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La prosopographie romaine : pertes et profits

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Jean Maurin*
Affiliation:
Université de Paris VIII

Extract

Les historiens d'autres périodes sont souvent déconcertés par les travaux des antiquisants. La rareté des sources, la pauvreté des documents dont ceux-ci disposent, l'extraordinaire déploiement d'érudition dont ils font usage pour établir de minces certitudes, la fréquence des questions qui restent, faute de moyens d'investigation, sans réponse, font que l'histoire ancienne paraît, vue de l'extérieur, plus souvent imitatrice qu'initiatrice, et qu'elle semble adapter à son champ de recherche des méthodes ou des formes d'étude qui ont fait leurs preuves ailleurs. Il est cependant un domaine, la prosopographie, où l'histoire romaine a, sinon servi de modèle, du moins présenté des réalisations qui ont ensuite été imitées pour d'autres périodes. C'est elle, à tout le moins, qui a donné ce nom à une forme d'invention et d'étude de documents. En quoi consiste cette démarche ? Pourquoi s'est-elle affirmée de la sorte dans ce domaine particulier de l'histoire romaine ?

Type
Nouvelles Archives
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1983

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References

Notes

1. On trouvera des analyses de la démarche prosopographique concernant l'histoire romaine dans les articles qui ont paru après le cinquième congrès de la Fédération Internationale d'Etudes classiques tenu à Bonn en septembre 1969 : Broughton, T. R. S.Senate and Senatorsofthe Roman Republic », Aufstieg und Niedergang der rômischen Well, Berlin, 1972. I, I, pp. 250265;Google Scholar Den Bœr, W., « Die prosopographische Méthode in der modernen Historiographie der hohen rômischen Kaiserzeit ». Mnemosyne, 22, 1969, pp. 268280;Google Scholar Cl. Nicolet, « Prosopographie et histoire sociale : Rome et l'Italie à l'époque républicaine », Annales ESC, 1970, pp. 1209-1228 ; A. Chastagnoi,. « La prosopographie, méthode de recherche sur l'histoire du Bas-Empire », Annales ESC., 1970. pp. 1229-1235; Pflaum, H.G., «Quelques réflexions sur l'interprétation prosopographique». Rlteinisehes Muséum. I 15. 1972, pp. 318321;Google Scholar Stone, L. « Prosopography », dans Gilbert, F. et Graubarr, S.R. Éds, Historical Studies Today, New York, 1972, pp. 107140;Google Scholar Carnky, T.F., « Prosopography : Payoffs and Pitfalls », Phœnix, 27, 1973, pp. 156179.Google Scholar En 1980, au xvc Congrès international des Sciences historiques de Bucarest, J. Maurin, pour la République romaine. A. Chastagnoi, pour l'Empire, et Ch. Piétri, pour le Christianisme antique, ont fait le bilan de dix années de recherches prosopographiques (1970-1980).

2. L'article « prosopographie » du Dictionnaire général des Lettres, des Beaux-Arts et des Sciences morales et politiques de Th. BachelET et Ch. Dezobry (Paris, 1862), donne cette définition • « En termes de Rhétorique, description des traits, de l'air, du maintien d'un homme ou d'un animal. La prosopographie du cheval par exemple a Été donnée dans le Livre de Job, dans les Géorgiques de Virgile, dans Buffon, etc. De nos jours, on a employé abusivement le mot prosopographie pour désigner la peinture de la vie et des caractères des personnages mentionnés ou mis en scène dans un auteur : ainsi Grœn van Prinsterer a publié la prosopographie de Platon (Leyde, 1823) et d'Estrée la prosopographie d'Horace (Amsterdam, 1 844). » La remarque de Mommsen, dans sa préface à la Prosopographia Imperii Romani (1896), est l'écho de cette discussion sur la propriété du terme : « Prosopographia heac cum appellavimus vocabulo non optimo sed recepto. » Cl. NicolET, op. cit., p. 1210, n. 3, relève un premier emploi du mot à la date de 1 743, dans les appendices de l'édition du code Théodosien par J. Godefroy.

3. L. Stone, op. cit., p. 135, n. 5.

4. Sur la biographie dans les sciences sociales, voir Ferrarotti, F., « Sur l'autonomie de la méthode biographique », dans Sociologie de la connaissance, Duvignaud, J. Éd., Paris, 1979.Google Scholar

5. A la bibliographie donnée par L. Stone, on peut ajouter comme Étude prosopographique d'histoire contemporaine, Léonard, J.. Les médecins de l'Ouest au xixee siècle, Paris, 1978;Google Scholarsurleplan méthodologique, voir l'avant-propos de Bergeron, L. et Chaussinand-Norgaret, G. dans Grands notables du premier Empire, Bergeron, L. Éd., Paris, 1978 Google Scholar, 7 volumes parus. Bergeron, L. Chaussinand-Nogaret, G., Les « masses de granit ». Cent mille notables du premier Empire, Paris, 1979 Google Scholar, pour un traitement quantitatif des données prosopographiques. Voir Également, pour le Moyen Age, Informatique et histoire médiévale, Rome, 1977, où se trouvent rassemblées d'importantes contributions sur la prosopographie médiévale, et les discussions méthodologiques, en particulier K.F. Werner. « Problèmes de l'exploitation des documents textuels concernant les noms et les personnes du monde latin », pp. 205-212 ;J. GLéNisson," Prosopographie et informatique», pp. 227-229 ; J. Ph. GENÊT, « Histoire sociale et ordinateur», pp. 231-237 ; F. Autrand, « Le personnel du Parlement de Paris. Traitement automatique d'une prosopographie en vue d'une Étude sociale », pp. 239-243. Voir aussi, Millet, H., « La composition du chapitre Cathédral de Laon au xive siècle. Résultats d'une analyse factorielle », Annales ESC, 1. 1981, pp. I 17138.Google Scholar

6. Sur le census, voir Nicolet, Cl., Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris, 1976, pp. 71121.Google Scholar

7. Cf. Pflaum, H.G., « Quelques réflexions sur l'interprétation prosopographique », Rheinisches Muséum, 115, 1972, pp. 318321;Google Scholar” Ce qui nous intéresse c'est de saisir sur le vif la mobilité sociale, … mieux comprendre la stratification d'une société si fortement hiérarchisée… ILne s'agit pas de remplir une case de puzzle avec le nom d'un sénateur ou d'un chevalier romain. Nous voulons savoir pourquoi à un moment donné le gouvernement impérial a nommé ce fonctionnaire et pas un autre au poste en question. »

8. Cf. Mommsen, préface à la première Édition de la Prosopographia imperii romani, où il remarque que la République est « satis cognita et illustria ».

9. Geizer, M., Die Nobilitàt der rômischen Republik, Leipzig, 1912.Google Scholar Voir l'introduction de R. Seager dans la traduction anglaise, Gelzer, M., The Roman Nobility, Oxford, 1969.Google Scholar

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11. Sur l'historiographie de cette période, voir l'étude de L. Canfora, Idéologie del Classicismo, Turin, 1980, particulièrement le chapitre « Dalle analisi dello Stato all'analisi délia classe dirigente. “ Prospografia “ e “ teoria délie Élites “ », pp. 214-242.

12. L. Stone, op. cit., pp. 111-118.

13. A. MomiglIano a décrit l'atmosphère intellectuelle dans laquelle le livre a paru, dans sa préface à la traduction italienne: Terzo contributo alla storia degli studi classici, Rome, 1966, pp. 729-737. A compléter par les remarques de L. Canfora, op. cit., pp. 232-235.

14. L. Canfora, « Storia romana e “ teoria délie Élites “ », Quaderni di storia, 1975, pp. 159-164, particulièrement p. 162. Sur l'absence de prise en compte des « obscure people », voir le compte rendu de l'ouvrage de Syme par Momigliano, A., Journal of Roman Sludies, 30, 1940, pp. 7580.CrossRefGoogle Scholar

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23. Le prototype en est la Prosopographia Imperii Romani, Berlin, 1893, dont la première Édition a Été assurée par E. Klebs, H. Dessau, P. VON Rohden. La seconde Édition, en cours de publication, a Été commencée par E. Groag et A. Stein dès 1933. Pour le Bas Empire on dispose maintenant d'une Prosopography ofthe Later Roman Empire de A.H.M. Jones, J. MartindalE et J. Morris, 1977-1981. Une prosopographie chrétienne par provinces géographiques est en cours de publication : Mandouze, A., Prosopographie de l'Afrique chrétienne (303-533), Paris, CNRS, 1982.Google Scholar

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34. L. Stone, op. cit., pp. I 18-126.

35. J'emprunte ce terme qui me semble très bien caractériser les notices prosopographiques à Gfnet, J. Ph., « Histoire sociale et ordinateur », dans Informatique et histoire médiévale, Rome, 1977, p. 232.Google Scholar

36. Cf. Nicolet, Cl., « L'onomastique des groupes dirigeants sous la République », dans L'onomastique latine, Paris, Cnrs, 1977, pp. 4561.Google Scholar

37. Cf. C. et Wikander, O., « Republican Prosopography : some reconsiderations », Opuscula Romana, 12, 1979, pp. 112.Google Scholar

38. Cf. Meier, Ch., Res publica amissa, Wiesbaden, 1966.Google Scholar