dévolus aux malades. C'est d'ailleurs pourquoi on est surpris que Watteville dans son rapport de 1847 n'évoque pas le problème et donne sans restriction les nombres respectifs des lits de malades et d'hospices.

37. Bridgman, R., L'hôpital et la cité, Paris, 1965, p. 108 Google Scholar, se penche sur cet indice fourni par Clavareau, Mémoires sur les hôpitaux civils de Paris, Paris, 1805, p. 231.

38. «Les états de population des hôpitaux», réclamés annuellement à partir de 1778 par Necker et qu'on possède sur une dizaine d'années pour un tiers des généralités, montrent qu'au 1er janvier il y a toujours autant d'individus que de lits (cf. Jeorger, 1975). Ces états, notons-le ici, d'autre part, montrent parfaitement la différence entre les trois types d'hôpitaux retenus : la mortalité des pensionnaires les plus habituels est nettement différentielle.

39. Elle est souvent évoquée pour démontrer aux détracteurs de l'hôpital, qui associent celuici à la paresse, qu'on n'y va pas « comme pour une partie de plaisir » (Poyet, Mémoire sur la nécessité de transférer l'hôtel-Dieu, Paris, 1785), par des subdélégués, par un curé cité t. II, p. 100 par Poitrineau, A., La Vie rurale en basse Auvergne au XVIIIe siècle, 1726-1789, Paris, 1965 Google Scholar.

40. Rapport des commissaires chargés par l'académie de l'examen du projet du nouvel Hôtel- Dieu, extrait du Registre de l'académie des sciences, du 22 novembre 1786, p. 109.

41. Va-t-on jusqu'à penser que l'hôpital tout en conférant l'expérience servirait l'expérimentation ? Aikin, Réflexions sur les hôpitaux, traduction 1787, p. 75, s'en défend, un Dulaurens, Essai sur les établissements nécessaires et les moins dispendieux pour rendre le service des malades dans les hôpitaux vraiment utiles à l'humanité, Paris, 1787, p. 11; un Chambon De Monteaux, Moyens de rendre les hôpitaux plus utiles à la nation, Paris, 1787, pp. 169 ss., sont inquiétants. L'équivoque est évidemment très bien perçue par Foucault, M., Naissance de la clinique, 1963, Paris, 1972 Google Scholar.

42. Nous avions déjà utilisé cette citation de J. Tenon (B.N., NAF 22 743) dans notre article sur « Les enquêtes hospitalières », tellement elle résume la pensée de son auteur et la problématique des questions hospitalières à la fin du xvme siècle. Elle sert d'ailleurs de titre au dernier ouvrage publié sous la direction de M. Foucault, Les Machines à guérir, paru quand nous corrigions les épreuves de cet article. C'est à ce travail collectif qu'il convient de se reporter désormais pour voir à travers des faits précis cette médicalisation de l'hôpital.

43. Fondement même de la pensée de Tenon qui court à travers son oeuvre imprimée ou cf. également Cabanis, «Observations sur les hôpitaux » (1790), dans Œuvres complètes, 1956. Cependant l'hôpital, même de malades, a ses détracteurs farouches dont Dupont De Nemours, Idées sur les secours à donner, Paris, 1786, est le plus célèbre. Le Comité de mendicité divergeant fondamentalement sur ce point et du Comité de salubrité de la même Assemblée constituante et de celui des secours publics, constitué sous la Législative, reflète les tendances de ceux qui veulent que les malades soient soignés chez eux.

44. Se reporter à la carte n° 1, A. D'angeville, Essai sur la statistique de la population française (1836), Paris, 1969. En dehors de la Moselle et des Bouches-du-Rhône plus fortement peuplées en 1831 qu'en 1806, elle est très semblable à celle que nous avions établie grossièrement pour vérification à partir du recensement de 1806.

45. Bouches-du-Rhône, Var et Hautes-Alpes, ainsi que Seine-et-Oise et Seine-et-Marne.

46. Cet indice (0,68 %o) est inférieur à celui indiqué p. 1036 (0,75 %o) car nos calculs statistiques ont eu pour base le recensement de 1806 soit pour l'ensemble de la population 28 644 463 habitants et non les 26 millions utilisés pour obtenir l'indice 0,75. Au niveau départemental les distorsions sont plus négligeables et ne faussent pas la lecture générale.

47. 42 et non 43 car on a exclu de ce calcul le département de la Seine étant donné la façon dont celui-ci pèse de son énorme capacité hospitalière traditionnelle sur les statistiques. Il est d'ailleurs fréquent, de nos jours encore, de l'écarter de certains calculs afin de ne pas gauchir les moyennes.

48. Cependant pour que cette remarque puisse prendre une valeur générale, il faudrait une étude statistique systématique. Caen par exemple a un indice de 15,05 %o et Nantes de 9,58 %o.

49. Expression de Leclainche, X. et Gardie, A., Enquête hospitalière générale, Paris, 1954 Google Scholar.

50. Longuement abordé par R. Bridgman, L'hôpital et la cité, 1965, qui l'étudié pour la période contemporaine… très tributaire du passé jusqu'à il y a une vingtaine d'années. Il conclut à la corrélation évidente, habitat dispersé-petit nombre d'hôpitaux.

51. Pour le pourcentage de population urbaine et la représentation cartographique de celle-ci, cf. R. Le Mee, « Population agglomérée et population éparse au début du XIXe siècle », Annales de démographie historique, 1971, p. 494.

52. Cf. le résumé des mémoires de l'académie de Châlons, Les Moyens de détruire la mendicité en France en rendant les mendiants utiles à l'État sans les rendre malheureux, tirés des mémoires qui ont concouru pour le prix accordé en l'année 1777 par l'académie des sciences, arts et belles-lettres de Châlons-sur-Marne, Châlons-Paris, 1780 et les projets de réforme hospitalière énumérés note 79.

53. Au nom des impératifs de police urbaine, de la rentabilité des installations, d'une rationalité en partie autorisée par les-facilités de transport actuelles.

54. L'opposition de la ville déchristianisée et de la campagne fervente ne date en effet que de la fin du XVIIIe siècle et surtout du XIXe siècle.

55. Il faut partir de la fin du Moyen Age où « il n'était guère de paroisses rurales qui n'eussent une petite maison pour les soins des malades » (M. Mollat, Étude sur l'histoire de la pauvreté, 1974, p. 5, et voir les cartes d'une même région à la fin du xve et du XVIIIe siècles, pp. 280 et 476 de J.-P. Gutton, La Société et les pauvres… Cf. d'autre part, J. Jenny, « Les oeuvres de charité et les institutions hospitalières dans le diocèse de Bourges, XVIIe-XVIIIe siècle », 32e congrès de la Fédération des sociétés savantes du Centre, Guéret, 1972; T. J. Schmitt, L'assistance dans l'archidiacôné d'autun de 1650 à 1750, Autun, 1957; F. Lebrun, Les Hommes et la mort…, 1971.

56. B. Geremek, « Criminalité, vagabondage… » et N. Z. Davis, « Assistance, humanisme et hérésie… »; également J. Delumeau, La Civilisation de la Renaissance, Paris, 1967, qui met en lumière une notion trop souvent perdue de vue lorsqu'on condamne la mentalité urbaine coercitive, à savoir l'extrême « vulnérabilité » de la ville ancienne.

57. Cf. Ch. Paultre, De la répression…, 1906, et également l'étonnante mise en place collective de l'hôpital général de Bourges décrite par J. Jenny, Les OEuvres de charité…, 1972.

58. Cf. M. Agulhon, « La notion de village en Provence », Actes du congrès des sociétés savantes de Nice, 1965.

59. A Pontoise, à Senlis par exemple.

60. Cf. chap. vi de M. Vovelle, Piété baroque…, 1974.

61. Cf. F. Dissart, La Réforme des maladreries et hôpitaux au XVIIe siècle, thèse de droit, Paris, 1938. En 1752, au terme d'une enquête sur les hôpitaux, on demande encore aux intendants un rapport sur les unions possibles dans leur généralité (cf. M. Jeorger, Les Enquêtes…, 1975).

62. Dans une lettre à l'archevêque de Toulouse (AN, F15 138) où il l'informe du lancement de son enquête sur les hôpitaux.

63. L. Perouas, Le Diocèse de La Rochelle…, 1964, montre, p. 397, cette extension progressive de l'élan hospitalier de la ville au « pays rural »; M. Vovelle, Piété baroque…, 1974, p. 253 évoque « l'hôpital de village… en constant progrès au fil du xvme siècle ».

64. Cf. les réactions d'un Colombier, excellent administrateur, excellent connaisseur des problèmes hospitaliers, trop oublié de l'historiographie contemporaine. Très lié à Necker qui avait créé pour lui le poste d'inspecteur général des hôpitaux, il représente donc la tendance des élites au pouvoir : or il prône la remise en état d'un hôpital de 6 lits (Coursan, AN, F'5 226) et trouve « vicieuse » la tendance « à laisser s'écrouler dans le Hainaut » les petits hôpitaux (AN, F15 228-1). Cf. également Gallot, J. D., Extrait d'un mémoire sur les maladies populaires avec les moyens de soulagements publics pour les pauvres de la campagne, Paris, 1787 Google Scholar.

65. Howard, État des prisons et des hôpitaux, traduction 1788, t. I, p. 352; visitant les deux hôpitaux pour hommes de Lille, il note que « lorsqu'un malade entre… une des soeurs… lave ses pieds, les sèche et lui en baise un », retrouvant là évidemment le geste de l'Évangile.

66. L. Perouas, Le Diocèse de La Rochelle…, 1964, p. 342, mettant en lumière les réalisations charitables des protestants, dépeint « une situation (qui) constituait un appel à l'action ». Pour des raisons un peu différentes, il en était de même en ce qui concerne les petites écoles; cf. M. Laget, «Petites écoles en Languedoc au XVIIIe siècle», Annales E.S.C., 1971, p. 1398.

67. Ferté, J., La Vie religieuse dans les campagnes parisiennes : 1622-1625, Paris, 1962 Google Scholar.

68. Cf. la carte « Extension du jansénisme richériste » de Préclin, E., Les Jansénistes au XVIIIe siècle, Paris, 1929, p. 124 Google Scholar.

69. Taverneau, R., Le Jansénisme en Lorraine, Paris, 1962 Google Scholar, et P. Chaunu, «Jansénisme et frontière de catholicité», Revue historique, 1962.

70. Il est banal au XVIIIe siècle d'établir une relation de cause à effet entre la pauvreté de l'espagne et de l'italie et la multitude de leurs hôpitaux, accusés de favoriser la paresse.

71. Aux Pays-Bas, la forte densité de population suffit dans une certaine mesure à expliquer le grand nombre d'hôpitaux. Mais la réussite d'une implantation qui colle si bien à une demande intense vaut peut-être d'être expliquée plus en profondeur.

72. M. Vovelle, Piété baroque…, 1974, p. 246, parle d'autre part de 1’ « ambiguïté du geste charitable à l'époque baroque », au temps où « les hôpitaux fournissent aux notables pour leurs pompes funèbres des pauvres qu'ils ne trouvent plus dans la rue ».

73. M. Vovelle, compte rendu de l'ouvrage de M. Agulhon : « La sociabilité méridionale », Revue de l'histoire de l'Église de France, 1967.

74. Sur les confréries s'occupant spécialement de gérer des fondations hospitalières, cf. M. Agulhon, Pénitents et francs-maçons…, 1968, p. 32.

75. Cf. « la carte fameuse » (l'expression est de P. Chaunu) situant les « facultés » dans : P. De Dainville, « Un dénombrement inédit au xvin’ siècle, l'enquête du contrôleur général Orry », Population, 1952. Elle est corroborée par des études ultérieures (voir E. Le Roy Ladurie, présentation de A. D'angeville, Essai sur la statistique de la population française (1836), Paris, rééd. 1969, pp. XVII-XIX).

76. Le long rapport de l'intendant du Roussillon sur des unions possibles (1752, enquête Boullongne, A.D. Pyrénées-Orientales, C 1133) ne fut en tout cas suivi d'aucun effet : en 1785, les hôpitaux visés subsistent. En raison de procès interminables, l'hôpital général de Perpignan ne put jamais obtenir certaines « unions », pourtant décidées officiellement dans la seconde moitié du xvme siècle.

77. Car même s'il y a un médecin ou un chirurgien pas très loin dans une petite ville « ils n'en sortent pas gratis » : Cahier d'alleray, cité par De Saint-Jacob, P., Les Paysans de la Bourgogne du nord, au dernier siècle de l'ancien Régime, Paris, 1960, p. 545 Google Scholar. De même que A. Poitrineau, La Vie rurale en basse Auvergne…, t. II, 1965, p. 98, insiste sur le dénuement des ruraux face à la cherté des soins.

78. Le mot — venu d'angleterre — et l'institution existent déjà. On veut étendre cette dernière pour libérer les lits d'hôpitaux.

79. Les projets du Comité de mendicité se trouvent dans le rapport n° 4 de celui-ci (C. Bloch et A. Tuetey, Procès verbaux…, 1911); ceux des Comités des secours publics sont développés dans le rapport du député Bernard, Rapport au nom du Comité des secours publics sur les secours à donner aux indigents, archives parlementaires, 1792 et dans le « Discours sur les hôpitaux civils de la République », resté inachevé, de J. Tenon, B.N., NAF 22 743.