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Florence et Venise : les rituels publics à l'époque de la Renaissance (Note critique)*

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Philippe Braunstein
Affiliation:
Centre de Recherches Historiques E.H.E.S.S
Christiane Klapisch-Zuber
Affiliation:
Centre de Recherches Historiques E.H.E.S.S

Extract

La confrontation politique et culturelle entre Venise et Florence est un thème majeur de l'historiographie italienne depuis le xve siècle ; ce thème sous-tend les réflexions des historiens contemporains, comme il a animé naguère le débat intellectuel dans les milieux dirigeants des deux États. Si la comparaison institutionnelle a été passionnée aux XVe et XVIe siècles, c'est parce que le débat n'était pas académique : il y allait de la survie des vieilles puissances urbaines, dans le cadre territorial dont elles s'étaient dotées, face aux seigneuries despotiques et aux menaces étrangères. Pour durer, les États doivent non seulement représenter des intérêts, mais encore susciter des passions qui contribuent à souder la communauté. Le débat, voire l'affrontement idéologique, empruntait son langage rhétorique aux magasins de l'histoire ancienne, fondant la légitimité de l'État sur l'héritage antique retrouvé. Mais la liberté, thème mobilisateur contre le danger extérieur, n'avait pas la même tonalité à Venise et à Florence, et la République n'était pas fondée sur les mêmes bases dans l'une et l'autre cité.

Type
L'Italie
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1983

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Footnotes

*

Cet article a fait l'objet, dans une première version, d'une communication au colloque de Sénanque organisé par M. Georges Duby en juillet 1981 sur le thème de « Maisons et sociétés domestiques au Moyen Age », puis d'une réélaboration dans le cadre de l'enquête « La femme seule » menée en 1980-1982 au Centre de Recherches Historiques.

References

Notes

1. Comme le montrent les études réunies en deux volumes sous le titre Florence and Venice : Comparisons and Relations, I Quattrocento, II Cinquecento,The Harvard University Center for Italian Renaissance Studies, 5, Florence, 1979.

2. Il s'agit essentiellement d'un traité de Marin Sanudo, De origine, situ et magistratibus urbis Venetae,dont la première édition critique intégrale a été publiée en 1980 (compte rendu dans ce même numéro des Annales,p. 1135), et des oeuvres de Marcantonio Sabellico et Domenico Morosini. A quoi s'ajoutent journaux et chroniques et, à la génération suivante, le traité de Gasparo Contarini, La Repubblica e i Magistrati di Venezia.

3. Politics in Renaissance Venice,Londres, 1980.

4. Les études de Lane, F. C. rassemblées dans Venice and History, Baltimore, 1966 Google Scholar ; le livre de Pullan, B., Rich and Poor in Renaissance Venice : the Social Institutions of a Catholic State, Oxford, 1971 Google Scholar ; l'article de S. Chojnacki, « In Search of Venetian Patriciate : Families and Factions in the Fourteenth Century », dans Renaissance Venice,éd. par J. R. Hale, Londres, 1973, pp. 47-90 ; l'ouvrage de Cracco, G., Società e Stato nel Medioevo veneziano (secoli XII-XIV), Florence, 1967 Google Scholar, suivi de « Patriziato e oligarchia a Venezia nel Tre-Quattrocento », dans Florence and Venice…I, Quattrocento,pp. 71-98.

5. Weissman, Ronald F. E., Ritual Brotherhood in Renaissance Florence, New York-Londres, Académie Press, 1982, 254 Google Scholar p.

6. Trexler, Richard C, Public Life in Renaissance Florence, New York-Londres, Académie Press, 1980, 591 Google Scholar p.

7. Muir, Edward, Civic Ritual in Renaissance Venice, Princeton University Press, 1981, 356 Google Scholar p.

8. R. C Trexler, « Ritual Behavior in Renaissance Florence : the Setting », Medievalia et Humanistica, Studies in Médiéval and Renaissance Culture,new séries 4 (1973), p. 134.

9. Peyer, H. K., Stadt undStadtpatron in mittelalterlichen Italien, Zurich, 1955, p. 15 Google Scholar.

10. E. Muir cite une description de la cérémonie du 15 avril sous la plume d'un observateur du xvne siècle, Nicolo Doglioni, qui suggère cette interprétation : « Ad offerire alcuni Torci di cera come senso per ricognitione di Vasalagio… »(p. 85).

11. L'image ne conviendrait pas à une définition constitutionnelle, après la « serrata » du Grand Conseil de 1297 ; R. Finlay suggère plutôt un jeu de perspectives, à l'image même de la ville, sur un édifice fait d'assemblages mobiles de conseils et de commissions : Politics in Renaissance Venice…,p. 40.

12. E. Muir se fonde sur les recherches pionnières de Chojnacki, S., en particulier « Dowries and Kinsmen in Early Renaissance Venice », The Journal of Interdisciplinary History, 5, 1975, pp. 571 600 CrossRefGoogle Scholar, et « Patrician Women in Early Renaissance Venice », Studies in the Renaissance, 21, 1974, pp. 176-203.

13. The Libro ceremoniale of the Florentine Republic by Francesco Filarete and Angelo Manfidi. Introduction and Text,Genève, 1978. Cf. le compte rendu par Ch. Klapisch-Zuber, Annales E. S. C,35, n° 5, 1980, pp. 1078-1080.

14. Sur les rites de l'infamie, en particulier sur la peinture infamante à Florence et son refus à Venise, cf. Ortalli, G., Pingatur in Palatio. La pittura infamante nei secoli XIII-XVI, Rome, 1979 Google Scholar. (Compte rendu dans Annales E. S. C.,n° 2,1981, pp. 231-232).

15. « Patriziato e oligarchia… », Florence and Venice : Comparisons and Relations…,I, p. 90.

16. Cf. Cohn, Samuel K., The Laboring Classes in Renaissance Florence, New York-Londres, 1980 Google Scholar ; Kent, Dale, The Rise of the Medici. Faction in Florence, 1426-1434, Oxford University Press, 1978 Google Scholar; D. V. et Kent, F. W., Neighbours and Neighbourhood in Renaissance Florence. The District ofthe Red Lion in the Fifteenth-Century, New York, 1982 Google Scholar.

17. Ou par une historienne comme Dale Kent, The Rise of the Medici…,où est étudiée de façon très fouillée la clientèle de la faction médicéenne autour de 1430.

18. Morelli, G. Di Paoolo, Ricordi, Branca, V éd., Florence, n. éd., 1969, pp. 475516 Google Scholar.

20. Trexler, R. C., « Florentine Religious Expérience : the Sacred Image », Studies in the Renaissance, 19 (1972), pp. 741 CrossRefGoogle Scholar.

21. Géographie qui aurait sans doute mérité un essai de cartographie, presque autant que les parcours rituels malencontreusement massacrés sur une carte unique et illisible !

22. Thème que R. Trexler vient de développer dans une grosse étude : R. C. Trexler et M. E. Lewis, « Two Captains and Three Kings : New light on the Medici Chapel », Studies in Médiéval and Renaissance History,n. s., 4 (1981), pp. 93-177.

23. Cf. le compte rendu acerbe de Félix Gilbert dans la New York Review of Books, 21 janvier 1982.

24. Cf. les travaux de S. Cohn et des Kent cités à la n. 16.

25. L'auteur définit de façon assez floue ce qu'il entend par neighborhood,qui semble recouvrir des réalités variées : le quartier (p. 62 par ex.), le gonfalone(p. 66) ou sa subdivision le terziere (p. 72), la vicinanzade paroisse enfin.