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La cité et son territoire dans la province d’Achaïe et la notion de « Grèce romaine »
Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Résumé
On considère souvent que le passage de la péninsule balkanique sous la domination romaine a transformé les cités grecques indépendantes en simples districts administratifs d’une province désormais unifiée et qu’il s’est accompagné d’une mutation dans les modes d’occupation et d’exploitation des campagnes. Il est en réalité nécessaire de réexaminer l’histoire du monde rural en s’interrogeant sur les fondements chronologiques des prospections archéologiques, et il est également possible de montrer la pérennité de la cité jusque sous l’Empire. C’est la notion même de « Grèce romaine », considérée à la fois comme un continuum spatial et une unité chronologique allant de 200 avant J.-C. à 200 après J.-C., qui est ainsi mise en question.
It is often considered that when the Balkanic peninsula came to be under Roman dominion, autonomous Greek city states were turned into mere administrative districts of a unified province from now on, and that a change of settlement and land-use patterns occurred. It is a matter of fact necessary to reexamine the countryside's history by questioning the chronological foundations of the archaeological surveys. Moreover, it is possible as well to pinpoint the city's pereniality even as far as the Empire's period. It is the very notion of “Roman Greece”, regarded at the same time as a spatial continuum and as a chronological unity lasting from 200 BC to 200 AD, which is thus challenged.
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- La Révolution et le credit
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2004
References
Cet article doit beaucoup aux travaux de l’équipe « Institutions des cités grecques de la basse époque hellénistique aux débuts du Principat : permanences et ruptures » (UMR 8585 du CNRS), ainsi qu’aux remarques de Jean Andreau, Michèle Brunet, Jean- Louis Ferrary, Philippe Gauthier et Jean-Pierre Vallat.
1- De Polignac, François, La naissance de la cité grecque, Paris, La Découverte, [1984] 1995.Google Scholar
2- E. Alcock, Susan, Graecia capta. The landscapes of Roman Greece, Cambridge, Cambridge University Press, 1993.Google Scholar Parmi les comptes rendus favorables, voir notamment ceux deDAVID J. Mattingly dans Antiquity, 68, 1994, pp. 162-165 (” A benchmark study »), de Gregwoolf, , Journal of Roman archaeology, 7, 1994, pp. 417–420 Google Scholar (” A modelof how future research on the other Roman provinces should be conducted »), et de Onno M. Van nijf, Mnemosyne, 49, 1996, pp. 114-118 (” This study […] may serve as a model for the study of Roman rule in other provinces. »)
3- Voir par exemple ÉTienne, Roland, Müller, Christel et Prost, Francis, Archéologie historique de la Grèce antique, Paris, Ellipses, 2000, pp. 308–309,Google Scholar où Graecia captaest présenté comme renouvelant « totalement l’approche traditionnelle » de la « Grèce romaine », entre autres par l’application de « la problématique de l’impérialisme […] aux documents archéologiques ». Cf. aussi Strauch, Daniel, Römische Politik und griechische Tradition. Die Umgestaltung Nordwest-Griechenlands unter römischer Herrschaft, Munich, Tuduv, 1996.Google Scholar
4- Denis Rousset, « Centre urbain, frontière et espace rural dans les cités de Grèce centrale », in Brunet, M. (éd.), Territoires des cités grecques, Paris, De Boccard, « Bulletin de correspondance hellénique [BCH], Suppl.-34», 1999, pp. 35–77,Google Scholar ici p. 72, n. 204.
5- M. Snodgrass, Anthony, « La prospection archéologique en Grèce et dans le monde méditerranéen», Annales ESC, 37-5/6, 1982, pp. 800–812,Google Scholar ici p. 810.
6- Cf. Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 9, 34 Google Scholar et 217. L’auteur renvoie notamment à Bintliff, John (éd.), The Annales school and archaeology, New York, New York University Press, 1991.Google Scholar
7- C’est à la même aire géographique qu’appartiennent toutes les études régionales invoquées dans le présent article.
8- Cf. Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. I, XVIII, 3, 6, 8-9, 95, 218.Google Scholar
9- « The rural landscape », pp. 33-92.
10- On doit en effet laisser de côté les minces indications de prospections menées en Eubée ou en Arcadie orientale, qui portent avant tout sur la période préhistorique, les rares renseignements sur le territoire de Khostia, ou encore les résultats d’une enquête menée à Leucade et Céphallénie, qui ne vont en réalité pas au-delà de l’époque clasique, comme S. Alcock le soulignait elle-même (pp. 39, 46 et 48).
11- Á la suite des nombreux articles où ont été reproduites et interprétées les cartes de répartition des sites de la Béotie méridionale, on attend la publication détaillée qui permettra de vérifier les résultats fondant ces présentations, annoncée sous le titre « The Boeotia project ».
12- Pour les régions de Skourta et de Némée, on ne dispose encore que de rapports préliminaires. La même évolution chronologique apparaît dans l’occupation rurale d’une partie du territoire d’Oropos telle qu’elle a été retracée par B. Cosmopoulos, Michael, The rural history of the ancient Greek city-states. The Oropos survey project, Oxford, Archaeopress, 2001, pp. 59–61 et 76-79.Google Scholar
13- Cf. F. Cherry, John, Davis, Jack et Mantzourani, Eleni, Landscape archaeology as long-term history. Northern Keos in the Cycladic islands, Los Angeles, University of California Press, 1991, pp. 327–347 Google Scholar; pour la disparition de la cité que l’on déduit des sources écrites, voir notamment pp. 240-241 et 280 ; pour la raréfaction des traces archéologiques liée à la diminution de la population et à la perte d’indépendance politique, cf. pp. 338, 340 (” After the polislost its independence, the link between its center and the countryside was broken »), 342, 343, 345, 346, 466 et 469.
14- Cf. Wells, Berit et Runnels, Curtis (éds), The Berbati-Limnes archaeological survey, 1988-1990, Stockholm, Paul Åströms Förlag, 1996, pp. 229, 271-272, 279, 281, 336-337 et 341.Google Scholar
15- Voir Lohmann, Hans, Atene. Forschungen zur Siedlungs- und Wirtschaftsstruktur des klassischen Attika, Cologne, Böhlau Verlag, 1993, vol. 1, pp. 248–254 et 293-295.Google Scholar L’auteur ne manquait pas de signaler les incertitudes dans la datation de la céramique (pp. 37-38).
16- H. Jameson, Michael, N. Runnels, Curtis et H. Van Andel, Tjeerd, A Greek countryside. The Southern Argolid from Prehistory to the present day, Stanford, Stanford University Press, 1994, pp. 229, 239-241, 253, 383-385, 392-400 et 553.Google Scholar Les résultats présentés dans ce volume de synthèse diffèrent légèrement de ceux dont disposait S. Alcock. Les découvertes archéologiques qui permettent de définir la phase 350-250 avant J.-C., dite « Late Classical/Early Hellenistic » (pp. 383 et 419), n’ont pas encore été publiées.
17- Mee, Christopher et Forbes, Hamish (éds), A rough and rocky place. The landscape and settlement history of the Methana peninsula, Greece, Liverpool, Liverpool University Press, 1997, pp. 67, 69, 72, 75, 77-78 et 81.Google Scholar Les auteurs distinguent principalement trois périodes : la période hellénistique (323-100 avant J.-C.), la période «Early Roman »(100 BC-100 AD) et la période « Middle Roman » (AD 100-300), tout en notant aupassage la difficulté à distinguer la céramique de la deuxième période de celle de latroisième (p. 77) et la part importante des tessons dont la date est incertaine (p. 84 etp. 91, n. 1).
18- Voir le rapport préliminaire de Jeannette FORSÉN et alii, « The Asea valley survey », Opuscula Atheniensia, 21, 1996, pp. 73-97, ici pp. 91-92.
19- Voir William Cavanagh et alii, Continuity and change in a Greek rural landscape. The Laconia survey, I, Methodology and interpretation, Londres, British School at Athens, 2002 (pp. 157, 175, 184, 224-225, 274, 288, 310-312, 322-329 et 334-337), et II, Archaeological data, 1996. Cette étude souligne combien il est difficile de dater les céramiques hellénistiques et impériales et de distinguer entre les deux périodes (I, pp. 269-270, et II, pp. 91,109, 111 et 122).
20- Pour la région de Pylos, voir JACK L. DAVIS et alii, « The Pylos regional archaeological project: Part I », Hesperia, 66, 1997, pp. 391-494, ici pp. 456-457 et 483 ; JACK L. DAVIS (éd.), Sandy Pylos: an archaeological history from Nestor to Navarino, Austin, University of Texas Press, 1998, pp. 160, 162, 183, 191 et 301.
21- D. Rizakis, Athanassios (éd.), Paysages d’Achaïe,I, Le bassin du Peiros et son territoire, Athènes, De Boccard, 1992, pp. 68–71 Google Scholar;MICHALIS PETROPOULOS et ATHANASSIOS D. RIZAKIS, « Settlement patterns and landscape in the coastal area of Patras. Preliminary report », Journal of Roman archaeology, 7, 1994, pp. 183-207, ici pp. 190-192 et 198-199. On notera cependant qu’une évolution différente est indiquée par K. B. PAPAGIANNOPOULOS et G. A. ZACHOS, « Entatiki epiphaneiaki erevna sti dytiki Achaia: mia alli proseggisi », inA. D. RIZAKIS (éd.), Paysages d’Achaïe, II, Dymè et son territoire, Athènes, De Boccard, 2000, pp. 139-153, ici p. 145.
22- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 48 et 237Google Scholar (n. 21). Depuis, SEBASTIAAN BOMMELJÉ et JOANITA VROOM, « “Deserted and untilled lands”: Aetolia in Roman times », Pharos, 3, 1995, pp. 67-130, ont confirmé la densité de sites occupés à l’époque hellénistique, qui sont pour la plupart ensuite abandonnés ; rappelant la difficulté à dater la céramique, ils placent la césure entre l’époque hellénistique et l’époque romaine au début du Ier siècle avant J.-C. (pp. 69 et 82).
23- Cherry, J. F., Davis, J. et Mantzourani, E., Landscape archaeology as long-term history…, op. cit., p. 329.Google Scholar Pour des observations comparables à propos d’autres prospections, cf. supra, nn. 15, 17 et 19.
24- Ce point a été relevé par S. E. ALCOCK, Graecia capta…, op. cit., pp. 49 et 237, n. 24, citant plusieurs des cas rappelés ici. Voir aussi C. MEE et H. FORBES (éds), A rough and rocky place…, op. cit., et GEORGE JR. RAPP et STANLEY E. ASCHENBRENNER (éds), Excavations at Nichoria in South-West Greece, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1978, vol. I, pp. 95-97.
25- Ainsi, à Kéos, les découvertes si difficiles à dater même approximativement ont été en définitive interprétées à la lumière de la disparition de la cité de Koressos au IIe siècle avant J.-C. (cf. J. F. CHERRY, J.DAVIS et E. MANTZOURANI, Landscape archaeology as longterm history…, op. cit.). L’histoire politique et économique générale ou locale joue un rôle analogue dans la publication de la prospection de Méthana : C. MEE et H. FORBES (éds), A rough and rocky place…, op. cit., pp. 73-75 et 78-82.
26- Je résume le début des pp. 217-220 de Graecia capta, intitulées « Traditional and alternative chronologies » : «La période classique et le début de l’époque hellénistique (jusque environ 200 avant J.-C.) forment assurément un ensemble, de même que la fin de l’époque hellénistique et le Haut-Empire, tandis que l’époque romaine tardive apparaît à son tour comme totalement différente » (p. 218) ; « Un tel cadre est déterminé par des facteurs économiques et sociaux oeuvrant en profondeur, au niveau de ce que les tenants de l’école des Annalesappellent “conjoncture” ” (p. 217).
27- Jakob Aall Ottesen Larsen, « Roman Greece », in Frank, T. (éd.), Economic survey of ancient Rome, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, vol. IV, 1938, pp. 259–498.Google Scholar
28- Osborne, Robin, Classical landscape with figures, Londres, George Philip, 1987, pp. 193–196.Google Scholar Si la périodisation de Graecia capta rappelle celle de R. Osborne, soulignons dès à présent que S. Alcock s’écarte de celui-ci sur l’évolution des rapports entre ville et campagne et sur l’idée d’une campagne « indépendante ».
29- Ainsi, on trouve POLYBE, XXXVI 17, 5-8, allégué dans la publication de la prospection de l’Argolide méridionale (M. H. JAMESON, C.N. RUNNELS et T. H. VAN ANDEL, A Greek countryside…, op. cit., pp. 96 et 102), comme déjà à propos de la Béotie par JOHN BINTLIFF et ANTHONY M. SNODGRASS, « The Cambridge Bradford Boeotian expedition: the first four years », Journal of field archaeology, 12, 1985, pp. 123-161, ici pp. 145-146. La disparition de la cité à l’époque hellénistique est rappelée par J. BINTLIFF, « Pattern and process in the city landscapes of Boeotia from geometric to late Roman times », inM. BRUNET (éd.), Territoires des cités grecques, op. cit., pp. 15-33, ici p. 28 ; cf. aussi supra, n. 13.
30- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 48 et 56.Google Scholar
31- Voir en ce sens GRAHAM SHIPLEY, The Greek world after Alexander, 323-30 BC, Londres, Routledge, 2000, pp. 29-31, et ID., « Hidden landscapes: Greek field survey data and Hellenistic history », inD. OGDEN (éd.), The Hellenistic world: new perspectives, Londres, Duckworth, 2002, pp. 177-198. Pour une région à laquelle le présent bilancritique ne fait que toucher, les archipels de l’Égée, voir le tableau nuancé de l’évolution économique et de ses causes entre le IIIe siècle et l’Empire dans Brun, Patrice, Les archipels égéens dans l’Antiquité grecque (Ve-II e siècles avant notre ère), Paris, Les Belles Lettres, 1996, pp. 18–25.CrossRefGoogle Scholar
32- Bintliff, John, « Regional survey, demography, and the rise of complex societies in the ancient Aegean: core-periphery, neo-Malthusian, and other interpretative models», Journal of field archaeology, 24, 1997, pp. 1–38.Google Scholar
33- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 58–63.Google Scholar
34- Ibid., pp. 57-58.
35- Ibid., p. 73.
36- Sur les Rhomaioi enkektemenoi, cf. SOPHIA ZOUMBAKI, « Die Niederlassung römischer Geschäftsleute in der Peloponnes », Tekmèria, 4, 1998-1999, pp. 112-176, ici pp. 149-151.
37- Au sujet des Rhomaioiétablis dans les cités d’Orient, voir RAINER BERNHARDT, Polis und römische Herrschaft in der späten Republik (149-31 v. Chr.), Berlin, W. de Gruyter, 1985, pp. 262-265, ainsi que Rom und die Städte des hellenistischen Ostens (3.-1. Jahrhundert v. Chr.), Literaturbericht 1965-1995, Munich, R. Oldenbourg Verlag, 1998, pp. 77-78. Pour Athènes et la Béotie, voir CHRISTIAN HABICHT, Athènes hellénistique, Paris, Les Belles Lettres, 2000, pp. 376-384, SIMONE FOLLET, « Les Italiens à Athènes (IIe siècle avant J.-C.-Ier siècle après J.-C.) », inC. MU¨ LLER et C. HASENOHR (éds), Les Italiens dans le monde grec, II e siècle avant J.-C.-I er siècle après J.-C., Paris, De Boccard, 2002, pp. 79-88, et CHRISTEL MU¨ LLER, « Les Italiens en Béotie du IIe siècle avant J.-C. au Ier siècle après J.-C. », in ibid., pp. 89-100.
38- Sur les tours et maisons à tour généralement datées des époques classique et hellénistique, voir D. ROUSSET, « Centre urbain, frontière et espace rural… », art. cit., pp. 59- 67. Sur les villae, voir aussi le livre de D. STRAUCH, Römische Politik…, op. cit., pp. 113- 124, 237-238 et 252.
39- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 87–88 Google Scholar. Ce schéma appliqué à la Grèce ne se rapproche-t-il pas du développement de l’élevage et de la transhumance en Italie à la faveur de la conquête romaine ?
40- Ibid., pp. 91-92 : « Roman imperialism in the rural landscape », ce qui était déjà le titre d’un article de Susan Alcock publié dans Journal of Roman archaeology, 2, 1989, pp. 5-34 ; cf. aussi ID., « The Roman territory of Greek cities », inM. BRUNET (éd.), Territoire des cités grecques, op. cit., pp. 167-173.
41- « The civic landscape », pp. 93-128 ; « The provincial landscape », pp. 129-171.
42- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 132–145.Google Scholar Sur ces sujets, voir Athanase D. Rizakis, « Les colonies romaines des côtes occidentales grecques. Populations et territoires », Dialogues d’histoire ancienne, 22, 1996, pp. 255-324 ; D. STRAUCH, Römische Politik…, op. cit., ainsi que JOHANNES BERGEMANN, Die römische Kolonie von Butrint und die Romanisierung Griechenlands, Munich, Verlag F. Pfeil, 1998. Sur les cadastrations, PANAGIOTIS N. DOUKELLIS, « Pour une approche des cadastres romains en Grèce : remarques rétrospectives », inK. ASCANI et alii(éds), Ancient history matters. Studies presented to J. E. Skydsgaard on his seventieth birthday, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2002, pp. 101-116, ici pp. 102-106.
43- Alcock, Cf.S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 141–144.Google Scholar Il en va de même de l’intervention d’Auguste sur la frontière entre la Laconie et la Messénie au détriment des Messéniens partisans d’Antoine, que l’on peut également alléguer comme sanction territoriale « qui déstructure une zone ethniquement et culturellement sensible » (je cite Christian Le Roy analysant les passages de Pausanias à ce sujet dans « Pausanias et la Laconie ou la recherche d’un équilibre », inD. Knoepfler et M. PIÉRART (éds), Éditer, traduire, commenter Pausanias en l’an 2000, Genève, Droz, 2001, pp. 223-237, ici p. 236).
44- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 132 et 144-145.Google Scholar
45- Le développement de l’habitat groupé en ville est révélé par les prospections de Phlious et de Kéos, mais non point par celle de Thespies, comme le relevait S. Alcock (ibid., p. 97). Pour Méthana, elle indiquait, d’après des rapports provisoires, une extension du site de la ville, qui paraît au contraire avoir diminué d’après C.Mee et H. Forbes (éds), A rough and rocky place…, op. cit., pp. 72-73 et 77-78.
46- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 150–151.Google Scholar
47- Ibid., pp. 19-24 et 223. Pour la chronologie de l’imposition du tribut à la Grèce, voir Kallet-Marx, Robert Morstein, Hegemony to Empire. The development of the Roman imperium in the East from 148 to 62 B.C., Berkeley, University of California Press, 1995, pp. 59–65,Google Scholar selon lequel la Grèce serait devenue tributaire, non pas après 146, mais après la première guerre mithridatique.
48- Léopold Migeotte a souligné la continuité des pratiques financières des cités grecques de l’époque classique jusqu’à l’époque impériale dans L’emprunt public dans les cités grecques, Québec-Paris, Les Éditions du Sphinx/Les Belles Lettres, 1984,pp. 400-401, et dans Les souscriptions publiques dans les cités grecques, Genève, Droz, 1992, pp. 376-378.
49- ID., Échos du monde classique, 36, 1992, p. 308. Voir infraen conclusion.
50- Cf. Mauro|Moggi, I sinecismi interstatali greci, I, Dalle origini al 338 a. C., Pise, Edizioni Marlin, 1976 ; Louis robert, Villes d’Asie Mineure, Paris, De Boccard, [1935] 1962, pp. 54-66 ; Philippe Gauthier, « Grandes et petites cités : hégémonie et autarcie », Opus, 6/8, 1987-1989, pp. 187-202, ici pp. 195-196.
51- Ainsi en Grèce centrale, sur trente-sept cités connues au IVe siècle en Phocide, en Doride et dans la partie orientale de la Locride ozole, six avaient disparu au IIe siècle avant J.-C., dont quatre dès le début du siècle : voir D. ROUSSET, « Centre urbain, frontière et espace rural… », art. cit., pp. 49 et 70. De façon plus générale ou à propos de l’Asie Mineure, voir Robert, Louis, Études de numismatique grecque, Paris, Collège de France, 1951, pp. 8–11 et 34-36Google Scholar; Louis RObert et Jeanne Robert, «Une inscription grecque de Téos en Ionie. L’union de Téos et de Kyrbissos », Journal des savants, 1976, pp. 153-235, ici p. 174 (repris dans Opera minora selecta, VII, pp. 297-379, ici p. 318).
52- Voir Bernhardt, Rainer, Polis und römische Herrschaft in der späten Republik (149-31 v. Chr.), 1985 Google Scholar, en tenant également compte des réserves qu’a suscitées l’idée de la polisintacte jusqu’à la fin de la République ; ID., Rom und die Städte…, op. cit., notamment pp. 49 et 99.
53- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 118 et 128.Google Scholar
54- Voir Yannis A. Lolos, « The Hadrianic aqueduct of Corinth (with an appendix on the Roman aqueducts in Greece) », Hesperia, 66, 1997, pp. 271-314.
55- À l’appui de cette idée, Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., p. 247 Google Scholar, n. 37, allègue plusieurs inscriptions, dont toutes ne révèlent pas des préoccupations économiques de la part des parties en conflit : ainsi les délimitations de Delphes à l’époque impériale, pour lesquelles je me permets de renvoyer à Denis Rousset, Le territoire de Delphes et la terre d’Apollon, Paris, De Boccard, 2002. Pour la chronologie des conflits frontaliers, voir aussi ID., « Les frontières des cités grecques », Cahiers du Centre G. Glotz, 5, 1994, pp. 97-126, ici p. 100 : d’après l’ensemble des sources, les différends ont été nombreux au IIIe et au IIe siècle avant J.-C., et moins fréquents sous l’Empire.
56- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit.,pp. 119 et 152Google Scholar. Voir également ID., « Pausanias and the polis: use and abuse », in Hansen, M. H.(éd.), Sources for the ancient Greek citystate, Copenhague, Munksgaard, 1995, pp. 326–344, ici pp. 335-336,Google Scholarsur l’idéologie de la polis.
57- «The sacred landscape », art. cit., pp. 172-214.
58- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., p. 180.Google Scholar
59- Á propos du culte impérial, S. Alcock affirmait qu’il était caractéristique des villes, mais absent des campagnes, des montagnes et des sanctuaires de confins (Graecia capta…, op. cit., pp. 198-199). Cette localisation s’expliquerait par le rôle des élites installées dans les villes, qui se chargeaient elles-mêmes de promouvoir et de diriger le culte impérial. Ce raisonnement sur la géographie des lieux de culte prendrait peut-être quelque force s’il pouvait se fonder sur une étude complète des traces du culte impérial en Achaïe, dont je doute qu’elle confirme le caractère uniquement urbain.
60- Cf. ID., « Minding the Gap in Hellenistic and Roman Greece », inS. E. ALCOCK et R. OSBORNE (éds), Placing the Gods. Sanctuaries and sacred space in ancient Greece, Oxford, Clarendon Press, 1994, pp. 247-261. Pour quelques remarques sur l’évolution des sanctuaires ruraux autour de Sparte, cf. W. CAVANAGH et alii, Continuity and change…, op. cit., 2002, vol. I, pp. 309-310.
61- Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., pp. 207, 212 et 216.Google Scholar
62- Aussi me paraît-il difficile d’admettre que le maintien des cultes traditionnels et des sanctuaires ruraux ait représenté une forme de résistance à Rome (Graecia capta…, op. cit., p. 214). 63 - Voir Graeme barker et John lloyd (éds), Roman landscapes. Archaeological survey in the Mediterranean region, Londres, British School at Rome, 1991, dont une section était intitulée « The romanization of the countryside ».
64- Voir Alcock, S. E., Graecia capta…, op. cit., p. 5, ainsi que « Archaeology and imperialism: Roman expansion and the Greek city », Journal of Mediterranean archaeology, 2, 1989, pp. 87–135.CrossRefGoogle Scholar
65- C’est ce que souligne E. Alcock, Susan, « The problem of Romanization, the power of Athens », in Hoff, M. C. et Rotroff, S. I. (éds), The romanization of Athens, Oxford, Oxbow Books, 1997, pp. 1–7,Google Scholar ici p. 3.
66- Voir ID., « Greece: a landscape of resistance? », inD. J. MATTINGLY (éd.), Dialogues in Roman imperialism. Power, discourse and discrepant experience in the Roman Empire, Portsmouth, J. H. Humphrey, « Journal of Roman archaeology, Suppl.-23 », 1997, pp. 103- 115, et Archaeologies of the Greek past. Landscape, monuments, and memories, Cambridge, Cambridge University Press, 2002 Google Scholar, en particulier chap. 2, pp. 36-98 : réagissant aux changements fonciers, sociaux et territoriaux, la société provinciale se serait, sous la houlette de ses élites, retournée vers son passé, en une nostalgie qui était une stratégie destinée à préserver son identité (pp. 51 et 86).
67- On verra ainsi Alane Raab, Holly, Rural settlement in Hellenistic and Roman Crete. The Akrotiri peninsula, Oxford, Archaeopress, 2001,Google Scholar qui marque les singularités de la Crète occidentale hellénistique et impériale par rapport au modèle de Graecia capta. Cf. aussi CHRISTOPHE CHANDEZON, « Les campagnes de l’Ouest de l’Asie Mineure à l’époque hellénistique », inF. PROST (éd.), L’Orient méditerranéen de la mort d’Alexandre aux campagnes de Pompée. Cités et royaumes à l’époque hellénistique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, pp. 193-214, ici pp. 212-214.
68- Cf. S. E. Alcock, Graecia capta…, op. cit., par exemple pp. 7, 48, 58, 73, 92, 151 et 218 ; ID., « The Roman territory of Greek cities », in Brunet, M. (éd.), Territoires des cités grecques, op. cit., pp. 167-173.Google Scholar
69- Cf. Athanassios D. Rizakis, « Les cités péloponnésiennes entre l’époque hellénistique et l’Empire : le paysage économique et social », in Frei-Stolba, R. et Gex, K.(éds), Recherches récentes sur le monde hellénistique, Bern, P. Lang, 2001, pp. 75–96,Google Scholar ici pp. 80- 83 et 86.
70- Voir R. M. Kallet-Marx, Hegemony to Empire…, op. cit.
71- Voir Gauthier, Philippe, « Les cités hellénistiques : épigraphie et histoire des constitutions et des régimes politiques », in Actes du 8e congrès international d’épigraphie grecque et latine (Athènes 1982), Athènes, Hypourgeio Politismou, 1984, vol. I, pp. 82-107 ; ID., Les cités grecques et leurs bienfaiteurs, Paris, De Boccard, 1985, pp. 66-75.Google Scholar
72- Voir Migeotte, Léopold, « Citoyens, femmes et étrangers dans les souscriptions publiques des cités grecques », Classical views/Échos du monde classique, 36, 1992, pp. 293– 308,Google Scholar ici p. 307, et Les souscriptions publiques…, op. cit., p. 368.
73- Voir Ferrary, Jean-Louis, « Les Romains de la République et les démocraties grecques», Opus, 6/8, 1987-1989, pp. 203–216,Google Scholar ici pp. 210-213 ; Rainer Bernhardt, Rom und die Städte des hellenistischen Ostens…, op. cit., pp. 50-53 et 102-103 ; Claude Vial, Les Grecs de la paix d’Apamée à la bataille d’Actium, Paris, Le Seuil, 1995, pp. 88-89 et 235 ; Patrice Hamon, «Á propos de l’institution du Conseil dans les cités grecques de l’époque hellénistique », Revue des études grecques, 114, 2001, pp. XVI-XXI. Cf. aussi, àpropos de Delphes, JEAN-LOUIS FERRARY et DENIS ROUSSET, « Un lotissement de terres à Delphes au IIe siècle après J.-C. », Bulletin de correspondance hellénique, 122, 1998, pp. 277- 342, ici pp. 297-301.
74- Voir Bernhardt, R., Rom und die Städte…, op. cit., pp. 53–56;Google Scholar Ivana Savallilestrade, « Des “amis” des rois aux “amis” des Romains. Amitié et engagement politique dans les cités grecques à l’époque hellénistique (IIIe-Ier siècle avant J.-C.) », Revue de philologie, 72, 1998, pp. 65-86.
75- Sur les notables, voir Friedemann Qua®, Die Honoratiorenschicht in den Städten des griechischen Ostens, Stuttgart, F. Steiner Verlag, 1993 ; Christian Habicht, « Ist eine “Honoratiorenregime” das Kennzeichen der Stadt im späteren Hellenismus? », inM. Wörrle et P. Zanker (éds), Stadtbild und Bürgerbild im Hellenismus, Munich, C. H. Beck, 1995, pp. 87-92. Sur la notion d’élites et son usage dans l’histoire des cités grecques, voir Mireille CÉBeillac-Gervasoni et Laurent Lamoine (éds), Les élites et leurs facettes. Les élites locales dans le monde hellénistique et romain, Rome, École française de Rome, 2003, particulièrement les contributions de IVANA SAVALLI-LESTRADE, « Remarques sur les élites dans les poleishellénistiques », pp. 51-64, et Jean-Louis Ferrary, « Conclusions », pp. 733-740.
76- Sur le « lien ombilical » entre la ville et la campagne à l’époque hellénistique, voir Will, ÉDouard, « Le territoire, la ville et la poliorcétique grecque », Revue historique, 253, 1975, pp. 297–318 Google Scholar, ici pp. 312-318 (=Historica graeco-hellenistica, Paris, De Boccard, 1998, pp. 610-616), alléguant des exemples datant pour l’essentiel du IIIe siècle. Pour les délimitations de frontières entre cités et l’unité de la documentation du IIIe et du IIe siècle, voir les titres mentionnés supra, n. 56.
77- Sur les frontières, le contrôle économique et la surveillance militaire du territoire en Grèce centrale au IIe siècle, quelques références dans D. Rousset, « Centre urbain, frontières et espace rural… », art. cit., p. 71.
78- Voir É. Will, « Le territoire, la ville… », art. cit., pp. 316-318 ; Patrick Baker, La défense de la cité en Ionie à la période hellénistique, Paris, Thèse de l’École pratique des hautes études, 1995 ; JOHNMA, « Fighting poleisof the Hellenistic world », in Wees, H. Van (éd.), War and violence in ancient Greece, Londres, Duckworth, 2000, pp. 337–376,Google Scholar article dans lequel est soulignée la continuité de l’idéal de défense civique à l’époque hellénistique (les sources disponibles concernent avant tout le IIIe siècle et le IIe siècle). Sur l’attachement à la patrie, cf. C. Vial, Les Grecs de la paix d’Apamée…, op. cit., pp. 214 et 253.
79- Fergus Millar, « Greece and Rome from Mummius Achaicus to St Paul: reflections on a changing world », in Marc, J.-Y. et Moretti, J.-C. (éds), Constructions publiques et programmes édilitaires en Grèce entre le II e siècle avant J.-C. et le I er siècle après J.-C., Paris, De Boccard, « BCH, Suppl.-39», 2001, pp. 1–11.Google Scholar
80- Si la question de la pérennité de la cité grecque durant l’Empire romain n’apparaît guère dans Graecia capta, S. Alcock souligne néanmoins qu’il n’y a pas trace d’une dissolution du lien entre l’astyet la chôrajusque sous le Haut-Empire, et c’est à l’époque romaine tardive qu’elle place la dissolution de la cité grecque, quand la campagne, les villages et les villaeacquirent une relative indépendance par rapport à la ville (Graecia capta…, op. cit.,pp. 117-118). Denis Rousset EPHE
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