Hostname: page-component-78c5997874-xbtfd Total loading time: 0 Render date: 2024-11-09T22:38:15.415Z Has data issue: false hasContentIssue false

Archéologie et tradition académique en Europe aux XVIIIeet XIXe siècles

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Alain Schnapp*
Affiliation:
Université de Paris I

Extract

« J'avais mes heures de service, que je passais dans ce qu'un très vieil écriteau appelait cabinet d'Archéologie... Au-dessus de l'écriteau on avait gribouillé conservateur des Antiquités. » (I. Dombrowski, Le conservateur des Antiquités

Le héros du roman de I. Dombrowski est un jeune archéologue qui, en 1937, est nommé conservateur au musée d'Alma-Ata. Son travail consiste à mettre un peu d'ordre dans une cathédrale transformée en musée et qui recèle des collections du xixe siècle. Bientôt la découverte d'un trésor par des paysans vient briser la monotonie des jours. A travers l'histoire de la découverte de ce trésor se déploie une intrigue qui emmène les personnages progressivement au cœur de la machine policière stalinienne. Derrière l'archéologue détective sont à l'œuvre d'autres enquêteurs méticuleux au service de la raison d'État.

Accumulation, bric-à-brac, indices : le conservateur des Antiquités est là pour mettre de l'ordre dans des ensembles aléatoires, et son travail dans la réserve appelle l'enquête sur le terrain qui est la métaphore de la véritable enquête policière. Cette volonté d'ordre, de sériation, de classification est inséparable de l'archéologie moderne qui est devenue comptable de la moindre trace, du moindre tesson.

Summary

Summary

The development of archaeology in Europe from its origins to the 18th and 19th centuries was strongly in fluenced by national traditions. By the 16th century, in Scandinavia, an interest in national antiquities led to the establishment of protection and research agencies and the enactment of archaeological legislation. But in Britain, Germany, France, and Italy, the "elites" were almost exclusively interested in the Graeco-Roman world. Archaeology thus came to be seen as the science of traveling and collectiongathering antiquarians. With the founding in Rome in 1828 oof the Instituto di Corrispondenza A rcheologica, archaeology acquired a scientific framework and laid daim to an academie status that it was soon granted in Germany. At the same time, y et quite independently, prehistorical finds led naturalists to use archaeology as a means of contributing to the "natural history of man".

The humanist and naturalist traditions have been fighting ever since over a discipline whose boundaries are by nature imprecise. The difference between the French and German approach to the problem of interdisciplinary studies may explain the enduring crisis in French archaeology.

Type
La Production du Document
Copyright
Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1983

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Notes

1. Worm, O., Muséum Wormianum seu Historia rerum rariorum, Amsterdam, 1655.Google Scholar

2. Voir le « testament » de Vere Gordon Childe, reproduit dans Green, Sally, Prehistorian. A Biography of Vere Gordon Childe, Londres, 1981, pp. 166175.Google Scholar

3. De Monthaucon, Dom Bernard, L'Antiquité expliquée et présentée en figures, Paris, 1719.Google Scholar Sur le rôle des antiquaires, voir Momigliano, A., « Ancient history and the antiquarians », dans Coniribiiio alla storia degli studi classici, Rome. 1955, pp. 67106.Google Scholar

4. De Caylus, Comte, Recueil d'Antiquités Égyptiennes, Étrusques, grecques et romaines, Paris. 1752, 1767. pp. vivii.Google Scholar

5. Ginzburg, C., « Signes, traces, pistes, racines d'un paradigme de l'indice », Le Débat, 6. novembre 1980. pp. 344.CrossRefGoogle Scholar

6. Laming-Emperaire, A., Origines de l'archéologie préhistorique en France, Paris, 1964, pp. 83.Google Scholar

7. CaylUS, op. cit., p. îx.

8. BandinelII, R. Bianchi, Introduzione uliarcheologia, Rome-Bari, 1976. pp. 1112.Google Scholar

9. Winckelmann, J. J., « Lettre à Berendis », dans Gœthe, J. W., Winckelmann und sein Jahrhundert, Tiibingen, 1805, Leipzig, Holtzhauer, H. Éd., 1969, p. 86 Google Scholar, lettre 17.

10. Klindt-Jensen, O., A History of Scandinavian Archaeology, Londres, 1975, pp. 1415.Google Scholar

11. J. Bure, Monumenta Sveo Gothica Hactenus Exsculpta, 1624.

12. O. Kmndt-Jensen, op. cit., pp. 16-17.

13. Rudbeck, O., Atland eller Manheim-Ailantica sive Manheim, Upsal, 1679-1702.Google Scholar Voir Svenbro, J., « “ L'idéologie gothisante “ et “ L'Atlantica ‘” d'O. Rudbeck », Quaderni di Storia, Bari, 1980, pp. 121156.Google Scholar

14. O. KLIndt-Jensen, pp. 12-13.

15. O. KLIndt-Jensen, pp. 41-45.

16. Lettre datée de 1825. O. KLIndt-Jensen, p. 52.

17. Hudson, K., A Social History of Archaeology, Londres, 1981.CrossRefGoogle Scholar

18. Paris, 14 Fructidor, an II, pp. 5-6.

19. En 1792, le dépôt des Arts est confié à Alexandre Lenoir, en 1795 la Convention décide la création d'un musée des Monuments français. Le musée inspirera l'un des précédesseurs de Thomsen, Rasmus Nyerup (1759-1829), mais sera démantelé à la Restauration. Voir O. KLIndt-Jensen, op. cit., p. 46, et Courajod, Louis, Alexandre Lenoir, son journal et Musée des monuments français, Paris, 1878-1887.Google Scholar

20. A. Laming-Emperaire, op. cit., pp. 100-103.

21. P. Legrand D'Aussy, op. cit., Paris, an VII, p. 126.

22. P. Legrand D'Aussy, op. cit., p. 127.

23. Voir HimmelMann, N., Utopische Vergangenheit : Archàologie und moderne Kultur, Berlin, 1976, pp. 5178.Google Scholar W. Fuchs, « Fragen der Archàologischen Hermeneutik in der ersten Hàlfte des 19. Jahrhunderts », dans Philologie und Hermeneutik in 19. Jahrhundert. H. FLAshar, K. Grunder, A. Horstmann Éds, Gôttingen, 1979, pp. 201-224, aussi Jenkyns, R., The Vlctorians and Ancien! Greece, Londres, 1980, pp. 120.Google Scholar

24. Choiseul-Gouffier, , Voyage pittoresque de la Grèce, Paris, 1782 Google Scholar, 1809, 1818 et Legrand, P. E., Biographie de C. F. Sébastien Fauvel, RA 1897, I, pp. 4166 Google Scholar et 185-201.

25. Jenkyns, op. cit., pp. 5-6. La carrière d'architecte de Cokerell (1788-1863), le découvreur avec Haller von Hallerstein des « Éginétes » et du temple de Phigalie à Bassae, est particulièrement prolifique. Voir Watkin, D., The Life and Work of C. R. Cokerell, Londres, 1974.Google Scholar

26. P. E. Legrand. op. cit., Bracken, C. P.. « Antiquities acquircd », Londres 1975. pp. 2849.Google Scholar

27. Cust, L., History of the Society of Dilettanti, Londres, 1914.Google Scholar

28. Correspondance de Choiseul-Gouffier à Fauvel, citée par P. Y.. Legrand. op. cit., p. 57.

29. Stark, C. B. Svstematik und Geschichte der Archàologie der Kunsl, Leipzig 1880. pp. 282 283.Google Scholar

30. Sur l'histoire de l'Instituto, voir A. Michaeijs, Storia delilnslituto archeologico germanico, 1829-1879 (édition allemande: Geschichte des DAL 1829-1879, Rome. 1979). Starck, op. cit.. pp. 280-296, et Wekkert, C., Geschichte des DAI-AA, 1955, LXX. pp. 127156.Google Scholar

31. Lettre citée par C. Weickert, op. cit., p. 143 en date du 22 mars 1840.

32. Michaeus, A. Die archàologischen Entdeckungen des 19. Jahrhunderts, Leipzig, 1906.Google Scholar

33. Gerhard, E. Archdologischer Anzeiger zur archdologischer Zeitung, VIII 1850, pp. 203 206.Google Scholar

34. Voir Schiering, W., « Zur Geschichte der Archàologie in U. Hausmann ». Allgemeine Grundlagen der Archàologie, Munich, 1969, pp. 160161.Google Scholar

35. Radet, G.. L'histoire et l'œuvre de l'Ecole française d'Athènes, Paris, 1901. pp. 423424.Google Scholar

36. Tournal. Annales des sciences naturelles, 1834, p. 72, et A. Laming-Emperaire, op. cit., pp. 140-152.

37. A. Laming-Emperaire, op. cit., pp. 147-148 ; voir aussi S. .1. DE Laet, « P. C. Schmerling ( 1791 -1836) ». dans Daniel, G. Éd.. Towards a History of Archaeology, Londres, 1981, pp. 112119.Google Scholar

38. Boucher, J. De .S, Perthf, Antiquités celtiques et antédiluviennes. Mémoires sur l'industrie primitive et les arts à leur origine, Paris, 1847-1863, tome I, p. 36.Google Scholar

39. Voir Daniel, G., A Hundred and Fifty Years of Archaeology, Harvard, 1976, pp. 7274.Google Scholar

40. Voir G. Daniel, op. cit., pp. 136-141.

41. Voir Andrée, C.. Rudolf Virchow als Prdhistoriker, Cologne, 1976 Google Scholar, et J. Herrmann, « Heinrich Schliemann and R. Virchow », dans G. Daniel Éd.. Towards a Historv of Archaeology. op. cit.. pp. 127-1 32.

42. C. Andrée, op. cit., p. 57, et Zeitschrift fur Ethnologie, 1869, p. 403.

43. Voir P. BailLIF.-Reynolds, « The Romisch-germanische Kommission », Antiquity, 1935, 6. pp. 328-334. et Kràmer, W., « lahre Romisch-germanische Kommission », dans Festschrift zum 75 jùhrigen Beslchen dcr Rômisch-gcrmunischen Kommission, Mainz, 1979, pp. 523.Google Scholar

44. Mona Ozouf. « L'invention de l'ethnographie française : le questionnaire de l'Académie celtique ». Annales ESC. 1981, pp. 210-230.

45. Voir Reinach, SalomonEsquisse d'une histoire de l'archéologie gauloise », Revue celtique. 19, 1898, pp. 101117 et 292-307.Google Scholar

46. Op. cit., p. 151.

47. Mémoires de la Société des Antiquaires de France, XXI, 1842, p. 43.

48. Voir P. Amandry, « Albert Dumont, directeur des Écoles de Rome et d'Athènes », Bulletin de correspondance hellénique, 1976. pp. 1 -5. et J. M. Mayeur, « Les transformations de l'enseignement supérieur au début de la Troisième République », BCH, 1976, pp. 7-9.