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Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Au xixe siècle, des millions de jeunes Français se rendent à l'école pendant la plus grande partie de l'année. Les observateurs suivent de près cet important mouvement social comme si la France était un grand village. Les groupes d'enfants augmentant et leur trajet quotidien devenant plus fréquent, ils voient d'un bon œil, et comme un signe de progrès, la séparation croissante des garçons et des filles dans des établissements différents. Politiciens, notables, membres du clergé ou réformateurs, ces observateurs décrivent le phénomène dont ils sont témoins avec une attention toute paternelle. Et surtout, les fonctionnaires relèvent des chiffres : ils comptent les garçons, les filles et les enseignants, tant laïques que religieux, notent l'âge des écoliers et évaluent la fréquence et la durée de leur scolarité, enregistrent les dépenses et jugent de la qualité des écoles de différentes manières.
Computer-assisted analysis of the official statistics on enrollment in France's primary schools reveals some significant patterns. Enrollment was greater earlier in the century than usually recognized, with growth rates highest at the beginning. Variation among departments steadily decreased across the century, yet the rank order of departments of enrollment changed remarkably little. And the famous lois scolaires generally confirmed trends already well established. The data on French schooling thus gives evidence of a systemic development rooted in local society, an impression confirmed by closer analysis of the global figures in terms of regularity of attendance, age of students, duration of schooling, and summer enrollment. This in turn permits a revised periodization of the history of French schooling and an independant picture of regional differences.
* Les données statistiques portant sur le système éducatif français font partie d'un projet plus vaste subventionné par le National Endowment for the Humanities et la National Science Foundation qui ont mis « la Statistique Générale de la France » au XIXe siècle sur ordinateur. Les travaux de recherches concernant ce projet ont été menés à bien par le Center for Political Studies de l'Institute for Social Research ainsi que par le Center for Western European Studies, tous deux faisant partie de l'Université du Michigan. Les chercheurs intéressés peuvent consulter ces données auprès de l'Interuniversity Consortium for Political and Social Research à Ann Arbor. Les recherches nécessaires à la rédaction de cet article ont été subventionnées par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les auteurs tiennent à remercier tout particulièrement Messieurs Erik W. Austin et Jérôme M. Clubb de l'Université du Michigan, Monsieur Victor Neglia de l'Université de Waterloo pour ses conseils techniques et Messieurs Jacques Ozouf et François Furet de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales qui ont permis à Raymond Grew de vérifier la portée des idées qu'il défend dans un séminaire à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales. R.D. Gidney, Peter V. Meyers et Gail Heidemann n'ont pas ménagé leur aide précieuse.
1. Les enquêtes de 1832 et de 1837 comprennent aussi bien les écoles de filles que les écoles de garçons. Il en va de même pour toutes les autres enquêtes. Néanmoins, les enquêtes de 1829 et de 1833 n'incluent que les écoles avec instituteurs. C'est dire qu'elles excluent les écoles de filles où l'enseignement était généralement dispensé par des femmes. Nous avons, par conséquent, procédé à deux ajustements simples. Les chiffres de 1829 prennent en compte le nombre de filles qui recevaient un enseignement par un instituteur ; aussi pour arriver à déterminer le nombre total de filles allant en classe, nous avons admis que la proportion de filles inscrites tant dans des écoles mixtes que dans des écoles de filles était la même à cette date qu'en 1837 ; l'année 1837, en effet, est la première année pour laquelle nous disposons de tableaux analytiques complets. Nous avons donc ajouté ensuite l'estimation obtenue aux chiffres de 1829. Les statistiques de 1833 ne faisaient aucune différence entre garçons et filles (en 1829, au moins, le nombre de filles suivant un enseignement dans une école avec instituteur avait été noté). Nous avons donc procédé à un ajustement linéaire simple en soustrayant les 402 636 filles inscrites dans des écoles mixtes, conformément aux chiffres obtenus en 1837, du total de garçons enregistré en 1833, et en y ajoutant le nombre de filles inscrites en 1832. Le résultat qui en découle (1, 987, 101) fait apparaître une augmentation de 20 % sur le total mentionné dans la Statistique. Un ajustement plus pointu qui aurait pris en compte l'augmentation annuelle des inscriptions au cours de ces années-là aurait fait apparaître des chiffres encore plus significatifs (environ 25 % de plus). Toutefois, nous avons utilisé les chiffres les plus défavorables pour notre thèse.
2. Ce déclin n'était pas simplement dû aux troubles de la Révolution mais reflète probablement la répression qui s'ensuivit (et que les professeurs ont bien ressentie) ajoutée à la méfiance traditionnelle des écoles laïques qui ont contribué à la promulgation de la loi Falloux (la « conversion » de Thiers à l'école catholique en est un exemple célèbre). Le livre récent Thomas Forstenzer, de : French Provincial Police and the Fall of the Second Republic : Social Fear and Counter-Revolution, Princeton, 1981 CrossRefGoogle Scholar, relate le succès des mesures répressives.
3. L'inscription des filles (41 °/o du total des élèves en 1837, 48 % en 1863) et les changements de modalités d'inscription dans les écoles libres et les écoles publiques seront traités dans une publication ultérieure.
4. Les changements démographiques ont été généralement moins importants en France qu'ailleurs (au xixe siècle) et la mesure de corrélation entre la population d'âge scolaire et la population totale varie très peu de 1821 à 1906 (de 0,94 à 0,97). Au début du siècle, certains départements ne s'intéressaient guère aux groupes d'âge, mais, dans les années 1870, les compilateurs faisaient état d'une variété considérable. En 1876, 15 % de la population des Côtes-du-Nord appartenaient à la tranche d'âge 6-13 ans (il s'agit du pourcentage le plus élevé en France) tandis que dans la Seine on n'enregistrait pas tout à fait 10 % appartenant à cette tranche d'âge (pourcentage le plus bas), Statistique de l'enseignement, 1876-1877,1, p. 16. En 1886, la Seine était toujours le département qui comptait la proportion la plus faible de population d'âge scolaire (toujours 1 sur 10) alors que les Landes, avec près de 17 %, enregistraient la proportion la plus forte, ibid., 1886, p. LXXXVIH.
5. Cinq départements seulement ont fluctué de plus de trois écarts-types dans le classement national des départements, dix-neuf autres ont connu une fluctuation entre deux et trois écartstypes. Pour quatorze autres départements le changement de valeur par rapport à la moyenne a été inférieur à un écart-type, tandis que tous les autres ont connu une fluctuation qui se situait entre un et deux écarts-types.
6. L'année 1832 a été retenue comme la première pour laquelle les inscriptions comprennent tant des filles que des garçons. Vingt des derniers quarante huit points de données sont communs à deux ou trois octiles. Sur les neuf points d'intersection, six d'entre eux s'expliquent par l'empiétement du second octile sur le troisième dès 1881. Nous avons aussi examiné les départements qui présentent les variations les plus notables de leur population d'âge scolaire au cours des périodes 1850-1876, 1876-1896, 1881-1906 ; ils sont dispersés sur les octiles et tous les octiles comprennent certains des départements qui ont enregistré les plus grands changements démographiques, ce qui laisse à penser que des facteurs sociaux et institutionnels plus stables ont davantage compté que les variations démographiques.
7. L'enquête de 1829 indique que la plupart des enfants sont alors scolarisés, mais ils ne le sont pendant six ans ou plus que dans les quelques départements les plus avancés. Pour chaque arrondissement, il est possible de consulter les rapports auprès des Archives Nationales, F 17/80ff.
8. Kay, Joseph, The Education ofthePoor in England and Europe, Londres, 1846, pp. 73–74 Google Scholar.
9. Barnard, Henry, National Education in Europe, Hartford, 1854, pp. 382, 390 Google Scholar.
10. Les rapports soumis à Paris indiquent qu'au début des années 1830, il existait, dans un même département, une grande différence d'âge parmi les enfants qui se rendaient à l'école. Dans la Marne par exemple, un département en avance, le premier contact avec l'école avait lieu entre 3 et 11 ans, Archives Nationales, F 17/125 ; cf. note 32 concernant la Troisième République.
11. La population d'âge scolaire est une question extrêmement importante et compliquée qui a posé bien des problèmes aux statisticiens du xIxe siècle, même ailleurs qu'en France ; voir West, E.G., Education and the Industrial Révolution, Londres, 1975, pp. 8–10 Google Scholar. Les graphiques et les cartes présentés dans l'ouvrage le plus récent sur l'éducation en France ( Mayeur, Françoise, Histoire de l'enseignement et de l'éducation en France, t. III., Paris, 1981, p. 328 Google Scholar) sont établis en fonction d'une cohorte portant sur une population d'âge scolaire de 5 à 15 ans. Toutefois, au xIxe siècle, la norme était de six à sept années d'études et non de dix ! Déjà en 1843, un rapport ministériel indique que l'âge effectif des enfants scolarisés se situe entre 6 et 13 ans, ministère de l'Instruction publique, Rapport au Roi sur la situation de l'instruction primaire en 1843, Paris, 1843, p. 32. Néanmoins, les statistiques françaises se sont servies de la cohorte 5-15 au cours de l'année 1876 afin de tenir compte des différences d'âge réelles parmi les enfants qui se rendent à l'école. Curieusement, le Massachusetts et l'Ontario ont utilisé la même cohorte pour les mêmes raisons ! Kaestle, Cari et Vinovskis, Maris, Education and Social Change in Nineteenth-Century Massachusetts, New York, 1980, p. 13 Google Scholar ; Gidney, R.D., « Elementary Education in upper Canada : a Reassessment », Mattingly, dans Paul et B.Katz, Michael éds, Education and Social Change : Thèmes from Ontario's Past, New York, 1975, pp. 3–26 Google Scholar. Jules Ferry remarqua avec embarras que le nombre d'écoliers inscrits en 1881 dépassait de plus de 150 000 le chiffre compris dans la cohorte 6-13, ministère de l'Instruction publique, Statistique de l'enseignement primaire, 1881, Paris, 1883, p. LXXVIII ; ibid., 1886, Paris, 1887, p. LXXXVI. Sous la Troisième République, les compilateurs ont souligné le fait qu'il était extrêmement difficile de collationner les dates de naissances, les années civiles et les années scolaires. Tout au long de notre étude, nous avons utilisé la fourchette 6-13 pour la population d'âge scolaire. La population d'âge scolaire est fournie par le recensement de 1821 pour les garçons et pour tous les enfants après 1850. Lorsque c'était nécessaire, nous avons ajusté les chiffres pour une population ayant un âge scolaire entre 5 et 15 ans au moyen d'un ratio simple, à savoir 7 : 10. Certes, une analyse démographique plus complexe permettrait de légères modifications de ce ratio. Il y aurait parfois des variations minimes selon certaines époques, mais de tels ajustements n'entraîneraient que des changements infimes dans le pourcentage d'enfants d'âge scolaire effectivement inscrits.
12. Grew, Raymond et Harrigan, Patrick J. avec Whitney, James B., « The Avaibility of Schooling in Nineteenth-Century France », Journal of Interdisciplinary History, XIV, 1 (été 1983), pp. 25–63.CrossRefGoogle Scholar
13. Prenons l'exemple de la Lozère dont les statistiques en matière d'éducation indiquent des modifications brutales disproportionnées par rapport à la norme nationale. En 1835, l'inspecteur local de l'enseignement primaire fit imprimer son rapport dans les Mémoires de l'académie locale (ainsi, les notables ne pouvaient-ils manquer de le voir et de le vérifier), Mémoires et analyses des travaux de la société d'agriculture, science et arts de la ville de Mende, chef-lieu du département de la Lozère, VIII (1834-1835), pp. 121-122. Pour chaque catégorie, les chiffres fournis par l'inspecteur se situent entre ceux des statistiques nationales pour 1834 et 1837. De tels hommes prenaient leur travail de statisticien à coeur ! La même édition des mémoires de l'académie analysait le nombre de loups tués au cours des quatorze dernières années — par circonscription administrative, loups, louves pleines ou non, louveteaux… — et fournissait un chiffre moyen de 48 315 animaux tués par an. GÉRaud, Guillaume dans son livre Notes sur cent ans d'histoire en Lozère, Mende, 1969, pp. 19–23 Google Scholar cite des rapports locaux sur le système éducatif qui se trouvent dans les archives régionales. Tous sont conformes aux chiffres publiés.
14. Il estime que le nombre de français non recensés est de 1,2 % entre 1806-1846, de 1,7 % en 1851, de 1,4 % en 1871, de 1,2 % en 1881 et de moins de 1 % pour les autres recensements, 1856- 1906. Etienne Walle, Van de, The Female Population of France in the Nineteenth Century, Princeton, 1974, pp. 13–15, 123-25, 151, 156Google Scholar.
15. Selon Duruy, 83 % des enfants de 7 à 13 ans étaient inscrits à l'école primaire au 1er janvier 1867, mais, toujours selon lui, 93 °/o d'entre eux recevaient quelques rudiments d'instruction. La moitié de ceux qui n'étaient pas inscrits à l'école primaire se voyaient dispensés un enseignement par un professeur particulier, dans la division élémentaire d'une école secondaire, dans un petit séminaire ou bien dans une école non reconnue par la fonction publique. Exposé général (1867). 16. Grew et Harrigan, « Avaibility… », art. cit.
17. En 1886, 91 % des élèves inscrits pour l'année dans des écoles publiques étaient portés sur les registres d'appel pour le mois de décembre (les 9 % d'absents comprennent ceux qui étaient sérieusement malades ou bien ceux qui avaient déménagé). Néanmoins, le 4 décembre, 79 % seulement de ces élèves étaient présents à l'école ; le 11 décembre, 80 %. Lorsque les statistiques comptaient les écoles privées, le taux de présence au 11 décembre s'élevait alors à 82 °/o. Statistique de l'enseignement, 1886-1887, IV, pp. LXXXVI-LXXXVII. En Angleterre, le taux de présence que confirment des études locales récentes semble s'être situé alors entre 68 et 82 %, Marsden, W.E., « Social Environment, School Attendance and Educational Achievement in a Merseyside Town, 1870-1900 », Cann éd., dans Philip Me, Popular Education and Socialization in the Nineteenth Century, Londres, 1977, pp. 211-12.Google Scholar Dans le Massachusetts, sur 90 % d'inscrits durant l'été, il n'y avait que 75 % d'élèves présents chaque jour, Kaestle et Vinovskis, Education in Massachusetts, p. 239.
18. « Introduction » à la Statistique des écoles, 1829, pp. 1-2.
19. Degaud, M., Directeur de l'école normale primaire du département et membre de la société, Société d'Agriculture, Commerce, Science et Arts de la Ville de Mende… 8 (1834-1835), pp. 43 Google Scholar, 45, 47. L'une des conséquences importantes de la loi Guizot de 1833 a été de donner lieu à de tels panégyriques comme à ce genre d'enthousiasme local débordant.
20. Lorain, Paul, Tableau de l'instruction primaire, Paris, 1837, pp. 13, 70.Google Scholar En 1839, le Conseil Général des Hautes-Alpes déclarait que sur 222 écoles publiques 18 seulement étaient dans un « état passable » et il fut alloué au département une subvention de mille francs qui passa à 20 000 francs par an en 1843 et ensuite à 40 000 francs par an. Néanmoins, en 1843, l'inspecteur jugeait que la tenue et la discipline de 128 écoles publiques étaient « bonnes », tandis qu'elles étaient « médiocres » pour 65 d'entre elles. Vingt-cinq écoles publiques étaient considérées comme « mal dirigées ». Il est bien difficile de se fier à des opinions si changeantes, mais on peut penser que les sévères jugements du Conseil étaient peut-être motivés par la perspective d'une subvention tout comme plus tard les changements spectaculaires que nous avons mentionnés. Thivet, Henri, La Vie publique dans les Hautes-Alpes vers le milieu du XIXe siècle, La Tronche-Montfleur, s.d., pp. 259–260, 267.Google Scholar
21. La proportion d'enfants qui quittaient l'école sans avoir acquis un minimum d'instruction était estimée à 13 % (de 1 % dans la Moselle à 25 % dans le Morbihan), Exposé (1867), p. 23. Les rapports originaux se trouvent aux Archives Nationales, F 17/10 357. Cette proportion concorde avec les statistiques portant sur le taux d'alphabétisation des conscrits dans la Statistique del'enseignement, 1876, II, pp. CLVI-CLX. Des observations sur le département de l'Eure (État, 1864, I, pp. 296, 862) et sur le Gard, dix ans plus tard, s'indignent également du taux d'absences, d'ailleurs très faible (Rapports, 1878, II, p. 156). Remarquez le contraste entre le pessimisme manifesté par Duruy quant aux effets durables de l'enseignement (dans L'Administration de l'instruction primaire de 1863 à 1869,1, pp. 152-156 ; et dans Notes et souvenirs, Paris, 1907, VI, p. 207) et le fait que, de son propre aveu, de nombreux étudiants provisoirement absents de l'école y reviendraient (Exposé, 1867, p. 22) ainsi que la conviction des inspecteurs qui étaient persuadés que bon nombre de ceux dont le départ de l'école était considéré comme « non facultatif » y reviendraient pour compléter leur instruction — sur ce point, onze inspecteurs se sont exprimés sans ambiguïté (I, pp. 59, 118, 448, 745 ; II, pp. 46, 68, 241, 455, 490, 717, 987).
22. Julia, Dominique, « L'enseignement primaire dans le diocèse de Reims à la fin de l'Ancien Régime », Annales historiques de la Révolution française, 42 (1970), p. 284 Google Scholar ; Anderson, R.D., Education in France, 1848-1870, Oxford, 1975, p. 161 Google Scholar (néanmoins, à la page 167, il accepte une description de l'apathie rurale). Kaestle et Vinovskis, Education in Massachusetts, p. 10, soulignent le fait que, si le succès de l'instruction en Nouvelle-Angleterre suscite des réactions pessimistes, cela est dû aux espoirs démesurés des réformateurs tels que Horace Mann. Il en va de même pour l'Ontario où, pendant un siècle, les rapports de Egerton Ryerson étaient acceptés sans l'ombre d'une critique de la part des historiens, R.D., Gidney, « Making Nineteenth-Century School Systems : the Upper Canadian Expérience and its Relevance to English Historiography », History of Education 9 (1980), pp. 101–116.Google Scholar Consulter également Tyack, David et Hansot, Elizabeth, Managers of Virtue : Public School Leadership in America, 1820-1980, New York, 1982 Google Scholar.
23. Statistiques des écoles, 1829, p. 4 ; Rapport, 1843, pp. 2, 31-33. Selon les inspecteurs, seuls les handicapés mentaux étaient absents dans la Meuse ; dans la Manche, il s'agissait des handicapés physiques et mentaux. Le pourcentage des absents dans l'Eure-et-Loire était de 1 %. Dans la Moselle, bon nombre d'enfants terminaient 9 années d'études et dans le Doubs, seuls les enfants de 13 ans demeuraient « ignorants », I, 319. État, 1864, I, 118 ; II, 283, 563. M.L.Deries, à propos de la Manche, pose la question très clairement et remarque que, en matière d'éducation comme dans d'autres domaines, « les uns voient une partie de la vérité, les autres en voient une autre, » et oublient que les progrès se manifestent lentement, Étude statistique de l'enseignement primaire de la Manche, 1896, 3-4. En 1864, l'inspecteur de l'Isère était d'avis que le nombre d'inscriptions augmenterait avec la prospérité et que, dans les générations futures, les parents qui posséderaient une meilleure instruction encourageraient davantage leurs enfants, Etat, I, 761 ; pour 1869, Archives Nationales F 17/9376.
24. Depuis Compayré ( Compayré, G., Histoire critique des doctrines de l'éducation en France depuis le seizième siècle, Paris, 1885 Google Scholar) la tradition s'est poursuivie en passant par Léaud, Alexis Et Glay, Emile, L'Écoleprimaire en France, 2 vols, Paris, 1934 Google Scholar, Gontard, Maurice, L'Enseignement primaire en France de la Révolution de 1789 à la loi Guizot, Paris, 1959 Google Scholar, Ponteil, Félix, Histoire de l'enseignement en France : les grandes étapes, 1789-1965, Paris, 1966 Google Scholar, Gerbod, Paul, La Vie quotidienne dans les lycées et collèges au XIXe siècle, Paris, 1968 Google Scholar, Gruson, Pascale, L'État enseignant, Paris, 1978 Google Scholar et F. Mayeur, Histoire de l'enseignement…, op. cit.
25. Statistique de l'instruction primaire, 1863, pp. 3, 10, 15, 30. Anderson, Education in France, p. 167, est d'accord pour dire que « l'indifférence » ou l'apathie des parents et de l'opinion publique locale était un « obstacle majeur au progrès de l'instruction ». Les assistants de Duruy ne cessaient de dénoncer cette attitude et y voyaient « la source de toutes les autres difficultés » rencontrées dans ce domaine. Moody, Joseph N., French Education since Napoleon, Syracuse, 1978, pp. 73–75 Google Scholar, accepte ce jugement que partageait, une génération auparavant, Gontard, L'Enseignementprimaire, p. 538. Prost rapporte la remarque du père d'un paysan qui expliquait comment il s'était parfaitement tiré d'affaire dans sa vie sans savoir lire et cet exemple est pour Prost l'illustration du « grand argument de la force d'inertie que l'on retrouve tout au long du xixe siècle », Prost, Antoine, Histoire de l'enseignement en France, 1800-1967, Paris, 1968, p. 99.Google Scholar
26. Voir État, 1864,1, p. 449 (Savoie). Dans les rapports des archives ainsi que dans des rapports résumés de 1864, 1869 et de 1878-1879, les inspecteurs ont très souvent mentionné ces pressions externes, ibid. pour 1869, Archives Nationales, F 17/9376 et les Rapports (1878-1879). Souvent, les inspecteurs ont aussi fait des observations à propos d'une demande positive d'éducation, État, I, 6, 18, 578, 587, 635 ; Rapports (1878), 39, 49, 123, 143, 193, 246, 262, 272, 285, 409, 516, 540, 562, 592, 610. Weber, Eugen, Peasantsinto Frenchmen : the Modernization of Rural France,1870-1914, Stanford, 1976, p. 311 Google Scholar (trad. frse, La Fin des terroirs, Paris, Fayard/Ed. Recherches,1983), remarque que même des régions peu développées demandaient à recevoir une instruction.Les Archives Nationales offrent une série de rapports particulièrement importants, F 17/9 306-9 320, 9 367-9 372, 10 368-10 407 (Monarchie de juillet) ; 9 251-9 285 (1850-1890) ; 9 376-9 346-49, 9 279-85, 9 321-59 (Second Empire) ; 10 408-10 719 (Troisième République).
27. Ozouf, Mona éd., La Classe interrompue : Cahier de la famille Sandre, enseignants 1780-1960, Paris, 1979, pp. 165–167 Google Scholar. Chastel, Romy, La Haute Lozère, jadis et naguère, Paris, n. d. [1976], pp. 129–130 Google Scholar ; Géraud, Cent ans d'histoire, p. 20. Quant aux historiens, spécialistes de l'histoire du travail, ils ont découvert un remarquable besoin d'instruction parmi les ouvriers.
28. Archives Nationales, F 17/9 271 (1880), 9 265 (1877). Anderson, Education in France, p. 153, note que les mauvaises écoles constituaient une exception même du temps de Duruy et qu'elles se trouvaient généralement dans les régions les plus défavorisées.
28. Archives Nationales, F 17/9 271 (1880), 9 265 (1877). Anderson, Education in France, p. 153, note que les mauvaises écoles constituaient une exception même du temps de Duruy et qu'elles se trouvaient généralement dans les régions les plus défavorisées.
29. Frijhoff, Willem et Julia, Dominique, École et société dans la France d'Ancien Régime : quatre exemples, Auch, Avallon, Condom et Gisors, Paris, 1975, p. 93 Google Scholar, considèrent, après avoir achevé leur étude de l'enseignement sous l'Ancien Régime, que « les réformes du XIXe siècle semblent singulièrement minces ». Remarquer les conclusions voisines de Furet, François et Ozouf, de Jacques dans Lire et Écrire : l'alphabétisation des Français, de Calvin à Jules Ferry, Paris, 1977 Google Scholar ; Perrel, Jean, « L'enseignement féminin sous l'Ancien Régime ; les écoles populaires en Auvergne, Bourbonnais, Velay », Cahiers d'Histoire, 23, 1978, pp. 193–210 Google Scholar, ainsi que trois articles : « Une école des pauvres au début du xixe siècle : pieuses filles, béates ou soeurs des campagnes » de Gérard Cholvy, « Alphabétisation et scolarisation dans le Grand-Ouest au xixe siècle » de Gabriel Désert et « The Central Schools of the First French Republic : a Statistical Survey » de Robert R. Palmer. Ces trois articles se trouvent dans Donald Baker, N. et Harrigan, Patrick J. éds, The Making of Frenchmen : Current Directions in the History of Education in France, 1679-1979, Waterloo, 1980, pp. 135–141 Google Scholar, 143-205, 223-247. Les nombreux articles de C. R. Day montrent bien que les méthodes françaises n'étaient pas inférieures à celles en pratique en Allemagne et la force de l'enseignement scientifique en France est un thème qui revient dans le livre de Fox, Robert et Weisz, Georges éds, The Organization of Science and Technology in France, 1808-1914, Cambridge-Paris, 1980.Google Scholar
30. Les enquêtes effectuées en 1863 et en 1867 montrent qu'un enfant sur sept ne suivait même pas trois mois de classe en un an. Néanmoins, il s'agit en général d'écoliers plus âgés qui terminent leur scolarité. En 1867, la fréquentation moyenne porte sur 8,1 mois (8,5 mois si l'on exclut ceux qui suivent moins de trois mois d'école ; 14,5 % de tous les écoliers suivaient les cours pendant trois mois au moins, 75 % pendant plus de six mois, 63,5 % pendant plus de huit mois et 50 < 7o pendant dix ou onze mois). Archives Nationales, F 17/9 351 (1863) et l'Exposé (1867), p. 23 ss. L'État de 1864 et de 1869 mentionne les écoliers plus âgés qui terminent leurs études. La fréquentation des enfants inscrits dans des écoles privées était vraisemblablement plus élevée que pour les écoles publiques, mais il est possible que ce phénomène tienne au moindre nombre d'inscriptions dans les écoles privées. Les statistiques mensuelles détaillées de Y Exposé de 1867 quant au taux de fréquentation fait état des commentaires des inspecteurs qui remarquent que les écoles catholiques comptaient un pourcentage plus élevé d'inscriptions pour un mois ou deux (afin de préparer la première communion) et un pourcentage plus élevé d'inscriptions pour une année académique entière. Les Frères avaient la réputation d'exiger une véritable assiduité.
31. Gréard, Octave, L'Enseignement primaire à Paris de 1867 à 1877, Paris, 1878 Google Scholar, mentionne cette coutume ; Anderson, Education in France, pp. 33-34, en exagère peut-être l'importance. Sans se préoccuper des directives épiscopales, les enfants faisaient leur première communion à n'importe quel âge et les inspecteurs ont souvent remarqué que les adolescents quittaient l'école pour aller travailler.
32. Entre 1881-1882 et 1886-1887, on a enregistré un déclin du pourcentage d'écoliers du primaire tant parmi les moins de six ans (baisse de 7,6 °7o parmi les garçons et de 9,1 % parmi les filles) que parmi les plus de treize ans (5,9 % parmi les garçons et 3,3 % parmi les filles). Le nombre des écoliers pour les tranches d'âges supérieures ou inférieures à l'âge normal de scolarité s'établissait donc à environ 500 000 pour la catégorie des plus jeunes comme pour la catégorie des plus âgés ; voir l'introduction à la Statistique de l'enseignement, 1886-1887, pp. LXXXVI-LXXXVIII. Ces chiffres sont confirmés par de multiples rapports publiés antérieurement et dont ils sont sans doute inspirés : Rapport (1843), Exposé (1867), Annuaires (Résumé des états de la situation de l'enseignement primaire), 1878 ff. Il y avait environ 71 000 écoliers répartis dans la division pri- maire des écoles secondaires et 30 000 dans des écoles primaires supérieures en 1886. Les cours d'adultes qui, en 1846, comptaient 115 164 individus ont vu leurs effectifs grimper à 829 555 individus en 1866. Le rapport de 1843 confirme les statistiques de 1876 indiquant, pour cette période aussi, un déclin du nombre d'inscriptions d'enfants de moins de 6 ans et de plus de 13 ans.
33. Calculer le taux de fréquentation pour un jour donné fournit des résultats plus faibles, ce qui explique, en grande partie, la baisse enregistrée entre 1881 et 1886. L'inscription obligatoire et la sécularisation croissante d'un système où les écoles catholiques étaient plus fréquentées en été que ne l'étaient les écoles laïques constituent des facteurs supplémentaires, mais leur importance est moins significative. Cependant, il est intéressant de souligner qu'au début du siècle, une « année scolaire » de six mois n'avait rien de surprenant et que la fréquentation durant l'été ne constitue pas un indicateur de la fréquentation en général. Dans les années 1870, une année scolaire pouvait se répartir sur neuf mois aussi bien que sur onze. (Les rapports précisant pour combien de mois chaque école était ouverte se trouvent aux Archives Nationales, F 17/9 253 ff.) Sur ce point, l'historiographie n'est pas très claire car elle confond souvent la présence à l'école durant l'été et la fréquentation quotidienne ou même régulière. En 1876, le nombre de présents était moins élevé en octobre qu'en juin et le mois de janvier enregistrait le plus fort pourcentage d'élèves présents, Statistique de l'enseignement, 1876, I, p. 150. Aussi curieux que cela puisse paraître, une école anglaise pour laquelle nous connaissons les chiffres portant sur une période située quarante années avant l'époque qui nous intéresse (lorsque les inscriptions et la durée de l'instruction étaient moins conséquentes) montre que le taux de fréquentation en septembre était pire qu'en mai ou juin et que c'était en hiver qu'il était le plus élevé (mais pas en janvier toutefois), Meryl Medoc-Jones, « Patterns of Attendance and their Social Significance : Mitcham National School, 1830-39 », dans Me Cann, Popular Education, pp. 58-59.
34. Fréquentation durant l'été en pourcentage des inscriptions en hiver : Note : les chiffres entre parenthèses représentent le pourcentage de présents dans les écoles privées. Avant 1886, le seul chiffre indiqué inclut écoles publiques et privées. Ces chiffres sont légèrement plus élevés pour la période 1829-1876 que ceux indiqués dans l'introduction à la Statistique de l'enseignement, 1876, II, p.cl, (il est fort possible que ces chiffres proviennent d'un relevé effectué auprès des seules écoles privées), néanmoins, ils ont pour origine les tables données dans le même volume. Les corrélations entre la présence d'été et le nombre d'inscriptions en hiver sont les suivantes :
35. Le pourcentage d'élèves-filles est corrélé avec le pourcentage d'élèves inscrits en hiver qui suivent les cours d'été, mais seulement durant la périllode la plus tardive :
36. La corrélation entre le pourcentage de fréquentation en été et le niveau d'alphabétisation est la suivante : En établissant la régression entre la fréquentation en été en pourcentage de l'inscription et huit différents modes d'inscriptions et facteurs sociaux à trois dates différentes, nous obtenons toujours la corrélation (négative) la plus élevée pour l'inscription : -0,6 pour 1837, -0,41 pour 1850, -0,49 pour 1876. La régression multiple (qui combine la population urbaine, la proportion de filles et le nombre d'inscriptions dans les écoles catholiques avec les indicateurs de richesse et la proportion de la population employée dans l'agriculture, l'industrie et le commerce) n'ajoutent pas grand chose à l'indicateur majeur ; elle produit un R2 multiple de 0,74 en 1837, de 0,67 en 1850, 0,59 en 1876.
37. En 1837, il y avait 17 départements pour lesquels l'inscription touchait 90 % ou plus de leur population en âge scolaire ; deux d'entre eux, seulement, avaient un pourcentage de fréquentation en été de l'ordre de 50 % de leurs inscriptions totales et leur proportion (en dessous de 60 %) était proche de la moyenne nationale. En 1840, sur 26 départements qui comptaient plus de 80 % de leur population en âge scolaire inscrits, 3 seulement se situaient au-dessus de la moyenne nationale pour leur pourcentage de fréquentation en été. De 1840 à 1850, sur les 14 départements où l'augmentation du nombre d'inscriptions était la plus forte, 9 enregistraient une baisse de leur pourcentage de fréquentation en été (et dans les 4 départements où le pourcentage de fréquentation en été a augmenté, ce pourcentage a connu une croissance moins importante que pour la moyenne nationale). En 1876, sur les 26 départements qui comptaient moins de 100 % de leur population scolaire inscrits à l'école tous, sauf deux, enregistraient une fréquentation d'été d'un peu plus de 78 % par rapport au nombre d'inscriptions ; sur les 11 départements dont le pourcentage de scolarisés atteignait 125 % un seul enregistrait un pourcentage de présents en été de 75 % par rapport au nombre total d'inscrits.
38. Sous Duruy, les inspecteurs (généralement opposés à la suppression des frais d'inscription pour l'école primaire) estimaient que l'école était davantage suivie durant les moissons ou à la fin des cours (été) si l'on exigeait une redevance annuelle payable par versements échelonnés plutôt que des droits de scolarité au mois. Différents rapports laissent à penser que certains parents de famille nombreuse, parmi les plus défavorisés, commençaient parfois à envoyer leurs plus jeunes enfants après que l'année scolaire ait démarré et gardaient les plus vieux à la maison, Archives Nationales F 17/9 376. A maintes reprises, les inspecteurs ont également suggéré à Paris d'adapter les cours d'été ou les vacances en fonction des moissons. Ils mentionnèrent le succès remporté chaque fois que de pareilles expériences furent tentées localement, mais jamais ils ne réussirent à convaincre Paris. État (1864), 1,170,616, 811, 833,907 ; II, 47,264, 336,426, 770, 843. F 17/9 376 (1869). A la fin du dix-huitième siècle, les écoles prussiennes n'accordaient aucun congé et ne réduisaient guère les horaires d'été, mais elles durent changer d'attitude, La Vopa, Anthony J., Prussian School-Teachers : Profession and Office, 1763-1848, Chapel Hill, 1980, p. 12.Google Scholar
39. Archives Nationales, F 17/9 376 (résumé pour 1869) ; État (1864), I, pp. 817, 833, 907 ; II, pp. 41,336,426.
40. En 1850, les droits payés par les parents couvraient 71 % des dépenses courantes des écolesprimaires de France. En 1855, lorsque les dépenses se trouvèrent plus que doublées, les droits couvrirent 36 % du total des dépenses. Cette proportion s'éleva à 44 % dans les années soixante. En 1876, les droits couvraient 28 % des dépenses courantes (ou 23 Vo des dépenses courantes et exceptionnelles). Ces rentrées d'argent représentèrent une somme de 19 millions de francs en 1869, la plus grosse somme d'argent jamais réunie dans le domaine des droits de scolarité. De plus, les statistiques nationales ne comprennent pas les dépenses facultatives annexes engagées par les communes qui puisèrent dans leur trésorerie pour aider le système éducatif.
41. Pour une analyse de la tradition historique en matière d'instruction gratuite, voir Palmer, R.R., « Free Secondary Education in France before and after the Révolution », History of Education Quarterly, 14 (1975), pp. 437–452.CrossRefGoogle Scholar
42. Moins de la moitié des bourses octroyées étaient accordées aux filles, mais, statistiquement, l'inscription des écolières en était plus affectée. Les départements qui, en 1850, percevaient les droits les plus bas par écolier comprenaient les départements pauvres (tels que la Lozère, 0,9 et le Morbihan, 1,0), les départements urbanisés (Seine, 1,1 ; Loire, 1,3 ; Rhône, 1,5) et ceux pour lesquels l'instruction était la plus avancée (Haut-Rhin, 1,3 ; Meurthe, 1,5 ; Bas-Rhin, 1,5). Le revenu fourni par élève était le plus élevé dans les départements qui se situaient au niveau ou en dessous de la moyenne nationale d'inscriptions (Seine-et-Oise, 6,9 ; Charente, 6 ; Gers, 5,5), c'està- dire des départements où le système éducatif était moins développé. Un peu plus tôt au début du siècle, le nombre de bourses reflétait généralement le niveau de pauvreté locale.
43. La Corse, la Mayenne et le Tarn n'avaient toujours pas institué le certificat d'études en 1879. La Haute-Savoie demandait aux candidats d'avoir seulement onze ans. Certains départements fixaient une limite d'âge maximum, le plus souvent 15 ans ; néanmoins, cet âge pouvait se situer entre 12 et 17 ans.
44. Statistique de l'enseignement primaire, 1876, II, pp. CLI-CLII. Lorsque l'on classe tous les départements en fonction du nombre de certificats obtenus entre 1882 et 1907, trente d'entre eux enregistrent une variation inférieure à une fois l'écart-type et quarante-huit d'entre eux se situent entre une fois et deux fois l'écart-type. Les neuf départements dont le classement s'est modifié de façon spectaculaire sont ceux dont le nombre d'inscriptions était très élevé et qui avaient tardé à instituer le certificat.
45. Le nombre d'inscriptions en 1832 et le nombre d'écoles disponibles en 1821 constituent les meilleurs critères pour l'évaluation du nombre de certificats octroyés en 1886, mais si l'on considère l'un des éléments en y ajoutant le nombre d'élèves présentés en été 1876, on obtient les gains les plus importants. Cette dernière donnée n'apporte rien à l'analyse de régression :
46. Il existe aussi une corrélation intéressante entre les inscriptions par département et la part des richesses issues des ressources naturelles (alors que les corrélations avec les richesses produites par l'agriculture ou par l'industrie sont faibles). Cet élément reflète peut-être l'influence des villes portuaires (pêche), l'importance de l'instruction dans le Nord-Est (mines) et l'éducation dans certaines régions montagneuses (exploitation forestière). Cette corrélation (0,53 en 1863) décline au fur et à mesure que l'on approche de 1876 (0,44 en 1867, 0,3 en 1872, 0,28 en 1876) pour devenir insignifiante ensuite (la corrélation la plus forte étant de 0,16 en 1891).
47. Il est fort possible que les chiffres soient encore plus confus du fait qu'une grande part des régions de l'Ouest où l'instruction était moins développée était, selon les critères français, des régions relativement urbanisées. Nous avons retenu pour hypothèse que le nombre d'inscriptions devait être plus élevé dans les petites villes ; mais la corrélation entre le pourcentage de population par département, vivant dans les villes de 1000 à 10000 habitants, avec le nombre d'inscriptions et la scolarisation était significativement négative. Que faut-il comprendre ? Ce n'est pas clair. C'estpeut-être dû au fait que la population rurale, très importante dans la plupart des départements, était répartie encore plus irrégulièrement dans les départements où les agglomérations étaient nombreuses.
48. Au début du siècle, les départements ruraux dépensaient plus par élève parce qu'ils avaient davantage d'écoles et qu'elles étaient plus petites. Ensuite, l'augmentation des coûts par élève reflétèrent un souci de qualité accru. Voir aussi, Grew et Harrigan, « Availability… », art. cit.
49. Pour la période 1837-1850, les dépenses courantes étaient deux fois plus importantes au nord de la ligne, en 1872-1887, 1,6 fois plus importantes et pour les autres périodes, elles étaient de 1,7 à 1,9 fois plus importantes. Cependant, en 1833, les dépenses par élève, en dessous comme audessus de la ligne, étaient deux fois plus importantes ; pour la période 1837-1863, elles étaient un peu supérieures et par la suite, elles furent légèrement inférieures. La région située au nord de la ligne accordait généralement deux foix plus de bourses. La moyenne des inscriptions des garçons en âge scolaire était deux fois plus élevée dans le Nord, en 1833. Cet écart s'est réduit peu à peu par la suite jusqu'à disparaître en 1881. La moyenne des inscriptions des filles était trois fois plus élevée dans le Nord en 1837 ; pour les départements situés au-dessus de la ligne, l'écart se réduit et la moyenne n'est plus supérieure que de 10 %, de 1881 à 1901. En 1906, leur moyenne n'est plus supérieure à celle des autres départements que d'un peu moins de 5 %. La proportion d'enfants en âge scolaire qui suivaient les cours l'été était sensiblement plus élevée au nord de la ligne entre 1833-1863, ensuite elle augmenta légèrement.
50. Sutton, Keith, « Réclamation of Wasteland during the Eighteenth and Nineteenth Centuries », dans Clout, Hugh D. éd., Thèmes in the Historical Geography of France, New York, 1977, pp. 261 Google Scholar, 268-269, 279. Pour une discussion plus approfondie sur la signification de la ligne Saint-Malo-Genève (et son histoire), voir Grew et Harrigan, « Availability… », pp. 45-48.
51. Sur des périodes plus courtes, le classement des provinces donne un coefficient de corrélation de rang de Spearman très élevé (avec l'inscription) (r = 0,89, 1829-1837 ; 0,66, 1837-1876 ; mais de -0,18, 1829-1901 et de 0,27, 1837-1901). La manière dont les provinces ont été définies, les régions retenues et le calcul de regroupements par la méthode K-means est largement expliquée dans Grew et Harrigan, « Availability… », pp. 48-50. Sur la carte 1, quatorze départements seulement sont non contigus à au moins un autre dans leur octile.
52. La partie ouest apparaît sur des cartes de terres désolées et dans quelques sociétés agricoles du xixe siècle et dans l'absence relative d'usines sous l'Ancien Régime, Sutton, « Réclamation of Wasteland… », dans Clout, Historical Geography, p. 275 ; Hugh D.Clout, « Agricultural Change in the Eighteenth and Nineteenth Centuries », ibid., p. 417 ; Hugh D.Clout, « Industrial Development in the Eighteenth and Nineteenth Centuries », ibid., p. 460.
53. Ces affirmations sont fondées sur un exemple qui comprenait approximativement un tiers des départements. Pour établir cet exemple, on a noté la date à laquelle l'inscription et la fréquentation de l'école l'été atteignirent pour la première fois 10, 20, 30… 150 % de la population d'âge scolaire. Ensuite, on a calculé le temps qu'il fallait (et le nombre de données) pour obtenir un gain de 10 % et l'on s'est intéressé aux progressions de plus de 10 % entre n'importe quelle donnée. De ces résultats, on ne peut dégager qu'une impression ; car l'absence de données entre 1850 et 1863, période de forte croissance, crée un silence presque paralysant. Une croissance extrêmement rapide a été définie comme une croissance dont le taux approche de 3 % ou plus par an sur une période d'au moins cinq ans. Un taux aussi élevé, par exemple, ferait passer le nombre d'inscriptions de la population d'âge scolaire de 60 à 81 % en dix ans.
54. Grew et Harrigan, « Availability… ». Pour la période des inscriptions, nous avons utilisé l'analyse multivariée selon les méthodes SAS et K-means, avec pour objectif, un regroupement en 3, 4 ou 5 variables pour chaque département à chaque donnée (nous avons aussi utilisé ce type de calcul après avoir écarté les cinq départements les plus déviants). Chaque calcul produit des résultats légèrement différents. Si l'on utilise la méthode SAS, le résultat le plus pertinent porte sur quatre regroupements : 1829-1867, 1872-1876, 1881-1891, 1891-1906 (trois regroupements pourraient combiner les périodes : 1829-1850, 1863-1876, 1881-1906). Avec la méthode K-means, nous obtenons : 1829-1850, 1863-1876, 1881-1906.
55. L'analyse multivariée de la fréquentation en été plutôt que de l'inscription produit, de manière très nette, trois périodes : 1829-1850, 1876-1881, 1886-1906, et souligne combien les changements survenus dans les années 1860 ont fait l'effet d'une cassure.