Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Insérée dans un projet scientifique global de découverte, de mesure et de parcours de l’ensemble du monde, l’exploration de l’Afrique de l’Ouest a pour objectif de révéler à la science européenne le plus grand nombre d’espaces possibles, par le parcours et la compilation de données géographiques. Ce projet pousse les explorateurs à recueillir auprès des populations locales des éléments de leurs savoirs géographiques. De leurs voyages, certains ont rapporté des itinéraires et des cartes réalisés par leurs informateurs africains. Ces matériaux hybrides reflets de l’interaction et des enjeux de cette rencontre permettent de questionner les usages sociaux de l’écrit au Soudan central au XIXe siècle. À partir de l’analyse de ces documents et des pratiques dont ils sont issus, il est possible de comprendre les liens entre formes d’écriture, parole et geste. Cette observation d’un usage social de l’écrit et des pratiques qui l’entoure révèle l’imbrication de ces trois sphères et invite à rouvrir le débat sur la culture écrite dans l’Afrique musulmane du XIXe siècle.
As part of a global scientific project of discovery and measurement of the entire world, the exploration of West Africa aimed at revealing as many spaces as possible to European science, through the compilation of geographic data. This project pushed explorers to collect geographical knowledge from local populations. Some have brought from their journeys routes and maps made by their African informants. These hybrid materials which reflected the interaction and issues of the meeting between explorers and locals call into question our understanding of the social uses of writing in central Sudan in the 19th century. From the analysis of these documents and the practices based on them, it is possible to understand the links between forms of writing, speech and gesture. This observation of a social use of writing and the practices that surrounded it shows the intertwining of these three spheres, and calls for reopening the debate on literacy in Muslim Africa in 19th century.
Je remercie Dominique Casajus, Isabelle Surun, Tal Tamari, Robin Seignobos et Anais Wion pour leurs commentaires sur une version préliminaire de cet article.
1- Lefebvre, Camille et Surun, Isabelle, « Exploration et transferts de savoir : deux cartes produites par des Africains au début du XIXe siècle », Mappemonde, 92, 2008, p. 17–21, http://mappemonde.mgm.fr/num20/articles/art08405.html.Google Scholar
2- Jacob, Christian, L’empire des cartes. Approche théorique de la cartographie à travers l’histoire, Paris, Albin Michel, 1992, p. 58 Google Scholar.
3- C’est le cas des cartes d’itinéraires étudiées ici, redécouvertes par Jamie Bruce Lockhart dans le cadre de ses recherches sur l’explorateur Hugh Clapperton. Ces documents sont conservés dans les archives de l’explorateur a la Royal Geographical Society de Londres. Plusieurs de ces documents ont été publiés en annexe d’une réédition du second voyage de Clapperton par Lockhart, Jamie Bruce et Lovejoy, Paul E., Hugh Clapperton into the interior of Africa: Records of the second expedition 1825-1827, Leyde/Boston, Brill, 2005, p. 485–515 Google Scholar.
4- Les recherches sur les phénomenes d’exploration ont connu ces dernieres années des évolutions importantes, marquées par le développement d’une histoire sociale des sciences qui envisage la production des savoirs comme un processus mettant en jeu des acteurs ancrés dans une société et une époque donnée. L’explorateur y est envisagé comme un acteur inscrit dans des réseaux de circulation d’informations et de savoirs scientifiques locaux et internationaux et soumis a des enjeux liés a la demande sociale exercée par les instances politiques et scientifiques. Le rôle de son expérience de terrain dans sa production est aussi analysé et pris en compte. Cette approche est notamment influencée par les travaux de Pestre, Dominique, « Pour une histoire sociale et culturelle des sciences. Nouvelles définitions, nouveaux objets, nouvelles pratiques », Annales HSS, 50-3, 1995, p. 287–322 CrossRefGoogle Scholar et de Blanckaert, Claude, Le terrain des sciences humaines. Instructions et enquêtes, XVIIIe-XXe siècle, Paris, L’Harmattan, 1996 Google Scholar.
5- Bassett, Thomas J., « Indigenous mapmaking in intertropical Africa », in Woodward, D. et Lewis, G. M., The history of cartography, vol. II, liv. 3, Cartography in the traditional African, American, Arctic, Australian, and Pacific societies, Chicago, The University of Chicago Press, 1998, p. 24–48 Google Scholar ; Latour, Bruno, « Les ‘vues de l’esprit’, une introduction a l’anthropologie des sciences et des techniques », Culture technique, 14, 1985 p. 4–30 Google Scholar ; Latour, Bruno, La science en action, Paris, Gallimard, 1995, p. 515–523 Google Scholar ; Isabelle Surun, « Géographies de l’exploration. La carte, le terrain, le texte (Afrique occidentale 1780-1880) », these de doctorat de l’EHESS, 2003, p. 520-530.
6- Camille Lefebvre, « Territoires et frontieres. Du Soudan central a la république du Niger 1800-1964 », these de doctorat de l’université de Paris 1-Sorbonne, 2008, p. 100-142.
7- Le terme de Soudan, repris du « Bilâd as-Sudân » ou « pays des Noirs » des géographes arabes, est utilisé communément en Europe au XIXe siècle, notamment par les géographes et les explorateurs pour définir l’Afrique saharienne de l’Atlantique a la mer Rouge. Les leaders du jihad de Sokoto au début du XIXe siècle, notamment Ousman Dan Fodio, Abdullahi Dan Fodio et Mohamed Bello, l’utilisent aussi dans leurs écrits, par exemple dans l’Infak al Maisur ou le Tazyn Al-Waraqat. Le Soudan central désigne alors une large région qui s’étend du fleuve Niger au lac Tchad d’ouest en est et du nord du désert algérien jusqu’a la confluence de la Bénoué du nord au sud.
8- Blais, Hélene et Laboulais, Isabelle (dir.), Géographies plurielles. Les sciences géographiques au moment de l’émergence des sciences humaines, 1750-1850, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 45.Google Scholar
9- Lepetit, Bernard, « Missions scientifiques et expéditions militaires : remarques sur leurs modalités d’articulation », in Bourguet, M.-N. et al., L’invention scientifique de la Méditerranée, Paris, Éd. de l’EHESS, 1998, p. 97–116, ici p. 98Google Scholar.
10- Laboulais-Lesage, Isabelle (dir.), Combler les blancs de la carte. Modalités et enjeux de la construction des savoirs géographiques (17e-20e siècle), Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2004 Google Scholar.
11- Sociétés de géographie fondées a Paris en 1821, a Berlin en 1828, puis a Londres en 1829.
12- Voir sur ce point, Surun, Isabelle, « L’exploration de l’Afrique au XIXe siècle : une histoire précoloniale au regard des postcolonial studies », Revue d’histoire du XIXe siècle, 32, 2006, p. 21–39 Google Scholar.
13- L’analyse est ici inspirée par les travaux de Roger Chartier sur la notion de pratique de l’écrit, Chartier, Roger, Lectures et lecteurs dans la France d’Ancien Régime, Paris, Éd. du Seuil, 1987, p. 7–21 Google Scholar, par ceux d’Aissatou Mbodj-Pouye, « Des cahiers au village. Socialisations a l’écrit et pratiques d’écriture dans la région cotonniere du sud du Mali », these de doctorat de l’université Lumiere-Lyon 2, p. 247-261, de Fabre, Daniel (dir.), Par écrit. Ethnologie des écritures quotidiennes, Paris, Éd. de la MSH, 1997, p. 1–56 CrossRefGoogle Scholar et le numéro spécial : « Pratique d’écriture. Une histoire de la culture écrite », Annales HSS, 56-4-5, 2001.
14- La question de la dimension pragmatique de l’écrit a été particulierement développée par Fraenkel, Béatrice, « Actes d’écriture : quand écrire c’est faire », Langage et société, 121-122, 2007, p. 101–112 CrossRefGoogle Scholar.
15- Mohamed El Amin Ben Mohamed El Kanemi, « Lettre du cheikh du Bornou a Mohamed Bello sultan d’Haoussa », in Voyages et découvertes dans le Nord et dans les parties centrales de l’Afrique et depuis Kouka, dans le Bornou, jusqu’à Sakatou, capitale de l’empire des Felatah exécutés pendant les années 1822, 1823 et 1824, par le major Denham, le capitaine Clapperton, et feu le docteur Oudney, Paris, Arthus Bertrand/Mongie aîné, 1826, p. 174-175.
16- Richardson, James, Travels in the Great Desert of Sahara, in 1845 and 1846; including a description of the oases and cities of Ghat, Ghadames and Mourzuk, Londres, R. Bentley, 1848, t. 2, p. 194 Google Scholar : « Un habitant de Ghât de basse extraction entrant et me trouvant en train d’écrire, commence a crier : ‘Oh, tu es en train d’écrire notre pays ! Tu es venu pour le détruire ! Jamais notre pays n’avait été écrit jusqu’ici et il ne saurait l’etre maintenant’ » (toutes les traductions sont de l’auteur).
17- Ces interactions sont favorisées par l’effort linguistique que la plupart de ces hommes ont accompli. Tous ceux qui ont voyagé dans la région a cette période ont, avant d’arriver, appris l’arabe, meme s’ils n’en ont pas toujours acquis une connaissance approfondie. Mais la plupart réalisent assez rapidement que les interlocuteurs avec lesquels ils pourront converser en arabe sont relativement peu nombreux. Plusieurs ont donc essayé d’apprendre des langues locales afin de pouvoir communiquer avec ceux qu’ils rencontraient.
18- Hornemann, Friedrich Conrad, Voyage dans l’intérieur de l’Afrique pendant les années 1797, 1798, Paris, chez André libraire, 1802, p. 245 Google Scholar : « A l’est du Tombuctou, est le Soudan, le Haussa, ou l’Asna ; le premier est le nom Arabe ; le second, celui en usage dans le pays, et le troisieme, le nom Bornuan. De ces trois noms, j’adoptai le second, comme le plus convenable, et parce qu’il est entendu par les Arabes, au-dessous de Soudan, et par tous les habitants au sud de Ghaden. »
19- Comme le raconte Rohlfs, Gerhard, Voyages et explorations au Sahara, t. 2, Tripoli, Rhadamès, Fezzan, Kaouar, Bornou, 1865-1867, Paris, Karthala, 2001, p. 197 Google Scholar : « Comme nous sommes maintenant en pays tebou, j’emploierai désormais les noms géographiques de la langue des Tédas et non plus les noms arabes, ne fut-ce que pour éviter tout risque de confusion ; en effet, si les Anglais, la ou ils arrivent, donnent aux villages, aux montagnes, aux rivieres au lacs, etc., les noms de Victoria, d’Albert et de Georges, les Arabes font la meme chose avec les noms de Mohamed, d’Ali et de Fathma, qu’on retrouve partout. »
20- Duveyrier, Henri, Les touareg du Nord. Exploration du Sahara, Paris, Challamel aîné, 1864, p. 148 Google Scholar : « J’ai scrupuleusement recueilli les noms indigenes, en langue arabe et en langue temahâq, parce que je crois la connaissance de cette double synonymie nécessaire aux personnes auxquelles l’avenir réserve de voyager avec les caravanes. Cette synonymie n’a pas les défauts de celles des noms vulgaires assignés aux plantes par nos paysans en Europe ; chez les peuples pasteurs, chacun connaît exactement le nom, les stations et les propriétés de chaque plante, et les noms, quand les caracteres distinctifs sont bien tranchés, ne varient pas d’une localité a une autre, mais se conservent tant que la meme langue est parlée. Or, comme la langue arabe est connue dans tout le monde musulman, et la langue berbere, dont le temahâq est un des dialectes, dans tout le Nord du continent africain, il y a presque certitude d’etre compris des indigenes en leur nommant une plante dans l’une des deux langues. » Barth, Heinrich, Travels and discoveries in North and Central Africa being a journal of an expedition 1849-1855. Centenary edition, Londres, Franck Cass, [1857-1858] 1965, t. 3, p. 436, le 19 mai 1854Google Scholar : « Il est remarquable que ni les Imoshag, ni les Tawarek ou les Arabes n’aient, autant que je le sache, de nom suffisamment expressif pour ces dépressions peu profondes ; les Arabes en général appellent un ruisseau ouvert rejl ou kra et un moins ouvert bot-ha, tandis que les Tawarek les appellent en général bras ou au sens propre jambe, de la riviere ou adar-n-eghirreu, mais le mot indigene haoussa fadama rend bien plus compte de la réalité. »
21- Henri Barth chez les Touaregs de l’Aïr. Extraits du journal d’Henri Barth dans l’Aïr, juillet-décembre 1850, éd. par S. Bernus, Niamey/Paris, Centre nigérien de recherche en sciences humaines/CNRS, 1972, p. 113 : « J’établis ceci de propos délibérés, pour montrer que l’on doit distinguer avec soin l’information collectée par un natif jouissant de l’entiere confiance de l’enqueteur qui, a partir de sa connaissance de la langue et du sujet sur lequel il enquete, est capable de contrôler les assertions de son informateur, et celle qui est recueillie incidemment par quelqu’un qui sait rarement ce qu’il demande. » Sur les méthodes de Barth pour constituer cette géographie par oui-dire, voir I. Surun, «Géographies de l’exploration… », op. cit., p. 522-523.
22- J. Richardson, Travels in the Great Desert of Sahara…, op. cit., t. 2, p. 325.
23- Bovill, E.W. (éd.), Mission to the Niger, t. II, The Bornu Mission 1822-1825, Cambridge, Cambridge University Press, 1964, p. 79–80 Google Scholar.
24- Bovill, E.W. (éd.), Mission to the Niger, t. III, The Bornu Mission 1822-1825, vol. 2, Cambridge, Cambridge University Press, 1966, p. 539–554.Google Scholar
25- Rodd, Francis et Bovill, E. W. (éd.), « A Fezzani military expedition to Kanem and Bagirmi in 1821 », Journal of the Royal African Society, 139, 1936, p. 153–168, ici p. 163Google Scholar.
26- Ibid., p. 163 : « J’ai entrepris de transmettre a votre Excellence sans aucune altération un fac-similé de ce plan. »
27- Ibid., p. 163 : « Il a vu tout ce qu’il décrit et m’a a plusieurs reprises dessiné les memes lieux selon la meme orientation (a propos d’un pays dont rien n’est connu, les modifications que j’aurais pu réaliser n’aurait été que pure conjecture). »
28- La copie de ce dessin pourrait etre la carte VI, intitulée « Denham's sketch map of the Bagarmi raid », publiée par E. W. Bovill : E. W. Bovill (éd.), Mission to the Niger…, op. cit., t. III, p. 542-543.
29- Lockhart, James Bruce (éd.), Clapperton in Borno. Journal of the travels in Borno of Lieutenant Hugh Clapperton, RN, from January 1823 to September 1824, Cologne, Rüdiger Köppe, 1996, p. 121 Google Scholar : « Lorsque nous avons interrogé le sheikh et les membres d’équipage a propos de la crue du fleuve, ils ont répondu qu’il remplissait toujours son lit – qu’en ce moment il était a son niveau le plus bas – […] 10 miles apres Showi il a un bras qui coule sur 1 demi-miles vers le sud de la ville qui est appelé Bihr Tafita – Celui qui coule vers la ville de Mafita s’appelle Bihr Macari et il se décharge du Shary entre Lugan et Coosserie et pendant quatre jours de trajet en remontant la riviere depuis Showi – Ils étaient tous d’accord pour dire qu’il vient du sud mais ils ne savaient rien de maniere certaine sur son cours apres Boussa au Bagermie qui est a cinq jours de Showi – Gilfy disent-ils est a deux jours par voie d’eau – De Gilfy a Coussire deux jours – De Coussire a Lugan un jour – Il coule ensuite dans le pays des infideles et se divise en deux branches. »
30- Ibid., p. 121.
31- Ce récit et la carte qui l’accompagne ne seront pas non plus repris dans la publication éditée a l’issue de la mission.
32- Il semble malheureusement que ces documents aient été perdus au sein des archives de la Royal Geographical Society depuis que je les ai consultés en 2007.
33- Royal Geographic Society. Mr Nigeria S/S 39, A collection of route maps of the Niger river, together with original letters from Clapperton and others, « Route from Katagum & Masfi to the sea obtained by Captain Clapperton at Sakatu given by Captain W. H. Smyth to GCR», p. 9. Sur tous les documents contenus dans ce cahier il est indiqué au dos qu’ils ont été recueillis a Sokoto. Cette indication doit etre comprise au sens large, il ne s’agit pas de Sokoto la ville, mais du sultanat de Sokoto.
34- Voyages et découvertes dans le Nord…, op. cit., t. 2, p. 370.
35- Ibid., p. 360.
36- Indiquons d’emblée que sur chacune des cartes de ce cahier, les graphies arabes sont différentes. Ce qui permet d’affirmer que ce n’est pas Clapperton qui aurait légendé en arabe l’ensemble des dessins de ses interlocuteurs.
37- Richardson, J., Travels in the Great Desert of Sahara…, op. cit., t. 2, p. 65.Google Scholar
38- Messick, Brinkley M., The calligraphic state: Textual domination and history in a Muslim society, Berkeley, University of California Press, [1993] 1996, p. 21-22.Google Scholar
39- Barber, Karin et de Moraes Farias, Paolo Fernando, Discourse and its disguises: The interpretation of African oral texts, Birmingham, University of Birmingham, 1989 Google Scholar ; Wion, Anais, « La langue des actes éthiopiens a l’épreuve de la modernité : un recueil de chartes royales daté de 1943 (église de Maḫdärä Maryam, Bägémder) », in Bertrand, J.-M., Boilley, P. et Genet, J.-P. (dir.), Langue et histoire, Publications de la Sorbonne, sous presse Google Scholar.
40- Dans l’ouvrage de linguistique publié a l’issue de son voyage qui est une collection des différents vocabulaires qu’il a recueillis, il décrit longuement dans une introduction bilingue allemand/anglais d’une cinquantaine de pages ses méthodes d’apprentissage et son niveau dans chacune des différentes langues parlées dans la région. Il insiste sur le fait qu’il n’a pas simplement cherché a recueillir des vocabulaires aupres d’un seul individu comme le faisaient les linguistes a l’époque mais qu’il a procédé par imprégnation. Il décrit sa pratique du haoussa et du kanouri comme un usage quotidien dans la vie courante. Barth, Heinrich, Sammlung und Bearbeitung Central-Afrikanischer Vokabularien, Gotha, J. Perthes, 1862-1866, p. IV–XXI Google Scholar.
41- Gulbi, riviere ou terre inondable ; madawaki, responsable de la cavalerie ; fawa, boucher. Traduit a partir du dictionnaire de Roy C. ABRAHAM, Dictionary of the Hausa Lan guage, Londres, University of London Press, 1968.
42- Law, Robin, « ‘Central and Eastern Wangara’: An indigenous West African perception of the political and economic geography of the slave coast as recorded by Joseph Dupuis in Kumasi, 1820 », History in Africa. A Journal of Method, 22, 1995, p. 281–305, ici p. 281-282CrossRefGoogle Scholar.
43- Dupuis, Joseph, Journal of a residence in Ashantee, by Joseph Dupuis, comprising notes and researches relative to the Gold Coast and the interior of Western Africa, Londres, H. Colburn, 1824, p. CXXIV–CXXXV Google Scholar.
44- Ibid., p. CXXVI : « De Youry au pays de Konsbah, il y a sept jours de voyage. De Konsbahau pays de Gharanti, il y a cinq jours de plus ; de la a Yandoso il y a aussi cinq jours, et de Yandoto a Kassina il y a sept journées. Kassina est une grande ville, la capitale du Haoussa. » Richardson, James, Narrative of a mission to Central Africa, Londres, Chapman and Hall, 1853, t. 2, p. 333 Google Scholar : « De Zinder, en direction du Sud-Sud-Est, Kankandi, une heure, baban tabki (une grande mare) a un quart d’heure, Dunai une heure, grande ville, Karairai, quatre heures, grand village, Washa, sept heures, ville et résidence d’un sultan… »
45- Barth, H., Travels and discoveries…, op. cit., p. 610 Google Scholar : « Premier jour, Makoda, un grand bourg ouvert qui consiste en de petites maisons aux murs en argile et aux toits de chaume. Pays plat et densément peuplé. Arrive a peu pres a l’aser. Deuxieme jour, Kazaure, résidence du gouverneur Dambo… »
46- Ibid., p. 599 : « un puits dont mon informateur ne se souvient plus du nom ».
47- Bien que Seydou, Christiane, « Raison poétique contre raison graphique », L’Homme, 110, 1989, p. 50–68 Google Scholar, ne s’attache pas a la question des itinéraires, son analyse permet d’éclairer et de mieux comprendre la structure de cette forme particuliere de liste.
48- Barth, H., Travels and discoveries…, op. cit., p. 619–620 Google Scholar.
49- Fadama, vallée inondée ; rafi, vallée inondée ; kurmi, zone boisée, foret ; Ajami, mot arabe signifiant a l’origine non-arabe, ou désignant une personne qui ne parle pas l’arabe. Ce mot est utilisé pour qualifier des écrits rédigés en langue vernaculaire avec des caracteres arabes, voir fig. 4 et 5.
50- Je reprends ici une formule de Casajus, Dominique, « Las, le temps non, mais nous nous en allons », Textuel, 56, 2008, p. 185–210 Google Scholar.
51- Royal Geographical Society, Mr Nigeria S/S 39, A collection of route maps of the Niger river, together with original letters from Clapperton and others, p. 3-4.
52- Ibid., p. 7.
53- Ceci ne signifie pas qu’il n’existe pas dans cette région de cartes représentant l’espace. La carte de M. Bello est un exemple d’une autre forme de représentation du monde réalisée a la meme époque et dans la meme région. Voir sur ce point C. Lefebvre et I. Surun, « Exploration et transferts de savoir… », art. cit.
54- H. Duveyrier, Les touareg du Nord…, op. cit., p. XV : « La partie hypothétique [de la carte] est basée sur de nombreux itinéraires recueillis a diverses sources. Pour me guider au milieu de renseignements qui ne concordaient pas toujours entre eux, j’ai été assez heureux d’obtenir de Cheikh-Othmân qu’il me fit, sur le sable, le plan en relief des parties du territoire des Touâreg que je ne pouvais explorer, et quand j’étais bien d’accord avec mon informateur sur l’ensemble et les détails de sa composition, je la dessinais et j’en faisais ensuite la critique avec lui. »
55- de Certeau, Michel, Arts de faire, Paris, UGE, 1980, p. 215.Google Scholar
56- Henri Barth chez les Touaregs de l’Aïr…, op. cit., p. 100-101, évoque son informateur Abdallah qui « connaissait bien cette partie du continent africain qui s’étend entre leTouat, Tombouctou et Agades, car il était venu six fois a Agades et cinq fois a Tombouctou ».
57- Ennour est un chef de guerre, reconnu pour sa valeur et ses qualités militaires. Il l’emporte alors en prestige et en notoriété sur le sultan et l’anastafidet. Voir Triaud, Jean-Louis, « Hommes de religion et confréries islamiques dans une société en crise, l’Air aux XIXe et XXe siècles. Le cas de la Khalwatiyya », Cahiers d’Études Africaines, 91, 1983, p. 239–280, ici p. 242CrossRefGoogle Scholar.
58- Richardson, J., Narrative of a mission to Central Africa, op. cit., t. 2, p. 93 Google Scholar : « Hamma (le beau-fils d’En-Noor), est revenu ce matin de la caravane de sel. Il a marqué sur le sable que la caravane devrait etre de retour dans trente-cinq jours ; donc j’imagine que nous avons a partir de maintenant environ trente jours a attendre ici. Il a laissé la caravane a son entrée dans la Hamadah entre ici et Bilma. »
59- Voyages et découvertes dans le Nord…, op. cit., t. 2, p. 305.
60- Richardson, J., Travels in the Great Desert of Sahara…, op. cit., t. 2, p. 65 Google Scholar.
61- H. Barth, Travels and discoveries…, op. cit., t. 1, p. 574-575. Le 28 mars 1851 : « A une heure matinale nous étions de nouveau en marche, conduits pendant quelque temps par un habitant du village, qui entreprit de nous montrer la route directe, qui passe par son côté sud. Il présentait la route que nous allions prendre comme infestée par les kindin ou tawarek en ce moment et il nous conseilla, lorsque nous allions d’un lieu a un autre, de nous renseigner a propos de la sécurité des routes que nous allions prendre. Apres ce conseil bienveillant, il nous a laissés livrés a nous-meme, et j’ai poursuivi mon chemin avec la désagréable sensation que cela pourrait etre encore mon destin de rentrer en contact avec mes amis les Tawarek, dont j’avais été si content de me débarrasser. Attristés par ces réflexions, mes deux jeunes compagnons semblaient aussi un peu anxieux et se traînaient silencieusement a côté des chameaux, nous avons atteint Alaune, qui fut une ville considérable, mais qui est aujourd’hui désertée et entourée d’un mur d’argile dans un état de grande décrépitude. Abordant des gens qui venaient juste de tirer l’eau d’un puits a l’intérieur des murs et les interrogeant sur l’état de la route, on nous dit que jusqu’a Kashimma elle était sure, mais au-dela ils la décrivaient comme vraiment dangereuse. En conséquence nous avons continué notre marche avec plus de confiance, particulierement quand nous avons croisé des marchands venant de Kashimma. »
62- La biographie d’un de ces conducteurs de caravanes, recueillie a la fin des années 1880 par l’explorateur allemand Eduard Flegel, décrit ces discussions : Flegel, Eduard Robert, The biography of Madugu Mohamman mai Gashin Baki, Los Angeles, Crossroads Press, 1985, p. 10–11 Google Scholar.
63- Voyages et découvertes dans le Nord…, op. cit., t. 2, p. 246-247.
64- Pour Jack Goody, c’est l’introduction de la culture lettrée islamique qui, en développant les compétences graphiques, a encouragé la naissance d’un nouveau rapport a l’espace : Goody, Jack, Entre l’oralité et l’écriture, Paris, PUF, [1987] 1994, p. 142–143 Google Scholar ; Id., « The impact of Islamic writing on the oral cultures of West Africa », Cahiers d’Études Africaines, 43, 1971, p. 455-466, ici p. 460-461.
65- Goody, Jack, La raison graphique. La domestication de la pensée sauvage, Paris, Éd. de Minuit, [1977] 1978, p. 78–79 Google Scholar.
66- Bassett, Thomas J., « Maps and mapmaking in Africa », in Selin, H. (dir.), Encyclopaedia of the history of science, technology and medicine in non-western cultures, Berlin/New York, Springer, 2008, p. 554–558 Google Scholar.