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Festivités, Couleurs et Symboles du Pouvoir en Castille au XVe Siècle les Célébrations de Mai 1428
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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Vêtus d'écarlate et parés de fourrures précieuses, les fiers magistrats et seigneurs de Burgos conduisirent la procession solennelle par la porte de San Juan vers les faubourgs de la cité. Là, en grande cérémonie et avec force cris d'allégresse, ils accueillirent l'infante doña Blanca, princesse de Navarre, qui venait d'arriver dans le royaume pour épouser l'infant don Enrique, héritier des Couronnes de Castille et de Leôn. Sous un dais écarlate, l'infante fit son entrée dans la cité antique sous les acclamations de la foule en liesse. Pour marquer le passage de l'infante à Burgos, on organisa de somptueux banquets, des lâchers de taureaux dans les rues et l'inévitable joute: ces festivités qui avaient déjà eu pour cadre d'autres cités allaient se répéter tout au long de l'itinéraire qui devait mener l'infante à Valladolid pour ses funestes épousailles.
Summary
In late medieval Castile kings, members of the high nobility and the powerful advanced their claims to power and authority through elaborate festivals, ceremonial entries and ludic rituals. These lavish representations served to articulate relations of power between the ruling elites of the realm, but they also defined the distance between those and those below. By the appropriation of courtly, Sacred, and popular symbols, by the conscious use of certain colors-red, white and black-those above established their hegemonic claims over their political adversaries and over those below. This was most evident in May 1428, when at a cycle of festivities in Valladolid, the king of Castille, through symbolic representations, settled his political differences with the Infantes of Aragon.
- Type
- Mentalités Médiévales
- Information
- Copyright
- Copyright © Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1991
References
Notes
*. Cet essai a été présenté sous une forme abrégée à la troisième réunion annuelle d'un groupe de recherches du CNRS-ATP à Madrid en novembre 1987, publiée ensuite dans les Actes de ce colloque sous le titre « Fiestas, torneos y simbolos de realeza en la Castilla del siglo xv. Las fiestas de Valladolid de 1428 », dans Rucquoi, A. éd., Realidad e imagines del poder. Espana a fines de la Edad Media, Valladolid, 1988, pp. 249–265 Google Scholar, et présenté enfin sous une forme développée au Shelby Cullom Davis Center for Historical Studies, à Princeton University, le 3 mars 1989. L'idée de ce travail m'a été fort généreusement suggérée par Angus Mackay. Je tiens à remercier Scarlett Berkowitz, Ruth Behar, Elizabeth A. R. Brown, Peter Brown, Hilario Casado, Remie Constable, Natalie Davis, John H. Elliott, David Frye, Xavier Gil Pujol, William Jordan, Denis Menjot, Charles Radding, Adeline Rucquoi et Lawrence Stone.
1. «Crónica del rey don Juan II», dans Crónica de los reyes de Castilla vol. II, Rossell, C. éd., Biblioteca de autores españoles, vol. LXVIII, Madrid, 1953, p. 566 Google Scholar, ci-dessous repris sous le titre « Crónica del rey don Juan II ». Le terme souvent utilisé dans les chroniques en Castille au xve siècle est carmesi (kermès) que l'on peut traduire par cramoisi ou écarlate.
2. Cf. Bloch, Marc, Les rois thaumaturges, Strasbourg, 1924, pp. 185–260 Google Scholar; Kantorowicz, Ernst, The King's Two Bodies. A Study in Médiéval Political Theology, Princeton, 1957, pp. 42– 227 Google Scholar (éd. frse, Les deux corps du roi Paris, 1989); Strayer, Joseph R., « France: the Holy Land, the Chosen People and the Most Christian King», dans Médiéval Statecraft and the Perspectives of History, Princeton, 1971, pp. 300–314 Google Scholar; Ruiz, Teofilo F., « Une royauté sans sacre: la monarchie castillane du Bas Moyen Age», Annales ESC, n” 3, 1984, pp. 429–453 Google Scholar. Il en existe une version révisée dans Sean Wilentz éd., Rites of Power. Symbolism, Ritual and Politics since the Middle Ages Philadelphie, 1985, pp. 109-144. Voir aussi dans Rites of Power les articles de Clifford Geertz, pp. 13-38; Ralph E. Giesey, pp. 41-64, et surtout les pp. 51-53 sur les entrées royales. Cf. aussi John H. Elliott, « Power and Propaganda in the Spain of Philip IV », dans Rites of Power pp. 145-173.
3. Voir Huizinga, Johan, Homo Ludens. Essai sur la fonction sociale du jeu, Paris, 1951, pp. 150–157 Google Scholar, et aussi son The Waning of the Middle Ages New York, 1954, pp. 67-106 (éd. frse, L'automne du Moyen Age Paris, 1975) et passim; Harvey Cox, The Feast of Fools. A Theological Essay on Festivity and Fantasy New York, 1969, pp. 3-35, ainsi que Mikhaïl Bakhtin, Rabelais and his World Bloomington, 1984, pp. 219-231 (éd. frse: Bakhtine, M., L'oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance, Paris, 1970 Google Scholar).
4. Sur les fêtes princières en Castille voir les exemples cités ci-dessous. Pour les fêtes organisées en d'autres lieux en Europe à la fin de l'époque médiévale et au début de l'époque moderne, Huizinga, voir, The Waning of the Middle Ages, pp. 51, 135 ss, 250 ss, et passim; Maurice Keen, Chivalry Londres, Yale Univ. Press, 1984, pp. 200–212 Google Scholar.
5. Sur la religion de la monarchie, voir Strayer, op. cit. pp. 302-312 et note 4; Ruc-Quoi, Adeline éd., Genèse médiévale de l'État moderne: la Castille et la Navarre, 1250-1370, Valladolid, 1987 Google Scholar, et Realidad e imágenes del poder, op. cit.
6. Cf. Huizinga, The Waning of the Middle Ages Chap. I, pp. 127 ss, et passim. Thomas Malory, l'auteur de la glorieuse Morte d'Arthur fut emprisonné deux fois pour viol. Voir Lacey B. Smith, This Realm of England, 1399-1688 Lexington, 1983, p. 26. Norbert Elias, , The Civilizing Process, 2 vols, New York, 1982 Google Scholar, I, pp. 190-205 (éd. frse, La civilisation des moeurs Paris, 1973; et La dynamique de l'Occident Paris, 1975).
7. Voir note 8 infra. On trouvera des études portant sur les festivités et la chevalerie dans Rosana DE Andrés Dîaz, «Las fiestas de caballeria en la Castilla de los Trastâmaras», En la España médiéval. V. Estudios en memoria del profesor D. Claudio Sánchez Albornoz, 2 vols, Madrid, 1986, I, pp. 81-108; Luis Suárez Fernández, Nobleza y monarquia. Puntos de vista sobre la historia castellana del siglo XV Valladolid, 1975, pp. 101-179; Francisco Rico, « Unas copias de Jorge Manrique y las fiestas de Valladolid en 1428 », Anuario de estudios médiévales 2, 1965, pp. 515-524; l'article inédit en anglais d'Angus Mackay, «The Coronation Banquet of Ferdinand of Antequera», a été publié en espagnol sous le titre «Don Fernando de Antequera y la Virgen Santa Maria», dans Homenaje al profesor Juan Torres Fontes Murcie, 1987, pp. 949-957. J'aimerais remercier le professeur MacKay qui m'a aimablement autorisé à lire une première version en anglais de cet article.
8. Huizinga, dans The Waning of the Middle Ages ne consacre que quelques observations à la Castille. Keen adopte une approche semblable dans Chivalry. Voir Martin DE Riquer, Caballeros andantes españoles Madrid, 1967, pp. 10-15, et passim. Voir aussi ses Lletres de bat alla. Cartells de deseiximents i capitols depassos d'armes 3 vols, Barcelone, 1963-1968. Voir introduction à Pero RodríGuez de Lena, El passo honroso de Suero de Quiñones introduction et édité par A. Labandeira Fernández, Madrid, 1977. Voir aussi T. F. Ruiz, «The Transformation of the Castilian Municipalities. The Case of Burgos (1248-1350)», Past and Présent 77, 1977, pp. 3-33.
9. Voir Mackay, Angus, Spain in the Middle Ages. From Frontier to Empire, 1000-1500, Londres, 1977, pp. 121–212 Google Scholar; Suárez Fernández, pp. 71-222; O'Callaghan, Joseph, A History of Médiéval Spain, Ithaca, 1975, pp. 549–624 Google Scholar.
10. Lawrence Stone, dans sa réponse à ma conférence au Davis Center, a défendu la thèse selon laquelle certaines fêtes pourraient n'avoir eu aucun but précis, ou l'idée que peut-être, par leur répétition, elles en étaient venues à perdre leur signification et leur symbolisme politiques. Il est clair que dans cet article je m'efforce de montrer que certaines fêtes au moins avaient un symbolisme politique.
11. Huizinga, The Waning of the Middle Ages pp. 50-51, 250-253 et passim; Ruiz, «Une royauté sans sacre», pp. 439-440. Voir plus bas pour d'autres exemples.
12. Suárez Fernández, p. 105. Il s'agit là, bien sûr, de la formulation de Huizinga, c'est-àdire: « La conception de la chevalerie comme forme sublime de la vie séculière pourrait se définir comme un idéal esthétique qui assumerait l'apparence d'une idée éthique. » Huizinga, The Waning ofthe Middle Ages p. 69. Keen rejette ce « modèle littéraire » de la chevalerie. Keen, p. 3 et passim.
13. Hechos del condestable Don Miguel Lucas de Iranzo Juan DE Mata Carriazo éd., Madrid, 1940, pp. 152-183. Ci-dessous Hechos del condestable. Dans ces pages le chroniqueur dresse la liste de toutes les fêtes du calendrier et décrit leur célébration. Sur le cycle des fêtes dans l'Espagne moderne, voir Nina Epton, Spanish Fiestas Londres, 1968, et pp. 1-41 et 227-240. Pour les fêtes de mai et de la Saint Jean, voir Baroja, Julio Caro, La estación de amor. Fiestas populares de mayo a San Juan, Madrid, 1979, pp. 18–28 Google Scholar, 119-122 et passim.
14. Voir exemples ci-dessous, en particulier ceux impliquant le connétable don Miguel Lucas de Iranzo, ainsi que les fêtes des infants d'Aragon de 1428. Voir supra note 4, et pour d'autres exemples, Jacob Burckhardt, The Civilization of the Renaissance in Italy, 2 vols, New York, 1975, II, pp. 401-425; jacquot, Jean éd., Les fêtes de la Renaissance, 3 vols, Paris, 1956 Google Scholar, en particulier le vol. II qui décrit les fêtes et les entrées solennelles de l'empereur Charles Quint (Charles I et Castille et la Couronne d'Aragon).
15. Hechos del condestable pp. 63-65 et pp. 32-41.
16. Voir Mauss, Marcel, The Gif t. Forms and Functions of Exchange in Archaic Societies, Glencoe, 1954, pp. 35–39 Google Scholar (éd. frse: « Essai sur le don. Formes et raison de l'échange dans les sociétés archaïques », dans Sociologie et anthropologie Paris, PUF, 1980) et passim.
17. Bakhtine, pp. 78-81; Caro Baroja, pp. 112-116, 289-302; James G. Frazer, The Golden Bough. A Study in Magic and Religion New York, 1957, pp. 119-135 et passim. Voir aussi Weiser, Francis X., Handbook of Christian Feasts and Customs. The Year ofthe Lord in Liturgy and Folklore, New York, 1958, p. 253 Google Scholar; en Angleterre, rapporte l'auteur, le dimanche de la Pentecôte était un jour de courses de chevaux, de pièces de théâtre et d'agapes.
18. Pour le couronnement de Fernando de Antequera et la fête organisée à cette occasion, cf. Angus Mackay, « Don Fernando de Antequera y la Virgen Santa Maria ». Pour le célèbrepaso de Suero de Quinones, voir Pero Rodriguez DE Lena, Elpasso honroso de Suero de Quinones.
19. Peter Russell, « Arms Versus Letters: Towards a Définition of Spanish Fifteenth Century Humanism », dans Aspects ofthe Renaissance. A Symposium Archibald R. Lewis éd., Austin, 1967, pp. 51-57. Voir aussi Ottavio Di Camillo, El humanismo castellano delsiglo XV Valence, 1976, pp. 111-133, 229-265; Helen Nader, The Mendoza Family in the Spanish Renaissance 1350-1550 New Brunswick, 1979, pp. 77-100; de Palencia, Alonso, « Tratado de la perfección del triunfo militar », dans Dos tratados de Alfonso de Palencia, Madrid, 1876, pp. 105–163 Google Scholar: l'ouvrage s'achève par un chapitre sur les pompes triomphales et les juegos (jeux et festivités).
20. On trouvera des exemples d'entrées solennelles dans «Crónica del rey don Alfonso el Onceno », dans Crónica de los reyes de Castilla, op. cit. I, LXVI, 1953, pp. 204, 289, 329, 390- 392; « Crônica del rey don Pedro I », dans idem I, pp. 540-541; et dans les diverses chroniques des règnes d'Enrique IV et des monarques catholiques, Ferdinand et Isabelle, réunies dans idem III, 7, pp. 108, 323, 424, 441, 622-623 et 735. Voir aussi, pour les entrées royales en Castille, Rosana DE AndrÉS Diaz, « Las entradas reaies castellanas en los siglos xiv y xv, segun las crônicas de la época », dans En la Espaha médiéval IV, Madrid, 1984, pp. 47-62.
21. Cf. Guenée, Bernard et Lehoux, Françoise, Les entrées royales françaises de 1328 à 1515, Paris, 1968 Google Scholar; Graham, Victor E. et Johnson, W. Mcallister, The Royal Tour of France by Charles IX and Catherine of Medici: Festivals and Entries, 1564-1566, Toronto, 1979 Google Scholar. Voir l'entrée solennelle de Louis XI, de pourpre, d'or et de blanc, à Paris, dans Kendall, Paul Murray, LouisXI. The Universal Spider, New York, 1971, pp. 111–113 Google Scholar. Voir aussi Lawrence Bryant, M., The King and the City in the Parisian Royal Entry Ceremony: Politics, Ritual, and Art in the Renaissance, Genève, 1986 Google Scholar. Comme Bryant le met en évidence (p. 15), à partir du xrve siècle, «Ventrée royale française fut l'une des cérémonies principales employées pour dramatiser les concepts politiques ». Les couleurs pour l'entrée de Henry II à Paris sont le noir et l'argent, et le connétable porte une épée nue (p. 57). Pour les rencontres hors des murs de la cité, habituellement à une demi-lieue, une lieue ou deux au plus, voir tous les exemples cités.
22. Sur l'importance magique du passage des seuils, c'est-à-dire ici des portes de la cité, voir Van Gennep, Arnold, The Rites of Passage, Chicago, 1960, pp. 15–25 Google Scholar (éd. frse: Les rites de passage Paris, 1969). A ma connaissance il n'existe pas de preuve que dans le cas des entrées royales en Castille au xv” siècle la première visite du roi dans une ville immédiatement après son accession au trône avait déjà la signification politique que l'on trouve dans les entrées royales françaises. Les deux exemples que j'étudie dans mon article ne sont pas des entrées royales mais les cérémonies qui marquaient l'arrivée d'une princesse royale venue pour se marier, ou une importante victoire militaire remportée sur l'Islam.
23. Crónica de Juan IIde Castilla Juan DE Mata Carriazo éd., Madrid, 1982, pp. 398-400; « Crónica del rey don Juan II », pp. 332-333.
24. « Crónica del rey don Juan II », pp. 566-566.
25. Idem p. 567: « … quedando la Princesa tal quai nascio, … ». Si l'on me permet de jouer sur les mots je dirai que Blanca (Blanche) demeura telle, sans être tachée de rouge. En bref, le prince, à cause de son homosexualité ou pour toute autre raison, fut incapable de consommer le mariage.
26. Francisco Rico, «Unas copias de Jorge Manrique y las fiestas de Valladolid en 1428», p. 517: « Que se fizo el rey don Juan ? Las justas y los torneos, Los infantes de Aragon, paramentos, bordaduras, que se fizieron ? y cimeras, Que fué de tanto galân ? fueron sino devaneos ? Que fué de tanta invenciôn que fueron sino verduras como truxieron ? de las eras ? »
27. Suárez Fernández, pp. 119-167; Round, Nicholas, The Greatest Man Uncrowned. A Study of the Fall of Don Alvaro de Luna, Londres, 1987, pp. 1–31 Google Scholar. Les chroniques du règne de Juan II s'intéressent essentiellement au combat entre le connétable et les factions nobiliaires en conflit. Pour un récit du soulèvement civil des années 1420, voir Alvar Garcia DE Santa Maria, Crónica de Juan IIde Castilla, 2 vols (ci-dessous Alvar GarcÍA DE Santa Maria), dans Colecciôn de documentos inéditospara la historia deEspana vol. I C et C, Madrid, 1891,1 C, pp. 447-461; Pero Carrillo DE Huete, Crónica del halconero de Juan II J. DE Mata Carriazo éd., Madrid, 1946, pp. 1-18; Refundición de la crónica del halconero J. DE Mata Carriazo éd., Madrid, 1946, pp. 48-58; « Crónica del rey don Juan II », pp. 430-446.
28. Voir Round, pp. 1-31.
29. La « Crónica del rey don Juan II » place la fête du connétable après celle du roi. Il y aurait eu à l'occasion un affrontement entre cinquante chevaliers en blanc et cinquante en rouge (p. 447). La Crónica del halconero de Juan II le récit le plus fiable d'un témoin visuel, précise que la fête eut lieu au début, le 2 mai, avec une joute au cours de laquelle le connétable et sept de ses chevaliers affrontèrent en lice les infants d'Aragon et le roi de Castille (pp. 18-19). Alvar Garcia de Santa Maria place aussi ces festivités au début. Elles concernèrent Alvaro de Luna et « quarante ou cinquante chevaliers » vêtus d'or, de soie et d'hermine » (vol. C, p. 15).
30. Alvar Garcia DE Santa Maria, op. cit. p. 16.
31. Cf. Rurz, « Une royauté sans sacre », p. 447.
32. Pero Carrillo DE Huete, Crónica del halconero de Juan II pp. 19-27; Alvar Garcia DE Santa Maria, op. cit. , pp. 14-20; « Crónica del rey don Juan II », pp. 446-447. Sur les lois somptuaires des Cortes, voir les archives municipales de Burgos (Amb), classif. 1391 (12-X-1252), publiées dans Ismael García Rámila, « Ordenamiento de posturas y otros capitulos générales otorgados a la ciudad de Burgos por el rey Alfonso X », Hispania XIX (1945), pp. 179-235; XX (1945), pp. 385-439; XXI (1945), pp. 605-650; Cortes de los antiguos reinos de Leôn y Castilla 5 vols, Madrid, 1861-1903 (ci-dessous Cortes) I, 1338, p. 451. Voir ci-dessous. Pour les couleurs utilisées pour représenter la royauté et la Vierge dans la tradition iconographique primitive, voir les enluminures qui accompagnent les Cantigas de Santa Maria parag. xv, xvn, xvm et passim. Les atours d'or et d'argent dans la société médiévale sont analysés dans Piponnier, Françoise, Costume et vie sociale. La cour d'Anjou, XIVe-XVe siècle, Paris, 1970 Google Scholar, en particulier pp. 195-260.
33. Sur l'exécution de Juan Garcia, voir note 32. Cf. Sill, Gertrude G., A Handbook of Symbols in Christian Art, New York, 1975, pp. 18 Google Scholar pour les papillons, pp. 29-30 pour les couleurs; Juan E. Cirlot, A Dictionary of Symbols 2e éd., New York, 1971, p. 35 pour les papillons, pp. 52-60 pour les couleurs; Ferguson, George, Signs and Symbols in Christian Art, New York, 1954, p. 7 Google Scholar (papillons), pp. 271-275 (couleurs). Des papillons figurent aussi dans un tableau de Velâzquez représentant une infante d'Espagne. Ils sont cousus sur sa coiffure. Voir aussi le symbolisme des papillons dans Les Versets sataniques de Salman Rushdie, Paris, 1989.
34. Sill, p. 23; Cirlot, pp. 23, 189; Ferguson, pp. 5, 20-21. Voir l'usage symbolique des lions dans le Poema de mío Cid (cantar tercero), vers 2280-2299. Le récit est repris presque littéralement dans la Primera crónica general oeuvre rédigée au milieu du xiii e siècle. Dans le Henry IV de Shakespeare, Première partie, Acte II, scène 4, 1. pp. 271 ss: « Jamais le lion ne touche à un vrai prince». Pour l'image du lion libéré chez Villasandino (mort en 1425), voir Angel Valbuena Prat, Historia de la literatura española 2e éd., Barcelone, 1946, pp. 213-214; « … dans un de ses poèmes, Villasandino fait référence à des prophéties de Merlin. Le lion sortant de la caverne est Juan II échappant au pouvoir de l'infant Don Enrique ». Le poème date de 1421. Voir aussi Juan DE Mena, Laberinto de fortuna John G. Cummins éd., Madrid, 1984, p . 157. Dans une note l'auteur raconte que Juan II avait presque toujours à ses côtés un lion apprivoisé. Quand il trônait sur la silla real il posait ses mains sur le lion. Hechos del condestable pp. 35, 169 et passim. Sur l'utilisation iconographique de lions et d'ours, cf. Cesare Ripa, Iconologia Padoue, 1611, éd. en fac-similé, New York, 1976. Pour les lions, cf. pp. 9, 13, 66, 78, 84-85, 111, 126, 132, 145, 170, 175, 179, 321, 453, etc. Pour les ours, pp. 264, 407, 473. Olivier DE LA Marche dans ses Mémoires… livre I, chap. 29, décrivant les tableaux vivants présentés lors du banquet donné par Philippe le Bon de Bourgogne, montre l'utilisation de lions à des fins symboliques dans deux des tableaux présentés.
35. Huizinga montre que Molinet compare Maximilien (le fils de l'empereur Frédéric III) à Dieu le Père lors de son arrivée aux Pays-Bas pour épouser Marie de Bourgogne. Maximilien, Frédéric III et Philippe le Beau sont aussi comparés à la Trinité. Huizinga, The Waning of the Middle Ages pp. 157-158. Sur le thème christologique, lorsque l'infant don Enrique (le fils de Juan II) fut reconnu par les Cortes, l'évêque don Alvaro de Osorno prononça la bénédiction ou le discours de salutation sur le thème: Puer natus est nobis (un enfant nous est né). Voir aussi Autrand, Françoise, Charles VI, Paris, 1986 Google Scholar, et son analyse de la signification politique des fêtes organisées en mai 1389 à Saint Denis, pp. 214-240.
36. Suârez Fernândez, p. 135; « Crônica del rey don Juan II », p. 448.
37. Juan DE Mena, Laberinto de fortuna pp. 16, 126-127. Voir également Alan Deyermond, « La ideologia del estado moderno en la literatura espanola del siglo xv », Realidad e imagenes del poder pp. 178-179.
38. Les tapis étaient presque toujours rouges. Il existe de nombreuses références dans les chroniques à des tapis qui auraient été ajoutés pour renforcer la dominante rouge dans les cérémonies et les lieux publics. Sur les tapis en Espagne et sur leurs couleurs, voir Kuhnel, Ernst, Catalogue of Spanish Rugs: Twelfth Century to the Nineteenth Century, Washington, D.C., 1953 Google Scholar. Sur la reconnaissance par les Cortes de l'infant don Enrique comme héritier, cf. « Crónica del rey don Juan II », p. 429. Pour une cérémonie semblable, le serment prêté à l'infante Catalina quelques années plus tard, voir pp. 422-423. Cf. aussi ci-dessous, pour d'autres exemples. Voir également O'Callaghan, Joseph, The Cortes of Castile-Leàn, 1188-1350, Philadelphie, 1989, pp. 82–89 Google Scholar.
39. Turner, Victor, From Ritual to Théâtre. The Human Seriousness of Play, New York, 1982, pp. 13–14 Google Scholar.
40. Il existe de nombreux exemples de cela dans le texte mais, même dans les récits plus anciens, nous percevons l'hétérogénéité de l'assistance rassemblée dans un cadre urbain. Voir « Crónica de Alfonso XI », dans Crónica de los reyes de Castilla I, 235-237.
41. Voir, par exemple, « Copias de la Panadera », dans Poesia critica y satirica del siglo XV Julio Rodriguez Puértolas, Madrid, 1981, pp. 131-147.
42. Ruiz, «Une royauté sans sacre», pp. 440, 443-447. Voir aussi Mackay, Spain in the Middle Ages p. 59.
43. The Waning ofthe Middle Ages de Huizinoa comporte, pp. 270-273, une excellente analyse de l'utilisation des couleurs dans la société médiévale. On retrouve dans cet ouvrage des références aux couleurs des vêtements portés à l'occasion des fêtes, funérailles, entrées solennelles, etc. Michel Pastoureau, « Les couleurs ont aussi une histoire », L'Histoire 29, sept. 1986, pp. 46-52, ainsi que son « Et puis vint le bleu », dans Figures et couleurs. Étude sur la symbolique et la sensibilité médiévales Paris, 1986, pp. 15-22; également dans le même ouvrage, « Les couleurs médiévales: systèmes de valeurs et modes de sensibilités », pp. 35-49 (cf. p. 40 un tableau sur le symbolisme des couleurs). Voir également «L'État et son image emblématique», pp. 61-69. Également J. LE Goff, «Codes vestimentaire et alimentaire dans Erec et Enide» dans L'imaginaire médiéval. Essais Paris, 1985, pp. 188-201. Birren, Faber, Selling Colors to People, New York, 1956, pp. 149–155 Google Scholar. Nous apprenons ainsi que les femmes brunes et les Latins préfèrent le rouge. Voir aussi pp. 173-174. Birren, , The Story of Color. From Ancient Mysticism to Modem Science, Westport, 1941, pp. 90 Google Scholar, 323-326: la couleur héraldique mythique d'Adam est le rouge, celle d'Eve le blanc. Voir aussi Jacques Heers, « La mode et les marchés des draps de laine: Gênes et la montagne à la fin du Moyen Age », Annales Esc 26, n° 5, 1971, pp. 1093-1117: à la fin du xve siècle et au début du xvie les testaments montrent que les marchands génois avaient une préférence pour les teintes rouges.
44. Turner, Victor W., « Color Classification in Ndembu Ritual. A Problem in Primitive Classification », dans The Forest of Symbols, Ithaca, 1967, pp. 59–90 Google Scholar; Eliade, Mircea, Rites and Symbols of Initiation. The Mysteries of Birth and Rebirth, New York, 1958, pp. 26 Google Scholar, 105, 122, 125. Pour une lecture critique de Turner et pour une discussion fort instructive de la dynamique de l'usage des couleurs, voir Jane Schneider, « Peacocks and Penguins. The Political Economy of European Cloth and Colors », American Ethnologist V, 3, 1978, pp. 413-447. Sur les aspects libidinaux du tournoi et de la culture courtoise, voir Huizinga, The Waning of the Middle Ages pp. 79-89 etpassim; Heer, F., The Médiéval World. Europe, 1100-1350, Cleveland, 1962, pp. 143–147 Google Scholar. Sur les affrontements entre chevaliers en blanc et chevaliers en rouge, voir plus bas.
45. Hechosdelcondestable pp. 195-196.
46. Voir Woodbridge, Linda, « Black and White and Red Ail Over: The Sonnet Mistress Amongst the Ndembu », Renaissancce Quaterly, XL, 2, 1987, pp. 247–297 Google Scholar. Dans le Libro de buen amor (années 1330) de Juan Ruiz il est dit que la femme idéale a un visage fort blanc et une bouche rouge (pp. 431-434). Dans Fernân Pérez de Guzmán, Generaciones y semblanzas Biblioteca de autores españoles, LXVIII, Madrid, 1953, pp. 697-719, les rois de Castille sont toujours décrits comme étant blonds, avec un visage d'un blanc pur et des joues rouges.
47. Voir plus haut. Cf. également Cortes I, Burgos, 1338, p. 451; Cortes II, Valladolid, 1351, pp. 14-15, 19; Cortes III, Palenzuela, 1425, p. 70 et passim. Voir l'édition récente établie par Francisco Hernández d'un Cuaderno de Cortes jusqu'alors inconnu, son, dans « Las cortes de Toledo de 1207 », dans Las cortes de Castilla y Leôn en la edad média, 2 vols, Valladolid, 1988 Google Scholar,1, pp. 221-263: Hernàndez montre l'intérêt déjà accordé à l'époque aux étoffes importées de grand prix, et surtout à Vescarlata. Sur les restrictions imposées uniquement aux Juifs et aux Maures, voir S. Berkowitz et T. F. Ruiz, « Jewish and Christian Relations in Urban Northern Castile, 1200-1350», à paraître dans les Actes d'un colloque sur les relations entre juifs et chrétiens au Moyen Age qui s'est tenu à Seton Hall University en mai 1988. Un inventaire inédit datant du 22 juin 1442, aimablement communiqué par Adeline Rucquoi, montre que les étoffes étaient de couleurs variées, sans préférence marqué pour la combinaison blanc/rouge. Cela renforce la signification de l'accent mis sur ces deux couleurs dans les fêtes. F. Autrand montre, dans Charles VI pp. 217-219, que les couleurs utilisées de manière exclusive pour la fête royale de mai 1389 étaient celles du roi, « vert-blanc-vermeil ». Tout le monde portait les mêmes couleurs et les distinctions de rang social se manifestaient seulement dans la qualité de l'étoffe: « Les robes du roi, de la reine, des princes, sont de satin doublé de taffetas, celles de chevaliers sont de velours ou de fine écarlate, celles des écuyers sont de simple drap ou de brunette. »
48. Hechos del condestable pp. 41-57.
49. Voir Crônica de Alfonso XI pp. 231, 329; Crônica de Pedro I p. 431: un chevalier de l'Ordre de la Banda (blanc et noir) porte aussi un emblème rouge; également p. 432 mariage du roi (en argent, or et hermine), p. 472 affrontement de cinquante chevaliers contre cinquante autres (rouge et blanc). Crônica de Enrique II pp. 33-34; «Crônica del rey don Juan II », pp. 332-333, 359-361, 365, 422-424, 428-430, 514, 516, 524, 526-527, 655-656, 683: la dernière reference comporte une description de l'exécution théâtrale de don Alvaro de Luna. Mosén Diego DE Valera, « Mémorial de diversas hazañas » dans Crónicas de los reyes de Castilla, op. cit. Biblioteca de autores españoles, LXX, vol. III, p. 33; Diego EnríQuez Del Castillo, p. 108; dans la deuxième Partida tit. xix, ley 18, Alfonso X recommande que les jeunes chevaliers soient vêtus de rouge et de vert pour qu'ils soient heureux. Voir les utilisations iconographiques du rouge, du blanc et du noir dans Ripa, Iconologia blanc: pp. 16-17, 74, 124, 162, 203, 250, 273, 318, 418, 478, 483 etpassim; noir: pp. 25, 54, 126, 255, 265, 335, 418, 420, 450, 500; rouge: pp. 37, 72, 86, 102, 135, 139, 170, 256, 264, 351, 426 etpassim.
50. Woodbridge, pp. 268-272.
51. Voir Schneider, pp. 430-431.