Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Le destin posthume de Thorstein Veblen a été singulier comme le fut toute sa carrière. Son premier livre, le seul qui connut un succès immédiat, La théorie de la classe de loisir (The theory of the leisure class), paru en 1899, alors qu'il avait quarante-deux ans, est enfin traduit en France. Ses autres œuvres — parmi lesquelles mériteraient tout particulièrement d'être présentées au public français The Instinct of Workmanship and the State of the Industrial Arts (New York, Macmillan, 1914), The Engineers and the Price System (1921) et Absentée Ownership and Business Enterprise in récent Times : the case of America (1924) — attendront quelque temps encore.
page 977 note 1. Précédé d'une Introduction de Raymond Aron, Bibliothèque des Sciences humaines, Paris, Gallimard, 1970, XLI. plus 278 p.
page 977 note 2. Il consacra à Veblen, , dans la Revue Philosophique, 1921, pp. 214–233 Google Scholar, une pénétrante étude, « L'instinct ouvrier dans l'art industriel (étude sur la sociologie de Thorstein Veblen) ».
page 978 note 1. Les ingénieurs jouèrent un rôle croissant dans la critique veblénienne jusqu'à l'ouvrage The Engineers and The Price System qui fit de lui, peu après sa mort, lors de la grande crise des années 1930, le maître à penser des premiers « technocrates ».
page 979 note 1. Au reste, l'instinct artisan, dans ce premier livre, joue seulement le rôle d'un fond de décor un peu flou ou plutôt d'un plan de référence : le devant de la scène est occupé par l'instinct prédateur dont la fascination poursuit Veblen qui le retrouve dans toutes les activités caractérisées par la destruction et la prouesse, et cela aux deux bouts de l'échelle sociale, chez ceux qui manient l'argent et non la matière, qu'ils soient des capitalistes honorés ou des délinquants honnis. C'est seulement quinze ans plus tard, dans une autre de ses oeuvres maîtresses, publiée en 1914, The Instinct of Workmanship and the State of Industriel Arts, que l'instinct artisan se verra accorder par lui la place qu'il détient dans sa pensée.
page 980 note 1. La classe ouvrière et les niveaux de vie, Paris, Félix Alcan, 1913 ; L'évolution des besoins dans les classes ouvrières, Paris, Félix Alcan, 1933.
page 980 note 2. Cf. le courageux article Detraz, d'Albert, « Classe ouvrière et bien-être », Arguments n° 22, 1961.Google Scholar
page 980 note 3. Ford, Henry, Moving Forward, New York, Doubleday, 1928 Google Scholar; trad. française. Le Progrès, Paris, Payot 1930, pp. 83-85.