Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Pour l'historien économiste qui s'intéresse au problème-clef de la croissance, la méthode comparative devrait être particulièrement féconde. Dans la mesure où sa tâche consiste à analyser le jeu de diverses variables et à pondérer leurs influences respectives sur l'évolution économique, la comparaison entre les expériences de plusieurs pays doit élargir sensiblement son champ d'expérimentation et accroître ses possibilités de formuler — et de contrôler — des hypothèses. Cependant cette méthode n'a été utilisée que de façon discursive, à très peu d'exceptions près. Tout en étant conscient de la témérité de l'entreprise, on voudrait, dans ces quelques pages, appliquer un point de vue comparatif au gros problème des origines de la Révolution industrielle. Chacun sait que l'Angleterre a été le premier pays à réaliser cette percée technique, et ceci par ses propres moyens, sans aide extérieure, spontanément.
Cet article est dérivé de deux conférences prononcées en janvier 1964 à la London School of Economies and Political Science. Destinées à des étudiants elles avaient forcément un caractère général et devaient rappeler certaines notions qui sembleront élémentaires aux spécialistes, ce dont l'auteur s'excuse, en ajoutant qu'il a parfois forcé consciemment sa pensée, afin de combattre certaines idées reçues. Trop souvent en effet, les auteurs français surestiment l'avance et le « modernisme » de l'Angleterre, cependant que les Anglo-Saxons surestiment la stagnation et l'archaïsme français. Au cours de la préparation de cet essai, des conversations avec P. Deyon, D. S. Landes, P. Léon, M. Lévy-Leboyer, J. Meuvret ont été extrêmement précieuses, mais leur responsabilité n'est nullement engagée !
page 254 note 1. Par exemple le brillant essai d'H. J. Habakkuk, American and British Technology in the Nineteenth Century. The Search for Labour-Saving Inventions (Cambridge, 1962). Beaucoup moins réussi est Kindleberger, C. P., Economie Growth in France and Britain, 1851-1950(Cambridge, Mass., 1964 CrossRefGoogle Scholar), qui abonde en erreurs.
page 254 note 2. Elle supposerait en effet une connaissance approfondie des deux pays que nous tentons de comparer. De plus l'analyse est rendue difficile par l'avancement inégal des études d'histoire économique de part et d'autre de la Manche, ainsi que par les méthodes et les points de vue assez divergents des deux « écoles » historiques.
page 255 note 1. En réfléchissant sur ce thème, il est souvent commode (mais en un sens nonhistorique) de poser la question inverse : pourquoi la Révolution industrielle ne s'estelle pas produite en France ?
page 255 note 2. Pour souligner par exemple le rôle de la laine dans l'histoire de l'Angleterre ; la production, le commerce et l'industrie de cette fibre ont de bonne heure intégré le pays dans l'économie internationale et stimulé l'essor du capitalisme.
page 255 note 3. Nef, J. U., « A Comparison of Industrial Growth in France and England from 1540 to 1640 », journal of Political Economy , XLIV, n° 3, 4, 5, juin, août, oct. 1936, pp. 289-317, 505-533, 643–666 CrossRefGoogle Scholar ; voir aussi du même auteur : « The Progress of Technology and the Growth of Large-scale Industry in Great Britain, 1540-1640 », Economie History Review, V, n° 1, octobre 1934, pp. 3-24 ; « Priées and Industrial Capltalism in France and England, 1540-1640 », Ibidem, VII, n° 2, mai 1937, pp. 155-185 ; « L'industrie et l'État en France et en Angleterre (1540-1640) », Revue Historique, CXCI, n° 1 et 2, janv.-mars et avril-juin 1941, pp. 21-53, 193-231.
page 255 note 4. Voir notamment Coleman, D. C., « Industrial Growth and Industrial Révolutions », Economica , N.S., XXIII, n° 89, fév. 1956 Google Scholar, reproduit dans Carus-Wilson, E. M., Édit., Essays in Economie History, III (Londres, 1962), pp. 345–347 Google Scholar ; Id., « Technology and Economie History, 1500-1750 », Economie History Review, 2e série, XI, n° 3, avril 1959, pp. 506-507, 509-510, 512 ; Supple, B. E., Commercial Criais and Change in England, 1600-1642 (Cambridge, 1959), pp. 2–8 Google Scholar ; Fisher, F.J., Édit., Essays in the Economie and Social History of Tudor and Stuart England in Honour of R. H. Tawney (Cambridge, 1961), pp. 6–7 Google Scholar ; Brenner, Y. S., « The Inflation of Priées in England, 1551-1650 », Economie History Review , 2e série, XV, n° 2, déc. 1962, pp. 271– 273.Google Scholar
page note 1. D'autre part, en négligeant du côté français les industries textiles, notamment celles du lin et de la laine, il a surestimé la stagnation de l'industrie française pendant la même période. Nef est allé aussi beaucoup trop loin en parlant d'une « accélération phénoménale » de la production industrielle anglaise entre 1540 et 1640.
page note 2. Chaloner, W. H. et Musson, A. E., Industry and Technology (Londres, 1963, A Visual History of Modem Britain), pp. 20-21, 24–25, 29Google Scholar ; « The Origins of the Industrial Révolution », Past and Présent, n° 17, avril 1960, p. 76 (résumé d'un colloque sur ce problème).
page note 3. J. U. Nef, « a Comparison… », op. cit., p. 663.
page 257 note 1. Goubert, P., Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730. Contribution à l'histoire sociale de la France du XVIIe siècle (Paris, 1960), pp. 585-591, 595–596 Google Scholar, graphiques 126-130, pp. 116-119 de l'Atlas annexe ; Deyon, P., « Variations de la production textile aux XVIe et XVIIe siècles : Sources et premiers résultats », Annales E.S.C. , XVIII, n° 5, sept-oct. 1963, pp. 947, 950–953.Google Scholar
page 257 note 2. Par exemple la Provence, d'après Baehrel, R., Une croissance : La Basse- Provence rurale (fin du XVIe siècle, 1789). Essai d'économie historique statistique (Paris, 1961).Google Scholar
page 257 note 3. Voir les jugements pessimistes de Goubert sur les résultats de la politique de Colbert à Beauvais (op. cit., pp. 584, 596-597 ; aussi pp. 619, 621-624).
page 257 note 4. Léon, P., « La crise de l'économie française à la fin du règne de Louis XIV (1685-1715) », Information historique , XVIII, n° 4, sept.-oct. 1956, pp. 132–137 Google Scholar; P. Deyon, op. cit., pp. 953-955.
page 258 note 1. P. Goubert, op. cit., p. 622 ; Labrousse, B., Le paysan français des Physiocrates à nos jours (Paris, Cours de Sorbonne, 1962), p. 13.Google Scholar
page 258 note 2. Voir sur ce point l'important article de Coleman, D. C., « Labour in the English Economy of the Seventeenth Century », Economie History Rexriew , 2e série, VIII, n° 3, avril 1956, pp. 280–295.CrossRefGoogle Scholar
page 258 note 3. Meuvret, J., « La géographie des prix des céréales et les anciennes économies européennes : prix méditerranéens, prix continentaux, prix atlantiques à la fin du XVIIe siècle », Revista da Economia , n° 2, 1951, p. 69 Google Scholar ; Chaunu, P., « Le renversement de la tendance majeure des prix et des activités au XVIIe siècle. Problèmes de fait et de méthode », Studi in onore di Amintore Fanfani , IV, pp. 238–240, 251-252Google Scholar ; Y. S. Brenner, op. cit., pp. 276, 281-282 ; Clark, G. N., The Wealth of England from 1496 to 1760 (Londres, 1946), pp. 108–110 Google Scholar ; Phelps Brown, E. H. et Hopkins, S. V., « Seven Centuries of the Priées of Consumables, compared with Builders’ Wage-rates », Economica , N. S., XXIII, n° 92, nov. 1956, pp. 299–301, 305, 312-313.Google Scholar
page 258 note 4. F. J. Fisher, Essays…, op. cit., p. 3 ; Id., « The Sixteenth and Seventeenth Centuries. The Dark Ages in English Economie History î », Economica, N. S., XXIV, n° 93, fév. 1957, pp. 6-9, 12, 15, 16.
page 259 note 1. F. J . Fisher, in Economica, pp. 10-11.
page 259 note 2. Davis, R., « English Foreign Trade, 1660-1700 », Economie History Beview , 2° série, VII, n° 2, déc. 1954, pp. 150-154, 159–163 Google Scholar ; Id., « English Foreign Trade, 1700-1774 », Ibidem, XV, n° 2, déc. 1962, p. 285 ; Farnie, D. A., « The Commercial Empire of the Atlantic, 1607-1788 », Ibidem , XV, n° 2, déc. 1962, p. 206.Google Scholar
page 259 note 3. F. J . Fisher, in Economica, pp. 17-18.
page 259 note 4. W. H. Chaloner et A. E. Musson, op. cit., p. 33. Selon D. C. Coleman, in Past and Présent, op. cit., pp. 71-72, on pourrait parler d'une Révolution industrielle à la fin du Xviie siècle.
page 259 note 5. Levasseur, E., Histoire du commerce de la France. Première partie : avant 1789 (Paris, 1911), p. 405.Google Scholar
6. Luthy, H., La banque prolestante en France, de la révocation de Védit de Nantes à la Révolution (Paris, 1959 et 1961, 2 vol.), t. I, pp. 94-97, 290–291, 414Google Scholar ; Mousnier, R., Les XVIe et XVIIe siècles (Paris, 1954), p. 299.Google Scholar
page 260 note 1. Cités par Deane, P. et Cole, W. A., British Economie Growth. 1688-1959. Trends and Structure (Cambridge, 1962), p. 38 Google Scholar et Ashley, M., England in the Seventeenth Century (1603-1714) (Londres, 1952), p. 230.Google Scholar
page 261 note 1. Bien entendu, les statistiques du XVIIIe siècle ne peuvent donner que des ordres de grandeur ou des indices très approchés de l'évolution, et elles doivent être utilisées avec prudence. Cependant certaines de celles que nous citons, en particulier pour le commerce extérieur, ou pour la production d'industries déterminées, sont relativement sûres. Quant aux calculs d'aggrégats — de la production industrielle ou agricole, du produit matériel, etc. — qui ont été récemment établis pour l'Angleterre et la France, ils doivent être considérés d'un oeil très critique. Voir par exemple les comptes rendus sévères du livre de Deane et Cole par T. C. Babker dans Economies N. S., XXXI, n° 124, nov. 1964, pp. 449-452 et A. H. John, dans Kyklos, XVII, 1964, n° 2, pp. 276-280. Cependant, du point de vue comparatif qui nous occupe ici, il est intéressant que des équipes différentes, utilisant des données peu sûres, avec des méthodes parfois discutables, aient atteint des conclusions qui ne sont pas très éloignées quant aux taux de croissance des économies française et anglaise au XVIIIe siècle.
page 261 note 2. Schumpeter, E. B., English Overseas Trade Statistics. 1697-1808 (Oxford, 1960), pp. 15–16 Google Scholar, tables I à IV. L'inclusion de l'Ecosse et l'utilisation des importations nettes ne changeraient rien à cette proportion.
page 261 note 3. Arnould, A. M., De la balance du commerce et des relations commerciales extérieures de la France dans toutes les parties du globe particulièrement à la fin du règne de Louis XIV et au moment de la Révolution (Paris, 2e édit., an III , 3 vol.), t. III, table 10Google Scholar ; E. Levasseur, op. cit., p. 512, note 2.
page 261 note 4. R. Romano, « Documenti e prime considerazioni interno alla « balance du commerce » délia Francia dal 1716 al 1780 », Studi in onore di Armando Sapori (Milan et Varèse, 1957), t. I I , p. 1274. Il est vrai que ces valeurs sont sans doute exprimées en monnaie courante (d'où les pointes de 1720 et 1723), tandis que celles d'Arnould sont en monnaie constante.
page 262 note 1. Le trafic des grands ports — Bordeaux, Marseille, Rouen —augmenta d'ailleurs encore plus vite que le commerce total du pays ; cf. E. Levasseur, op. cit., pp. 457, 459 ; Dardel, P., Navires et marchandises dans les ports de Rouen et du Havre au XVIIIe siècle (Paris, 1963), pp. 548–551.Google Scholar
page 263 note 1. R. Davis, « English Foreign Trade, 1700-1774 », op. cit., p. 294.
page 263 note 2. Ibidem, p. 298 ; D. A. Faenie, op. cit., p. 214 ; Deane et Cole, op. cit., pp. 34, 86, 88 ; E. B. Schumpeter, op. cit., pp. 10-11. Les exportations vers les possessions britanniques (Irlande et Treize Colonies inclues) sextuplèrent entre 1716-20 et 1786-90.
page 263 note 3. Il est vrai qu'à l'intérieur du commerce français avec l'Europe, ce sont surtout les réexportations (de produits coloniaux) qui ont progressé — multipliées par 8, alors que les exportations de produits français ont à peine triplé. Cf. E. Levasseur, op. cit., pp. 487, 512, note 2 ; A. M. Arnould, op. cit., t . I, pp. 326-327, t . I I , tableau 2, t. III, tableau 12 ; R. Romano, op. cit., pp. 1277, 1291.
page 264 note 1. R. Davis, « English Foreign Trade, 1700-1774 », op. cit., pp. 285-288, 294-295 ; E. B. Schumpetek, op. cit., pp. 13-14 ; Deane et Cole, op. cit., pp. 29-30, 42-49, 310-311 ; E. Levasseur, op. cit., pp. 511, 521, 523 ; P . Dardel, op. cit., pp. 49, 51-52, 101-102, 105, 247 ; Labrousse, E., La crise de l'économie française à la fin de l'Ancien Régime et au début de la Révolution (Paris, 1943), pp. XXXVI–XXXIX.Google Scholar
page 264 note 2. Mais il y a aussi des parallélismes très nets dans l'évolution, avec alternance de phases de croissance rapide (entre les guerres de Succession d'Autriche et de Sept Ans, après 1783), et de croissance lente ou de stagnation (après 1713, dans les années 1770).
page 264 note 3. Levasseur, E., Histoire des classes ouvrières et de l'industrie en France avant 1789 (Paris, 2e édit., 1900, 2 vol.), t. II , pp. 556–557.Google Scholar
page 265 note 1. E. Levasseuk, Histoire du commerce…, op. cit., pp. 515, 518, note, 521, note 2.
page 265 note 2. Par exemple, selon H. Luthy (op. cit., t. II, pp. 12, 20-25, 595-597), il y avait en fait deux économies françaises, séparées et différentes ; d'un côté la plus grande partie de l'agriculture et de l'artisanat, qui étaient quasi autarciques, très archaïques et stagnants ; de l'autre le commerce extérieur, la « grande industrie », la fabrication de luxe et certaines régions de vignobles, qui formaient un secteur relativement « progressiste », mais plutôt artificiel, et de toute façon beaucoup moins important par sa masse que l'économie traditionnelle. Ces deux économies auraient été liées seulement par la classe supérieure des propriétaires féodaux, qui tiraient leurs rentes du premier, mais les dépensaient dans le second. Thèse séduisante, mais qui exagère le clivage au sein de l'économie française, sous-estime l'importance réelle de l'industrie et du commerce extérieur, et ignore leurs imbrications avec l'agriculture.
page 265 note 3. Lors des deux périodes d'apogée du commerce extérieur français, en 1751-55 et 1787-88, sa valeur aurait été égale à 25 % du produit matériel brut intérieur (contre 10 % en 1716-20) ; d'après Marczewski, J., «Some Aspects of the Economie Growth of France. 1660-1958 », Economie Development and Cultural Change , IX, n° 3, avril 1961 (pp. 369–386)CrossRefGoogle Scholar, table 2.
page 266 note 1. Hoffmann, W. G., British Industry 1700-1950 (Oxford, 1955)Google Scholar, table 54 (h. t.), part a ; Deane et Cole, op. cit., p. 78, table 19. L'indice de ces auteurs s'applique à des moyennes décennales centrées sur l'année citée.
page 266 note 2. J. Marczewski, op. cit., tables 1 et 3.
page 266 note 3. E. Levasseur, Histoire du commerce…., op. cit., pp. 517, 518, note.
page 267 note 1. Deane et Cole, op. cit., pp. 52-53, 61, 203, 207 ; P . LÉON, « L'industrialisation en France en tant que facteur de croissance économique du début du XVIIIe siècle à nos jours », Première conférence internationale d'histoire économique. Stockholm, 1960 (Paris et La Haye, 1060), pp. 175-176, 178-179. Nous remercions vivement le Professeur P. Léon, qui nous a communiqué des renseignements complémentaires, montrant notamment une croissance rapide de la production des toiles à Saint-Quentin et dans la Mayenne (alors que cette industrie stagnait en Normandie).
page 267 note 2. Deane et Cole, op. cit., pp. 50-52, 163 ; P. LÉON, « L'industrialisation… », op. cit., p. 178 ; E. Levasseur, Histoire des classes ouvrières, op. cit., pp. 524-526, 545, 690 ; J . Marczewski, op. cit., table 7 ; Bairoch, P., Révolution industrielle et sousdéveloppement (Paris, 1963), pp. 235–236, 305-307Google Scholar ; Ballot, Ch., L'introduction du machinisme dans l'industrie française (Paris, 1923), p. 120 Google Scholar ; Luthy, H., op. cit., t. II , pp. 663–665 Google Scholar ; P. Dardel, op. cit., pp. 203, 214, 561.
page 268 note 1. P. LÉON, « L'industrialisation », op. cit., pp. 177, 179 ; Id., « Techniques et civilisations du fer dans l'Europe du XVIIIe siècle », Le Fer à travers les âges. Hommes et Techniques (Nancy, 1956), p. 233 ; Gille, B., « La métallurgie française d'Ancien Régime », Revue d histoire de la sidérurgie , V, n° 2, avril-juin 1964, p . 156 Google Scholar ; d'hé-Rouville, H., « Réflexions sur la croissance », Études et conjoncture , XIII, n° 11, nov. 1958, p. 997 Google Scholar ; Heckscher, E.F., « Un grand chapitre de l'histoire du fer : le monopole suédois », Annales d'Histoire économique et sociale , IV, n° 14, mars 1932, p. 132 Google Scholar ; Le-Vasseur, E., Histoire des classes ouvrières, op. cit. , t. II , p. 675 Google Scholar ; J . Marczewski, op. cit., table 8 ; P. Bairoch, op. cit., pp. 238, 247-248, 313-314 ; Deane et Cole., op. cit., pp. 55, 221 ; Ashton, T.S., An Economie History of England. The 18th Century (Londres, 1955), p . 124 Google Scholar ; Mitchell, B. R., with the collaboration of Deane, P., Abstract of British Historical Statistics (Cambridge, 1962), p. 221 Google Scholar ; Flinn, M.W., « The Growth of the English Iron Industry, 1660-1760 », Economie History Beview , 2e série, XI, n° 1, août 1958, pp. 151–152.Google Scholar
page 269 note 1. P. Goubert, op. cit., pp. 586, 589 ; Deyon, P., « Le mouvement de la production textile à Amiens au XVIIIe siècle », Revue du Nord , XLIV, n° 174, avril-juin 1962, pp. 204, 207Google Scholar ; Léon, P., La naissance de la grande industrie en Dauphiné (fin du XVIIe siècle-1869) (Paris, 1954, 2 vol.), t . I, pp. 118 sqq.Google Scholar
page 269 note 2. Deane et Cole, op. cit., p. 78, table 19 ; T. S. Ashton, The 18th Century, op. cit., p. 125 ; John, A. H., « Aspects of English Economie Growth in the First Half of the Eighteenth Century », Economica , N. S., XXVIII, n° 110, mai 1961, pp. 176–190.CrossRefGoogle Scholar
page 269 note 3. Labrousse, C. E., Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIe siècle (Paris, 1933, 2 vol.), pp. 506–508, 548, 555, 557Google Scholar ; Id., La crise…, op. cit., pp. VIII, X, XXII-III, XXXII-VIII, 177 ; P. Deyon, « Le mouvement de la production… », op. cit., pp. 207-208 ; E. Levasseur, Histoire des classes ouvrières…, op. cit., pp. 527, 682, notes 6 et 7 ; H. Luthy, op. cit., t. II, p. 594 ; J. Marczewski, « Y a-t-il eu un ‘take off en France ? », Cahiers de VI.S.E.A., supplément n° 111, mars 1961, pp. 82, 85-86 ; Deane et Cole, op. cit., p. 54.
page 269 note 4. P. LÉON, « L'industrialisation… », op. cit., p. 179.
page 270 note 1. Toutain, J. C., Le produit de Vagriculture française de 1700 à 1958 (Paris, 1961, 2 vol., Histoire quantitative de Véconomie française, t. 1 et 2), t . 1, pp. 213, 215, t. 2, pp. 128Google Scholar (tableau 110), 133, 136, 139, 204, 276 ; Deane et Cole, op. cit., p. 78, table 19 ; E. Laerousse, Le paysan…, op. cit., pp. 47-50, 94.
page 270 note 2. Deane et Cole, op. cit., pp. 78-79 ; J . Marczewski, « Some Aspects… », op. cit., table 4. On a utilisé pour établir cet indice ceux des chiffres de Marczewski qui tiennent compte de la relation existant à l'époque entre prix agricoles et prix industriels — et qu'il estime d'ailleurs préférables. Par contre P. Bairoch (op. cit., p. 346, tableau 63) a adopté d'autres chiffres de Marczewski qui ne donnent qu'une progression de 69 % du produit matériel total.
page 270 note 3. Toutain, J., La population de la France de 1700 à 1959 (Paris, 1963, Histoire quantitative de l'économie française, t. 3), pp. 9, 16Google Scholar ; Deane et Cole, op. cit., p . 6, table 2.
page 271 note 1. Deane et Cole, op. cit., p. 3, 256.
page 271 note 2. Ce contraste s'explique en grande partie par des facteurs géographiques très simples. Rappelons qu'au XVIIIe siècle, les provinces maritimes (et frontières) de la France étaient celles qui non seulement fournissaient l'essentiel des exportations, mais qui étaient aussi les plus industrialisées et progressives, alors que le centre était la partie la plus arriérée du pays. Ce fait montre combien l'Angleterre était avantagée par sa position insulaire, sa configuration, ses petites dimensions, grâce auxquelles aucune région n'était éloignée de la mer. Ces conditions géographiques rendaient en plus l'amélioration des transports moins coûteuse et plus rentable. Rappelons aussi le rôle d'un autre fait géographique — la culture de la vigne, qui était le principal soutien des microfundia, et qui gênait le progrès agricole dans la plus grande partie de la France. Au contraire, la brasserie fut de bonne heure en Angleterre un terrain d'élection pour la grande entreprise.
page 272 note 1. Voir notamment Léon, P., « Tradition et machinisme dans la France du XVIIIe siècle », Information Historique , XVII, n° 1, janv.-fév. 1955, pp. 5–14.Google Scholar
page 272 note 2. T. S. Ashton, The 18th Century, op. cit., p. 104 ; Jd., The Industrial Révolution. 1760-1830 (Londres, 1948), p. 58 ; la traduction française (Paris, 1955) contient une importante introduction de C. Fohlen, qui présente des points de vue différents des nôtres, mais qui méritent d'être médités.
page 273 note 1. T. S. Ashton, The Industrial Révolution, op. cit., pp. 11-12.
page 273 note 2. P. Deyon, « le mouvement de la production… », op. cit., pp. 209-210.
page 274 note 1. Levasseur, E., Histoire des classes ouvrières…, op. cit., t . II , p . 305.Google Scholar de même du côté anglais, A. Toynbee et W. Cunningham surestimaient l'influence favorable du laisser-faire.
page 274 note 2. Mais les prohibitions contre les toiles de coton, maintenues jusqu'en 1759, ont certainement retardé l'essor de cette industrie.
page 274 note 3. T. S. Ashton, The 18th Century, op. cit., pp. 20-21 ; Landes, D. S., « Encore le problème de la Révolution industrielle en Angleterre », Bulletin de la société d'histoire moderne , 12e série, n° 18, p . 7.Google Scholar
page 274 note 4. G. N. Clark, op. cit., p. 160.
page 275 note 1. On peut douter d'ailleurs que l'existence d'une barrière entre bourgeoisie et noblesse ait été défavorable au progrès économique. Quand la Révolution eut ouvert la carrière aux talents, ceux-ci furent détournés vers l'armée et l'administration, au détriment des affaires !
page 276 note 1. T. S. Ashton (The 18th Century, op. cit., p. 19) rappelle que les contemporains étaient convaincus que le protestantisme était plus favorable au progrès économique que la religion catholique. Nous ne voulons pas reprendre ici les controverses sur ce sujet, mais nous serions disposés à admettre une certaine influence de ce facteur. Par contre B. Hoselitz a soutenu la thèse absurde d'un violent contraste entre les entrepreneurial attitudes des hommes d'affaires anglais, habitués à se « débrouiller » tout seuls, et celles des Français qu'une tutelle constante de l'État aurait rendus timorés, satisfaits de marchés étroits et de profits unitaires élevés, toujours à la recherche de l'abri du protectionnisme, des subventions du gouvernement et des monopoles. Cette conception surestime grossièrement le rôle joué par l'État dans la création et le financement de l'industrie française, dont l'essentiel, tout comme en Angleterre, fut l'oeuvre de l'initiative privée. Cf. Hoselitz, B. F., « Entrepreneurship and Capital Formation in France and Britain since 1700 », Capital Formation and Economie Growth (Princeton, 1956), pp. 291–337.Google Scholar
page 276 note 2. Voir les remarques excellentes d'A. H. John (op. cit., pp. 188-189) sur l'augmentation du nombre de ces éléments grâce à la prospérité de la première moitié du xviiie siècle.
page 276 note 3. T. S. Ashton, The Industriel Révolution, op. cit., pp. 14, 69 ; The 18th Century, op. cit., p. 105.
page 277 note 1. T. S. Ashton, The Industrial Révolution, op. cit., pp. 14, 16 ; Musson, A. E. et Robinson, E., « Science and Industry in the Late Eighteenth Century », Economie History Review , 2e série, XIII, n° 2, déc. 1960, pp. 222–244.CrossRefGoogle Scholar
page 277 note 2. Nous remercions notre collègue et ami Louis Trénard pour ses utiles suggestions sur ce problème.
page 277 note 3. T. S. Ashton, The Industrial Révolution, op. cit., pp. 17, 19, 20.
page 278 note 1. Schmookler, J., « Economie Sources of Inventive Activity », Journal of Economie History , XXII, n° 1, mars 1962, pp. 1–2.Google Scholar
page 278 note 2. Deane et Cole, op. cit., pp. 97, 135, 288.
page 278 note 3. Past and Présent, op. cit., pp. 72-75.
page 280 note 1. T. S. Ashton, The 18th Century, op. cit., p. 232 ; A. H. John, op. cit., pp. 180- 183, 190 ; Deane et Cole, op. cit., pp. 18-19, 21, 41, 80-81.
page 280 note 2. E. Labhousse, Esquisse, op. cit., t. II, pp. 379, 382-383, 444, 497, 598-599, 610-611, 617 ; La crise…, op. cit., pp. XXV-VIII, XXXI ; Le paysan…, op. cit., pp. 4-5, 66, 78 sqq., 86, 91, 97. 279
page 280 note 1. K. B. Schumpetee, op. cit., p. 12 ; Deane et Cole, op. cit., p. 59 ; voir aussi Past and Présent, op. cit., p. 74 et Berrili, K.,, « International Trade and the Rate of Economie Growth », Economie History Review , 2e série, XII, n° 3, avril 1960, p. 358 Google Scholar, qui soulignent l'importance de la mainmise par l'Angleterre sur le marché en expansion pour cet article de consommation de masse.
page 280 note 2. Deane et Cole, op. cit., p. 85, note 2.
page 280 note 3. K. Berrill, op. cit., p. 358 ; A. H. John, op. cit., pp. 185-188.
page 280 note 4. D. S. Landes, op. cit., p. 6. Ne tenir aucun compte de certaines objections grotesques (par F. Boyer, p. 9) dans la discussion de la communication de D. S. Landes.
page 281 note 1. Past and Présent, op. cit., pp. 79-80 ; G. N. Clark, op. cit., pp. 169-170.
page 281 note 2. Pour beaucoup d'économistes le terme d'industrie de luxe est d'ailleurs une sorte d'injure, dont la définition, fort élastique, varie selon les besoins de la démonstration.
page 281 note 3. Et rappelons que les Français ne réussirent jamais au XVIIIe siècle à fabriquer de l'acier véritable.
page 281 note 4. La structure de la consommation anglaise était aussi sans doute plus « avancée », les textiles y étant moins prédominants, et les articles en métal, en céramique, e t c ., relativement plus importants.
page 282 note 1. L'écart entre prix moyens annuels minima et maxima au cours d'un même cycle est, dans les cas extrêmes, de l'ordre de 1 à 2 — alors qu'en France au XVIIe siècle, il était de 1 à 3 ou 4. Mais dans la plupart des cycles l'amplitude du mouvement est bien moindre.
page 282 note 2. E. Labrousse, Esquisse, op. cit., t. II, p. 549 ; La crise…, op. cit., p. XL ; P. Deyon, « le mouvement de la production… », op. cit., p. 211 ; T. S. Ashton, The 18th Century, op. cit., pp. 248-249.
page 284 note 1. John, A. H., « Wars and the English Economy, 1700-1763 », Economie History Review, 2e série, VII, n° 3, avril 1955, pp. 329–344 Google Scholar ; T. S. Ashton, The Industrial Révolution, op. cit., pp. 90-91 ; The 18th Century, op. cit., pp. 126-127 ; Economie Fluctuations in England. 1700-1800 (Oxford, 1959), pp. 69-83.
page 284 note 2. E. Labrousse, Esquisse, op. cit., t. II, p. 548 ; E. Levasseur, Histoire des classes ouvrières…, op. cit., t . I I , p. 551, note 2 ; H. Luthy, op. cit., t . I I , pp. 12, 42-44, 357-358 ; P. Dardel, op. cit., pp. 49-50, 249-251, 257, 516 ; Rémond, A., « Trois bilans de l'économie française au temps des théories physiocratiques », Revue d'histoire économique et sociale , XXXV, n° 4, 1957, pp. 420–421.Google Scholar
page 285 note 1. H. J. Habakkuk, op. cit., pp. 185-186. Cependant le rôle de la marine de guerre, comme débouché pour l'industrie, et comme stimulant éventuel du progrès technique ; mériterait d'être examiné de façon approfondie.
page 285 note 2. T. S. Ashton, The ISth Century, op. cit., pp. 108-109 ; The Industrial Révolution, op. cit., p. 91.
page 286 note 1. Flinn, M. W., « Timber and the Advance of Technology : a Reconsideration », Annals of Science , XV, n° 12, juin 1959, pp. 109–120 CrossRefGoogle Scholar ; H. J. Habakkuk, op. cit., pp. 157-158.
page 286 note 2. D'après E. Labrodsse, Esquisse, op. cit., t. II, pp. 346-347, le prix du bois à brûler augmenta de 91 % entre 1726-41 et 1785-89 ; mais l'essentiel de la hausse se produisit après 1770 ; il s'agissait de bois destiné à l'usage domestique, et enfin le prix du bois ne représentait qu'une petite partie du prix de revient du fer, dont les prix ne suivirent pas du tout la hausse du bois.
page 287 note 1. H. J. Habakkuk, op. cit., pp. 144-147 ; D. S. Landes, op. cit., p. 6.
page 288 note 1. T. S. Ashton, The Industrial Révolution, op. cit., pp. 109 sqq., 125 ; The 18th Century, op. cit., p. 47 ; Deane et Cole, op. cit., pp. 96-97 ; A. H. John, « Aspects… », op. cit., p. 178.
page 288 note 2. H. J. Habakkuk, op. cit., pp. 132-136, 161-163 ; A. H. John, op. cit., p. 189 ; E. B. Schumpeter, op. cit., p. 12 ; Deane et Cole, op. cit., p. 59.
page 289 note 1. Labrousse, E., Esquisse, op. cit. , t. II, pp. 491–492, 598-599Google Scholar ; La crise…, op cit., pp. XXIX-XXXI.
page 289 note 2. T. S. Ashton, The Industrial Révolution, op. cit., pp. 11, 58, 94.
page 289 note 3. Opinion différente de H. Luthy, op. cit., t. II, p. 41, et C. Fohlen, in T. S. Ashton, La Révolution Industrielle, op. cit., pp. XVI-XVIII.
page 289 note 4. Crouzet, F., « La formation du capital en Grande-Bretagne pendant la Révolution industrielle », Deuxième conférence internationale d'histoire économique. Aix-en- Provence. 1962 (Paris et La Haye, 1965), t. II , pp. 598 sqq.Google Scholar
page 290 note 1. H. J. Habakkuk, op. cit., pp. 1-3, 132.
page 290 note 2. Bien entendu beaucoup de ces différences avaient des racines historiques profondes, et par exemple le contraste entre les marchés des colonies françaises et anglaises a son origine dans l'installation des Anglais en Virginie et Massachusetts, et des Français au Canada et à Saint-Domingue.
page 290 note 3. D. S. Landks, op. cit., p. 6.
page 290 note 4. Nous avons le sentiment en achevant cet article, d'avoir négligé le rôle qu'ont joué les contrastes structuraux entre les agricultures des deux pays, et aussi le contraste entre un pays qui avait fait sa « Révolution bourgeoise » au XVIIe siècle et un autre où les survivances « féodales » étaient nombreuses. Mais cet essai ne visait pas à l'exhaustivité et voulait seulement présenter un certain nombre de points de vue personnels.
page 291 note 1. Lévy-Leboyer, M., Les banques européennes et l'industrialisation internationale dans la première moitié du XIXe siècle (Paris, 1964), p. 29.Google Scholar
page 291 note 2. A ce sujet, voir Crouzet, F., L'Économie britannique et le Blocus continental (1806-1813) (Paris, 1958, 2 vol.), t. II, pp. 863–872 Google Scholar ; « Les conséquences économiques de la Révolution. a propos d'un inédit de Sir Francis d'Ivernois », Annales historiques de la Révolution française, 34e année, n° 168 et 169, avril-juin et juill.-sept. 1962, pp. 182-217, 336-362 ; « Wars, Blockade and Economie Change in Europe, 1792- 1815 », Journal of Economie History, XXIV, n° 4, déc. 1964, pp. 567-588 ; « Bilan de l'économie britannique pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire », Revue Historique, n° 475, juill.-sept. 1965, pp. 71-110. N. B. Cet article était sous presse quand a paru le tome VI de la Cambridge Ecomic History of Europe, The Industrial Révolution and after (Cambridge, 1965), où D. S. Landes a traité magistralement des origines de la Révolution industrielle en Angleterre, et analysé les causes de la supériorité britannique par rapport aux pays du Continent et notamment à la France,