Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Sans vouloir éterniser une discussion qui me paraît aussi dépassée qu'inutile, ni m'engager dans une polémique avec M. Roger Idris, qui n'a visiblement pas saisi la signification ni l'objet de la note critique consacrée à sa thèse, puisqu'il parle de « volée de bois vert » ou de « leçon de morale » et, pour finir, d' « idées préconçues risquant d'être anachroniques » (?), je me permettrai seulement d'attirer l'attention du public des Annales sur quelques points
Le premier de ces points, c'est que pour montrer le caractère parfaitement anachronique de la thèse qui attribue aux Arabes Hilaliens l'entière responsabilité des événements survenus en Ifriqiya à partir de la fin du XIe siècle — car c'est cette thèse qui est anachronique et non celle qui replace l'arrivée des Hilaliens dans son véritable contexte historique (économique, social et politique) —, il n'est nullement besoin d'aller chercher d'autres sources que celles dont s'est servi R. Idris.
Voir Annales E.S.C., 1968, n° 2.
1. Sur ce point — la fausseté de toute « explication » de l'histoire par les « genres de vie » comme par les ethnies ou les religions, du moins en tant que « moteur » fondamental —, il est amusant que R. Idris parte d'un compte rendu fait par M. R. Le Tourneau, qui connaît depuis longtemps mon point de vue sur le « problème hilalien », pour supposer que j'aie pu « m'inspirer de l'ouvrage de Yves Lacoste » sur Ibn Khaldoun pour une « diatribe contre feu E. F. Gautier ».
Dans ma note sur ce dernier ouvrage publiée par la revue La Pensée (n° de février 1967) sous le titre : « D'Ibn Khaldoun au sous-développement — une démystification de l'histoire maghrébine », je rappelais que j'avais moi-même, dès 1954, dénoncé l'utilisation abusive faite d'Ibn Khaldoun par E. F. Gautier, pour justifier une théorie raciste de l'histoire maghrébine (art. sur « L'évolution des « genres de vie » en Tunisie », Les Cahiers de Tunisie, 8«-4e trim. 1954, pp. 815-824). la même idée a été reprise dans mon article intitulé « Pays sub-désertiques, exemple tunisien » et publié dans le n” de janvier-février 1961 des Annales E.S.C. (pp. 99-109).