Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
R. Jacob Diverses sources allemandes des xiiie et xive siècles font allusion à des bannissements effectués « par les doigts et la langue », formule qui a longtemps été comprise comme un équivalent de « par le geste et la parole », et qui n'aurait donc renvoyé qu'à un formalisme indéfini. Cette étude entreprend de montrer, au contraire, qu'elle fait référence à un rituel précis d'extension des doigts et de langue tirée en direction du banni. Les mêmes gestes se sont transposés, par analogie ou antinomie, aux formes d'autres actes juridiques, comme le rappel de ban ou la garantie donnée contre l'exclusion. On les retrouve aussi dans l'iconographie médiévale, en particulier dans des images qui figurent la rupture d'obédience. Ces données conduisent à proposer une nouvelle interprétation du geste de tirer la langue, qui n'est pas seulement marque d'outrage ou de blasphème, mais aussi signe de l'interruption de la communication normative par la parole. Par-delà ces premières conclusions, elles invitent à repenser les représentations médiévales du droit, ici perçu comme un ordre produit par la parole normative, sa réception et ses échanges, tandis qu'inversement, l'anormalité et le « non-droit » se comprennent d'abord dans les termes d'une rupture symbolique de la communication verbale.
Various German sources from the thirteenth and fourteenth century allude to banishments accomplished “by the fingers and the tongue ”, expression long understood by scholars as equivalent to “by gesture and speech”, and as such referring only to an indefinite formalism. The present study intends to show that, contrary to this traditionally accepted interpretation, the formula points to a precise ritual performed by extending the fingers and sticking out the tongue in direction of the outlaw-to-be. The same gestures were transposed, by analogy or antinomy, to the forms of other legal acts, such as inlawry or the providing of a warranty against exclusion. They can be found as well in medieval iconography, particularly in pictures portraying breach offaith. These findings allow us to propose a new lecture of the “sticking out the tongue “ gesture, being not only a mark of affront or blasphemy but also a sign of interruption of the normative communication by speech. Beyond these foremost conclusions, they invite us to reconsider the medieval representations of the law, hereby conceived as the order achieved through normative speech and its reception and exchanges, while inversely, abnormality and “non-droit” must be understood first as a symbolic rupture of verbal communication.
1 Brunner, Heinrich, Deutsche Rechtsgeschichte, Leipzig, y, p. 232 Google Scholar sq., ibid. ,vol. II, Leipzig-Munich, 1928, pp. 768-778 ; Van Caenegem, Raoul C., Geschiedenis van het strafrecht in Vlaanderen van de xie tot de xive eeuw, Bruxelles, Palais der Academiën, 1954, pp. 18 Google Scholar, 137- 156. Le concept deFriedlosigkeit est aujourd'hui remis en cause (cf. Ekkehardt Kaufmann, « Zur Lehre von der Friedlosigkeit im Germanischen Recht »,in Beiträge zur Rechtsgeschichte en I'honneur de Herman Conrad ,Paderborn, Schöningh, 1979, pp. 329-365), voire abandonné ( Weitzel, Jurgen, Dinggenossenchaft und Recht. Untersuchungen zum Rechtsverhältnis im frankisch-deutschen Mittelalter,Cologne-Vienne, Bohlau, 1985, pp. 139–140 Google Scholar). II est significatif que leHandwörterbuch der deutschen Rechtsgeschichte ,Berlin, E. Schmidt depuis 1971, ne lui ait reserve’ aucun article.
2 His, Rudolf, Das Strafrecht des deutschen Mittelalters,I, Das Verbrechen und ihre Folgen im allgemeinen, Leipzig, 1920, pp. 343 Google Scholar sq. ,410sq. ,533sq. (distinction que l'auteur ne justifie guere et que les matériaux recueillis, par ailleurs fort riches, ne contribuent pas à clarifier).
3 Zaremska, Hanna, Les bannis au Moyen Âge, Paris, Aubier, [1994] 1996, pp. 73 Google Scholar sq. ,85sq. ,125, 141el passim
4 R. His,Das Strafrecht…, op. cit ,p. 447 ; H. ZAREMSKA,Les bannis…, op. cit.,pp. 90-94, 125sq.
5 CARBASSE, Jean-Marie, Introduction historique au droit p à nal, Paris, PUF, 1990, pp. 223–225 Google Scholar ; Gauvard, Claude « De Grace especial ». Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 1991, I, pp. 466–470 Google Scholar ; voir les données chiffrées de Chiffoleau, Jacques, Les justices du pape. Délinquance et criminalité dans la région d Avignon au quatorziemé siéclé, Paris, Publications de la Sorbonne, 1984, p. 232 Google Scholar, et Gonthier, Nicole, Délinquance, justice et société dans le Lyonnais médiéval de la fin du xme siéclé au debut du xvi” siéclé, Paris, Arguments, 1993, p. 246 Google Scholar.
6 Pollock, Frederick et Maitland, Frederick William, The History of English Law before the Time of Edward I, Cambridge, Cambridge University Press, 1968, I, p. 478 Google Scholar; II, p. 449 ; H. Zaremska,Les bannis…, op. cit,pp. 88, 105-106 ; Hilton, Rodney, Les mouvements paysans du Moyen Âge et la révolte anglaise de 1381, Paris, Flammarion, 1979, p. 293 Google Scholar.
7 Sur cette Erosion deXoutlawry,cf. F. POLLOCK et F. W. MAITLAND,The History…, op. cit.,II, p. 579 ; Holdsworth, William, A History of English Law, Londres, Methuen and C°, 1942, pp. 604–607 Google Scholar.
8 BAKER, John, An Introduction to English Legal History, Londres, Butterworths, 1990, p. 77 Google Scholar.
9 Keure de la reine Mathilde aux Gantois (§§ 6, 7, 8); cf. Prevenier, W., De oorkonden der graven van Vlaanderen (1191-aanvang 1206), II, Bruxelles, Palais des Académies, 1964, p. 13 Google Scholar.
10 « Wir nemen dir alle dein lanntrecht und setzen dich in alles unrecht » (Bayerisches Staatsarchiv Wurzburg,Libri diversarum formarum,12 (1455-1466), p. 735). La traduction propred'unrecht est ici à I'évidence « non-droit” et non « injustice », de même que, dans le même document,unfride désigne l'espace qui n'est pas assujetti à la paix. Je dois à Joseph Morsel la connaissance de ce document qui appartient à une famille de formules qu'étudie SIUTS, Heinrich, Bann und Acht und ihre Grundlagen im Togenglauben, Berlin, W. de Gruyter und C°, 1959, p. 130 Google Scholar sq.
11 Richardson, Henry Gerald et SAYLES, George Osborne (éds), Fleta(I, 28)v Londres, B. Zuaritch, 1955, II, p. 75 Google Scholar ; ESPINAS, Georges, La vie urbaine à Douai au Moyen Âge., Paris, 1913, I, pp. 745–746 Google Scholar ; IV, P. J. n° 1323 (1376), 1342 (1579) notamment; H. Zaremska,Les bannis…, op. cit,pp. 136, 155, 156, 166-167.
12 Cf. le recueil attribué à Bracton, Henri de, De legibus et consuetudinibus Angliae(édité par George Edward WOODBINE, New Haven-Londres-Oxford, 1923, II, pp. 369–371 Google Scholar); pour Douai, voir G. ESPINAS,La vie urbaine…, op. cit,IV, n° 1392 (1383), p. 582.
13 L'italienfuoril égge est un neologisme ; les désignations médiévales des bannis(uscitati, banditi,fuorusciti, confinati,etc.) ne semblent pas en comporter l équivalent: voir les contributions réunies par Heers, Jacques et BEC, Christian, Exil et civilisation en Italie (XII'-XVI” siéclés), Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1990. 14 Google Scholar.Paweilhar Giffou (§§6, 7, 56, etc.), édité par Albert baguette, Liége, Commision communale de l'histoire de l'ancien pays de Liege, 1946, pp. 3, 15 ; cf. POULLET, Edmond, Essai sur l'histoire du droit criminel dans I'ancienne principauté de Liége, Bruxelles, 1871, p. 221 Google Scholar ; R. His,Das Strafrecht…, op. cit.,p. 411.
15 R. His,Das Strafrecht…, op. cit.,p. 411.
16 Decretio Childeberti (II, 2 [596]); cf. Eckhardt, Karl August (éd.), Pactus legis Salicae, 11-2, Kapitularien und 70 Titel-Text,Göttingen, Musterschmidt, 1956, pp. 442–444 Google Scholar [dorénavantP. L. Sal.],et Boretius, Alfred et Krause, Victor, Capitularia re gum Francorum, in Monumenta Germaniae Historica. Legum sectio 2, Hanovre, 1883–1897 Google Scholar — dorenavant MGH Capitularia),1, n°7.
17 P. L. Sal,55, 4 ; cf. K. A. ECKHARDT,Pactus Legis Salicae, op. cit.,II-l, p. 322. Sur la signification dewargus : Georg Christoph von UNRUH, «Wargus. Friedlosigkeit und magisch-kultische Vorstellungen bei den Germanen »,Zeitschrift der Savigny-Stiftung fur Rechtsgeschichte, Germanistische Abteilung, 14,1957, pp. 1-40 ; dossier linguistique tres complet dans Jacoby, Michael, Wargus, vargr, « Verbrecher», « Wolf». Eine sprach- und rechtsgeschichtliche Untersuchung, Uppsala, Almquist och Wiksell, 1974 Google Scholar.
18 M. JACOBY,Wargus…, op. cit.,pp. 56-61 ; R. His,Das Strafrecht…, op. cit.,p. 416 ; H. ZAREMSKA,Les bannis…, op. cit.,pp. 40-42.
19 La premiére mention figure dans les lois dites d'Édouard le Confesseur (qui datent en Réalité du début de la période normande) (§ 6, 2):Lupinum enim gerit caput à die uthlagationis suae, quod ab Anglis wulfesheued nominatur ( Liebermann, Felix, Die Gesetze der Angelsachsen, I, Halle, 1903, p. 631 Google Scholar ; Bracton, Henri DE, De legibus…, op. cit., II, pp. 354 Google Scholar, 362).
20 Miroir des Justices(IV, 4), édité par Whittaker, William Joseph, Londres, 1895, p. 125.Google Scholar
21 Pour un édité tat de la distribution des occurrences, voir Frensdorff, Ferdinand, « Recht und Rede », in Historische Aufsätze dem Andenken an Georg Waitz gewidmet, Hanovre, 1886, pp. 464–469 Google Scholar.
22 Battenberg, Friedrich, Reichsacht und Anleite im Spätmittelalter. Ein Beitrag zur Geschichte der höchsten königlichen Gerichtsbarkeit im Alten Reich, besonders im 14. und 15. Jahrhundert, Cologne-Vienne, Böhlau, 1986, p. 125 Google Scholar.
23 Les villes de l'Allemagne médievalé connaissent:verachten, verbannen, vordreven, vervesten (vorfesten), overgeven, verloben (vorloben), overruofen (verruofen), versworen, overtalen (overtellen), verteilen (vorteilen), verweisen (vorveisen), verzellen (vorzellen) — la liste n'est pas exhaustive (cf. R. His,Das Strafrecht…, op. cit.,pp. 412, 413, 433, 434, 441, 454, en particulier).
24 Sur les données du francjais medieval et du bas latin, nous renvoyons aux dictionnaires usuels de Godefroy et Du CANGE 25. Pour l'Angleterre : Britton (I, XIII, 1), édité par Francis Morgan NICHOLS, Londres, 1983, I, p. 48 ;Grand Coutumier de Normandie (§ 82), dans Richebourg, BOURDOT DE, Nouveau Coutumier général, Paris, 1724, IV, p. 33 Google Scholar ; pour le Nord :Livre Roisin (§§ 146, 148- 149), édité par Raymond MONIER, Paris, 1932, pp. 96-98. Dans le Nord, le « forjurement” designe, plus fréquemment, l'acte formel par lequel une personne engagée dans une guerre privée s'en extrait en se désolidarisant des siens : cf. Beaumanoir, Philippe DE, Coutumes de Beauvaisis (§§ 1684-1685), édité par Amédée Salmon, Paris, 1900, II, pp. 361–362 Google Scholar.) 26. Cf. la démonstration de F. FRENSDORFF, « Recht und Rede », art. cit., pp. 458-471, sur laquelle s'appuie notamment R. His,Das Strafrecht…, op. cit.,p. 412. 27. C'est déjà la conclusion de Hubert ERMISCH, «Das Verzählen. Ein Beitrag zur Geschichte des Strafverfahrens gegen Abwesende »,Neues Archiv fur Sächsische Geschichte und Altertumskunde,13, 1892, pp. 3-4. II est possible que la fusion des notions de nombre et de parole ait reflété ici celle de ces deux grands paradigmes de la raison médiévale qu’ analyse MURRAY, Alexander, Reason and Society in the Middle Âges, Oxford, Clarendon Press, 1978 Google Scholar. Leur conjonction aurait exprimé la rationalité de l'ordre juridique, dont le banni est exclu et done, en même temps, hors parole, décompté etirrationabilis (cf. le texte cité ci-dessous n. 85).
28 R. His,Das Strafrecht…, op. cit.,pp. 412, 435, 445 ; F. BATTENBERG,Reichsacht…, op. cit.,p. 125.
29 R. His,Das Strafrecht…, op. cit.,pp. 469-470.
30 H. ERMISCH, « Das Verzählen… », art. cit, pp. 10-11 et ci-dessous.
31 Grimm, Jacob, Deutsche Rechtsaltertümer, Leipzig, 1899, II, n° 881, p. 524 Google Scholar ; F. Frensdorff, « Recht und Rede », art. cit, pp. 472-473 ; H. Ermisch, « Das Verfahren… », art. cit, pp. 11-12 ; R. His,Das Strafrecht…, op. cit.,p. 445 ; Hans-Christoph HIRSCH, « Note sub Sachsenspiegel Lehnrecht, 26 », [dorénavantSsp.] ; Repgow, Eike von, Sachsenspiegel. Lehnrecht, Ubertragen und erldutert, editd et traduit par H.-C. Hirsch, Halle, 1939 Google Scholar ; Hans Thieme, « Note sub Sachsenspiegel Landrecht, II, 4 » [dorénavantSsp.], in von Schwerin, C. et Thieme, H. (éds), Sachsenspiegel (Landrecht), Stuttgart, Reclam, 1977, p. 60 Google Scholar ; Kocher, Gemot, Zeichen und Symbole des Rechts. Eine historische Ikonographie, Munich, C. H. Beck, 1992, p. 56 Google Scholar.
32 Pour un état de la question, voir Ruth SCHMIDT-WIEGAND, « Paarformeln »,in Handworterbuch…, op. cit. (1984).
33 C'est la distinction classique de laRichtung et deVUrteilfindung. Sur la procédure saxonne au Moyen Âge, voir, en fran$ais, Friedrich EBEL, « Juge, juridiction et procédure dans l'Allemagne médiévale. Quelques observations sur la distinction des fonctions de juge et d'échevins et sur sa régression dans l'Allemagne du bas Moyen Âge »,in JACOB, R. (éd.), Le juge et le jugement dans les traditions juridiques européennes. Essais d'histoire comparée, Paris, LGDJ, 1996, pp. 117–133 Google Scholar.
34 « Stet he joch vorme dinge unde swiget also lange, daz man vingere und zungen uf in irhebit, he mac zu rechte keinen vormunden me gehaben »(Stadtrecht,XVIII,in Ermisch, H., Das Freiberger Stadtrecht, Leipzig, 1899, p. 118 Google Scholar ; voir aussi H. Ermisch, « Das Verzählen… », art. cit, pp. 10-11). 35. « So sal man im teilen : mit vingern unde mit zungen. Also sal der voit gebiten alien den, di in dem dinge sint. So sal ein iklich man ufrecken einen vinger zu rechte, und daz heizet verzalt mit vingern unde mit zungen »(Stadtrech,XXI, 2,in H. Ermisch,Das Freiberger…, op. cit.,p. 135. Ce texte est reproduit tel quel dans d'autres passages relatifs à des cas particuliers de défaut: XXVII, 5, p. 154 ; XXVIII, 11, p. 175.
36 H. Ermisch, « Das Verzahlen… », art. cit, pp. 11-12.
37 « So seal de richtere unde dat lant ut laten mit vingeren unde mit tungen, alse men ene in de vestinge dede »(Ssp. Landrecht,II, 4, 1), Karl August ECKHARDT (éd.), Göttingen-Berlin- Francfort, Musterschmidt, 1955, p. 132.
38 Ssp. Lehnrecht, 26, 1 et 53, ECKHARDT, Karl August (éd.),Göttingen-Berlin-Francfort, Musterschmidt, 1956, pp. 48 Google Scholar, 70-71.
39 L'étude critique de référence reste Karl von AMIRA, «Die Genealogie der Bilderhandschriften des Sachsenspiegels »,Abhandlungen der Koniglich Bayerischen Akademie der Wissenschaften 1. KL,22, Munich, 1902, pp. 327-385 ; les manuscrits les plus complets, les seuls que nous utilisons ici, sont celui de Dresde, gravement endommagé en 1945, depuis peu restauré mais resté continument accessible grâce à l'édition en fac-similé de Karl von AMIRA,Die Dresdener Bilderhandschrift des Sachsenspiegels,I, Leipzig, 1902 ; celui de Wolfenbüttel, édité et reproduit par SCHMIDT-WIEGAND, Ruth, Sachsenspiegel: die Wolfenbutteler Bilderhandschrift, 3 vols, Berlin, Akademie Verlag, 1993 Google Scholar. Pour une présentation sommaire, en franijais, de ces documents et de la vaste bibliographie qu'ils ont inspirée, nous renvoyons à Robert JACOB,Images de la justice. Essai sur Viconographie judiciaire du Moyen Âge à I'âge classique,Paris, Le Léopard d'Or, 1994,passim et surtout p. 188sq.
40 Ssp. Landrecht,II, 4, 1 ; ms. Dresde, fol. 22.
41 AMIRA, Karl von, « Die Handgebärden in den Bilderhandschriften des Sachsenspiegels », Abhandlungen der philosophisch-philologischen Klasse der königlich bayerischen Akademie der Wissenschaften, 23, 1909, pp. 161–263 Google Scholar ; sur le geste de la promesse,ibid.,pp. 216-217.
42 C'est aussi le geste de commandement du juge qui est par ailleurs un canon de la représentation du bannissement dans l'enluminure duMiroir des Saxons (ms. Dresde, fol. 33, 38r/v, 39, 48r/v, 55, 60, 64 ; ms. Wolfenbüttel, 39, 57, 62v, 66). L'etude des images du bannissement et du banni n'est pas ici notre objet. Sur ce point, voir en particulier Ruth SCHMIDTWIEGAND, « Die Wolfenbiitteler Bilderhandschrift im Kreis derCodices picturati des Sachsenspiegels »,in R. SCHMIDT-WIEGAND,Sachsenspiegel…, op. cit.,Ill, pp. 3-4.
43 Ruth SCHMIDT-WIEGAND, « Text und Bild in derCodices picturati des Sachsenspiegels. Überlegungen zur Funktion der Illustration »,in SCHMIDT-WIEGAND, R. (éd.), Text- Bild-lnterpretation. Untersuchungen zu den Bilderhandschriften des Sachsenspiegels, Munich, W. Fink, 1986, pp. 13–31 Google Scholar.
44 Cf. par exemple le texte de Gervais de Tilbury cité par H. ZAREMSKA,Les bannis…, op. cit.,p. 41, ou ce passage de Galbert de Bruges qui rapporte que Guillaume Cliton, apres que la plupart de ses vassaux eurent rompu F hommage, était comme« sine lege, sine fide, sine justitia Dei et hominum adhuc in terra errantem » (GALBERT DE BRUGES,De multro, traditione et occisione gloriosi Karoli comitis Flandriarum) ; cf. PIRENNE, Henri (éd.), Histoire du meurtre de Charles le Bon comte de Flandre (1127-1128) par Galbert de Bruges, Paris, 1891, c. 104, pp. 149–150 Google Scholar.
45 Ssp. Landrecht,I, 38, 2, etSsp. Lehnrecht,23.
46 « So blift jene erenlos unde rechtlos »,Ssp. Landrecht,II, 19, 2, K. A. ECKHARDT (éd.),op. cit.,p. 148 ; seules certaines classes de manuscrits, parmi lesquels les manuscrits enluminds, component cette note ajoutée au xme siécle au texte original.
47 Par exemple à Liége, voirPaweilhar Giffou, op. cit. (§§ 6, 208 : bannir ; 22-24 : saisir) ; cf. Ssp.Landrecht,I, 40 :dent (au félon)verteilt man sine ere unde sin lenrecht.
48 Sur la représentation du banni percé à la gorge par une épée ou étranglé par un démon, voir la contribution de SCHMIDT-WIEGAND, R., « Die Wolfenbütteler Bilderhandschrift… », art. cit. ; rassimilation du banni et du saisi sous ce rapport est explicite dans l'illustration de Ssp. Lehnrecht, 71, 5 Google Scholar : ms. Dresde, fol. 85v, ms. Wolfenbuttel, fol. 79v.
49 SCHMITT, Jean-Claude, La raison des gestes dans I Occident médiéval, Paris, Gallimard, 1990 Google Scholar.
50 Casagrande, Carla et Vecchio, Silvana, Les péchés de la langue. Discipline etéthique de la parole dans la culture médiévale, Paris, Le Cerf, 1991, en particulier p. 173 Google Scholar sq.
51 Cf. Laborde, Alexandre de, Étude sur la bible moralisee(= La bible moralisée illustrée,t. V), Paris, 1927 Google Scholar, et Haussherr, Reiner, Bible moralisée. Faksimile-Ausgabe im Originalformat des Codex Vindobonensis 2554 der Österreichishen Nationalbibliothek, Paris-Graz, Akademische Druck- und Verlagsemtalt, 1973 Google Scholar.
52 Sur l'une ou l'autre de ces images, voir les interpré tations, d'ailleurs assez diffé rentes, Garnier, de François, Le langage de Vintage au Moyen Âge, Paris, Le Léopard d'Or, 1982, I, pp. 136–139 Google Scholar ; Gaignebet, Claude et Lajoux, Jean-Dominique, Art profane et religion populaire au Moyen Âge, Paris, PUF, 1985, p. 205 Google Scholar ; Schmitt, Jean-Claude, « Les images de l'invective », Atalaya. Revue française d'études médiévales hispaniques, 5, 1994, p. 16 Google Scholar.
53 La version romane de la bible moralisé e porte : « Venes avant, confondons les langues de ches la, ch'est à dire
54 R. His,Das Strafrecht…, op. cit.,p. 518 ; J.-M. CARBASSE,Introduction historique…, op. cit.,p. 228.
55 Cf. Hastings, James (ed.), Encyclopedia of Religion and ethics, Edimbourg-New York, vol. XII, 1921, pp. 384–385 Google Scholar.
56 Calame-griaule, Geneviéve, ethnologie et langage. La parole chez les Dogon, Paris, Gallimard, 1966, pp. 273–274 Google Scholar.
57 Françhise HÉRITIER-AUGE, « Symbolique de 1'inceste et de sa prohibition »,in IZARD, M. et Smith, P. (éds), La fonction symbolique. Essais d'anthropologic, Paris, Gallimard, 1979, pp. 211–243 Google Scholar ; Testart, Alain, Des mythes et des croyances. Esquisse d'une théorie générate, Paris, Éditions de la MSH, 1991 Google Scholar.
58 A. TESTART,Des mythes et des croyances…, op. cit.,p. 27. 59. Parlement de Paris, 28 mai 1349, decision éxecutée le 6 juin suivant: Langlois, Monique et Lanhers, Yvonne, Confessions et jugements de criminels au parlement de Paris (1319- 1350), Paris, Archives nationales, 1971, n°40, p. 181 Google Scholar.
60 Österreichische Nationalbibliothek (ÖNB), ms. 2554, fol. 56.
61 Cf. Garnier, F., Le langage de l'image…, op. cit., I, p. 139 Google Scholar ; J.-C. SCHMITT, « Les images de l'invective », art. cit, p. 16.
62 Cf. ONB, ms. 2554, fol. 3v (commentaire et illustration de la tour de Babel). La langue tirée n'a pas ici le statut d'élément central qui est le sien dans la composition de l'image correspondante du ms. fr. 1753 reproduite ci-dessus (fig. 2), mais elle intervient comme un canon ordinaire de la représentation des magons de la tour ; en sens inverse, le foudroiement de Gn 38 y à contaminé l'illustration de Gn 11 (ci-dessous n. 98).
63 L'opinion opposée, qui consiste à circonscrire les significations du geste au seul registre de Foutrage, comme le fait par exemple Melinkoff, Ruth, Outcasts. Signs of Otherness in Northern European Art of the Late Middle Age, Berkeley-Los Angeles-Oxford, University of California Press, 1993 Google Scholar (” The gesture of sticking out the tongue has obvious sexual connotations: the stuck-out tongue imitates the phallus ”, I, p. 198) conduit à une interprétation réductrice. La langue tirée reléve d'abord des conduites verbales et non sexuelles.
64 Du bas latinbattuere,fr. « battre » (étymologie que pourrait faire préférer la synonymiebattatus,fustatus, baculatus de la loi des Alamans :Pactus legis Alamannorum,XXII,in Eckhardt, Karl August, Lex Alamannorum, MGH Leges nationum germanicarum, V, 1, Hanovre, Hahn, 1966, p. 27 Google Scholar ou de la racine germaniquehot,all.Buß,la composition. Mais dans les deux cas, le sens est identique et il est certain :P. L. Sal.,capitulaire additionnel, VI, 2, 2, MGHCapitularia,I, n° 7 ;Lex Ribuaria (dordnavantL. Rib.),80, (77),in F. Beyerle et R. Buckner,Lex Ribuaria,MGHLeges nationum germanicarum,III, 2, Hanovre, Hahn, 1954, p. 129 ; formules de Tours, 30, et formules de Sens, 17 (dorenavantform. Turon. etformSenon.), in Zeumer, K., Formulae Merowingici et Karolini aevi,MGH Leges, V, 1-2, Hanovre,1882-1886, pp. 152–153 Google Scholar et 191-192.
65 MGHCapitularia,I, n° 7, art. 4(P. L. Sal.,capitulaire additionnel, VI, 2, 2, pp. 442- 444).
66 Form. Senon. 17,in K. ZEUMER,Formulae…, op. cit.,pp. 191-192.
67 « Dicite nobis legem Salicam »,proclame le demandeur, ou encore :« Hie ego vos tangono ui legem dicatis secundum legem Salicam » (P. L. Sal.,57).
68 Ajoutons qu'a l'époque mérovingienne, le rite est aussi attesté dans deux autres cas de serment décisoire : celui qui fait échouer Faction en revendication d'un immeuble lorsque le defendeur s'affirme en possession de plus de trente et un ans(Form. Senon. 21 et jugement de la cour du Palais de Thierry III de 679,in Perz, G. H., Diplomata regum Francorum e stirpe Merowingica, Hanovre, 1872, n° 49, p. 45 Google Scholar) et celui par lequel une femme se purge d'une accusation d'empoisonnement﹛Form. Senon. 22). Le second des deux cas est en fait sans signification, le rédacteur deForm. Senon. 22 ayant simplement recopié sans altération le protocole et I'eschatocole de la notice précédente. Le premier, en revanche, est éclairé par deux sources indépendantes et concordantes dont un diplome conservé en original. II atteste un transfert du rite comparable à celui que Ton observera dans la Saxe du bas Moyen Âge et, en même temps, il en fait conjecturer les raisons. Comme celui de légitime défense, 1'argument de prescription permet d'écarter la loi stricte. II n'est pas fortuit que, dans la chronologie des sources juridiques franques, la prescription par trente ans de Taction en revendication apparaisse avec le meme texte légal qui déclare le ravisseurforbatutus : décret de Childebert [596] 14, 3 (MGHCapitularia,I, n° 7, p. 17). Les deux idées ont été consacrées en même temps et ont dû donner naissance à des mécanismes judiciaires analogues, dans lesquels la parole de l'exception fait écarter celle de la loi lorsqu'elle est soutenue par le rite collectif des langues tirees. Relevons en outre que la formule compléte des notices et du jugement de 679 est «Juraverunt et de linguas [679 :diliguas] eorum legibus direxerunt ». Lede est inintelligible. Aucun étymon germanique ne rend compte d'unde[di ?]li[n]guas. L'explication la moins genante serait un barbarisme construit sous l'attraction du latindelingere,lécher. On reconnaitrail alors les deux composantes du rite : des langues tirees comme pour lécher(de-linguas) et un indicateur de direction(direxerunt) qui correspond au geste des doigts dans les textes et les images du bas Moyen Âge.
69 P. L.Sal.,25, 4, p. 194.
70 P. L.Sal.,9S,pp. 412-414.
71 C'est une lecture qui à pourtant gardé des partisans : cf. Balon, Joseph, Traité de droit salique. Elude d'exégése et de sociologie juridique, Namur, Les Anciens Établissements Godenne, 1965, II, p. 511 Google Scholar.
72 C'est plutôt l'inverse qui se produit: la confiscation emprunte volontiers son vocabulaire a l'exclusion personnelle (fr. forcommander, commettre ; all.verteilen).
73 Cf. Brunner, H., Deutsche Rechtsgeschichte, op. cit., I, p. 241 Google Scholar ; G. C. von Unruh, « Wargus… », art. cit., pp. 3-4.
74 P. L. Sal.,56, 5, p. 326.
75 II faudrait en ajouter un cinquiéme si le motferbanniti appliqué à ceux qui refusent de témoigner en justice(P. L. Sal.,49, 3) designait un bannissement, mais cette lecture n'est pas assurée.
76 Nous suivons ici la chronologie de Jean-Pierre POLY, « La corde au cou. Les Francs, la France et la loi salique »,in Gen ése de I'État moderne en M éditerran ée : I'approche historique et anthropologique des pratiques et des repr ésentations,Rome École franchise de Rome, 1993, pp. 287-320.
77 P. L.Sal.,1, 1-2.
78 Lex Ribuaria,80 (77) —furbannito pourfurbattudo dans certains manuscrits (F. Beyerle et R. Buchner,Lex Ribuaria, op. cit.,p. 129 — et surtout 90 (97)﹛ibid.,p. 133), qui fixe l'amende due par celui qui se rendrait complice d'une rupture de ban en recevant unforbannitus.
79 « Ore suo utlagabit eum rex » ﹛Leges Edwardi,6, 1 ; cf. F. Liebermann,Gesetze der Angelsachsen…, op. cit.,p. 631).
80 Acte de 1359 cité par F. Frensdorff, «Recht und Rede», art. cit., p. 475 ; cf. Battenberg, F., Reichsacht…, op. cit.,pp. 125–128, 256 Google Scholar, 264.
81 G. Espinas,La vie urbaine de Douai…, op. cit.,Ill, n° 149 et 161, pp. 101 et 110 (milieu ou seconde moitie du xme siecle).
82 Ce que rend explicite la réserve d'un acte de 1409quod bannum dominus rex ore proprio, dum placet, executioni poterit demandare (F. Battenberg,Reichsacht…, op. cit.,p. 256).
83 A Lille, publication à la bretéche et répétition du cri dans toute la juridiction, cf.Livre Roisin (§§ 5 et 139), édité par R. Monier,op. cit.,pp. 11, 93, ce qui correspond aux formes de la publication des ordonnances(ibid.,§§ 3, 129); à Abbeville, lecture publique du ban par le mayeur et expulsion « à la cloche », cf. Boca, Jean, La justice criminelle de I'échevinage d ‘Abbeville au moyen-âge (1184-1516), Lille, 1930, pp. 223–224 Google Scholar ; à Houdain, à Péronne ou a Doullens, la « bancloque » sonne depuis le départ du banni, au pied de la halle, jusqu'a son arrivee à la limite de I'echevinage, cf. DUBOIS, Pierre, Les asseurements au xui” siécle dans nos villes du Nord. Recherches sur le droit de vengeance, Paris, 1900, pp. 156–157 Google Scholar ; pour Douai, cf. Espinas, G., La vie urbaine de Douai, op. cit., I, pp. 381–382 Google Scholar et IV, pp. 504-507, P. J. n° 1323 (1376) ; pour Aurillac, voir la description des formes du bannissement en 1298 dans Roger Grand,Les « Paix » d'Aurillac. Étude et documents sur I'histoire des institutions municipales d'une ville à consulat (xu'-xv’ si écle),Paris, Sirey, 1945, p. 213 ; la formuleprecognizare bannum s'y entend indifferemment de la publication de l'ordonnance ou du bannissement﹛ibid.,pp. 81 et 91).
84 Quand ce ne serait que parce que le mode de publication retenu peut comporter des inconvénients pratiques susceptibles d'en compenser les avantages, dans la mesure oú il soumet l'exécution d'une décision de justice aux conditions de forme propres à l'entrée en vigueur d'une ordonnance. Les difficultes sont prévenues lorsque, comme à Douai, les autorités judiciaire et politique de la ville se confondent parfaitement. Mais à Freiberg, aprés le rite des doigts et des langues et le jugement qui le suivait, il fallait que la décision fût communiquee au conseil de ville pour etre inscrite au registre des bannis et pubiiée dans les formes (cf. H. ERMISCH, « Das Verzahlen… », art. cit, pp. 12-13). A Aurillac, le compromis conclu en 1298 entre les consuls et l'abbe de Saint-Géraud regie la difficulté au prix d'un alourdissement de la procedure, les formes de la citation du contumace etant calquées sur celles du ban ; R. Grand,Les « Paix » d'Aurillac…, op. cit,p. 209sq. Dans l'espace francais, il serait interessant d'etudier sous cet angle les rapports entre le bannissement prononcé par les tribunaux royaux et les juridictions municipales, qui ne furent pas toujours harmonieux : cf. par exemple le document de 1369 éditéin M. Pagard D'Hermansart, «Le bannissement à Saint-Omer d'apres des documents inédits »,Bulletin philologique et historique,1901, pp. 452-453.
85 « Si quis extraneus ad oppidum confugerit et schabinatui stare voluerit, oppidum recipiet […]; si stare iuri noluerit, tanquam irrationabilis ab oppido expelletur. » (Keure de 1191, § 14 ; cf. W. Prevenier,De oorkonden…, op. cit.,p. 14).
86 Cf. F. Frensdorff, « Recht und Rede », art. cit. p. 438. Dans le texte cité à la note précédente, nous prenonsstare iuri,comme lestare recto des sources anglaises (cf. le texte cite” ci-dessous, n. 90, au sens de : procéder, ester, ici accepter les régies locales du jeu judiciaire).
87 F. Frensdorff, « Recht und Rede », art. cit., p. 435.
88 Richard II,vv. 154-173. Je remercie Serge Lusignan de m'avoir signalé ce texte. 89. «Enim gerunt caput lupinum ita quod sine iudiciali inquisitione pereunt et secum suum portant iudicium » ( Bracton, Henri De, De legibus…, op. cit, II, pp. 354 Google Scholar et 362);Grand Coutumier de Normandie (§ 82),in Richebourg, Bourdot De, Nouveau Coutumier…, op. cit., IV, p. 31 Google Scholar.
90 Modéles de bref dans Henri De Bracton,De legibus…, op. cit.,II, pp. 370 et 376 ; les réintégrés doiventstare recto si quis versus eos loqui voluerit,tandis que ceux contre qui ils agissent ne sont pas tenus de leur répondre.
91 Sur ce sujet, voir Anita Guerreau-Jalabert, « Parole/parabole. La parole dans les langues romanes : analyse d'un champ lexical et sémantique »,in Dessi, R. M. et Lauwers, M. (dir.), La parole du prédicateur (v'-xve siecle), Nice, Association des publications de la Faculté des lettres de Nice, 1997, pp. 311–339 CrossRefGoogle Scholar.
92 Ainsi chez CHRÉTIEN DE TROYES :« Erec respont: Mar le pansastes / que ma parole trespassastes » (Erec répond : vous avez eu tort de le penser / Car vous avez désobéi à mon ordre), « Erec », v. 2993 ; cité par Bernard CERQUIGLINI,La parole m édi évale : discours, syntaxe. texte,Paris, Éditions de Minuit, 1981, p. 175. En revanche, le Moyen Âge ignore le sens d'engagement de soi-même, qui n'apparaît qu'aux xvne-xvine siécles : cf. A. Guerreaujalabert, « Parole/parabole… », art. cit, p. 314. Lorsqu'elle est normative, la parole médiévale est hétéronome et non autonome.
93 Cf. F. Frensdorff, « Recht und Rede », art. cit., p. 435.
94 BenvÉniste, Emile, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, Paris, Éditions de Minuit, 1969, II, pp. 111–122 Google Scholar.
95 La chronologie avancde pour la France par Jacques LE GOFF et Jean-Claude SCHMITT, « Au xme siécle : une parole nouvelle »,in J. Delumeau (dir.),Histoire v écue du peuple Chr étien,I,De la clandestinit éà la chr étient é Toulouse, Privat, 1979, pp. 257-279, inviterait a situer aprés la phase de « libération » de la parole du xnf siécle un seuil de rupture correspondant au basculement des representations de l'ordre juridique de la parole vers les textes.
96 On ne peut guére citer que l'essai remarquable de F. FRENSDORFF, « Recht und Rede » (1886), souvent cite L'auteur à reuni quantite de materiaux, auxquels la présente étude est largement redevable. Mais son essai n'est ni introduit ni conclu, et il semble être resté sans iendemain.
97 II est remarquable que la formule bavaroise du xvc siécle (citde ci-dessus, n. 10) qui recourt explicitement à ce concept portein alles unrecht,« entout non-droit», ce qui peut signifier que le proscrit est totalement dépouillé des attributs du sujet, mais aussi que le pouvoir le voue à 1'exclusion, non seulement de son propre ordre juridique, mais aussi de quelque ordre que ce soit.
98 ÖNB, ms. 2554, fol. 3v ; BNF, ms. fr. 9561, fol. 14v ; ms. lat. 9471, fol. 23v.
99 « Sicut ex quatuor elementis omnia corpora conflciuntur, ut terra et aqua et igne et aere, ideo ex viribus horum quatuor elementorum totus mundus gubernatur: ita hie liber comprehendit omnia iura », Gl. prima elementa sub Inst., Proemium, 6.
100 Cavalca, Desiderio, Il bando nella prassi e nella dottrina giuridica medievale, Milan, A. Giuffré, 1978, p. 78 Google Scholar sq.
101 Tractatus bannitorum, in Consilia, quaestiones et tractatus Bartoli à Saxoferrato,Venise, 1575, fol. 129v-130v.