Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Le Moyen Age dans l'histoire du Japon correspond à cette période au cours de laquelle apparaissent de nouveaux liens entre les hommes, des liens qui dépassent les organisations de nature clanique, tels les uji ou maisonnées. Jusque-là, ces organisations sociales reposaient sur les liens du sang. Or dans le Japon de la fin du Moyen Age, entre le 14e et le 16e siècle, apparaît un nouveau type d'organisations collectives liant les hommes. Les communautés villageoises, matrices des villages de l'époque moderne, qu'on appelle des « communes » (sôson), ou les communautés urbaines, qu'on appelle des « quartiers » (machi) et qui deviendront les unités de base des futures villes, ou encore les guildes (za), corporations de marchands ou d'artisans, se créent et se développent pendant cette période. Ces formes sociales sont les plus connues mais des organisations de nature identique naissent dans d'autres secteurs de la société, regroupant aussi bien des unités combattantes pour la guerre que des ensembles de nature artistique. Au cours de cette période, on assiste donc à l'émergence de différentes associations d'individus liés par une même activité. Parmi les plus connues citons, par exemple, les réunions d'amateurs de thé (cha'yoriai) ou les associations de poètes pratiquant les « poèmes enchaînés » (rengakai).
Throughout the Middle Ages new social organizations were born which were no longer founded on the basis of real or fictive blood relations, but rather upon solidarity linked to an objective to be attained that traditional forms of social organizations were unable to assume. These new societies were created upon the basis of sworn understandings that called upon the intervention of divine forces and involved rituals which brought man into communion with the gods. Such organizations, set up to function in perfect harmony, were founded upon new conceptions such as that of objectivity which transcended family or feudal relations. They inaugurated new democratic decision- making procedures to the extent that they guaranteed freedom of speech at the moment the decision was made; however, they were coercitive to the degree that the majority completely imposed its point of view, considered as a manifestation of the divine will. These practices which became the basis of the dynamics of social revolt in Japan, also resulted in an organizational cohesion which still functions in Japan today.
1. Les uji sont des organisations claniques de l'aristocratie japonaise aux époques archaïques et anciennes qui ne sont pas sans rappeler, par leur nature, les structures de la gens romaine (Ndt).
2. Il n'est pas possible de donner une traduction française de cette expression car son sens a historiquement évolué, comme l'explique l'auteur ici-même. A l'origine, groupement de personnes ayant prêté un serment, c'est-à-dire « jurande », Yikki peut prendre la forme d'une organisation armée temporaire ou permanente et, dans ce cas, devient « ligue » de guerriers pour la bataille, « ligue » de paysans en révolte ou « ligue » de fidèles d'une secte bouddhiste défendant leur foi. L'expression, à partir de l'époque d'Edo, ne renvoie plus qu'aux « révoltes » populaires. En japonais contemporain, le terme ikki est un archaïsme qui évoque les révoltes paysannes au Moyen Age et à l'époque d'Edo (Ndt).
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21. Le terme samurai vient du verbe ancien saburau qui signifiait « servir » (Ndt).
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23. Le za d'artisans ou de commerçants (terme qu'on traduit en langues occidentales par guilde ou corporation) est transcrit par un idéogramme qui signifie le fait d'être assis, de « siéger ». Les membres des za sont ainsi, au sens strict, des personnes qui siègent ensemble face à la divinité qui protège leur organisation. Les confréries cultuelles de guerriers fonctionnent donc selon un mode assez voisin de celui des corporations (Ndt).
24. Sur la responsabilité attribuée en cas de crise par les paysans aux seigneurs, voir la contribution de Fujiki Hisashi dans cette livraison des Annales (Ndt).