No CrossRef data available.
Citoyenneté et fabrique des apatrides dans les villages de colonisation du centre de la Côte d’Ivoire
Published online by Cambridge University Press: 20 September 2024
Cet article explore les dynamiques historiques et politiques qui articulent l’identification, l’état civil et la citoyenneté en Côte d’Ivoire. Il s’intéresse à des communautés rurales déplacées de Haute-Volta dans les années 1930 et installées par le gouvernement colonial français dans des « villages coloniaux » autour de Bouaflé. Maintenus jusqu’aux années 1990 dans un statut ambigu d’étrangers immigrés, ces individus rencontrent aujourd’hui encore des difficultés pour obtenir des documents d’identité auprès de l’administration locale et demeurent, malgré leur naturalisation collective, dans un statut liminal d’exception juridique et politique. À la suite de la crise ivoirienne (2002-2011), la vieille question de la citoyenneté s’est vue reformulée en termes de « risque d’apatridie » par le gouvernement et les organisations internationales. L’article reconstitue l’histoire de la discrimination de ces personnes et de leur lutte pour obtenir des « papiers ». Il montre que ni la réforme de l’état civil ni celle de la biométrie n’ont radicalement modifié leur insécurité documentaire ou les vieux stéréotypes qui continuent à structurer les représentations de l’appartenance nationale. Les « autochtones » continuent ainsi de rattacher la citoyenneté des « villages voltaïques » à la mémoire historique de la gouvernance coloniale. Il s’avère finalement que les nouvelles technologies biométriques, bien que visant à dépolitiser la question de l’identification, sont loin de réduire les risques d’apatridie et pourraient même ouvrir la voie à sa consolidation numérique.
This article explores the historical and political dynamics connecting identification, registration, and citizenship in Côte d’Ivoire. It focuses on rural communities displaced from Haute-Volta in the 1930s and settled by the French colonial government in “colonial villages” around Bouaflé. These populations held the ambiguous status of foreign immigrants until the 1990s, and still face difficulties in obtaining identity papers from the local administration. Although now legally recognized as citizens, they have thus continued to exist in a liminal status of legal and political exceptionalism. Since the end of the Ivorian crisis (2002-2011), the old issue of citizenship has been recast in terms of the “risk of statelessness” by the government and international organizations. The present article reconstructs the history of discrimination against these populations and their struggle for “papers.” It shows that neither the reform of civil registration nor the introduction of biometric identification has radically altered their documentary insecurity or overturned the old stereotypes that continue to structure notions of national belonging. “Autochthonous” populations still consider the citizenship of the “Voltaic villages” through the prism of historical memories of colonial governance. The article concludes by observing that new biometric technologies, although intended to depoliticize the issue of identification, do little to reduce the risk of statelessness and may even pave the way for its digital consolidation.
1 Yodé & Siro, « Quel est mon pays ? », Signe Zo, Putumayo World Music, 2007.
2 Barnabé Cossi Houédin, « Reconstructing the Origin Among the Descendants of Naturalized Voltaic Immigrants Ivorians in Bouaflé », International Journal of Scientific Research and Management, 9-3, 2021, p. 555-567.
3 Entretien avec Issa Boundaogo, imam du village de Tenkodogo, Tenkodogo, janv. 2018.
4 Idéologie ethno-nationaliste restreignant la citoyenneté à des caractéristiques culturelles propres aux sociétés du Sud (et particulièrement aux régions akan du Sud-Est), le concept d’ivoirité a été développé par des proches de l’ex-président Henri Konan Bédié (1993-1999) comme un instrument politique contre Alassane Ouattara (originaire du Nord) dans leur rivalité pour la succession de Felix Houphouët Boigny, mort en décembre 1993. Ces luttes partisanes ont radicalisé l’exclusion de l’espace civique de pans entiers de la population d’origine nordiste. Elles ont contribué au coup d’État du général Gueï en décembre 1999, et conduit à la rébellion des Forces nouvelles qui a éclaté en septembre 2002 pour réclamer officiellement l’arrêt de ces discriminations et la pleine reconnaissance de tous les citoyens, quels que soient leurs patronymes et leur origine.
5 En fait, ces villages ne sont pas uniquement composés de personnes issues du groupe mossi, démographiquement dominant au Burkina Faso. Les habitants du village de Garango, notamment, se déclarent majoritairement d’ethnie bissa. Précisons aussi, au passage, que, dans le langage courant ivoirien, le terme « mossi » est souvent employé pour désigner, de façon péjorative, les nombreux migrants burkinabè dans le pays (estimés à plus de 3 millions) ainsi que leurs descendants.
6 Voir, entre autres, Kouadio Brou et Yves Charbit, « La politique migratoire de la Côte d’Ivoire », Revue européenne des migrations internationales, 10-3, 1994, p. 33-59 ; Reynald Blion et Sylvie Bredeloup, « La Côte d’Ivoire dans les stratégies migratoires des Burkinabè et des Sénégalais », in B. Contamin et H. Memel-Fotê (dir.), Le modèle ivoirien en questions. Crises, ajustements, recompositions, Paris, Karthala, 1997, p. 707-737 ; Vincent Bonnecase, « Les étrangers et la terre en Côte d’Ivoire à l’époque coloniale », Montpellier, IRD, Document de l’Unité de recherche 095, 2, 2001, https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_7/divers2/010029488.pdf ; Ousmane Dembélé, « La construction économique et politique de la catégorie ‘étranger’ en Côte d’Ivoire », in M. Le Pape et C. Vidal (dir.), Côte d’Ivoire : l’année terrible, 1999-2000, Paris, Karthala, 2002, p. 123-171 ; Daouda Gary-Tounkara, Migrants soudanais/maliens et conscience ivoirienne. Les étrangers en Côte d’Ivoire, 1903-1980, Paris, L’Harmattan, 2008 ; Issiaka Mandé, « Les figures de l’étranger d’Afrique de l’Ouest en Côte d’Ivoire», Migrations Société, 144-6, 2012, p. 41-48 ; Alfred Babo, L’« étranger » en Côte d’Ivoire. Crises et controverses autour d’une catégorie sociale, Paris, L’Harmattan, 2013.
7 Selon l’expression de Christoph Sperfeldt, « Statelessness and Governance at the Periphery: ‘Nomadic’ Populations and the Modern State in Thailand, Côte d’Ivoire, and Lebanon », in T. Bloom et L. N. Kingston (dir.), Statelessness, Governance, and the Problem of Citizenship, Manchester, Manchester University Press, 2021, p. 196-209.
8 INS et UNHCR, « Cartographie des personnes à risque d’apatridie en Côte d’Ivoire », Abidjan, INS/UNHCR, avr. 2019, https://www.refworld.org/docid/615463624.html.
9 Jean-Pierre Chauveau et Jean-Pierre Dozon, « Au cœur des ethnies ivoiriennes… l’État », in E. Terray (dir.), L’État contemporain en Afrique, Paris, L’Harmattan, 1987, p. 221-296, ici p. 223.
10 Jean-François Bayart, L’État en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1989.
11 Jean-Pierre Dozon, « L’étranger et l’allochtone en Côte d’Ivoire», in B. Contamin et H. Memel-Fotê (dir.), Le modèle ivoirien en questions, op. cit., p. 779-798.
12 Cet argument est plus longuement développé dans notre livre à paraître, Richard Banégas et Armando Cutolo, ID Wars in Côte d’Ivoire: A Political Ethnography of Identification and Citizenship, Oxford, Oxford University Press, 2024.
13 Pour une tentative de (re)conceptualisation de ces rapports à l’ère biométrique, voir Séverine Awenengo Dalberto, Richard Banégas et Armando Cutolo, « Biomaîtriser les identités ? État documentaire et citoyenneté au tournant biométrique », S. Awenengo Dalberto, R. Banégas et A. Cutolo (dir.), no spécial « Biomaîtriser les identités ? », Politique africaine, 152-4, 2018, p. 5-29.
14 Comme l’avance Giorgio Agamben, Nudités, trad. par M. Rueff, Paris, Rivages, 2009.
15 Dans le cadre de cet article, nous ne pourrons développer en détail cette discussion sur l’État biométrique, ses enjeux théoriques et ses effets concrets en matière de citoyenneté, qui ont donné lieu à une importante littérature. Nous nous permettons de renvoyer pour cela à l’ouvrage initial de Keith Breckenridge, Biometric State: The Global Politics of Identifi and Surveillance in South Africa, 1850 to Present (Londres, Cambridge University Press, 2014), et à d’autres travaux que nous avons publiés sur la question (par exemple, Armando Cutolo, « Dallo Stato di carta allo Stato post-sociale. Identità personale, biometria e cittadinanza nella prospettiva antropologica », in F. Dei et C. Di Pasquale [dir.], Stato, violenza, libertà. La « critica del potere » e l’antropologia contemporanea, Rome, Donzelli, 2017, p. 153-173) qui convergent avec un rapport du Center for Human Rights and Global Justice, « Paving a Digital Road to Hell: A Primer on the Role of the World Bank and Global Networks in Promoting Digital ID » (New York, Center for Human Rights and Global Justice, 2022, https://chrgj.org/wp-content/uploads/2022/06/Report_Paving-a-Digital-Road-to-Hell.pdf).
16 Voir le blog https://piaf.hypotheses.org ainsi que la série de présentations video réalisées avec les membres de l’équipe : https://www.sciencespo.fr/ceri/fr/content/identification-and-citizenship-africa-un-livre-et-une-web-serie.
17 Séverine Awenengo Dalberto et Richard Banégas (dir.), no spécial « Citoyens de papier en Afrique », Genèses, 112-3, 2018 ; Séverine Awenengo Dalberto, Richard Banégas et Armando Cutolo (dir.), no spécial « Biomaîtriser les identités ? », Politique africaine, 152-4, 2018 ; Séverine Awenengo Dalberto et Richard Banégas (dir.), Identification and Citizenship in Africa: Biometrics, the Documentary State and Bureaucratic Writings of the Self, Londres, Routledge, 2021.
18 Emmanuel Terray, « Le climatiseur et la véranda », in Collectif, Afrique plurielle, Afrique actuelle. Hommage à Georges Balandier, Paris, Karthala, 1986, p. 37-46.
19 Le juge Zoro-Bi a été par ailleurs l’auteur d’un livre important sur la question des « papiers d’identité » en Côte d’Ivoire : Épiphane Zoro-Bi, Juge en Côte d’Ivoire. Désarmer la violence, Paris, Karthala, 2004.
20 Nos échanges avec lui ont été enregistrés en vidéo, puis partagés et rediscutés en public l’année suivante, dans une expérience de restitution de la recherche qui s’est apparentée à une coproduction à la fois émique et étique d’un récit historiographique. Celle-ci ne pourra malheureusement pas être étudiée en tant que telle dans le cadre de cet article.
21 Béatrice Hibou et Mohamed Tozy, Tisser le temps politique au Maroc. Imaginaire de l’État à l’âge néolibéral, Paris, Karthala, 2020, p. 31.
22 Béatrice Hibou, « Le terrain comme site cognitif. Une perspective wébérienne de l’articulation empirie et théorie », Sociologie, 12-4, 2021, p. 427-437.
23 Richard Banégas et René Otayek, « Le Burkina Faso dans la crise ivoirienne. Effets d’aubaine et incertitudes politiques », Politique africaine, 89-1, 2003, p. 71-87.
24 Moussa Fofana, « Les déterminants de l’enrôlement des jeunes combattants de la rébellion du Nord de la Côte d’Ivoire », Oxford, CRISE Working Paper, 8, 2008 ; Mike Mc Govern, Making War in Côte d’Ivoire, Chicago/Londres, The University of Chicago Press/Hurst, 2011 ; Camille Popineau, « Faire la guerre, faire l’État. Sociohistoire de la rébellion des Forces nouvelles de Côte d’Ivoire (1990-2020) », thèse de doctorat, université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, 2023.
25 Ruth Marshall-Fratani, «The War of ‘Who is Who’: Autochthony, Nationalism and Citizenship in the Ivorian Crisis », African Studies Review, 49-2, 2006, p. 9-44.
26 Richard Banégas, « Côte d’Ivoire: Patriotism, Ethnonationalism and Other Modes of Self-Writing », African Affairs, 105-421, 2006, p. 535-552.
27 Selon le dernier recensement général de la population (2021), le pourcentage d’étrangers dans le pays s’élève à22 %, cette proportion ayant atteint, en 1975, un tiers de la population (33 %) et 28 % en 1998, suscitant alors de violentes controverses xénophobes. Voir la critique de Moriba Touré, « Immigration en Côte d’Ivoire : la notion de ‘seuil tolérable’ relève de la xénophobie (extraits) », Politique africaine, 78-2, 2000, p. 75-93. En fait, ce décompte des « étrangers » ne recense pas seulement les immigrés, mais prend également en compte tous les descendants des personnes installées dans le pays depuis des décennies, du moins depuis la révision du Code de la nationalité qui, en 1972, imposa le droit du sang comme seul critère d’accès à celle-ci.
28 Francis Akindès, Les racines de la crise militaro-politique en Côte d’Ivoire, Dakar, Monographies du CODESRIA, 2004.
29 Jean-Pierre Chauveau et Jean-Pierre Dozon, « Colonisation, économie de plantation et société civile en Côte d’Ivoire », Cahiers ORSTOM. Série sciences humaines, 21-1, 1985, p. 63-80.
30 Jean-Pierre Dozon, La société bété. Histoires d’une « ethnie » de Côte d’Ivoire, Bondy/ Paris, Orstom/Karthala, 1985 ; id., « L’étranger et l’allochtone en Côte d’Ivoire », art. cit. ; id., « La Côte d’Ivoire entre démocratie, nationalisme et ethnonationalisme», Politique africaine, 78-2, 2000, p. 45-62.
31 Le pays a connu, en vérité, des épisodes assez violents de mobilisation nationaliste, et même xénophobe, comme lors des pogroms anti-dahoméens de 1928 et 1958, et une forte controverse lorsqu’en 1963 le président a tenté d’imposer – en vain – le principe de la double nationalité.
32 Armando Cutolo, « Modernity, Autochthony and the Ivorian Nation: The End of a Century in Côte d’Ivoire », Africa, 80-4, 2010, p. 527-552.
33 Id., « Stranieri in casa propria. La guerra civile in Costa d’Avorio», Zapruder, 11-4, 2006, p. 76-83.
34 Yves Dezalay et Brian G. Garth ont ainsi montré qu’en Amérique latine la circulation de nouvelles normes juridiques en matière de gouvernance était la résultante de stratégies « impériales et professionnelles » d’import-export et le produit d’intérêts partagés entre élites locales et experts mondialisés : Yves Dezalay et Brian G. Garth, La mondialisation des guerres de palais. La restructuration du pouvoir d’État en Amérique latine, entre notables du droit et « Chicago Boys», Paris, Éd. du Seuil, 2002.
35 Mirna Adjami, « L’apatridie et la nationalité en Côte d’Ivoire. Une étude pour le compte du HCR », Genève, UNHCR, 2016, http://www.refworld.org/docid/58594d114.html.
36 INS et UNHCR, «Cartographie des personnes à risque d’apatridie en Côte d’Ivoire», op. cit.
37 Entretien avec Paul Koreki, Abidjan, janv. 2017.
38 Entretien avec Paul Koreki, Abidjan, janv. 2017.
39 Paul Koreki, « Compte rendu de mission de M. Paul Koreki au Directeur général des Droits de l’Homme du ministère de la Justice, en date du 6 juillet 2009 », p. 9.
40 Entretien avec Paul Koreki, Abidjan, févr. 2019.
41 Entretien avec Paul Koreki, Abidjan, janv. 2018.
42 Entretien avec Paul Koreki, Abidjan, janv. 2017.
43 Entretien avec Layse Farias, Abidjan, févr. 2019.
44 INS et UNHCR, « Cartographie des personnes à risque d’apatridie en Côte d’Ivoire », op. cit.
45 Ibid., p. ix.
46 Entretien avec Paul Koreki, Abidjan, janv. 2019.
47 Entretien avec un haut fonctionnaire anonyme, Abidjan, janv. 2020.
48 Rapport du Gouverneur des colonies Lieutenant-gouverneur de la Haute-Volta à Monsieur le Gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française, Ouagadougou, 25 févr. 1932. Document d’archive reproduit dans un mémorandum édité à Bouaflé par Boukari Balima et Ouelogo Saiba, « Les villages de colonisation des départements de Bouaflé et de Zuenoula. Histoire de leur implantation et statut des ressortissants desdits villages de 1934 à nos jours », reprographie, s. d., p. 27-42.
49 Jean-Pierre Chauveau, « La colonisation ‘appropriée’: essai sur les transformations économiques et sociales en pays baule (Côte d’Ivoire) de 1891 au début des années 1920 », in M. H. Piault (dir.), La colonisation : rupture ou parenthèse ?, Paris, L’Harmattan, 1987, p. 57-122 ; J.-P. Chauveau et J.-P. Dozon, « Colonisation, économie de plantation et société civile en Côte d’Ivoire », art. cit.
50 Michel Foucault, Sécurité, territoire, population. Cours au collège de France, 1977-1978, Paris, Éd. de l’EHESS/Gallimard/ Éd. du Seuil, 2004.
51 Abidjan, Archives nationales de la Côte d’Ivoire (ci-après ANCI), Primature, 66/223 (A), Lettre du Lieutenant-gouverneur de la Côte d’Ivoire à l’inspecteur des Affaires administratives à Ouagadougou, 7 févr. 1931.
52 Journal officiel de la Côte d’Ivoire, 15 sept. 1932, p. 774.
53 André J. Köbben, Le planteur noir. Essai d’une ethnographie d’aspect, Abidjan, IFAN- Centre de Côte d’Ivoire, 1956, p. 86.
54 ANCI, Primature, OO/565, Rapport confi du Gouverneur des colonies Lieutenant-gouverneur de la Haute-Volta au Gouverneur général de l’Afrique- Occidentale française, 25 févr. 1932.
55 Rapport du Gouverneur des colonies Lieutenant-gouverneur de la Haute-Volta à Monsieur le Gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française, Ouagadougou, 25 févr. 1932.
56 Lettre du Morho-Naba à Monsieur le Gouverneur du Haute-Volta, 1er juil. 1932. Document d’archive photocopié et conservé par les notables Mossi, repéré pendant nos recherches dans la sous-préfecture de Bouaflé.
57 Abidjan, ministère de l’Intérieur, Direction des Archives nationales, Carnot Tiacoh, « Les villages de colonisation en Côte d’Ivoire, 1934-1938 », 1981.
58 Arrêté no 2292 portant création des villages de colonisation, 11 août 1933.
59 Louis Tauxier, Nègres Gouro et Gagou, Paris, Paul Geuthner, 1924.
60 Claude Meillassoux, Anthropologie économique des Gouro de Côte d’Ivoire. De l’économie de subsistance à l’agriculture commerciale, Paris, Éd. de l’EHESS, [1964] 2013, p. 14.
61 .Ibid., p. 14-15. C. Meillassoux observe que le nom « Gouro » est déjà connu par les militaires à la fin du xixe siècle, comme le montre le texte de Joseph Eysséric, Rapport sur une mission scientifique à la Côte d’Ivoire, Paris, Imprimerie nationale, 1899.
62 C. Meillassoux, Anthropologie économique des Gouro de Côte d’Ivoire, op. cit., p. 16.
63 .Ibid. On peut faire l’hypothèse que la suppression du Cercle gouro juste après l’arrivée des migrants voltaïques vise aussi à préparer un espace administratif et politique adapté au développement des villages de colonisation, contrastant le contrôle des terroirs du cercle exercé par les autochtones. Cette hypothèse nécessite de plus amples enquêtes.
64 Fabio Viti, Il potere debole. Antropologia politica dell’Aitu nvle, Milan, Franco Angeli, 1998.
65 C. Tiacoh, « Les villages de colonisation en Côte d’Ivoire… », op. cit., p. 78.
66 Pour une étude systématique d’un royaume mossi, voir Michel Izard, Gens du pouvoir, gens de la terre. Les institutions politiques de l’ancien Royaume du Yatenga (Bassin de la Volta blanche), Paris/Cambridge, Éd. de la MSH/Cambridge University Press, 1985.
67 Arrêté no 2292 portant création des villages de colonisation, 11 août 1933, Article premier.
68 Arrêté no 383 complétant l’arrêté no 2292 du 11 août 1933, portant création des villages de colonisation, 26 sept. 1938.
69 C. Tiacoh, « Les villages de colonisation en Côte d’Ivoire… », op. cit.
70 J.-P. Dozon, « L’étranger et l’allochtone en Côte d’Ivoire », art. cit.
71 Entretien avec Issa Boundaogo, imam du village de Tenkodogo, Tenkodogo, janv. 2018.
72 Entretien collectif de Oumarou Welgo et d’une assemblée des notables, Tenkodogo, janv. 2018.
73 Jacques L. Tokpa, Côte d’Ivoire. L’immigration des Voltaïques, 1919-1960, Abidjan, Éd. du CERAP, 2006, p. 82.
74 Voir A. Cutolo, « Modernity, Autochthony and the Ivorian Nation», art. cit. Racines. Revue culturelle africaine a été créée en 1996, sous la direction de l’anthropologue Georges Niangoran-Bouah, par un groupe d’intellectuels et d’universitaires ivoiriens bien connus et liés à l’entourage du président H. K. Bedié. Structurée en quatre rubriques (politique, économie, société et culture), la revue voulait s’adresser à un « grand public, mais tout de même, cultivé » pour le faire participer à la nouvelle « entreprise de modernisation et de construction de la Nation Ivorienne » (selon l’éditorial du premier numéro, oct. 1996, ici p. 9). Cette entreprise devait se nourrir, suivant les intentions de G. Niangoran-Bouah et des rédacteurs, des valeurs de l’autochthonie, de l’afrocentrisme s’inspirant de l’œuvre de l’historien Cheikh Anta Diop et des « mémoires ethniques» des différents groupes ivoiriens (« Proclamation fondatrice », 1, oct. 1996, ici p. 4) pour les « métamorphoser » en une identité nationale « souveraine » que les auteurs nommaient ivoirité.
75 Entretien avec Issa Boundaogo, imam du village de Tenkodogo, Tenkodogo, janv. 2018.
76 Parmi les documents que nous avons repérés sur le terrain, le plus important consulté est celui de B. Boukari et S. Ouelogo, « Les villages de colonisation des départements de Bouaflé et de Zuenoula », op. cit.
77 Entretien avec Issa Boundaogo, imam du village de Tenkodogo, Tenkodogo, janv. 2018.
78 J.-P. Chauveau et J.-P. Dozon, « Colonisation, économie de plantation et société civile en Côte d’Ivoire », art. cit.
79 Y. Zamblé Bi, « La fondation de Bouaflé et l’évolution de la population urbaine jusqu’en 1936 », mémoire de maîtrise, Faculté de Lettres et Sciences Humaines, Université nationale de Côte d’Ivoire, 1982.
80 Entretien anonyme, Bouaflé, janv. 2018.
81 Entretien anonyme, Bouaflé, janv. 2018.
82 K. Brou et Y. Charbit, « La politique migratoire de la Côte d’Ivoire », art. cit.
83 C. Tiacoh, « Les villages de colonisation en Côte d’Ivoire… », op. cit. ; J. L. Tokpa, Côte d’Ivoire, op. cit.
84 Entretien avec Ali Yoda, Abidjan, févr. 2018.
85 Entretien avec Boukari Balima, Abidjan, févr. 2018.
86 Charles Konan Banny, haut cadre du PDCI, ex-gouverneur de la BCEAO et futur Premier ministre.
87 Entretien avec Boukari Balima, Abidjan, févr. 2018.
88 Entretien avec Ali Yoda, Abidjan, févr. 2018.
89 Entretien avec Boukari Balima, Abidjan, févr. 2018.
90 Entretien avec Oumarou Welgo, Tenkodogo, janv. 2018.
91 Entretien avec Boukari Balima, Abidjan, févr. 2018.
92 Il n’est pas anodin que, lors de l’une de nos visites à Garango, certaines personnes soient allées chercher dans leurs archives des attestations fiscales pour prouver leur nationalité.
93 Entretien avec Boukari Balima, Abidjan, févr. 2018.
94 Entretien avec Paul Koreki, Abidjan, févr. 2019.
95 P. Koreki, « Compte rendu de mission de M. Paul Koreki… », op. cit., p. 4.
96 Entretien avec E., Garango, janv. 2019.
97 Entretien avec C., Garango, janv. 2019.
98 Aux dires du vice-président du Tribunal de première instance de Bouaflé, cité par P. Koreki, « Compte rendu de mission de M. Paul Koreki… », op. cit., p. 15.
99 Entretien avec C. et E., Garango, janv. 2019.
100 Cité par P. Koreki, « Compte rendu de mission de M. Paul Koreki… », op. cit., p. 17.
101 Ibid., p. 19.
102 Barnabé Cossi Houedin et Lydie Régine, « Bouaflé : figure de ville résiliente dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire », Actes du colloque international de Daloa « Le centreouest de la Côte d’Ivoire : enjeux économiques, questions environnementales, dynamisme socioculturel d’un pôle d’attraction », 2020, https://ird.hal.science/ird-03747652, p. 10.
103 Ibid., p. 12.
104 Entretien collectif, Tenkodogo, févr. 2019.
105 Entretien avec A., Grarango, janv. 2018.
106 Entretien avec Oumarou Welgo, Bouaflé, janv. 2018.
107 Entretien avec Issa Boundaogo, imam du village de Tenkodogo, Tenkodogo, janv. 2018.
108 Entretien avec Paul Koreki, Abidjan, janv. 2019.
109 Assane Niada, « Comment Gbagbo veut résoudre l’équation identitaire », L’Inter, 2842, 3 et 4 nov. 2007, p. 3.
110 Entretien collectif, Garango, févr. 2018.
111 Discours du ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, « Identification : la phase opérationnelle du registre national des personnes physiques (RNPP) lancée », Abidjan, 11 déc. 2019, https://www.gouv.ci/_actualite-article.php?recordID=10708.
112 Bronwnen Manby, « The Sustainable Development Goals and ‘Legal Identity for All’: ‘First, Do No Harm’», World Development, 139, 2021, https://doi.org/10.1016/j.worlddev.2020.105343.
113 Allison J. Petrozziello, « Statelessness as a Product of Slippery Statecraft: A Global Governance View of Current Causes, Actors, and Debates », The Statelessness and Citizenship Review, 1-1, 2019, p. 136-155.
114 Laurent Fourchard, « Citoyens d’origine contrôlée au Nigeria », Genèses, 112-3, 2018, p. 58-80 ; Florence Brisset-Foucault, « Bureaucratic Interpersonal Knowledge: Village Identity Papers and the Production of Moral Homelands in Uganda », in S. Awenengo Dalberto et R. Banégas (dir.), Identification and Citizenship in Africa, op. cit., p. 254-273.
115 James C. Scott, L’œil de l’État. Moderniser, uniformiser, détruire, Paris, La Découverte, 2021 ; James C. Scott, John Tehranian et Jeremy Mathias, «The Production of Legal Identities Proper to States: The Case of the Permanent Family Surname », Comparative Studies in Society and History, 44-1, 2002, p. 4-44 ; Claude Mbowou, «Pouvoir et savoir sur les identités à l’âge biométrique aux abords du Lac Tchad. Impossible vérité, impossible citoyenneté?», Sociétés politiques comparées, 47, 2019, https://fasopo.org/sites/default/files/varia1_n48.pdf.
116 Entretien collectif, Garango, janv. 2018.
117 Jean-Pierre Chauveau, « Question foncière et construction nationale en Côte d’Ivoire. Les enjeux silencieux d’un coup d’État », Politique africaine, 78, 2000, p. 94-125.