Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
L'effondrement de la Prusse après Iéna : une surprise pour toute l'Europe. On s'étonna du manque de cohésion d'une armée célèbre par sa discipline, de la désorganisation d'un système administratif réputé pour la valeur de ses fonctionnaires et, surtout, des signes de désaffection donnés par un peuple dont le loyalisme était proverbial. Comment s'expliquer cet effondrement, sinon en reconsidérant l'édifice, dont, après Kover, toute une génération d'historiens a minutieusement étudié les rouages ? Puis en décrivant les principaux aspects d'une crise qui, s'attaquant à l'économie et à l'équilibre social, transforma la mentalité populaire et s'exprima, par la plume des intellectuels, en un langage nouveau.
En apparence, ce sont l'armée et l'administration qui caractérisent l'Etat prussien à la, fin du XVIIIe siècle. Mais, ce qui le rend incomparable aux autres puissances, c'est un dépouillement méthodique de la presse, des mémoires, des études politiques ou économiques publiées entre la fin du règne de Frédéric II et la catastrphe de 1806, — qui, seul, permet d'en prendre lentement conscience.
Notre collaborateur Henri Brunschwig a soutenu brillamment ses thèses en Sorbonne, en avril 1946. Les rigueurs du temps font que son travail n'a pas encore pu être imprimé. A défaut de compte rendu critique, nous insérons dan? les Annales l'exposé qu'a fait M. Brunschwig devant son jury de thèse. Il donnera une juste idée de ce que renferme son livre en cours d'impression. Livre qui pose bien des questions : celle des rapports de la littérature avec la vie politique et sociale ; mais aussi, en dernière analyse, celle des contrastes de la mentalité prussienne et de la mentalité française. ('Note de la Direction.)
1. Où l'on voit reparaître la théorie de Pirenne dans les Etapes de l'Histoire sociale du Capitalisme, sans qu'on l'ait cherché, oertes, de propos délibéré. Mais transposée du plan des générations sur le plan des « crises ».