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La Jamaïque espagnole

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Nous avons déjà eu l'occasion de signaler la publication de plusieurs ouvrages de VÉcole des Études hispano-américaines de Séville3: au total, plus de soixante volumes parus en moins de dix ans et qui portent témoi gnage sur la valeur et la puissance de la contribution espagnole à l'historiographie hispano-américaine. Le livre de Francisco Morales Padrón sur la Jamaïque espagnole (1494-1660) est représentatif de cet immense labeur. Autre mérite : il nous offre la première étude, jusqu'à ce jour, sur la domination espagnole dans la grande île.

La Jamaïque, avec Saint-Domingue, fut la plus ancienne des possessions espagnoles d'Amérique. La présente étude est la bienvenue qui couvre près de deux siècles des destins de la grande île, de la découverte en 1494 à ce 20 mai 1655, date du débarquement anglais, au 9 mai 1660 qui est la fin de la résistance espagnole, à cette année 1670 enfin, où le traité de Madrid reconnaît le fait accompli.

Type
Notes Critiques
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1954

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References

page 241 note 1 C'est sur ce terrain que les divergences se sont le plus accusées au cours du colloque : j'allais écrire « naturellement ». — M. Koyré, à diverses reprises, a renforcé de son autorité la thèse de Lucien Febvre dans son Problème de l'Incroyance sur la différence de notre mentalité de visuels et la mentalité d'auditifs des hommes du xvie siècle : « gens qui n'éprouvaient pas le besoin de lire un livre pour savoir ce qu'il y avait dedans, lorsqu'ils pouvaient l'apprendre de la bouche de quelqu'un qui l'avait lu » (p. 239). Or, « on bavardait beaucoup à Florence ». — Ceci, pour répondre a la question posée par Duhem : « Léonard, ceux qu'il a lus » —- mais les a-t-il lus? — Excellentes indications, à ce sujet, du même A. KoyrÉ (p. 240) : « Les ateliers d'un Ghirlandajo, d'un Brunelleschi, d'un Verrochio étaient en même temps des écoles où l'on apprenait beaucoup de choses…, et notamment du calcul, de la perspective, de la géométrie, l'art de tailler les pierres et de couler le bronze, l'art de lever un plan et de fortifier une ville, l'art de construire des voûtes et de creuser des canaux…. Ce n'était donc pas des ignorants, ces hommes sans lettres qui sortaient de ces grands ateliers…. » Tout ce bilan dressé par A. Koyré doit être lu attentivement, ligne par ligne. Il est plein de constatations neuves, de rapprochements et de suggestions.

page 241 note 2 Notons au hasard : sur Léonard de Vinci ingénieur, la savante présentation de G. Sartou, et les remarques si éclairantes d'A. Koyré (p. 243) ; — sur Léonard et Archimède, la communication de M. Johnston, les remarques (43-44) de G. de Santillana, celles de M. Sergescu (75) ; — sur le problème de la pluralité des mondes, P.-H. Michel ; — sur Léonard « et ceux qu'il n'a pas lus », où se trouve reprise et rejetée la thèse de Duhem qui supposait un Léonard grand lecteur ; — G. de Santillana sur Léonard et la perspective ; — la communication si riche comme toujours de P. Francastel ; — sur son platonisme, G. de Santillana (p. 43-45) ; — sur son goût de la mathématique, P. Sergescu ; — sur ses concepts mécaniques (Dugas) et ses essais de machine volante ; — sur son optique (V. Ronchi) ; — sur les instruments d'observation dont il pouvait disposer (Daumes) ; — sur ses notions de chimie (S. Taylor) ; — sa « théorie corpusculaire (Hooykaas) ; — sa biologie et son anatomie (Bodenheim et Belt) ; — ses rapports avec la pensée de Nicolas de Cues et de Copernic (Klibansky). — On ne trouvera dans ce beau recueil que des études sérieuses, approfondies et critiques, sans le moindre romantisme effervescent, du type proies sine matre.

page 241 note 3 Notes et comptes rendus dispersés depuis 1949 dans les Annales et la Revue Historique. Plusieurs ouvrages de grande qualité : Schafer, E., El Consejo Real y Supremo de las Indias (Sevilla, 1935 et 1947, 2 vol. in-4°);Google Scholar Lehmann Villena, G., Las Minas de Huancavelica en los siglos XVI y XVII (Sevilla, 1949, in-8°).Google Scholar

page 242 note 1 D'une valeur naturellement inégale, ces ouvrages ont toujours le mérite de puiser aux bonnes sources, à Séville, à portée de la main. Ils représentent, ne serait-ce que par la qualité des documents mis en oeuvre et publiés, une contribution de première importance qu'il serait dangereux d'ignorer. Ouvrages peu connus en France, ne figurant pas dans nos grandes bibliothèques.

page 242 note 2 Francisco Morales Padrôn, Jamaica espanola. Prologo de D. Vicente Rodriguez Casado. Publicaciones de la Escuela de Estudios hispano-americanos de Sevilla, 2e Série, n. 67, Seville, 1952, xxxii-498 p. in-8°. Planches et cartes dans le texte et hors texte.

page 242 note 3 Son existence est connue de Colomb dès le 6 janv. 1493, et elle est effectivement découverte, le 6 mai 1494 par Christophe Colomb, lors de son second voyage.

page 242 note 4 Il répartit une riche matière dans les neuf chapitres d'un plan plus méthodique que logique : La découverte, et l'arrivée des premiers colons, le contact dramatique de deux mondes, (chap. I, El Almirante y Jamaica ; chap. 2, Geografia espanola en la Isla, p. 3-84). Les bases juridiques de l'organisation administrative de l'île (chap. 3, Bases de la organizacion, p. 85-114) ; le fonctionnement de cette administration (chap. 4, Gobernadores espaAoles, p. 115-152) ; histoire ecclésiastique, finances et défense (chap. 5, La Abadia de Jamaica) ; chap. 6, La Hacienda y la Guerra, p. 153-256) ; histoire sociale et économique (chap. 7, Hombres y economia, p. 257-311) ; la perte de l'île et le passage de l'administration espagnole à l'administration anglaise (chap. 8, El Western Design ; chap. 9, Cambio de Soverania, p. 313-406) ; en appendice, des documents bien choisis et remarquablement transcrits (p. 409-411), trois excellentes descri surtout (p. 409-433), bibliographie, deux index, onomastique et toponymique

page 243 note 1 Ses 10 904 kma la placent au troisième rang des Grandes Antilles, loin derrière Cuba et Saint-Domingue, mais un peu avant Puerto Rico. Une charpente montagneuse marquée de volcanisme (le Blue Mountain Peak culmine à 2 240 m.), flanquée de tables calcaires profondément attaquées par l'érosion, et qui profilent sur leurs bords d'altières falaises. Un sol riche, parmi les plus riches, il faudrait mieux dire, parmi les moins pauvres des sols tropicaux.

page 243 note 2 Nous établirons ce point plus en détail dans notre travail en voie d'achèvement, Séville et VAtlantique, 1504-1650, les 7 premiers volumes, 3 600 p., gr. in-8°, sous-presse. La Jamaïque est à l'écart des flottes à de rares exceptions près : en 1630 par exemple, l'Armada y flota de Nouvelle-Espagne touche la Jamaïque, le 12 septembre, dans son voyage d'aller (A. G. I., Gontratacion 3032, Echazarreta à Casa de la Contratacion, sans date).

page 244 note 1 Voir tout récemment encore Chevalier, François, La Formation des grands domaines au Mexique (Paris, Institut d'ethnologie, in-4°, xxvii-480 p.Google Scholar, 15 pi., cartes hors texte). Francisco Morales n'a pu avoir connaissance de cet ouvrage paru en même temps.

page 245 note 1 Cf. à ce propos, bien que non utilisé, Jayme Vicens Vives, F. M. P., Précédentes médite raneos del virreinalo colombino [Anuario de Estudios Americanos, t. V, 1948, p. 571614 Google Scholar).

page 245 note 2 Santo Domingo, A. G. I., Legajo 177 (cité p. 284).Google Scholar

page 245 note 3 Haring, C. H., The Bucaners in West Indies in the XVII Century (London, 1910).Google Scholar

page 246 note 1 Nous pensons, quant à nous, que l'Amérique espagnole produisait aussi du gingembre.

page 246 note 2 Nous mettons volontiers, quant à nous, cette tentative qui dépasse singulièrement, il convient de le souligner, le cadre de la Jamaïque, en relation avec le désir de se passer du poivre portugais devenu hollandais, et payable en argent. Nous renvoyons sur ce point à la Correspondance de la Casa de la Contratacion.

page 246 note 3 Obnubilé un peu par les rapports hispano-anglais, Morales en arrive à oublier les Hollandais. Ils avaient su saisir pourtant aussi l'importance stratégique de la Jamaïque. Dès 1629, Seville s'inquiète des projets hollandais à l'égard des points vulnérables des Indes. Elle souligne d'après un mémoire des Rebeldes intercepté par les Espagnols, l'importance que les Hollandais attribuent à la Jamaïque, en vue d'une offensive éventuelle aux Indes : pour tenir Cartagena et Porto Belo, il suffit, en effet, de verrouiller les îles de Barlovent, et pour verrouiller les îles de Barlovent, il suffit de tenir la Jamaïque. ﹛Caria del Secretario Pedro de San Juan escrila a Don Juan de Ubeda desde Bruselas, con fecha de 21 de diciembre de 1629, Museo Naval, Madrid, Colec. Fern. Navarrete, XX, doc. 81, f. 350 ; cf. également A. G. I., Indiferente General, 2665, déc. 1629, mémoire des rebelles remis à Madrid.) En 1635, Juan de Palafox, dans un mémoire à propos d'un nouveau projet d'armada de Barlovent, souligne mieux encore cette importance stratégique de la Jamaïque (A. G. I., Indiferente General, 1536, 16 mars 1635, Don Juan de Palafox al Conde de Castrillo).

page 247 note 1 La bibliographie de langue espagnole est exhaustive, semble-t-il, mais la connaissance de Earl Jefferson Hamilton (American Treasure and Price Révolution in Spain) eût été utile. On aurait pu puiser la bibliographie anglaise à meilleure source. Remarquons également dans un autre domaine que les armadas et flotas ont un itinéraire moins rigide que Francisco Morales ne le pense, sur la toi d'excellentes autorités et leur trop fidèle reflet, Clarence H. Haring (Trade and Navigation belween Spain and Indies) consulté ici dans sa traduction espagnole (Mexico, 1939)