Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Les chercheurs occidentaux ont toujours estimé que les historiens engagés dans les archives soviétiques disposaient seulement, à quelques exceptions près, d'un matériel choisi, sinon directement reconstitué, par le pouvoir politique. Ce dernier, au moment de la distribution, aurait interdit au lecteur la documentation de première main. Il est incontestable que le contrôle de l'État sur les pièces communiquées aux chercheurs a été maintenu tout au long de l'histoire soviétique. Cette surveillance a sûrement impliqué un personnel quantitativement considérable et bien formé du point de vue professionnel.
The Soviet archives are front their constitution the resuit of a project to write the history of communism in Soviet Russia. In this paper, the mechanism which guided the conservation of historical documents in the USSR is analysed, on the assumption that there is a homophony between State historiography and the collection of data, in other words between library and archives. The Russian archives were formerly an institution destined to provide confidential information to State civil servants. After the October revolution, they were transformed into research centers controlled by the Party. These new institutions anticipated the utilisation of a new source of history, memory, which was immediately integrated into the actual practice of writing history.
* Une première version de ce texte a été présentée lors du colloque « Marc Bloch et le temps présent », Paris, EHESS, Centre de Recherches Historiques, 13-14 juin 1994.
1. Sur le lien entre histoire et politique en URSS, cf. Black, C. E., « History and Politics in the Soviet Union », dans Rewriting Russian History. Soviet Interprétations ofRussia's Past, New York, 1956, pp. 3–31;Google Scholar Shteppa, K. F., Russian Historians and the Soviet State, New Brunswick, [1962];Google Scholar Wren, M. C., The Course of Russian History, New York, 1968,Google Scholar 3e. édition ; Keep, J. éd., Contemporary History in the Soviet Mirror, Londres, 1964;Google Scholar Heer, N. W., Politics and History in the Soviet Union, Cambridge, Ma.-Londres, 1971;Google Scholar Mazour, A., The Writing of History in the Soviet Union, Stanford, 1971;Google Scholar Enteen, G., The Soviet Scholar-Bureaucrat. M. N. Pokrovskii and the Society of Marxist Historians, University Park, Londres, 1978; Barber, J., Soviet Historians in Crisis 1928-1932, Londres, 1981;Google Scholar Ferro, M., L'histoire sous surveillance. Science et conscience de l'histoire, Paris, 1985.Google Scholar
2. Cf. V. E. Korneev, O. N. Kopylova, « Arkhivisty na službe totalitarnogo gosudarstva (1918-načalo 1940-kh godov) » [Les archivistes au service de l'État totalitaire (1918-début des années 40)], Otečestvennye Arkhivy, 1992, 4, pp. 13-24 ; id., « Arkhivist v totalitarnom obš- Čestve : bor'ba za “čistotu” arkhivnykh kadrov (1920-1930-e gody) » [L'archiviste dans la société totalitaire : la lutte pour la pureté des cadres dans les archives (1920-1930)], ibid., 1993, 5, pp. 29-42.
3. Pour une analyse ponctuelle du rapport entre organisation archivistique d'État et contrôle de la mémoire documentaire, cf. Rosiello, I. Zanni, Archivi e memoria storica, Bologne, 1987.Google Scholar
4. Voir, pour la France, Pomian, K., « Les archives : du Trésor des chartes au Caran », dans Les lieux de mémoire, III : Les Frances, 3 : De l'archive à l'emblème, sous la direction de Nora, P., Paris, 1992, pp. 163–233.Google Scholar
5. La libéralisation de l'accès aux archives de l'ex-URSS, avec ses répercussions potentielles sur le développement des sciences historiques, a eu la conséquence d'ouvrir un débat très animé au cours des dernières années. On se reportera surtout aux analyses pondérées de Hagen, M. Von, « The Archivai Gold Rush and Historical Agendas in the Post-Soviet Era », Slavic Review, 1993,1, pp. 96–100,Google Scholar et Werth, N., « De la soviétologie en général et des archives russes en particulier », Le Débat, 77, 1993, pp. 127–144.Google Scholar
6. Cela ne veut pas dire que, dans la Russie tsariste, on sous-estime l'urgence d'adapter les structures archivistiques à l'évolution générale de la discipline. Cf. Kalacov, N. V., « Arkhivy, ikh gosudarstvennoe znaéenie, sostav i ustrojstvo » [Les archives : leur importance, composition et organisation d'État], dans Sbornik gosudarstvennykh znanij [Les savoirs d'État. Recueil d'essais], sous la direction de Bezobrazov, V. P., IV, Saint-Pétersbourg, 1877, pp. 181–219;Google Scholar Samokvasov, D. Ja., Centralizacija gosudarstvennykh arkhivoy Zapadnoj Evropy, v svjazi s arkhivnoj reformoj v Rossii [La centralisation des archives d'État en Europe occidentale, en relation avec la réforme archivistique en Russie], Moscou, 1899;Google Scholar id., Centralizacija gosudarstvennykh arkhivov. Arkhivnoe delo na Zapade [La centralisation des archives d'État. L'archivistique en Europe occidentale], Moscou, 1900 ; id., Arkhivnoe delo v Rossii [L'archivistique en Russie], I-II, Moscou, 1902. En général, sur la situation pré-révolutionnaire, cf. Samosenko, V. N., Istorija arkhivnogo delà v dorevoljucionnoj Rossii [Histoire de l'archivistique en Russie avant la révolution], Moscou, 1989.Google Scholar
7. En particulier, on utilisait les manuels suivants : Muller, S., Feith, J. A., Fruin, R., Manuel pour le classement et la description des archives, La Haye, 1910 Google Scholar (édition originale : Handleiding voor het ordenen en beschrijven van de vereniging van Archivarissen, Haarlem, 1898) ; Jenkinson, H., A Manual of Archive Administration, including the Problem of War Archives and Archivemaking, Oxford, 1922;Google Scholar Fournier, P. F., Conseils pratiques pour le classement et l'inventaire des archives et l'édition des documents historiques écrits, Paris, 1924;Google Scholar Casanova, E., Archivistica, Sienne, 1928.Google Scholar
8. Pour l'impact de la révolution d'Octobre sur la transformation de l'organisation archivistique en Russie et son évolution successive, cf. Grimsted, P. K., Archives and Manuscript Repositories in the USSR : Moscow and Leningrad, Princeton, 1972, pp. 23–60.Google Scholar
9. Egorov, D., « Obrazovanie arkhivista na Zapade » [La formation de l'archiviste en Occident], Arkhivnoe Delo, 1, 1923, pp. 13–14.Google Scholar
10. En effet, l'intérêt pour le cas français n'est pas seulement déterminé par l'expérience de la centralisation des archives. On constate aussi que toute l'histoire politique de la France a été projetée sur l'histoire de ces organismes. Voir l'étude très détaillée de Lappostarzeneskaja, E. A., « Francuzskie arkhivy v ikh proslom i nastojaSèem » [Les archives françaises dans leur passé et dans leur présent], Istoriceskij Arkhiv, 1919,1, pp. 142–189.Google Scholar Il n'existe aucune histoire générale des archives françaises. Pour un aperçu voir Bautier, R.-H., « Les archives », dans L'histoire et ses méthodes, sous la direction de Samaran, C., Paris, 1961, pp. 1120–1166;Google Scholar Duchein, M., « L'histoire des archives européennes et l'évolution du métier d'archiviste en France », dans id., Études archivistiques. 1957-1992, Paris, 1992, pp. 67–80;Google Scholar id., « Archives, archivistes, archivistique : définitions et problématique », dans La pratique archivistique en France, sous la direction de J. Favier, Paris, 1993, pp. 32-37.
11. La publication des traités secrets stipulés entre 1914 et 1917, déjà prévue par le décret sur la paix du 26 octobre 1917, débuta le 10 novembre 1917 dans la Pravda, les Izvestija et autres quotidiens. Les documents (conservés dans les archives de l'ancien ministère des Affaires étrangères) furent ensuite édités en sept brochures (novembre 1917-février 1918). Cf. Irosnikov, M. P., « Opublikovanie sovetskim pravitel'stvom v 1917-1918 gg. tajnykh diplomatièeskikh dokumentov » [La publication des documents diplomatiques secrets par le gouvernement soviétique en 1917-1918], dans Arkheografiieskij eiegodnik za 1963 god [Annuaire d'archéographie. 1963], Moscou, 1964, pp. 198–214.Google Scholar
12. Majakovskij, I., « Arkhiv » [Archives], dans Bol'Saja sovetskaja enciklopedija [Grande encyclopédie soviétique], III, Moscou, 1926, col. 543.Google Scholar
13. O reorganizacii i centralizacii arkhivnogo delà [Sur la réorganisation et la centralisation de l'activité archivistique], dans Sobranie uzakonenij i rasporjaženij Rabočego i Krest'janskogo pravitel'stva Rsfsr [Recueil des lois et des dispositions du gouvernement des ouvriers et des paysans de la Rsfsr], 1918, n. 40, art. 514. Cf. Grimsted, P. K., « Lenin's Archivai Decree of 1918. The Bolshevik Legacy for Soviet Archivai Theory and Practice », American Archivist, 1982, 4, pp. 429–443;Google Scholar Starostin, E. V., Khorkhordina, T. I., « Dekret ob arkhivnom dele 1918 goda » [Le décret sur l'activité archivistique de 1918], Voprosy Istorii, 1991, 7-8, pp. 41–52.Google Scholar
14. Pour une histoire de l'archivistique soviétique voir Černov, A. V., Istorija i organizacija arkhivnogo delà v SSSR. Kratkij očerk [Histoire et organisation de l'archivistique en URSS. Précis], Moscou, 1940;Google Scholar Maksakov, V. V., Istorija i organizacija arkhivnogo delà v SSSR (1917- 1945 gg.) [Histoire et organisation de l'archivistique en URSS (1917-1945)], Moscou, 1969;Google Scholar Vjalikov, V. I., Arkhivnoe stroitel'stvo v SSSR (1917-1945 gg.) [L'organisation archivistique en URSS (1917-1945)], Moscou, 1976;Google Scholar Samosenko, V. N., Arkhivnoe delo v period postroenija socializma v SSSR [L'activité archivistique dans la période de construction du socialisme en URSS], Moscou, 1982;Google Scholar Sorokin, V. V., Arkhivy učreždenij SSSR (1917-1937 gg.) [Les archives des institutions de l'URSS (1917-1937)], Moscou, 1982.Google Scholar
15. Voir quelques premières indications de cette orientation dans le point 7 du décret de juin 1918 : « Dans le but d'une meilleure exploitation scientifique, et aussi afin de favoriser la conservation et les économies des dépenses, les différentes sections du fonds archivistique d'État doivent être unifiées — autant que possible — selon un principe de centralisation du travail dans les archives ».
16. Cf. M. Duchein, « Le respect des fonds en archivistique : principes théoriques et problèmes pratiques », dans id., Études archivistiques, op. cit., pp. 9-34.
17. Nikolaev, A. S., « Glavnoe Upravlenie Arkhivnym Delom (aprel'-oktjabr’ 1918 goda) » [La Direction générale de l'activité archivistique (avril-octobre 1918)], Istoriieskij Arkhiv, 1919, 1, pp. 5–6.Google Scholar
18. Mitjaev, K. G., Teorija ipraktika arkhivnogo delà. Uëebnoe posobie [Théorie et pratique de l'activité archivistique. Manuel d'étude], sous la direction de Majakovskij, I. L., Moscou, 1946, p. 92.Google Scholar
19. Cf. Sbornik dekretov, cirkuljarov, instrukcij i rasporjaženij po arkhivnomu delu [Recueil de décrets, circulaires, instructions et dispositions sur l'activité archivistique], I, Moscou, 1921 ; « Arkhivnoe delo v RSFSR. Uzakonenija i rasporjaženij a po arkhivnomu delu » [L'activité archivistique en RSFSR. Lois et dispositions], Arkhivnoe Delo, 2, 1925, pp. 86-127 ; Sbornik uzakonenij i rasporjaženij po arkhivnomu delu [Recueil de lois et dispositions sur l'activité archivistique], Moscou, 1925.
20. Poičmu neobkhodimo beržino khranit’ sobranija dokumentov i bumag i čem vsjakij iz nas možet pomoč’ v etom dele [Pourquoi faut-il conserver soigneusement les recueils de documents et de papiers, et comment chacun d'entre nous peut contribuer à cette affaire], Petrograd, 1919 ; Bonč-Bruevič, V. D., « Sokhranjajte arkhivy » [Conservez les archives !], Agit- Rosta, 97,12 septembre 1919;Google Scholar UL, Beregite arkhivy ! [Défendez les archives !], Petrograd, 1920 ; Majakovsku, V., « Sobirajte istoriju » [Recueillez l'histoire !], Bjulleten’ agitpropa CK RKP, 16, 3 mars 1923.Google Scholar
21. Ko vsem členam partit [A tous les membres du parti], Moscou, 1920, p. 6.
22. Ce programme de travail est finalement formalisé dans Maksakov, V., « Arkhivy kak istoénik izučenija istorii proletariata » [Les archives comme source pour étudier l'histoire du parti], Istorija Proletariata SSSR, 1, 1930, pp. 163–177.Google Scholar
23. Cf. les données très détaillées publiées dans Protokoly pervogo s'ezda arkhivnykh dejatelej RSFSR (14-19 marta 1925 g.) [Protocoles du Ier congrès des archivistes de la RSFSR (14- 19 mars 1925)], sous la direction de N. F. Bel'cikov et V. V. Maksakov, Moscou-Leningrad, 1926, p. 23.
24. Ibid., p. 24.
25. Ibid., p. 14.
26. Voir la publication d'une série de « cours d'archivistique », qui devaient éclairer la situation de la discipline tant en Russie qu'en Occident. Par exemple : Istorija arkhivnogo delà klassičeskoj drevnosti v Zapadnoj Evrope i na musul'manskom Vostoke [Histoire de l'archivistique de l'Antiquité classique en Europe et dans l'Orient musulman], Petrograd, 1920 ; Majakovskij, I. L., Istoričeskij očerk arkhivnogo delà v Rossii [Essai historique sur l'activité archivistique en Russie], Petrograd, 1920.Google Scholar
27. Voir un rapport d'activité dans Bel'čikov, N., « Literatura po arkhivnomu delu (1917- 1923 gg.) » [Littérature sur l'activité archivistique (1917-1923)], Arkhivnoe Delo, 2, 1925, pp. 147–160.Google Scholar
28. « Russko-germanskie otnošenija » [Les relations russo-allemandes], Krasnyj Arkhiv, 1922, 1, p. 5 (préface de M. N. Pokrovskij).
29. Voir à ce propos un document retrouvé tout récemment dans les anciennes archives du parti communiste : « 1922. Čto bylo gosudarstvennoj i voennoj tajnoj v Rsfsr » [1922. Qu'étaient le secret d'État et le secret militaire en RSFSR], Otečestvennye Arkhivy, 1993, 6, pp. 80-86..
30. Cf. Vin, V. A. Ss, Vinogradova, Ja. Ju., « Iz istorii sozdanija i funkcionirovanija speckhrana v arkhive » [Sur l'histoire de la création et du fonctionnement du speckhran dans les archives], Otecestvennye Arkhivy, 1994, 1, pp. 18–26.Google Scholar
31. Protokoly pervogo s'ezda, op. cit., p. 14.
32. Maksakov, V. V., « Arkhiv Oktjabr'skoj Revoljucii » [L'Archive de la révolution d'Octobre], dans Političeskoe značenie arkhivov [Importance politique des archives], Moscou, 1925, p. 18.Google Scholar
33. Adoratskij, V., « Ob arkhivakh SSSR » [Sur les archives de l'URSS], Pravda, 8 août 1924.Google Scholar
34. Protokoly pervogo s'ezda, op. cit., p. 38.
35. Sur l'historien marxiste Mikhail Nikolaevič Pokrovskij (1868-1932) voir G. Enteen, The Soviet Scholar-Bureaucrat, op. cit. ; J. Barber, Soviet Historians in Crisis, op. cit. ; A. A. ČErnobaev, « Professor s pikoj », ili tri žizni istorika M. N. Pokrovskogo [” Le professeur avec la pique », ou les trois existences de l'historien M. N. Pokrovskij], Moscou, 1992.
36. Pokrovskij, M., « Političeskoe značenie arkhivov » [Importance politique des archives], Arkhivnoe Delo, 2, 1925, p. 5.Google Scholar
37. K. G. Mitjaev, Teorija i praktika arkhivnogo delà, op. cit., pp. 5-6. L'archivistique occidentale était bien informée sur cette innovation fondamentale, qui portait à ses conséquences extrêmes une tendance générale des instituts de conservation des écritures publiques. Voir Pistolese, S., Les archives européennes du onzième siècle à nos jours. Essai historique et juridique, Rome, 1934, pp. 36–37.Google Scholar
38. Cf. A. S. Nikolaev, « Glavnoe Upravlenie Arkhivnym Delom », op. cit., pp. 28-29. Les Archives historiques de la révolution furent au centre d'une lutte qui se termina, à la fin de 1926, par le déplacement des fonds à Moscou, auprès des Archives centrales. Voir Maksakov, V., « Pjat’ let Arkhiva Oktjabr'skoj revoljucii (1920-sentjabr’ 1925 g.) » [Cinq années des archives de la révolution d'Octobre (1920-septembre 1925)], Arkhivnoe Delo, 1926, 5-6, pp. 3– 13.Google Scholar
39. Il s'agit de l'« Obščestvo izučenija istorii osvoboditel'nogo revoljucionnogo dviženija v Rossii », fondée à Petrograd à la fin de 1919. Parmi ses membres, il faut citer M. K. Lemke (président), P. E. Ščegolev (vice-président), Aptekman, O. V., Figner, V. N., Rozkov, N. A., Tarie, E. V., Silov, A. A.. Cf. Emel'Janov, Ju. N., Ščegolev, P. E. — istorik russkogo revoljucionnogo dvizenija [P. E. Ščegolev — historien du mouvement révolutionnaire russe], Moscou, 1990.Google Scholar
40. Izvestija Vcik, 25 septembre 1920 ; Sobranie uzakonenij i rasporjazenij, op. cit., 1920, n. 80, art. 386. Au début la Commission fut organisée dans le cadre des Éditions d'État et ensuite du Commissariat à l'Éducation. Le 1er décembre 1921, elle fut transférée auprès du Comité central du parti et, à partir de 1922, fut transformée en section du Comité central. Le 1er octobre 1928, elle fusionne avec l'Institut Lénine. Cf. V. Adoratskij, « Vospominanija o vozniknovenii Istparta » [Souvenirs sur l'origine de l'Istpart], Proletarskaja Revoljucija, 1930, 5, pp. 163-165 ; A. Elizarova, « Retrospektivnyj vzgljad na Istpart i zurnal Proletarskaja Revoljucija », [Regard rétrospectif sur l'Istpart et la revue Proletarskaja Revoljucija], ibid., pp. 156-162; M. OL'Minskij, « Vozniknovenie Istparta i žurnala Proletarskaja Revoljucija » [L'origine de l'Istpart et de la revue Proletarskaja Revoljucija], ibid., pp. 154-155 ; M. N. Pokrovskij, « O vozniknovenii Istparta » [Sur l'origine de l'Istpart], ibid., 1930, 7-8, pp. 138-139.
41. Devjataja Konferencija RKP(b) (sentjabr’ 1920 g.). Protokoly [IXe conférence du parti communiste russe (bolchevik) (septembre 1920). Protocoles], Moscou, 1972, pp. 97-100.
42. Ko vsem členam partii, op. cit., pp. 3-4.
43. On peut citer, entre autres, la bibliothèque et les archives genevoises du parti socialdémocrate russe (1904-1905), qui sont transférées à Moscou en 1923-1924. Cf. Boncbruevic, V. D., « Bibliotekč i arkhiv Rsdrp v ženeve » [La bibliothèque et les archives du Posdr à Genève], Krasnaja Letopis', 1932, 3, pp. 106–134;Google Scholar Komarov, N. S., « Sozdanie i dejatel'nost’ Biblioteki i arkhiva Rsdrp v 2eneve (1904-janvar’ 1906 gg.) » [La création et l'activité de la Bibliothèque et des archives du Posdr à Genève (1904-janvier 1906)], Istoričeskij Arkhiv, 1955,1, pp. 229–239;Google Scholar Fond dokumentov V. I. Lenina [Le fonds des documents de V. I. Lénine], Moscou, 1984, 2” édition, pp. 13-36.
44. Cf. les propositions de classification avancées par Miljutina, N., « Neskol'ko slov o rabote v istoriko-revoljucionnom arkhive » [Quelques mots sur le travail dans les archives historico- révolutionnaires], dans Put’ k Oktjabrju. Sbornik statej, vospominanij i dokumentov [Le chemin vers Octobre. Recueils d'articles, souvenirs et documents], sous la direction de ČErnomordik, S., Moscou, 1923, pp. 246–254;Google Scholar et les critiques négatives de Valk, S. N., « Ob odnoj klassifikacii istoriko-revoljucionnykh dokumentov » [A propos d'une classification des documents historico-révolutionnaires], dans htoriko-revoljucionnyj sbornik [Recueil historico-révolutionnaire], sous la direction de Nevskij, V. I., I, Moscou-Petrograd, 1924, pp. 237–247;Google Scholar Nevskij, V., « Zamečanija, istočniki, literatura » [Remarques, sources, littérature], dans Očerkipo istorii Rossijskoj kommunističeskoj partii [Précis d'histoire du parti communiste russe], I, Moscou, 1925, 2 e édition, pp. 582–586.Google Scholar
45. Ol'Minskij, M., « O memuarakh » [Sur les mémoires], dans lz epokhi « Zvezdy » i « Pravdy » [De l'époque de la « Zvezda » et de la « Pravda »], Moscou, 1921, p. 3.Google Scholar
46. Devjataja Konferencija RKP(b), op. cit., Moscou, 1972, p. 99.
47. Goody, J., Entre l'oralité et l'écriture, Paris, 1994.Google Scholar
48. Sidlovskij, G., « Lenin mifičeskoe lico (Kat tvorjatsja mify po knigam) » [Lénine : une personnalité mythique (Comment on crée des mythes d'après les livres)], Proletarskaja Revoljucija, 1921, 3, pp. 333–334.Google Scholar Sur le culte de Lénine, cf. N., Tumarkin, Lenin Lives ! The Lenin Cuit in Soviet Russia, Cambridge, Ma.-Londres, 1983.Google Scholar
49. Halbwachs, M., Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, 1925;Google Scholar id., La mémoire collective, Paris, 1950 ; Namer, G., Mémoire et société, Paris, 1987.Google Scholar
50. Devjataja Konferencija RKP(b), op. cit., p. 99.
51. M. OL'Minskij, « O memuarakh », op. cit., p. 4.
52. Cf. une liste des publications de l'Istpart (de sa création en novembre 1921 jusqu'à sa fusion avec l'Institut Lénine en septembre 1928) dans Proletarskaja Revoljucija, 1929, 1, sept pages non numérotées à la fin de la livraison.
53. Sur l'activité de l'Istpart, voir la synthèse de Volin, M. S., « Istpart i sovetskaja istoričeskaja nauka » [L'Istpart et la science historique soviétique], dans Velikij Oktjabr'. Istorija. Istoriografija. Istočnikovedenie [Le Grand Octobre. Histoire, historiographie, méthodologie des sources], Moscou, 1978, pp. 189–206.Google Scholar
54. Desjatyj s'ezd Rossijskoj kommunistiieskoj partii. Stenografičeskij otčët (8-16 marta 1921 g.) [Xe congrès du parti communiste russe. Compte rendu sténographique (8-16 mars 1921)], Moscou, 1921, p. 69. Voir le premier questionnaire rédigé par N. Baturin, « Konspekt-minimum dlja vospominanij » [Résumé-minimum pour les souvenirs], dans Iz epokhi « Zvezdy » i « Pravdy », op. cit., p. 185.
55. « Ot petrogradskogo bjuro komissii po istorii oktjabr'skoj revoljucii i rossijskoj kommunističeskoj partii » [De la part du bureau de Petrograd de la Commission pour l'histoire de la révolution d'Octobre et du parti communiste russe], Krasnaja Letopis', 1, 1922, p. 5.
56. Pour une définition de l'« archéographie » en Urss, cf. Sovetskaja istoričeskaja enciklopedija [Encyclopédie historique soviétique], I, Moscou, 1961, coll. 810-815. Plus en général, sur l'activité archéographique communiste, voir Kondrat'ev, V. A., Khevrolina, V. M., « Iz istorii arkheografičeskoj dejatel'nosti v pervye gody Sovetskoj vlasti (1917-1924 gg.) » [De l'histoire de l'activité archéographique au cours des premières années du pouvoir soviétique (1917- 1924)], dans Arkheografičeskij ežegodnik za 1959 god [Annuaire d'archéographie. 1959], Moscou, 1960, pp. 256–276;Google Scholar Mikhajlova, N. M., « M. S. Ol'minskij o sobiranii biografičeskikh materialov » [M. S. Ol'minskij sur la récolte des matériaux biographiques], dans Arkheografičeskij ežegodnik za 1971 god [Annuaire d'archéographie. 1971], Moscou, 1972, pp. 201–211;Google Scholar id., « Dejatei'nost M. S. Ol'minskogo po publikacii istočnikov » [L'activité de M. S. Ol'minskij dans la publication des sources], dans Arkheograficeskij ežegodnik za 1980 god [Annuaire d'archéographie. 1980], Moscou, 1981, pp. 137-149.
57. Voir les deux exposés opposés, présentés au Ier congrès des archivistes en 1925 : Andreev, A. I., « O pravilakh izdanija istoriéeskikh tekstov » [Sur les normes d'édition des textes historiques], Arkhivnoe Delo, 1926, 5-6, pp. 84–98; 7, pp. 36-45 ;Google Scholar S. N. Valk, « O priemakh izdanija istoriko-revoljucionnikh dokumentov » [Sur les méthodes d'édition des documents historico-révolutionnaires], ibid., 1925, 3-4, pp. 60-81. Une synthèse du débat est proposée par Valk, S. N., Sovetskaja arkheografija [L'archéographie soviétique], Moscou-Leningrad, 1948, pp. 47–51.Google Scholar
58. A l'Est, la mémoire retrouvée, sous la direction de A. BrossÂT, S. Combe, J.-Y. Potel, J.-C. Szurek, Paris, 1990 ; Khubova, D., Ivankiev, A., Sharova, T., « After Glasnost. Oral History in the Soviet Union », dans Passerini, L. éd., Memory and Totalitarianism, Oxford, 1992, pp. 89–101;Google Scholar Ferretti, M., La memoria mutilata. La Russia ricorda, Milan, 1993.Google Scholar
59. Sur cette « hypertrophie de la mémoire », voir Salomoni, A., Marchetti, V., « Una perestrojka délia storia. URSS 1985-1991 », Altre Ragioni, 1, 1992, pp. 85–108;Google Scholar A. Salomoni, « Pour une surveillance historique de la mémoire », à paraître dans Mélanges en l'honneur de Marc Ferro.
60. Pokrovskij, M., « Dvadcatiletie naâej pervoj proletarskoj revoljucii » [Le 20e anniversaire de notre première révolution prolétarienne], Proletarskaja Revoljucija, 1924, 11, pp. 6–7.Google Scholar
61. Ibid., pp. 8-9.
62. Cf. par exemple le Proekt ankety po revoljucii pjatogo goda [Projet d'enquête sur la révolution de 1905], joint à l'article de Pokrovskij, ibid., pp. 14-18.
63. Dugas, L., La mémoire et l'oubli, Paris, 1919, pp. 65–66.Google Scholar
64. Voir, par exemple, Gorev, B., « Avtobiografičeskij material kak istočnik izučenija istorii proletariata SSSR » [Le matériel autobiographique comme source d'étude pour l'histoire du prolétariat de l'URSS], Istorija Proletariata SSSR, 1930, 1, pp. 178–181.Google Scholar
65. On pouvait y trouver les souvenirs des dirigeants ou des « soldats » de la révolution ; les chroniques en plusieurs volumes et les notes brèves ; les témoignages décrivant la vie des centres d'agitation — Petrograd et Moscou — ou d'endroits très éloignés où la révolution n'était pas arrivée immédiatement. On assiste aussi à la naissance d'une « ethnographie régionale » de la révolution : une science sociale qui devait analyser les expressions politiques, sociales et culturelles de la révolution d'Octobre, de la guerre civile et de l'édification socialiste chez les différentes sections de la population soviétique. Cf. Neckina, M. V., « Nauka russkoj istorii » [La science historique russe], dans Obščestvennye nauki SSSR. 1917-1927 [Les sciences sociales en Urss. 1917-1927], sous la direction de Volgin, V. P., Gordon, G. O. et Luppol, I. K., Moscou, 1928, p. 140.Google Scholar
66. Voir une esquisse méthodologique de ce travail dans la communication de A. A. Šilov sur « le traitement des matériaux historico-révolutionnaires du fonds archivistique par rapport à l'activité d'édition », relatée par PIČETA, « 1-ja Vserossijskaja konferencija arkhivnykh dejatelej (Moskva, 29 sent.-3 okt. 1921 g.) » [La lre conférence panrusse des archivistes (Moscou, 29 septembre- 3 octobre 1921)], Arkhivnoe Delo, 1, 1923, pp. 115-116.
67. Je fais ici référence à l'expérience de V Istorija fabrik i zavodov [Histoire des usines], collection lancée en 1931 par Maksim Gor'kij. J'ai déjà examiné cette entreprise de « production de mémoire », dans « Les sources orales du monoculturalisme soviétique », communication présentée à l'occasion de la VlIIth International Oral History Conférence « Memory and Multiculturalism » (Sienne-Lucques, 25-28 février 1993), et publiée sous le titre « El monoculturalismo soviético », dans Historia y Fuente Oral, 12, 1994, pp. 151-162.
68. Voir, par exemple, Rožkov, N., « K metodologii istorii revoljucionnogo dviženija » [Pour une méthodologie de l'histoire du mouvement révolutionnaire], Krasnaja Letopis', 7, 1923, pp. 71–74;Google Scholar Avdeev, N., « O naučnoj obrabotke istočnikov po istorii RKP i Oktjabr'skoj revoljucii » [Le traitement scientifique des sources pour l'histoire du parti communiste russe et de la révolution d'Octobre], Proletarskaja Revoljucija, 1925,1, pp. 149–160 ;Google Scholar2, pp. 213-220 ; I. Gelis, « Kak nado pisat’ vospominanija (Metodologičeskij očerk » [Comment il faut écrire des souvenirs (Essai méthodologique)], ibid., 1925, 7, pp. 197-212.
69. Le débat sur l'utilisation de la mémoire pour la « falsification » et la « déformation » du passé historique dans les écrits « contre-révolutionnaires » de trotskistes, mencheviks, anarchosyndicalistes ou socialistes-révolutionnaires mériterait une analyse spéciale. On peut ici citer le cas des mémoires de A. Šljapnikov. Cf. Holmes, L. E., « Soviet Rewriting of 1917 : The Case of A. G. Shliapnikov », Slavic Review, 1979, 2, pp. 224–242.CrossRefGoogle Scholar