Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
« Et Monsieur Boutroux
conclut avec une énergique
douceur : comment vivrait-on
sans philosophie ? »
Dans un essai sur la situation de la philosophie française contemporaine, Jacques Bouveresse remarque que les considérations métaphilosophiques sur la crise, voire sur la mort de la philosophie constituent aujourd'hui une sorte de thème obligé : « On a l'habitude de dire, écrit-il, que la philosophie est, d'une certaine manière, en état de crise permanente. Mais c'est justement une manière de constater que le terme de ‘crise’, lorsqu'on l'utilise à son sujet, perd pratiquement toute espèce de signification ». L'affirmation selon laquelle la philosophie n'en finirait pas de finir, qui va d'ailleurs souvent de pair avec l'annonce de sa résurrection périodique, n'est assurément pas un trait distinctif de la philosophie française. Même si les références à la crise et à la mort constituent aujourd'hui des banalités et si certains universitaires savent gérer cette crise de façon paisible et prospère, il n'en reste pas moins que le thème de la fin de la philosophie a été central depuis le xixe siècle, sous des modes divers et sans doute opposés. La Crise des sciences européennes de Husserl constitue le meilleur exemple de diagnostic de la crise et présente le programme le plus achevé de restauration de l'unité et de la fonction perdues des discours philosophiques.
Taking as its starting point the paradoxical nature of the persistence with which the French academic philosophers evoked the critical situation in which they found themselves between 1880 and 1914, this study attempts to bring to light the social stakes involved in the debates over Philosophy at the turn of the century. It begins first by evaluating the strategies of the legitimation and disqualification of individuals and groups and defining the limits of this crisis which fails to call in to question the relative social optimism and group-cohesion of, philosophy professors. It then attempts to measure the relative decline of Philosophy with in the context of the academie disciplines. The rally of support for the philosophy class and the status quo of the discipline itself appears then as a consequence of this relative decline in position. The rigour andsuccess of this rally of support accounts for the fact that no real transformation in the teaching of philosophy took place during the Third Republic. Never the less, behind this unmoving façade, the proliferation of references to the crisis of the discipline can be taken as an index of the changes which determine its position within the educational system and the image which the professors have of their activity.
Je remercie J.-C. Chamboredon, P.-M. Menger et H. Touboul pour leurs commentaires sur la première version de ce texte.
1. Agathon, Cité par, L'esprit de la nouvelle Sorbonne, Paris, Mercure de France, 1912, p. 274.Google Scholar
2. Bouverbsse, J., Le philosophe chez les autophages, Paris, Éditions de Minuit, 1984, p. 141.Google Scholar
3. Ainsi selon M. Foucault, le thème de la fin de la philosophie, qui constituait le discours d'accompagnement des sciences humaines à l'époque de leur fondation, est présent sous une autre forme précisément annonciatrice du contraire, au moment où le « sol de possibilité » des sciences de l'homme semble se dérober : « Pendant tout le xixe siècle, la fin de la philosophie et la promesse d'une culture prochaine ne faisaient sans doute qu'une seule et même chose avec la pensée de la finitude et l'apparition de l'homme dans le savoir ; de nos jours, le fait que la philosophie soit toujours et encore en train de finir et le fait qu'en elle peut-être, mais plus encore en dehors d'elle et contre elle, dans la littérature comme dans la réflexion formelle, la question du langage se pose, prouvent sans doute que l'homme est en train de disparaître » (Les mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966, p. 397).
4. Pour Husserl, la « crise » de la philosophie occidentale, telle qu'elle se manifeste en 1935, est la conséquence du triomphe du positivisme dans la deuxième moitié du xixe siècle et de la réduction des sciences à l'état des « sciences de fait » ; mais il s'agit du point culminant d'un affaiblissement séculaire de la « foi dans la philosophie universelle ». Évoquant la situation de la psychologie, Husserl écrit par exemple : « Cette sorte de maladie dont elle souffre non seulement de nos jours, mais déjà depuis des siècles — bref, la “ crise ” qui lui est propre… » ( Husserl, E., La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Paris, Gallimard, 1976, trad. G. Granel, p. 9 Google Scholar).
5. Le débat sur l'enseignement philosophique au xixe et au xxe siècle est évoqué dans l'étude de Gerbod, P., « L'université et la philosophie de 1789 à nos jours », dans Actes du 95e congrès national des sociétés savantes, Paris, Imprimerie nationale, 1974.Google Scholar
6. R. Sinding remarque que « depuis maintenant plus de deux siècles, la vision que nous avons de nous-mêmes est dominée par la notion de crise ». (Qu'est-ce qu'une crise ? Paris, P.U.F., 1981, p. 13). La question est alors de savoir si on peut conserver un caractère opératoire à une notion qui permet de désigner toutes les situations historiques, et tous les débats philosophiques.
7. Le meilleur exemple de ce jeu d'équivalences se trouve dans l'essai d' Cornu, A., « Bergsonisme et existentialisme », dans Farber, M., L'activité philosophique contemporaine en France et aux États-Unis, Paris, P.U.F., 1950,Google Scholar t. II. Pour l'auteur, « la philosophie idéaliste française, essentiellement représentée par le bergsonisme d'abord, puis par l'existentialisme, est l'expression idéologique du déclin de la bourgeoisie… Menacée dans sa position de classe dominante par la montée du prolétariat et perdant du fait de l'accentuation des crises, sa foi dans le progrès, la bourgeoisie, de conservatrice qu'elle était, tend à devenir réactionnaire… Cette évolution s'exprime sur le plan philosophique par une critique généralisée de la valeur et de la portée des sciences » (pp. 165-167). Il s'agit ici d'une forme extrême d'assimilation de la philosophie universitaire à l'idéologie bourgeoise : mais on pourrait sans peine trouver d'autres exemples, moins caricaturaux, d'homologies rendues possibles par la superposition de définitions critiques.
8. Cet âge d'or correspond par ailleurs, comme le montre V. Karady, à la translation vers le haut de la stratification universitaire et à l'amélioration des espérances de carrière de tous les professeurs (V. Karady, « Les professeurs de la République. Le marché scolaire, les réformes universitaires et les transformations de la fonction professorale au xixe siècle », Actes de la Recherche en Sciences sociales, juin 1983, n° 47-48, pp. 90-112). Mais cet âge d'or constitué par l'accumulation des souvenirs pieux (sur Lagneau, Darlu, Bergson, Alain en particulier) est aussi devenu une sorte de légende professorale. Il va sans dire que pour certains, en particulier les marxistes, il s'agit de l'âge noir de la philosophie française : à la suite de P. Nizan et de G. Politzer, L. Althusser évoque « la pitoyable histoire de la philosophie française dans les 130 ans qui suivirent la révolution de 1789 » (Pour Marx, Paris, Maspero, 1965, p. 16).
9. On pourrait donner de multiples exemples des usages de la métaphore du couronnement ; elle est au centre des discussions du 28 novembre 1907 à la Société française de philosophie où l'on évoque l'enquête d'Alfred Binet sur l'enseignement de la discipline (Bulletin de la Société française de Philosophie, 1908). Citons entre autres, Alfred Fouillée parlant de « la nécessité de couronner l'enseignement, pour les élèves de toutes les sections, par une année de philosophie sérieuse », Marcel Bernés affirmant que « l'enseignement philosophique semble être bien le couronnement nécessaire des études secondaires » et Alphonse Darlu qui définit la classe de philosophie comme « la classe qui couronne, qui parfait l'enseignement secondaire ». Au tournant du siècle, la métaphore du couronnement, bien qu'elle évoque une configuration onto-encyclopédique du savoir qui met la philosophie en position d'éminence, a surtout pour fonction de préserver des différences, souvent ténues, avec les autres disciplines, dans l'organisation quotidienne des activités scolaires : le couronnement existe surtout dans l'espace du lycée où la philosophie continue de bénéficier de signes de distinction. D'autre part les philosophes gardent une part importante dans la définition de la gestion de la politique éducative et la science de l'éducation constitue une province de la philosophie.
10. Sur ce changement de définition de l'activité professorale, voir Canivez, A., Jules Lagneau, professeur et philosophe, Strasbourg, Publications de l'Université de Strasbourg, 1965,Google Scholar et Fabiani, J.-L., « Les programmes, les hommes et les oeuvres. Professeurs de philosophie en classe et en ville au tournant du siècle », Actes de la Recherche en Sciences sociales, 1983, n° 47- 48, pp. 3–20.Google Scholar
11. Sur la notion de champ, voir particulièrement Bourdieu, P., « Genèse et structure du champ religieux », Revue française de Sociologie, 12 (3), 1971, pp. 295–334 CrossRefGoogle Scholar et « Quelques propriétés des champs », Questions de Sociologie, Paris, Minuit, 1981.
12. D'une manière générale, les polémiques, grandes ou petites, sont négligées par les historiens des idées. C'est ce que remarque Schlanoer, J. : « Les discussions, les oppositions d'idées, les conflits de valeur, tout cela apparaît encore mal dans la façon dont nous racontons les histoires de la pensée connaissante ». L'enjeu et le débat, Paris, Denoël-Gonthier, 1979, pp. 9–10.Google Scholar
13. Ravaisson, F., Rapport sur la philosophie en France au dix-neuvième siècle, Paris, 1867.Google Scholar Il s'agit en fait d'une mise à jour de la philosophie spiritualiste qui permet en se démarquant du cousinisme et en continuant à condamner le positivisme, de faire place à un certain nombre de travaux qui n'avaient pas droit de cité dans la philosophie universitaire (Renouvier, Lamennais, Claude Bernard, entre autres). L'importance de ce rapport tient au fait qu'il reconstitue les bases d'une langue philosophique commune acceptable par les universitaires. C'est la raison pour laquelle les cousiniens se plaignirent d'avoir été injustement traités par l'auteur du Rapport : « Victor Cousin n'est pas apprécié à sa juste valeur dans ce compte rendu », écrivait E. Vacherot (” La situation philosophique en France », Revue des Deux-Mondes, 1868-3, p. 951).
14. On peut citer : É. Boutroux, « La philosophie en France depuis 1867 », Revue de Métaphysique et de Morale, 1908, pp. 683-716, qui se présente comme la suite du rapport de Ravaisson, mais aussi le feuilleton « Contemporary Philosophy in France » assuré par F. Paulhan, puis Lalande, A. dans The Philosophical Review (New York, Macmillan).Google Scholar A destination d'un public non professionnel, on peut mentionner : Arréat, L., Dix ans de philosophie, Paris, Alcan, 1901 Google Scholar et Gaultier, P., La pensée contemporaine, Paris, Hachette, 1911.Google Scholar
15. É. Boutroux, « La philosophie en France depuis 1867 », pp. 683-684.
16. Parodi, D., La philosophie française contemporaine, Paris,Google Scholar
17. Boutroux, É., « La philosophie » dans Un demi-siècle de civilisation française, Paris, Hachette, 1915.Google Scholar
18. É. Boutroux, « La philosophie en France », p. 688.
19. É. Boutroux, « L'enseignement de la philosophie », communication faite au congrès international de l'enseignement supérieur (1900), publiée dans la Revue internationale de l'Enseignement (1901 — vol. 2, p. 506). On trouve dans cette communication une combinaison des prétentions universalisantes de la philosophie (Boutroux propose que la faculté de philosophie soit le « centre commun » des facultés de lettres et de sciences) et de la reconnaissance de la parcellisation inévitable du travail philosophique.
20. Le tableau de Boutroux fut critiqué par les représentants de la droite intellectuelle et du courant antipositiviste qui voyaient dans la modestie de l'auteur une forme de renoncement, et qui étaient d'autant plus déçus qu'ils avaient fait de l'auteur des Contingences des lois de la nature un des hérauts de la réaction antidéterministe et antiscientiste. Pierre Leguay écrivait ainsi : « La philosophie est morte. On l'assure, et je le crois volontiers : M. Boutroux l'a enterrée », à propos de « La philosophie française contemporaine » (La Sorbonne, Paris, Grasset, 1910, p. 95). Boutroux, « grand voyageur universitaire », selon M. Schyns (La philosophie d'Emile Boutroux, Genève, thèse de la Faculté des Lettres, 1921), représentant par excellence de la philosophie française, et défenseur de sa place dans le système d'enseignement, était aussi un criticiste radical : le tableau de 1908 est à la fois le produit de la constatation de la parcellisation de l'activité philosophique, et l'effet de la propre cohérence théorique de l'auteur. L. Dauriac insiste sur le « renoncement et le sacrifice spéculateur » caractéristiques du projet de Boutroux : « Je me suis étonné naguère du refus de Boutroux quand, invité à monter dans la chaire de philosophie laissée vacante par Paul Janet, il voulut rester dans la chaire d’ “ histoire de la philosophie moderne ”. Plusieurs d'entre nous craignirent que Boutroux ne se trompât sur sa vraie vocation. C'était nous qui nous trompions. É. Boutroux prenait très au sérieux le verdict kantien contre la métaphysique, et, par conséquent, il assignait au philosophe un rôle qui, ne pouvant plus être celui d'un chercheur, devait se limiter sagement au commentaire et à la critique » ( Dauriac, L., Contingence et rationalisme, Paris, Vrin, 1924, p. 24 Google Scholar).
21. Cresson, A., Le malaise de la pensée philosophique, Paris, Alcan, 1905, p. 153.Google Scholar Selon l'auteur, ce malaise est à la fois l'effet de l'émergence d'un mouvement rétrograde (le retour à une vision de la philosophie comme servante de la théologie) et la conséquence du fait qu'aucune doctrine philosophique « ne peut faire admettre en sa faveur des raisons indiscutables » (op. cit., p. 11).
22. Dans un ouvrage publié en 1935, mais qui se présente comme un retour en arrière sur les trente ans qui viennent de s'écouler, D. Parodi est encore plus explicite : « Depuis quelque trente ans, il paraît bien que le désarroi intellectuel soit complet », remarque-t-il dès la première page de son livre En quête d'une philosophie, (Paris, Alcan, 1935), dont le premier chapitre a d'ailleurs pour titre « La crise de la philosophie moderne ». La crise du savoir philosophique est, selon Parodi, double : il y a d'abord une crise épistémologique (la physique contemporaine a ébranlé les représentations philosophiques de l'activité scientifique) et ensuite un effondrement des idées morales. Tous les secteurs de la réflexion philosophique sont également touchés.
23. Le philosophe catholique Paul Bureau, lui-même grand utilisateur de la notion dans son ouvrage La crise morale des temps nouveaux, qui entend remédier aux manifestations de l'affaiblissement de la moralité (alcoolisme, luxure, révolutionnarisme), révèle l'usage universel qui en est fait : « De fait, orateurs et publicistes ne cessent d'attester que nous subissons une crise sociale très grave et que cette crise générale se subdivise à son tour en d'innombrables crises de chaque institution et de chaque groupement social : la crise de la famille et du mariage, la crise de l'école primaire, la crise du capitalisme, la crise du salariat, la crise de la vie morale, la crise du libéralisme, la crise des institutions militaires, la crise de la franc-maçonnerie, la crise de la foi, la crise du protestantisme, etc. (La crise morale des temps nouveaux, Paris, Rivière, 1907, p. 8). Lepubliciste Albalat range le terme de crise dans la catégorie des clichés utilisés par les philosophes ( Albalat, A., Comment il ne faut pas écrire, Paris, Pion, 1921,Google Scholar chap. xi, « Les ravages du style philosophique »).
24. Sur l'étendue de cette crise, voir particulièrement, Isambert-Jamati, V., Crises de la société, crises de l'enseignement, Paris, P.U.F., 1970,Google Scholar et Prost, A., Histoire de l'enseignement en France 1800-1967, Paris, Colin, A., 1968.Google Scholar
25. Voir les réponses à la commission parlementaire dans les Impressions parlementaires, Ie législature, et l'étude qu'en fait Isambert-Jamati, V. dans « Une réforme des lycées et collèges (1902) », L'Année sociologique, troisième série (1969), Paris, P.U.F., 1971, pp. 9–60.Google Scholar
26. Janet, P., La crise philosophique, Paris, Germer-Baillère, 1865.Google Scholar Janet assigne une fonction essentiellement critique au spiritualisme. Le spiritualisme est entré dans une nouvelle phase, la phase polémique : « Le spiritualisme n'est pas en voie de faire des conquêtes, mais il défend ses positions avec vigueur, et par une polémique vigilante, éclairée et perçante, il jette le trouble dans les ouvrages assez fragiles jusqu'ici de ses adversaires » (op. cit., p. 8).
27. Voir par exemple E. Beaussire, « La crise actuelle de la morale », Revue des Deux-Mondes, n° 4, 1884, p. 551 et A. FouillÉE, « La crise actuelle de la métaphysique », Revue des Deux-Mondes, mais 1888, pp. 110-140. A. Fouillée insiste sur « la gravité de la crise actuelle » qui menace de réduire la métaphysique à une fiction ou à une sorte de poésie supérieure.
28. Voir par exemple, Fonsegrtve, G., Regards en arrière, Paris, Bloud, 1908:Google Scholar la crise de la pensée catholique est aggravée par une « crise d'ordre social… ». Un des facteurs est à chercher dans le bouleversement de la philosophie (voir p. 313 ss). Voir aussi Bazatllas, A., La crise de la croyance dans la philosophie contemporaine, Paris, Perin, 1901.Google Scholar
29. Dans La philosophie et le temps présent (Paris, Belin, 1894), L. Ollé-Laprune proteste contre les moeurs philosophiques du temps, pensées sous la catégorie du frivole. La philosophie est en crise parce que le modèle de l'activité qui prévaut est celui du dilettante et du virtuose amateur. « C'est le règne de la fantaisie en philosophie que ces moeurs philosophiques inaugurent » (op. cit., p. 46).
30. Durkheim, É., De la division du travail social, Paris, P.U.F., 1973 Google Scholar (première édition 1893), pp. 353-355. Selon Durkheim, la crise de la morale ne pourra pas être résolue par l'émergence d'un nouveau système philosophique restaurateur (op. cit., pp. 405-406) ; la nouvelle morale naîtra « peu à peu, sous la pression des causes internes qui la rendent nécessaire » (p. 406). L'attitude de Durkheim à l'égard de la philosophie a toujours été double : la critique de l'incapacité de la philosophie à rendre compte des phénomènes sociaux, amorcée dans La division du travail, est poursuivie tout au long de l'oeuvre (jusqu'à la critique de la philosophie de la religion qui ouvre les Formes élémentaires de la vie religieuse) ; en même temps, Durkheim ne cesse de rechercher la reconnaissance de ses pairs-philosophes et de tenter d'influer sur l'organisation de l'enseignement philosophique (en étant membre du jury d'agrégation par exemple, ou en proposant des projets de réforme).
31. Ribot, T., La psychologie allemande contemporaine, Paris, Alcan, 1879.Google Scholar
32. Sur ce thème, voir W. Lepenoes, « Pour une histoire des rapports entre la philosophie et la sociologie », Actes de la Recherche en Sciences sociales, juin 1983, pp. 37-44. Il convient d'utiliser cette idée avec prudence, dans la mesure où la philosophie n'a pas toujours été en position dominante dans l'histoire occidentale (sur la dépossession de la philosophie par les lettres et sa réduction au rôle de servante de la grammaire au xvie siècle, voir l'étude d'A. Canivez sur Jules Lagneau).
33. Sur la question des stratégies des fondateurs de sciences humaines, voir J. BEN David et R. Coixins, « Social Factors in the Origins of a New Science : the Case of Psychology, American Sociological Review, 1966, pp. 451-465, et V. Karady, « Stratégies de réussite et modes de faire valoir chez les durkheimiens », Revue française de Sociologie, 1978, pp. 49-82.
34. F. K. Ringer, The Décline of the German Mandarins, Cambridge, Harvard University Press, 1969, p. 385. Vers 1890, les universitaires allemands évoquaient surtout le déclin de la vitalité de leurs traditions intellectuelles ; vers 1920, le thème d'une « crise de la culture » était constitué comme tel et faisait partie des représentations professorales communes. Le constat du déclin était lié à la déploration de deux phénomènes sociaux : l'afflux trop important d'étudiants dans les universités (et la baisse corrélative du niveau) ; le matérialisme ambiant de la vie moderne, dont la vulgarité détourne de la recherche désintéressée du savoir.
35. F. K. Ringer, op. cit., pp. 295-296. Hegel en particulier faisait figure de fauteur de trouble dans la mesure où ses prétentions excessives avaient contribué à discréditer la spéculation philosophique et par conséquent fait le lit du positivisme.
36. F. K. Ringer, op. cit., p. 354.
37. Les réponses à l'enquête d'Alfred Binet sur l'enseignement de la philosophie montrent que le thème de la liberté individuelle est désormais intégré à la représentation de l'activité professorale ; Binet cite, sous le titre « La liberté du professeur a augmenté » des affirmations significatives : « On ne paraît avoir abandonné l'idée d'un catéchisme philosophique… L'esprit critique s'exerce sans scrupule et ne s'interdit aucun domaine… Ce qui me frappe, c'est qu'il n'y a pas en ce moment d'orthodoxie universitaire de la philosophie », L'Année psychologique, XIV, 1908, pp. 152-217. Les citations se trouvent p. 160. D'autre part, les instructions de 1902 précisent que « l'ordre adopté dans le programme n'enchaîne pas la liberté du professeur ; il suffit que les questions indiquées soient toutes traitées ».
38. C'est le cas par exemple dans le tableau de Boutroux. Certains auteurs cependant évoquent le climat de « décomposition intellectuelle », en particulier F. Paulhan dans le Nouveau mysticisme (Paris, Alcan, 1891).
39. Voir Lévi, A. W., Philosophy as Social Expression, Chicago, University of Chicago Press, 1974,Google Scholar pour une analyse de la professionnalisation de la philosophie dans l'histoire.
40. A. W. LÉVI, op. cit., p. 237.
41. Voir J.-L. Fabiani, La crise du champ philosophique 1880-1914, thèse de troisième cycle, E.H.E.S.S., 1980, chap. n, « Les professionnels », pp. 88-121.
42. Comte et Renouvier étaient polytechniciens, Cournot était normalien et mathématicien.
43. En tant que réformateur et gestionnaire de l'Université, Louis Liard était évidemment porté à durcir le trait et à opposer radicalement les deux situations. Évoquant ses propres souvenirs de professeur de philosophie, Louis Liard rappelait la nature de son public avant la réforme universitaire : « Jamais je n'oublierai celle [la mésaventure] qui m'advint, il y a quinze ans, à mes débuts à la Faculté de Bordeaux. Suivant l'usage du lieu, je dus faire mon cours le soir, à huit heures. L'hiver, tout alla bien ; le's auditeurs étaient nombreux et semblaient attentifs. Au printemps, ils ne diminuèrent pas trop. Mais avec l'été, presque tous disparurent. Et voici pour quelle cause. Avec l'été reparaissait, dans la rue, la retraite militaire. Elle passait devant la Faculté, une fois la leçon commencée. A peine clairons et tambours résonnaient-ils au loin, que l'auditoire sortait à la file, suivait la musique et ne reparaissait plus. A peine restait-il quelques fidèles ». ( Liard, L., Universités et facultés, Paris, Colin, 1890, p. 23 Google Scholar). Voir aussi Le Visse, E., Questions d'enseignement national, Paris, Colin, 1885.Google Scholar
44. Jusqu'en 1876, il n'existait pas de revue philosophique universitaire. Les philosophes s'exprimaient dans les revues politico-littéraires de l'époque (les spiritualistes en particulier collaboraient régulièrement à la Revue des Deux-Mondes) et il existait d'autre part quelques revues d'école, instruments de groupes extérieurs à l'université, pour l'essentiel des disciples de Comte et de Renouvier. La situation change en 1876 avec l'apparition de la Revue philosophique, fondée par Théodule Ribot : si celui-ci défend une conception de la philosophie en rupture avec la tradition spiritualiste, qu'il juge sévèrement, il se refuse à faire une revue d'école avec un manifeste et des exclusives. Les termes par lesquels Ribot annonce la création de la revue à son ami Espinas éclairent très bien le type de l'opération qu'il entend mener dans le champ intellectuel : « Voici une grosse nouvelle. Un projet qui couvait depuis quelques mois vient d'aboutir. Germer Baillière fonde, pour paraître au 1er janvier 1876, une Revue philosophique (directeur : Théodule Ribot). Elle aura pour caractère d'être ouverte : pas d'esprit de secte (Littré, Renouvier), tu verras prochainement le programme » (cité par J. Thirard, « La fondation de la Revue philosophique », Revue philosophique, 1976, pp. 401-403). A la fin du siècle, d'autres revues voient le jour : la Revue de Métaphysique et de Morale, l'Année psychologique, le Journal de Psychologie normale et pathologique, l'Année sociologique.
45. Si l'on prend comme base de référence la liste des philosophes (n = 100) ayant exercé entre 1880 et 1914 et recensés dans l'ouvrage de Benrubi, I., Les sources et les grands courants de la philosophie française contemporaine, Paris, Alcan, 1933,Google Scholar on constate que 10 % des philosophes sont issus des classes populaires, 10 % de la petite bourgeoisie intellectuelle, 10 °?o de la petite bourgeoisie des affaires, 10 % de la catégorie des employés, 5 °?o de celle des rentiers et des propriétaires, 28 % de la moyenne bourgeoisie intellectuelle, 12 % de la moyenne bourgeoisie des affaires, 11 % de la bonne bourgeoisie intellectuelle et politique. Aucun philosophe n'est originaire de l'aristocratie ou de la grande bourgeoisie, et il y a 13 % de non-réponses (voir J.-L. Fabiani, La crise du champ philosophique, pp. 35-37). On compte donc une part relativement importante de philosophes d'origine populaire (pour l'essentiel des fils de paysans et de représentants de petits métiers du monde villageois), cette impression est renforcée si l'on compare la situation des philosophes universitaires avec celle des écrivains qui occupent une position élevée dans la hiérarchie symbolique comme le théâtre d'avant-garde, qui ne compte que 1,9 % d'individus issus des classes populaires (voir sur ce point l'enquête de Ponton, R., Le champ littéraire en France 1865-1905, Paris, E.H.E.S.S., 1977 Google Scholar). Mais l'élément le plus remarquable est l'importance de la petite et de la moyenne bourgeoisie intellectuelles (39 °7o de l'ensemble) : la liste compte ainsi 16 fils d'enseignants et 9 fils de médecins et de pharmaciens.
46. Voir en particulier M. Malapert, « L'unité sociale et l'enseignement philosophique », Revue universitaire, 1900-1, pp. 217-224.
47. Sur cette vague anti-intellectualiste et quelquefois mystique, voir Weber, E., The Nationalist Revival in France, 1905-1914, Berkeley, University of California Press, 1968 Google Scholar et Rebérioux, M., La République radicale ? 1898-1914, Paris, Seuil, 1975,Google Scholar particulièrement le chapitre « Dépression culturelle », pp. 143-148. On ne méconnaît pas cependant le fait qu'il peut y avoir des effets spécifiques de cette vague à l'intérieur du champ philosophique : les étudiants en philosophie sont touchés par les idéologies irrationalistes et par le renouveau catholique et nationaliste.
48. É. Durkheim, « L'enseignement philosophique et l'agrégation de philosophie », Revue philosophique, 1895, pp. 121-147.
49. Le manifeste introductif de la revue est très clair à se sujet : « Entre le positivisme courant qui s'arrête aux faits, et le mysticisme qui conduit aux superstitions, la lumière de la raison est aussi faible, aussi vacillante que jamais. Il est probablement impossible qu'elle éclaire le travail de la foule humaine, mais que du moins ceux en qui elle brûle silencieusement se rapprochent ; qu'ensemble ils avivent la flamme », Revue de Métaphysique et de Morale, 1893, n° 1, p. 3.
50. Sur la revendication du bergsonisme par la droite intellectuelle, voir Henriot, E., A quoi rêvent les jeunes gens, Paris, Champion, 1913,Google Scholar notamment l'interview d'Alfred de Tarde : « et chez Bergson au fond, ce que [les jeunes] admirent, c'est sans doute moins ce qui s'y trouve en réalité que le respect et l'apothéose de la vie intérieure » (p. 106).
51. Sur la complicité des antagonistes dans le cas du champ scientifique, voir Bourdieu, P., « Le champ scientifique », Actes de la Recherche en Sciences sociales, 1976, nc 2-3, pp. 88–104.CrossRefGoogle Scholar
52. On trouve un bon exemple de la disqualification des philosophes non professionnels dans la polémique de Darlu avec Brunetiere. Dans un article de la Revue de Métaphysique et de Morale (” De M. Brunetiere et de l'individualisme », 1898, pp. 381-400), Darlu critique en termes vifs l'intervention des littérateurs sur la scène philosophique : « C'est une grande misère de ce moment du siècle que nous n'ayons pour guide que des journalistes, des conférenciers, des hommes de théâtre. Si le pays conservateur a besoin d'un docteur en sciences sociales, il se confie à M. Edouard Drumont » (p. 382).
53. E. Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale,
54. Les historiens de la naissance des sciences sociales en France oublient trop souvent cette évidence : c'est à l'intérieur du champ philosophique que demeurent psychologues et sociologues, et qu'on doit comprendre les stratégies de fondation. Sur les illusions que produit l'autonomisation indue du durkheimisme, voir J.-C. Chamboredon, « Emile Durkheim : le social, objet de science. Du moral au politique ? », Critique, n° 445-446, juin-juillet 1984, pp. 460-531.
55. Bourdieu, P. et Passeron, J.-C., La reproduction, Paris, Éditions de Minuit, 1970, p. 108.Google Scholar
56. V. Karady, Stratégies de carrière et hiérarchie des études chez les universitaires littéraires sous la Troisième République, 1973, multigraphié.
57. V. Karady, op. cit., p. 8.
58. Sur Louis Liard, voir Gerbod, P., « Un directeur de l'enseignement supérieur : Louis Liard », dans Les Directeurs de ministère en France, XIXe-XXe siècle, Paris, Minard, 1976.Google Scholar
59. « Il est juste et utile que la philosophie se maintienne dans sa forme classique et universelle. Elle doit être le lien des autres études » (E. Boutroux, Revue internationale de l'Enseignement, 1901-11, p. 508).
60. G. Belot, « La place et le caractère de la philosophie dans l'enseignement secondaire », Bulletin de la Société française de Philosophie, 1903.
61. D'une manière générale, les philosophes ont une attitude ambivalente : si une majorité d'entre eux ne souhaite pas que la philosophie se constitue comme une science spéciale, ils considèrent tous que la formation des maîtres doit rester leur domaine réservé.
62. Nizan, P., Les chiens de garde, Paris, Rieder, 1932.Google Scholar
63. Althusser, L., Positions, Paris, Éditions sociales, 1976.Google Scholar
64. Les réponses à l'enquête d'Alfred Binet sur l'enseignement philosophique permettent de préciser la représentation qu'ont les enseignants de leur influence : « D'une manière générale, la plupart des maîtres pensent que leur influence consiste uniquement à donner aux jeunes l'habitude de la réflexion personnelle » (L'Annéepsychologique, 1908-XIV, p. 225). L'image du professeur comme maître à penser ou comme directeur de conscience reste très minoritaire.
65. Goblot, E., La barrière et le niveau, Paris, Alcan, 1925.Google Scholar Sur l'importance sociale de la philosophie voir aussi T. Zeldin, France, 1848-1945, vol. II, Intellect, Taste and Anxiety, Oxford, Clarendon Press, 1977.
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67. V. Isambert-Jamati, op. cit., p. 132.
68. V. Isambert-Jamati, op. cit., p. 134.
69. « La participation aux valeurs suprêmes a dans l'ensemble un score presque négligeable, mais parmi les auteurs qui exposent les bienfaits de la philosophie elle garde une très haute cote : le coefficient est de + 36. Il y a là un cas unique : plus tard la philosophie se verra presque constamment attribuer un rôle critique ; le score de ce thème s'inversera plus nettement pour elle que pour toute autre matière » (V. Isambert-Jamati, op. cit., p. 134).
70. V. Isambert-Jamati, op. cit., p. 132.
71. La droite hostile à la nouvelle Sorbonne a multiplié les attaques contre « l'invasion de l'histoire » dans l'université. Voir P. Leguay, La Sorbonne, p. 52.
72. En 1907, C. Seignobos fait une communication sur « les conditions pratiques de la recherche des causes dans le travail historique » et en 1908 sur « l'inconnu et l'inconscient en histoire ».
73. Source : notices nécrologiques parues dans l'annuaire de l'Association des anciens élèves de l'E.N.S. Fustel de Coulanges s'intéressait particulièrement aux philosophes. Certaines indications laissent entendre que la section d'histoire est mieux organisée que la section de philosophie, les élèves y étant mieux encadrés.
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75. Sur la permanence de l'héritage spiritualiste et la stabilité des programmes et des instructions, voir J.-L. Fabiani, « Les programmes, les hommes et les oeuvres », pp. 4-11.
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79. Cette bifurcation restait théorique, dans la mesure où les « classes préparatoires » où l'on entrait après la 3e ou la 2e, qui permettaient aux élèves d'entrer directement en classe de mathématiques élémentaires sans passer par la première partie du baccalauréat (voir A. Prost, Histoire de l'enseignement en France, pp. 250-251. 80. É. PÉCaut, « La réforme du baccalauréat », Revue politique et littéraire (Revue bleue), 1890-2, pp. 214-217.
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87. Op. cit., p. 7.
88. Op. cit., p. 9.
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92. Sur la réforme de 1902 voir V. Isambert-Jamati, « Une réforme des lycées et collèges ».
93. Les effectifs de l'enseignement secondaire public passent de 53 300 à 58 800 élèves de 1880 à 1900, ceux de l'enseignement secondaire privé de 40 000 environ à 46 600 environ et ceux de l'enseignement primaire supérieur de 16 600 à 36 500 élèves pendant la même période (V. Isambert-Jamati, article cité, p. 12).
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95. Les résultats des travaux de la Commission parlementaire ont été publiés dans les Impressions parlementaires de la 7e législature, sous le titre : Enquête sur l'enseignement secondaire.
96. Ainsi A. Fouillée, F. Ravaisson, É. Boutroux, A. Espinas, G. Séailles et G. Belot sont partisans d'une section moderne courte et du maintien de la section classique.
97. Enquête sur l'enseignement secondaire, t. l,pp. 236-237.
98. Op. cit., t. I, pp. 270-275.
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125. Ainsi l'abbé Clamadieu écrivait en 1891 ﹛Le Lycéen, n° 4, p. 38) : « A moins que M. Liard ne doive être rangé parmi ceux qui veulent réserver la philosophie à l'enseignement supérieur. Dans ce cas, tout en étant un philosophe et tenant dans sa main un rameau d'olivier, M. Liard nous apporte la guerre. »
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