Les vêtements et leurs couleurs à Laichingen entre 1750 et 1820
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
« Je me souviens d'une conversation vieille de plus de trente ans avec Lucien Febvre », écrit Claude Lévi-Strauss dans un article paru il y a quelques années. Et il continue : « [Febvre] souhaitait que les historiens se penchent sur des problèmes comme celui de l'origine et de la distribution du bouton. Il se rendait parfaitement compte que, par sa présence ou son absence, cet humble article de mercerie trace, dans les comportements humains, une ligne de démarcation majeure : entre le drapé et le cousu, deux styles vestimentaires exigeant plus l'un du corps, l'autre du matériau ; ce qui, dans les registres complémentaires de l'art textile et du maintien, mais aussi en correspondance avec d'autres registres, implique des conduites corporelles, des arts de vivre, des modes d'insertion dans le monde, propres à différencier des civilisations ».
Ces remarques énoncées par l'un des pères de l'histoire des Annales m'ont, il y a quelque temps, encouragé à croire que mes recherches sur l'histoire du vêtement et de ses couleurs dans le village souabe de Laichingen entre 1750 et 1820 pourraient amener à des résultats intéressants.
This is a contribution to the investigation of the specifie cultural and social dynamics of a local society in South-West Germany at the end of the Ancien Régime. At the same time it is an excercise in historical micro-analysis. Clothes and their colours (and here especially the colour blue) are investigated in the socially and symbolically distinguishing roles and functions they had in a society of standing and estate, a society, in which esteem by others and appearance were of the utmost importance.
1. Lévi-Strauss, Claude, « Histoire et ethnologie », Annales ESC, 1983, n°6, pp. 1217–1231, ici p. 1217Google Scholar.
2. Une monographie est en instance de publication : Weben und Überleben in Laichingen vom 17.-19. Jahrhundert. Untersuchungen zur Sozial-, Kultur- und Wirtschaftsgeschichte in den Perspektiven einer lokalen Gesellschaft Alt-Württembergs, Göttingen, à paraître.
3. Simmel, Georg, Philosophie de la modernité (trad. Vieillard-Baron, J.-L.), vol. I, Paris, Payot, 1989, p. 169 ssGoogle Scholar. Texte original : « Die Mode », dans id., Philosophische Kultur, Jürgen Habermas éd., Berlin, 1983, pp. 38-63, ici pp. 41, 43.
4. Bourdieu, Pierre, La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Éditions de Minuit, 1979 Google Scholar.
5. Cf. ibid., p. 223 : « Les classes populaires font du vêtement un usage réaliste ou, si l'on préfère, fonctionnel ».
6. Sur la terminologie contemporaine, cf. Adelung, Johann Christoph, Versuch eines vollständigen grammatisch-kritischen Wörterbuchs der hochdeutschen Mundart, Leipzig, 1774 Google Scholar, article « Ansehnlichkeit » (p. 330). Ici « Ansehnlichkeit » (traduit dans le texte par respectabilité) se trouve étroitement rattaché à « Ansehen » (traduit par considération) et est défini comme la « cause de la considération, en particulier de la considération doublée d'estime et de respect, de puissance et d'honneur ». Voir aussi Heynatz, Johann Friedrich, Versuch eines möglichst vollständigen synonymischen Wörterbuchs der deutschen Sprache, vol. 1, Berlin, 1795 Google Scholar, où « Ansehen » est plutôt rapporté à la perception de caractéristiques extérieures du corps humain (vêtu), « Ansehnlichkeit » étant en revanche chargé de la signification d'« honneur » et de distinction sociale, signification qui, il est vrai, est également prêtée à « Ansehen » dans son acception générale. « Il [l'« Ansehen »] dénote cependant une dignité particulière de l'apparence corporelle aussi bien que des circonstances extérieures de la fortune, comme la puissance et l'honneur » (p. 183). C'est également au sens d'autorité et de distinction sociale qu'apparaît « Ansehen » dans Johann Heinrich Campe, Wörterbuch der deutschen Sprache, 1, Brunswick, 1807 : « Ou encore, condition extérieure reconnue comme supérieure à d'autres. Ein Mann von Ansehen. In großem, geringem Ansehen stehen » (p. 178).
7. Le stimulant travail de Roche, Daniel, La culture des apparences. Une histoire du vêtement (XVIIe-XVIIIe siècle), Paris, 1989 Google Scholar, tire ses perspectives et ses problématiques déterminantes de l'étude de la culture vestimentaire du Paris de cour, métropolitain, du 18e siècle, dont l'évolution pourrait justement être caractérisée en ce sens par la substitution relativement précoce d'une culture raffinée de l'« apparence » à la « culture de la considération ».
8. Roger Chartier, « Civilité », Handbuch politisch-sozialer Grundbegriffe in Frankreich 1680-1820, fasc. 4, Munich, 1986, pp. 1-50, ici p. 17.
9. J'ai pris pour source principale les relevés détaillés de vêtements masculins et féminins figurant dans les inventaires de mariages et de décès (« Inventuren » et « Teilungen ») entre 1747 et 1820. Ils se trouvent aux Archives municipales de Laichingen. Ont été nommément enregistrés, en tout, 1478 inventaires de mariage et de décès entre 1748 et 1820. Pour ces années nous n'avons relevé, outre les autres informations sur la fortune, que la valeur totale des vêtements de chaque individu. Le recensement précis des différents vêtements, avec les informations concernant le tissu, la couleur et le prix (estimé), n'a été effectué que pour une sélection d'années : 1747-1751, 1766-1770, 1798-1800, 1818-1820. Les dépouillements effectués pour notre étude se fondent sur les informations concernant les avoirs vestimentaires dans les inventaires matrimoniaux. Contrairement à la pratique et aux hypothèses des recherches antérieures, qui généralement — ainsi par exemple les études de Daniel Roche — se limitaient à l'étude des inventaires après décès, on constate que les inventaires matrimoniaux, par comparaison, fournissent une source plus complète et plus précise à l'étude des dépenses et de l'équipement vestimentaires.
10. Dinges, Martin, « Der “feine Unterschied”. Die soziale Funktion der Kleidung in der höfischen Geselischaft », Zeitschrift für historische Forschung, 19, 1992, pp. 49–76 Google Scholar.
11. Archives municipales de Laichingen (désormais désignées sous le sigle AML), Procèsverbaux de 1803-1805, 31/08/1804, 116 ss.
12. AML, Procès-verbaux de 1803-1805, 13/07/1805, 64.
13. AML, Procès-verbaux de 1794-1802, 06/08/1802, 106.
14. Ainsi Goesele justifie l'emprunt de la faux devant la maison du régisseur Schmid en arguant que sa propre faux était hors d'usage, et que le paysan, lui, avait à sa disposition plus de faucheurs et de faux qu'il ne lui en fallait. AML, Procès-verbaux de 1803-1805, 13/07/1805, 64.
15. L'organe gouvernemental du « Conseil privé » et la cour ducale de Stuttgart semblent se confondre dans la perception de Michael Goesele ; c'est du moins ce que pourrait révéler l'usage du terme « Conseil aulique », résumant en quelque sorte toutes les institutions publiques, métropolitaines et coupées de la population.
16. Son père, Johannes Goesele, berger, quitta Boll pour Laichingen avant 1751 et, jusqu'à sa mort en 1794, resta un « Beisitzer », c'est-à-dire qu'il n'obtint aucun droit civique. Les informations démographiques concernant les personnes mentionnées dans cet article sont empruntées à la reconstitution familiale qui recense intégralement les données des registres paroissiaux de Laichingen entre 1658 et 1880.
17. Premier mariage à l'âge de 33 ans et demi, le 29/06/1785, avec Magdalena Müller, ellemême déjà âgée à cette époque de 39 ans. Second mariage le 24/04/1804 avec la veuve Anna Fetzer.
18. D'après les données de l'inventaire des apports (c'est-à-dire de l'inventaire matrimonial), le ménage de Michael Goesele et de sa première femme Magdalena Müller, avec un apport total de 165 florins 7 kreuzers, appartenait à la quatrième classe de fortune, c'est-à-dire à la plus basse. Malgré sa pauvreté, le tonnelier accordait alors déjà la plus grande importance à son habillement : l'apport de Goesele, d'une valeur totale de 14 fl. 8 kr., consistait presque exclusivement en vêtements, dont la valeur atteignait 13 fl. 19 kr. Sa femme en revanche apportait en mariage une fortune de 150 fl. 59 kr., condition matérielle permettant de fonder un ménage : outre des vêtements, elle se composait surtout de meubles, ainsi que d'une considérable portio activa. Cf. L 989 : Inventaire des apports de Michael Goesele et Magdalena Müller, 03/08/1785.
19. AML, Procès-verbaux de 1803-1805, 19/12/1803, 64.
20. Cf. Section subsidiaire, Michael Goesele et Magdalena Müller, 12/12/1803. L'inventaire donne 0 pour les biens-fonds et l'avoir en espèces du couple, sur un bien total de 71 fl. (sans tenir compte des dettes s'élevant à la somme considérable de 28 fl., dont 13 fl. 36 kr. seulement auprès d'un marchand de planches d'Ulm). Cette somme de 71 fl. inclut les 24 fl. 51 kr. que Goesele avait tirés de la vente immédiate des vêtements de sa femme ; sa propre garde-robe fut estimée à 16 fl. 24 kr. Elle n'excédait guère en valeur celle qu'il possédait lors de son mariage en 1785, estimée à 13 fl. 19 kr. (cf. Inventaire des apports, 03/08/1785, L. 989). Seul un prompt remariage avec la veuve du tisserand Anna Schwenk (Inventaire des apports, 18/03/1804), qui apportait en dot la moitié d'une maison avec un petit jardin, d'une valeur de 220 fl., permit à Goesele d'avoir à nouveau « un toit ». Mais ce mariage lui-même ne suffit pas à le tirer d'affaire. L'inventaire de partage établi le 26/01/1818 à l'occasion de la mort d'Anna Schwenk (L. 737) montre qu'à cette époque le couple était à nouveau « sans feu ni lieu », avec un bien total de 25 fl. dont était déjà retranchée la somme considérable de 69 fl. de dettes, contractées entre autres auprès de la société d'assistance locale pour des distributions de farine.
21. L'intérêt du cas ici présenté, selon moi, réside pour une part dans la différenciation du modèle d'action collective des couches inférieures, tel qu'Edward P. Thompson l'a esquissé dans un article de 1971 qui est fondamental pour l'histoire sociale récente : « The Moral Economy of the Crowd in the Eighteenth Century » (repris depuis dans id., Customs in Common, Londres, 1991, pp. 185-258). Edward P. Thompson, à mon sens, a trop considéré la « moral economy… of the crowd » comme expression et résultat de l'acceptation sans partage des valeurs communes des communautés locales, et n'a pas assez pris en compte les différends, les conflits et les conduites diverses des individus et des groupes sociaux, qui pouvaient très bien aussi être l'expression de normes et de valeurs communément partagées. Cf. aussi à ce propos Susanne Desan, « Crowds, Community and Ritual in the Work of E. P. Thompson and Natalie Davis », dans Lynn Hunt éd., The New Cultural History, Berkeley, 1989, pp. 47-71.
22. Sur la norme de l'honorabilité des « braves gens » (Biederkeit) comme représentation positive centrale à l'époque, voir Medick, Hans, « Biedermänner und Biederfrauen im alten Laichingen. Lebensweisen in einem schwäbischen Ort an der Schwelle zur Moderne », Journal Geschichte, 1, 1991, pp. 46–61 Google Scholar.
23. Rapport du pasteur et du bailli de Laichingen sur l'état moral, physique et économique de la localité, 22/12/1790, Archives de la cure protestante de Laichingen.
24. Cf. à ce propos Roche, Daniel, Le peuple de Paris. Essai sur la culture populaire du XVIIIe siècle, Paris, 1981, ch. VIGoogle Scholar: « Le vêtement populaire », pp. 165-202, et id., La culture des apparences, op. cit.
25. Sur l'adoption de la mode française à la cour ducale de Stuttgart dans les décennies qui suivent la guerre de Trente Ans, cf. Fleischhauer, Werner, Barock im Herzogtum Württemberg, Stuttgart, 1958, p. 64 ssGoogle Scholar. On trouvera de précieuses indications sur la diffusion des moeurs vestimentaires baroques dans le Wurtemberg protestant du XVIIIe siècle chez Angelika Bischoff-Luithlen, Der Schwabe und sein Häs, Stuttgart, 1982, p. 89 s. L'ouvrage posthume d'Angelika Bischoff-Luithlen se fonde sur l'étude de nombreux inventaires de mariage et de partage, essentiellement dans la région des Alpes souabes ; mais, faute d'une approche quantitative, les jugements demeurent impressionnistes. Voir aussi son article, « Barock im altwürttembergischen Dorf ? », Barock in Baden-Württemberg, vol. 2, Karlsruhe, 1981, pp. 417-426.
26. Cf. à ce propos Angelika Bischoff-Luithlen, Der Schwabe und sein Häs, op. cit.
27. Sur la « culture somptuaire » de l'artisanat et de la petite bourgeoisie en matière d'habillement au 18e siècle, cf. Müller, Helmut, Die kleinbürgerliche Familie im 18. Jahrhundert. Verhalten und Gruppenkultur, Berlin, 1969, p. 2 ss et surtout p. 138 ss (Habillement)Google Scholar.
28. Cinquième ordonnance de police du 06/12/1712, citée dans August Reyscher, Ludwig, Sammlung der württembergischen Gesetze, vol. 13, Stuttgart, 1842, p. 921 ssGoogle Scholar. Les prescriptions détaillées de l'ordonnance vestimentaire ne sont toutefois pas comprises dans cette publication du 19e siècle, mais se trouvent dans le fonds A 21 Bü 224 des Archives nationales de Stuttgart.
29. Les dispositions concernant « l'habillement coûteux et contraire à l'ordre » étaient intégrées à la première ordonnance de police du 30/06/1549. Cf. August Ludwig Reyscher, op. cit., vol. 12, Tübingen, 1841, pp. 149-167, ici pp. 151-153. Par la suite, les ordonnances vestimentaires générales restèrent intégrées aux ordonnances nationales de police, sans s'écarter notablement des prescriptions de 1549.
30. « Römischer Kayserlicher Majestät Ordnung und Reformation guter Policey, im Heiligen Römischer Reich, zu Augspurg Anno 1530 auffgericht », dans Neue und vollständige Sammlung der Reichs-Abschiede, t. II, Francfort, 1747, pp. 332-345, ici chap. IX-XIII, pp. 336-338. Il est frappant de voir les concordances presque littérales avec les passages correspondants de l'ordonnance de police wurtembergeoise de 1549. Sur l'importance souvent sous-estimée de l'ordonnance impériale de police de 1530, cf. Neuhaus, Helmut, « Der Augsburger Reichstag des Jahres 1530. Ein Forschungsbericht », Zeitschrift für historische Forschung, 9, 1982, pp. 167–211, ici p. 204 ssGoogle Scholar.
31. Cf. Première ordonnance de police de 1549, p. 152 ss.
32. Cf. ordonnance vestimentaire de 1712, dispositions concernant la cinquième classe.
33. Troisième ordonnance de police du 08/10/1660, citée dans A. L. Reyscher, op. cit., vol. 13, p. 430.
34. Id.
35. C'est-à-dire en drap de laine légère, non foulée, d'usage très répandu à l'époque.
36. Cf. à ce propos les remarques d'Angelika Bischoff-Luithlen, Der Schwabe und sein Häs, op. cit., p. 95, notant que la couleur verte, depuis l'époque du duc Christophe (1550-1568), était considérée comme la couleur de la cour wurtembergeoise et interdite aux paysans : « Dans le Wurtemberg, un homme qui n'appartenait pas à la cour ne portait tout simplement pas de vert » (ibid.). Le dépouillement du recueil des rescrits du gouvernement ducal par Reyscher, op. cit., donne une autre version, selon laquelle deux décrets du 21/08/1718 et du 29/03/1723 (August Ludwig Reyscher, vol. 13, p. 119 et vol. 14, p. 1, Tübingen, 1843) auraient interdit le port de vêtements verts à tous les habitants masculins de la campagne — sauf les gardes forestiers du gouvernement ducal —, y compris les fonctionnaires et les greffiers.
37. Il n'apparaît, dans les inventaires matrimoniaux de Laichingen, qu'après 1766, et encore chez des personnages nettement atypiques : le négociant Johann Friedrich Reinhard, fils de pasteur et originaire de Heimsheim, près de Leonberg (Inventaire des apports de Johann Friedrich Reinhard et de Susanna Friederike Waiblinger, fille du receveur des douanes, L 84, 31/01/1769), dont la riche garde-robe comprenait entre autres une redingote de toile verte ; et le tailleur Christian Schamler, né dans la localité (Inventaire des apports de Christian Schamler et de Katharina Prinzing, 20/02/1770, L 142), qui, outre un habit et une camisole de drap bleu, sa tenue du dimanche, possédait aussi une blouse de travail en drap vert.
38. Sur la datation de la percée de la couleur bleue dans les vêtements de dessus masculins autour de 1750, cf. Christine Bell, « Die Geschichte des Blaudrucks. Zur Geschichte des Zeugdrucks in Mitteleuropa », dans Hartmut Walravens éd., Ein blaues Wunder. Blaudruck in Europa und Japan, Berlin, 1994, pp. 53-67, ici p. 58. Plus généralement, la mode du bleu au 18e siècle et sa progression dans l'habillement rural sont évoquées par Heide Nixdorff et Heidi Müller dans Weiße Westen-Rote Roben. Von den Farbordnungen des Mittelalters zum individuellen Farbgeschmack, Berlin, 1983, p. 144 ss. Sur le triomphe séculaire du bleu comme partie intégrante du processus moderne de civilisation en Europe, cf. Michel Pastoureau, « Vers une histoire de la couleur bleue », dans Sublime Indigo, Fribourg-Marseille, 1987, pp. 19-27, ici p. 26 ss.
39. Cf. Haller, R., « Zur Geschichte der Indigofarben », CIBA-Rundschau, 93, 1950, pp. 3427–3432, en particulier p. 3428Google Scholar ; Carsten Reinhardt, « Die Farbe Blau : Indigo », dans Hartmut Walraven éd., Ein blaues Wunder, op. cit., pp. 14-24, ici p. 17 ss en particulier. Voir aussi Helm, Rudolf, Die bäuerlichen Männertrachten im Germanischen Nationalmuseum zu Nürnberg, Heidelberg, 1932 Google Scholar (un ouvrage qui va plus loin que ne l'annonce son titre), p. 27 : « Vers le milieu du XVIIIe siècle, on peut dire que l'indigo a partout acquis la suprématie, et il est… intéressant de noter que son triomphe coïncide temporellement avec la progression du bleu dans le costume paysan ».
40. Gessler, E. A., « Die Entstehung und Entwicklung der Uniform », CIBA-Rundschau, 44, 1940, pp. 1606–1632, ici p. 1611Google Scholar ; voir aussi Heide Nixdorff et Heidi Muller, op. cit., p. 144, et Rudolf Helm, op. cit., p. 26.
41. Biedermann, Karl, Deutschland im 18. Jahrhundert, vol. 2, t. II, Leipzig, 1880 Google Scholar (réimprimé à Aalen, 1969), p. 1139 : « Le premier changement… fut dû à la guerre de Sept Ans. Celle-ci donna, sinon dans les salons et la haute société, du moins dans la vie courante, une sorte de légitimité à la simple tunique militaire et aux bottes ».
42. Michel Pastoureau, op. cit., p. 26.
43. Ibid., p. 25.
44. Le pendant de la couleur bleue chez les hommes était ici le rouge des corselets et des fichus. S'il est vrai que cette couleur, chez les femmes, prit une importance croissante dans la seconde moitié du 18e siècle, elle ne faisait que prolonger des préférences chromatiques plus anciennes de l'habillement féminin de cérémonie. Les innovations se manifestaient plutôt dans les accessoires, dans les fichus et les coiffes notamment, avec leurs nouveaux tissus de coton et de soie, ainsi que dans le développement des parures féminines.
45. Sur ce point et ceux qui suivent, cf. tableau 1.
46. Voir à ce propos Hans Medick, « Von der Bürgerherrschaft zur staatsbürgerlichen Gesellschaft. Württemberg zwischen Ancien Régime und Révolution », dans Niethammer, Lutz et al., Bürgerliche Gesellschaft in Deutschland. Historische Einblicke, Fragen, Perspektiven, Francfort, 1990, pp. 52–80, ici p. 54 ssGoogle Scholar.
47. Cf. notre monographie, citée à la note 2.
48. L 1509 : Inventaire des apports de Johann Georg Autenrieth et d'Anna Riek, 01/08/1799.
49. Sur l'apparition et la fécondité de ce concept en micro-histoire, cf. Medick, Hans, « Micro-Historie », dans Schulze, Winfried éd., Sozialgeschichte, Alltagsgeschichte, Mikro-Historie, Göttingen, 1994, pp. 40–53, ici p. 46 ssGoogle Scholar.
50. Angelika Bischoff-Luithlen, op. cit., pp. 417-426.