Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Lorsque Adrien Blanchet mit en relation les trésors monétaires et les invasions germaniques, c'est-à-dire les dates des monnaies les plus récentes des trésors et les dates d'invasions connues par les textes, il décida d'exclure de son répertoire les trésors et dépôts sacrés des sanctuaires de sources. Ceux-ci, pensait-il, avaient été détruits par les chrétiens. Une étude de l'ensemble des trésors et dépôts sacrés trouvés dans les sanctuaires gaulois montre que leur répartition et leurs dates d'enfouissement conduisent à mettre en relation la désaffection de ces centres religieux avec la paupérisation des villes qui les finançaient et avec les invasions. Pourtant, si la plupart d'entre eux paraissent morts dès la seconde moitié du IVe siècle, certains continuèrent d'attirer les fidèles au-delà même du Ve siècle.
In Gaul during the 4th century, sanctuaries situated at springs were often centers of medicine. The votive offerings are revealing of the diseases for which cure was sought: if one excludes acute illnesses and epidemics, there remain for the most part various types of blindness and paralysis which, depending upon the origin (highly diverse), were sometimes curable. An aristocratic Gallic school of medicine based on pharmacopaeia and magic, and tainted by Greek medicine (baths) was practiced. Religion (as a psychic adjuvant) contributed to the cures. Saint Martin of Tours' miraculous healings must also be considered in this context. The patients cured by Saint Martin were either those who would have been treated in the medical sanctuaries and to whom he gave similar care (an aristocratic clientele) or those (a popular clientele) suffering from newly prominent mental disorders. In both cases, the complaints ceased as soon as paganism was recognized to be the cause.
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5. Il est impossible de faire une étude parallèle à celle de P. A. Sigal, « Miracles et guérisons au XIIe siècle », Annales E.S.C., nov.-déc. 1969, pp. 1522-1539, en particulier la carte de la provenance des malades.
6. Albisson, J., Contribution à l'étude des maladies d'origine professionnelle en agriculture, Thèse de Médecine de la Faculté de Paris, 1956, n° 143;Google Scholar à l'étude des maladies portées au tableau officiel, J. Albisson ajoute celle de maladies qui atteignent plus fréquemment les ruraux que les autres catégories socio-professionnelles, et qu'il suggère d'adjoindre aux premières. Les Drs Louis Fabre et Henri Arles, de la Mutualité Agricole de Montpellier, ont bien voulu examiner pour moi le tableau des maladies professionnelles de l'agriculture afin tout d'abord d'éliminer les maladies dues aux produits chimiques contemporains. Ils m'ont aidée par la description des symptômes et leur connaissance des séquelles.
7. Patlagean, É., Recherches sur les pauvres et la pauvreté dans l'Empire romain d'Orient, IVe-VIIe siècle, Thèse de Lettres de Paris, 1973, Service de reproduction des thèses de l'Université de Lille-III, 1974, t. I, pp. 234-261.Google Scholar
8. Cf. Festugière, A. J., Histoire générale des religions, loc. cit., p. 136, n. 64.Google Scholar
9. É. Patlagean, loc. cit., p. 251.
10. J. Albisson, loc. cit., p. 35.
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13. Voir l'Index nominorum d'EspÉRandieu, CIL., XIII, III, et R.A., loc. cit. On possède un cachet d'un oculiste nommé Balbinus, cachet trouvé dans le Puy-de-Dôme : CIL., XIII, III, 10 061, n° 181. Un vase pharmaceutique découvert près de Lapalisse, sort de l'officine d'un Q. Julius Balbinus, peut-être le même, CIL., XIII, III, 10 011, 208. Voir Héron De Villefosse et Thédenat, É., « Note sur quelques cachets d'oculistes romains », Bulletin monumental, 1881. pp. 75-90Google Scholar, 259-285, 563-611 ; 1882, pp. 5-55, 105-153, 603-718; 1883, pp. 153-185, 308-359, analyse des noms, des remèdes, des maladies.
14. Beaujeu, J., La médecine, dans ﹛'Histoire générale des sciences, dir. R. Taton, t. I, p. 404 Google Scholar : « Les collections de remèdes authentiques et de recettes extravagantes disséminées dans l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien ou réunies dans les Compositions de Scribonius Largus ne méritent guère de place dans un ouvrage d'Histoire des sciences. »
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16. Marcellus, loc. cit., p. 3 ; ab agrestibus et plebeis fortuita ac simplicia.
17. Hatt, J.-J., Celtes et Gallo-Romains, coll. Archaeologia Mundi, Genève, 1970, p. 300.Google Scholar
18. J.-J. Hatt, loc. cit., p. 300.
19. Ausone, Praefatiunculae, v. 6. Il épouse une jeune fille de Dax, Aquae Tarbellicae, et Parentalia, v. 12.
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22. Par exemple, XV, 89 : Memineris ut mundus haec faciat.
23. C.I.L., XII, 5 367, dans la lecture qu'en donne Hirschfeld, admettant celle de Bonnefoy. Lebègue, A., « Études sur quelques inscriptions latines trouvées dans la Narbonnaise », Revue Archéologique, 1882, 2, p. 137 Google Scholar, corrigea avec l'accord de Bonnefoy cette lecture et donne ; Kantas Niskas, rogam (u)s et deprecamus (?) vos, et sanate, sur la plus complète des lamelles.
24. Dottin, G., La langue gauloise, Paris, 1920, p. 214 Google Scholar, pour les formules. Cf. P.-M. Duval, « Les inscriptions gallo-grecques trouvées en France », Actes du Colloque sur les influences helléniques en Gaule, Paris, 1958, pp. 63-69. Bibliographie sur la langue gauloise de Marcellus dans P.-M. Duval, Les Sources de l'Histoire de France, t. I, La Gaule, pp. 630-631.
25. Henry, , « Lettre à Monsieur Prisse d'Avennes sur les inscriptions recueillies aux sources minérales d'Amélie-les-Bains », Revue Archéologique, 1847, pp. 409-414Google Scholar, avec un fac-similé d'autant plus précieux que les objets ont disparu depuis.
26. Cagnat, R., « La sorcellerie et les sorciers chez les Romains », Annales du Musée Guimet. Bibliothèque de vulgarisation, XV, 1903-1904, pp. 134-175Google Scholar, sans référence, mais où l'on reconnaît les nombreuses allusions à Marcellus.
27. CIL. XIII, III, 10 029, 328. 6e série, 1898, pp. 39-62.
28. Jullian, C., « La question des piles », Mém. Soc. A.F., t. 57.Google Scholar
29. C.I.L., XII, 1983, qui pour Iro Kajanto, « Balnea, vina, Venus », Mélanges Renard, II, coll. Latomus, Bruxelles, 1969, est une épitaphe erotique : Tu qui legis, vade in Appollinis lavari, quod ego cum conjuge feci, vellem sic adhuc possem.
30. Marcellus, XXV ; paralysie ; XVII, 6 et I, 25-26 : frenetici et lethargici ; Medicina Plinii, III, 18; lethargici, III, 19 : frenetici.
31. Voir par exemple M. Charcot, La foi qui guérit, pour ulcères et tumeurs hystériques ; Alexander, La médecine psychosomatique, Paris, 1952.
32. Je ne peux donner qu'un choix des lectures qui ont suggéré ou complété les questions posées aux textes. Plus que les histoires de la médecine, La Science dans l'Antiquité, de B. Farrington, éd. fr., Paris, 1967, m'a été utile. De même, davantage que les ouvrages spécialisés, études de cas d'hystérie, la présentation des Théories psychosomatiques de J.-P. Valabréga, Paris, 1954, a orienté mon travail. J'ai trouvé dans le livre de Ivan Illich, Némésis médicale, Paris, 1975, outre une bibliographie orientée vers le problème de la guérison et du malade et non vers les progrès de la connaissance du corps humain, des idées que l'on reconnaîtra au passage. Sur l'explication plaquée et son fonctionnement, utile ou néfaste, J.-P. Valabréga, Théories psychosomatiques, p. 44 ss., présuppose que l'explication donnée est juste, scientifiquement juste, tandis qu'en ce qui concerne la présente étude, il s'agit d'une explication reconnue par le patient comme juste, quelle que soit l'appréciation que nous puissions porter sur ses fondements.
33. Vita Martini, 19, 3, éd. J. Fontaine, t. I, pp. 294-295, dans la traduction de J. Fontaine.
34. Ibid., t. II, p. 883 ss.
35. M. Renard, Asklepios et Hygie en Gaule, loc. cit., bibliographie.
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41. Stein, E., op. cit., t. I, p. 158.Google Scholar Cf. Sulp. Sév., Chron., II, 45, p. 4 ss.
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45. Leclercq, H., D.A.C.L., XV Google Scholar, coll. 2 663, s.v., Tours. Cette inscription ne figure ni au C.I.L., XIII, ni dans LE BLANT, Inscriptions chrétiennes de la Gaule.
46. Dial., III, 3, et H. Leclercq, D.A.C.L., I, s.v. ampoule.
47. J. Fontaine, t. II, p. 57, sous forme d'hypothèse.
48. Lors de la première résurrection, lorsque tous prennent conscience du pouvoir de Martin, et lui de même, Vita Martini, VII, 7 ; Ep., 1, 5; Dial. I, 24, p. 177 : personne en Egypte n'est plus puissant que Martin.
49. Vita Martini, passimet Dial., I, 23 ; I, 27 et passimcf. Index de HALM.
50. Sur les guérisons inattendues, dans le cadre des maladies mentales, voir, par exemple, H. BARUK, Psychiatrie médicale, physiologique et expérimentale, Paris, 1938, p. 633 ou pp. 656- 657 ; Aboudrar, Jeanne, Contribution à l'étude des guérisons inattendues au cours des maladies mentales, thèse de médecine de Paris, 1964, n° 48.Google Scholar En matière de maladies psychosomatiques, le problème est évoqué dans la plupart des ouvrages qui en traitent ; bibliographie dans J.-P. Valabréga, Les théories psychosomatiques, Paris, 1954.
51. Voir Jobbé-duval, Les morts malfaisants, Larves, Lémures, d'après le droit et les croyances populaires des Romains, Paris, 1924 ; Massoneau, E., La magie dans l'Antiquité romaine, Paris, 1934, p. 77 Google Scholar ss.
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54. Cf. Guiraud, P., Psychiatrie générale, Paris, 1950, p. 532.Google Scholar
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