Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Ceci est une histoire, l'histoire d'une famille de Brie, la famille Maslé qui pendant un peu plus d'un siècle — de 1655 à 1761 — a exploité (avec quelques interruptions) la ferme qui leur appartenait : la Calabre . A travers elle, nous avons cherché à comprendre les implications de la démographie et des structures familiales sur l'économie d'une petite exploitation. Car la Calabre n'était pas une bien grande ferme : un peu plus de 40 ha, à peu près 80 arpents (mesure du roi) et son sol n'était pas d'une fertilité remarquable. Les Maslé n'étaient pas non plus des gens remarquables ; ils n'appartenaient pas à l'élite sociale, à l'aristocratie des gros laboureurs qui comptent dans leurs rangs de riches marchands, des avocats, des conseillers au Parlement. Ce n'étaient pas non plus de pauvres paysans ; c'étaient des gens moyens et c'est ce qui fait, en partie, leur intérêt. En outre, on dispose de documents nombreux qui les concernent, même si, dans leur abondance, ces sources sont parfois redondantes ou difficiles à interpréter et si certains documents importants restent introuvables.
From 1650 until 1760 four generations ofthe Maslé family occupied the farm, “la Calabre”. In a Brie ravagea first by the Wars of Religion and then by the passage of troops during the Fronde, the first Maslé fought to free their farm from the land taxes which burdened it. Their relative success gave them a certain prestige in a village where most of the properties, scanty and poorly cultivated, were barely able to maintain themselves. Their descendants found themselves at the head of “la Calabre” while too young and isolated by repeated bereavements. They let themselves be seduced by the readiness of credit, were charged exorbitant land taxes, and ended up ruining themselves. By means of a close look at one smallfarm in Brie this examination is able to analyse the narrow discrepancies between demographic data, familial vicissitudes, and economic substrata and thereby shed some light upon the fragile nature of peasant landownership, threatened at each generation by new partitions.
1. Ceci est le texte, peu modifié, d'un exposé fait au séminaire d'Emmanuel le Roy Ladurie au Collège de France.
2. Delesse, Carte agronomique (1864-1878).
3. Cette évolution est tout à fait semblable à ce qu'on rencontre dans la région parisienne. Voir à ce sujet Desaive, Jean-Paul, « A la recherche d'un indicateur de la conjoncture. Baux de Notre- Dame de Paris et de l'abbaye de Montmartre », dans les fluctuations du produit de la dîme, présenté par Goy, Joseph et Roy Ladurie, Emmanuel le, Paris, 1972, pp. 44–57.Google Scholar
4. Voir Baulant, Micheline et Beutler, Corinne, les Loges-Saint-Denis et Maisoncelles de 1675 à 1789, communication présentée au vine Congrès international d'histoire économique, Budapest, 1982.Google Scholar
5. Toutes les dates de sépulture, de baptême ou de mariage sont empruntées aux registres paroissiaux de la Hautemaison, Mareuil-les-Meaux, la Chapelle-sur-Crécy, Guérard, Jablines et Crécy. les uns comme les autres sont très lacunaires jusqu'en 1668.
6. Au xviie siècle, on trouve plutôt Malle. Nous avons préféré l'orthographe du xvmc siècle, Maslé, adoptée par toutes les branches de la famille.
7. Contrat de mariage chez Etienne Oudé, notaire à Coulommes le 17 mai 1655. Archives départementales de Seine-et-Marne, 125 E 21.
8. D'après les papiers décrits dans l'inventaire fait après le décès de Pierre Maslé, petit-fils de Jean en 1712, Fiacre Maslé était fils de Jean Maslé et Claude Quinegagne, Nicole Martin fille de Jean Martin et Esther Vivier.
9. le registre comporte des lacunes de 1623 à 1627 et de 1628 à 1629.
10. Lacune des registres de la Hautemaison de 1637 à 1639.
11. les inventaires faits à la mort des différents membres de la famille Maslé se trouvent dans les Archives départementales de Seine-et-Marne, B 337, B 347, B 348, B 351 çt B 354.
12. les étangs appartenant à Saint-Denis faisaient toujours l'objet de baux séparés.
13. Louis Vignier, laboureur à la Petite Loge n'avait qu'une charrue et 4 juments ; il avait dû vendre les vaches qu'il possédait pour acquitter un arriéré de loyers et louait 5 vaches d'un boucher de la Celle-sur-Morin. A sa mort en février 1680 il n'y avait que 35 arpents ensemencés en blé.
14. Archives départementales de Seine-et-Marne, 141 E 143. les 200 livres constituaient sa part dans l'héritage de sa mère Marie Delaplace. Madeleine Hebre était fille de Claude Hebre, laboureur à Montretout dans la paroisse de Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux. Son frère Jérôme Hebre était laboureur, faubourg de Chaage à Meaux.
15. Apparemment, rien ne lui avait été payé depuis la mort en 1663 de Simon Dignoment, son troisième mari.
16. Je ne sais pas si elle y avait appris la couture. Je mentionne ce menu fait parce qu'on destinait souvent à la couture les filles infirmes ou de complexion maladive. Était-ce le cas de Marie ?
17. Marie Masson a été inhumée le 23 avril 1721 ; le bail de la Calabre est du 2 mai suivant.
18. Ces deux hameaux sont tous deux dans la commune de Guérard.
19. Il était né à Jablines et avait été baptisé le 6 avril 1684.
20. Pour le détail de ces estimations, voir Baulant, Micheline, « Trois fermes céréalières en pays boisé aux xviie et xviie siècles » dans Colloque d'histoire comparée des sociétés rurales France de l'Ouest - Québec XVIe-XIXesiècles, Rochefort, 1982, Paris, Publications de l'E.H.E.S.S., sous presseGoogle Scholar.
21. Personnellement, elles m'étonnent un peu. Je pense que la valeur des biens-fonds aliénés a dû être surestimée.
22. Pour le détail des calculs, voir M. Baulant, « Trois fermes... », art. cité.
23. le setier de Meaux vaut 1,25 hl.