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Pour une histoire des villes du Sud-Est asiatique

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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L'Asie du Sud-Est offre à l'historien un terrain à la fois privilégié et complexe ; on sait qu'en ce carrefour, le « substrat » a largement subi les influences de l'Inde, de la Chine, de l'Islam et de l'Europe et l'on est a priori en droit de se demander si le phénomène urbain n'y porte pas, de façon originale, la marque des diverses cultures qui s'y sont ainsi croisées. Il s'en faut malheureusement que nous disposions déjà des monographies élémentaires qui permettraient de donner à cette question une réponse certaine ; sauf exceptions, les études archéologiques ont principalement porté sur des édifices religieux (hindouistes ou bouddhistes) et, pour la période antérieure à l'arrivée des Européens, l'histoire économique et sociale reste pour ainsi dire à écrire.

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References

page 842 note 1. Si la population urbaine mondiale avait augmenté de 342 millions de 1950 à 1960, celle'des villes du tiers monde avait crû à elle seule de 200 millions ; cf. T. G. Me Gee, The Southeast Asian City, Londres, 1967, pp. 15-28, le chapitre intitulé : « The Southeast Asian City and the Third World. » Parmi les ouvrages ou articles très nombreux consacrés à ces questions (cf. la bibliographie de l'ouvrage de Me Gee), on peut lire par exemple : J. Chesneaux, « Notes sur l'évolution récente de l'habitat urbain en Asie », in L'Information géographique, vol. 13, 1949, pp. 169-175 et vol. 14, 1950, pp. 65-85 (Compte rendu par J. E. Spencer, in Géographie Review, vol. 41, 1951, p. 336) ; M. Santos, Aspects de la géographie et de l'économie urbaines des pays sous-développés, Paris, C.D.U., 1969.

page 843 note 1. L'Asie du Sud-Est ne comptait en 1960 que les 9,1 % de la population mondiale regroupée dans des agglomérations de plus de 100 000 habitants.

page 843 note 2. Cette idée est exprimée notamment dans D. W. Fryer, « The Million city in S. E. Asia », in Géographie Review, XLIII, n° 4, octobre 1953, pp. 474-494, et, tout récemment dans Rhoads Murphey, « Traditionalism and colonialism : Changing Urban Rôles in Asia », in Journal of Asian Studies, vol. XXIX, n° 1, novembre 1969, pp. 67-84.

page 845 note 1. Voir surtout les deux excellents articles du docteur Soekmono, directeur du Service archéologique d'Indonésie ; sur le site de Sri Wijaya : « Geomorphology and the Location of Çriwijaya » in Madjallah Ilmu-ilmu Sastra Indonesia, vol. I, n° 1, Djakarta, avril 1963, pp. 78-90 (en anglais et avec une carte) ; sur le site de Medang : « A geographical reconstruction of northeastern central Java and the location of Medang », in Indonesia, n° 4, Cornell Univ., New York, octobre 1967, pp. 1-7 (avec carte également).

page 845 note 2. Voir L. Bezacier, « Conception du plan des anciennes citadelles-capitales du Nord Viêtnam », in Journal Asiatique, CCXL, 1952, fasc. 2, avec un plan très intéressant de la citadelle de Cô-loa, qui comprenait trois enceintes en terre de forme ovoïde et irrégulière (l'enceinte extérieure avait 2 km du nord au sud et 2,8 km de l'est à l'ouest) ; la ville fut peut-être fondée dès le me siècle, mais les remparts actuels ne sont guère antérieurs au Xe siècle.

page 845 note 3. L. Malleret, « Les fouilles d'Oc-éo, rapport préliminaire », in Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, XLV, 1951, fasc. 1, pp. 75-88, et L'Archéologie du delta du Mékong, Paris, E.F.E.O., 4 vol., 1959-63 ; G. Coedés, « Fouilles en Cochinchine : le site de Go Oc Eo », in Artibus Asiae, X, 3, 1947, p. 193.

page 845 note 4. Notre connaissance de certains de ces sites a fait de gros progrès au cours des dernières vingt années ; il est impossible d'indiquer ici la bibliographie, très dispersée, qu'on trouvera, mise à jour jusqu'en 1963, dans la dernière édition des États hindouisés de G. CoedéS (Paris, 1964 ; notamment aux pp. 121-123, 145-147, 164-165). Sur les fouilles entreprises dans la région du Bas-Ménam en 1964 et en 1965, voir les Rapports préliminaires de J. Boisselier, dans Arts Asiatiques, t. XII et t. XX. Pour un premier essai de synthèse, voir G. H. Luce, « Dvaravati and old Burma », in Journ. Siam. Soc, vol. Lui, 1, janvier 1965, pp. 9-25.

page 847 note 1. Description détaillée dans le guide de Glaize, M., Les monuments du groupe d'Angkor, Paris, 1963 Google Scholar ; aperçus synthétiques et bibliographie détaillée dans Groslebr, B.-Ph., Indochine, carrefour des arts, Paris, 1961 Google Scholar.

page 847 note 2. Selon les chroniques, Pagan aurait été à l'origine un groupement de dix-neuf villages possédant son « Nat » ou génie local ; intéressant exemple de synoecisme ? Sur la Pagan « monumentale » des xIe-xIIIe siècles, voir U Lu Pe Win, Pictorial guide to Pagan (première éd. Calcutta, 1955), avec plan ; sur l'économie et la culture birmanes à cette époque : Aung, Mauno Htin, A History of Burma, Columbia Univ. Press, 1967 Google ScholarPubMed, chap. III.

page 847 note 3. Un bon plan de ces deux sites se trouve dans Griswold, A. B., Towards a History of Sukhodaya Art, Publ. du musée nat. de Bangkok, 1967 Google Scholar.

page 847 note 4. G. Azambre, « Hanoi, notes de géographie urbaine », in Bul. Soc. Et. Indoch., XXX, 4, 1955, pp. 355-363, et « Les origines de Hanoï », in B.S.E.I., XXXIII, 3, 1958, pp. 261-300 (avec plans, anciens et récents).

page 847 note 5. Le site a été fouillé, mais très incomplètement, par l'Ir H. Maclaine-Pont, entre les Deux Guerres mondiales. Voir, parmi plusieurs articles ou rapports en néerlandais : H. Maclatne-Pont, « De historische Roi van Majapahit ; Een hypothèse », in Djawa, VI, 1926, pp. 294-317, et W.F. Stutterheim, De kraton van Majapahit, La Haye, 1948 (qui est une tentative de reconstitution du palais de Modjopahit à partir des ruines, des textes et des palais actuels de Java central). 847

page 848 note 1. Cf. Maung Htin Aung, op. cit., p. 98.

page 848 note 2. Un bon siècle avant que les Hollandais ne s'y installent et ne le rebaptisent, Tome Pires nous fait de ce port une description enthousiaste dont nous ne transcrivons ici que quelques lignes (JSuma Oriental, éd. Cortesao, texte p. 415, trad. p. 172) : « C'est un port magnifique, le plus important et le meilleur de tous (ceux de la côte de Java ouest) ; c'est là qu'il se fait le plus grand commerce et l'on y vient de Sumatra, de Palembang… de Malaka, de Makasar, de Java et de Madura… ce port est bien gouverné ; il a ses juges, ses justices et ses scribes… nombreuses les jonques qui ancrent dans ce port. »

page 848 note 3. Voir notamment Chen Ching-Ho, « Some observations on the village of Minh-huong and the monuments of Faifo, Central Viêt-nam », in Viêt-nam Khao-co Tap-san, vol. 1 et 3, Saigon 1960 et 1962 (en viêt-namien avec un sommaire en anglais) qui donne le texte d'une stèle dressée en 1741 par les marchands d'une association chinoise, désireux de codifier leurs règles internes.

page 848 note 4. Fondée par une petite colonie de Chinois restés fidèles aux Ming et dirigés par un certain Mok Kan (1655-1735) ; voir E. Gaspardone, « Un Chinois des mers du sud ; le fondateur de Hà tien », in Journal Asiatique, 1952, fasc. 3.

page 848 note 5. J. Bouchot, Saigon sous la domination cambodgienne et annamite, Saigon, 1926 ; du même: Documents pour servir à l'histoire de Saigon, Saïgon, 1927.

page 848 note 6. Pèlerinage au fameux stupa de Shwe Dagon qui reste toujours le monument le plus célèbre de Rangoon.

page 849 note 1. Mais le toponyme (qui signifie « la Ville du lion ») est ancien et se trouve déjà dans les Annales malaises (version de 1612).

page 849 note 2. La chose est nette à Batavia où les activités restèrent cantonnées durant deux siècles aux limites de la ville (kota), et où le transfert vers le sud du noyau qui devait être à l'origine de la ville moderne et « coloniale » se produisit au début du xrxe siècle sous le règne du gouverneur général Daendels (1808-1811). La nouvelle ville organisée autour de la grande place de Koningsplein et du palais du gouverneur, devait peu à peu se développer pour devenir la Djakarta d'aujourd'hui.

page 849 note 3. Pour reprendre l'exemple de Batavia, ce fut le même Daendels qui fit aménager la première grande route transjavanaise qui, allant « de Anjer à Panarukan » permettait enfin la pénétration et le développement d'une bande côtière dont les divers points ne communiquaient jusqu'alors que par bateau.

page 849 note 4. Il faut bien sûr être encore très prudent en ce qui concerne les origines des villes du Sud-Est asiatique ; nous connaissons encore trop incomplètement les plus anciennes pour pouvoir nous prononcer sur leurs fonctions principales : commerciales (à Oc-éo, et chez les Pyu, qui connaissaient une monnaie d'argent frappée, alors que la monnaie disparaîtra de la région jusqu'au xme siècle) ou agricoles, comme l'examen de certains sites préangkoriens pourraient le faire supposer. Rappelons ici la suggestion de B.-Ph. Groslier qui propose de chercher un rapport entre ces cités élaborées, fondées sur le système de « l'eau captée », et « les camps circulaires de la Civilisation des mégalithes » (Indochine, p. 69).

page 850 note 1. Une très intéressante petite publication du Dewan bahasa dan Budaya de Malaisie, intitulée Malayan Forts (Kuala Lumpur, 1963) énumère sept sites de la côte occidentale de la Péninsule malaise où se dressent encore des remparts abandonnés. Dans un cas au moins, Johor Lama, il s'agissait plus que d'une simple forteresse, mais d'une agglomération importante, siège du Sultan de Johor, attaquée et ravagée par les Portugais en 1587.

page 850 note 2. L'Indrataka de Lolei mesure 3 800 m sur 800 m (creusé par le roi Indravarman pour sa c ipitale Roluos, au ixe siècle) ; le Yasodharatataka ou baray oriental mesure 7 000 m sur 1 800 m (creusé par le roi Yasovarman pour sa capitale Yasodharapura, à la fin du rxe siècle) ; le baray occidental mesure 8 000 m sur 2 200 m (creusé par Udayadityavarman II pour sa capitale, la première Angkor Thom, au xi” siècle). Sur la mise en évidence de l'importance du réseau hydraulique, voir V. Goloubew, « Reconnaissances aériennes au Cambodge », in B.E.F.E.O., 1936, pp. 465-477, et surtout B.-Ph. Groslier, Angkor et le Cambodge au XVIe siècle, d'après les sources portugaises et espagnoles, Paris, 1958.

page 850 note 3. Cf. Angkor et le Cambodge au XVIe siècle, pp. 107-121.

page 851 note 1. Coedés, Cf. G., Pour mieux comprendre Angkor, Paris, 1947 Google Scholar. Toute une partie de l'iconographie d'Angkor s'inspire justement du thème de l'eau bénéfique, dispensée aux hommes par les dieux, pour leur permettre à la fois de vivre et d'accomplir leur salut (iconographie du groupe de Neak Pean, par exemple, au coeur de ce qui est un ancien baray asséché).

page 851 note 2. A Modjopahit, les ruines ne sont pas protégées, comme à Angkor, par l'existence d'un « parc » ; le sol est occupé par des rizières, ce qui rend plus difficile l'interprétation de l'antique paysage ; le tracé d'un grand bassin rectangulaire (sorte de baray 7) a néanmoins été repéré. Sur l'importance de la riziculture en haute Birmanie, on peut lire Stewart, J. A., « Kyaukse irrigation ; side light on Burmese history », Journ. Burma-Res. Soc, XII, 1921, p. 1 Google Scholar.

page 851 note 3. Selosoemardjan, , Social changes in Jogjakarta, Cornell Univ. press, 1962 Google Scholar.

page 852 note 1. Certains marchands chinois étaient d'ailleurs eux-mêmes musulmans (hanéfites) et selon une théorie récemment exprimée par un historien indonésien, la première islamisation de Java aurait été le fait de wali d'origine chinoise ; cf. Slamet Muljana, La fin des royaumes indo-javanais et l'apparition des états musulmans dans l'Archipel (en indonésien), Djakarta, 1968.

page 852 note 2. On trouvera la reproduction de plusieurs plans anciens de Malaka dans un article de Funakoshi Akio, « Malacca appeanng in old maps-maps of the town during the Portuguese Dutch âges » (en japonais), in Tonan Ajia kenkyu, VI, 4, Kyoto, 1969, pp. 800-824.

page 852 note 3. Le terme est d'origine persane.

page 852 note 4. C'est ainsi qu'on nous parle, au début du xvie siècle d'un certain Utimuti Radja, marchand javanais, dont la fortune était immense et qui contrôlait pour ainsi dire à lui seul la quasi-totalité de l'approvisionnement de la ville en riz. Sur le commerce de Malaka aux XVe et XVIe siècles, on pourra consulter la thèse de Mme M. A. P. Meilink-Roelofsz, Asian trade and european influence in the indonesian Archipelago between 1500 and about 1600, La Haye, 1962.

page 852 note 5. Cf. notre étude : Le Sultanat d'Atjéh au temps d'Iskandar Muda, 1607-1636, Paris, 1967, notamment le chapitre I (” Un port et ses problèmes »).

page 853 note 1. « Les gens y sont si fiers qu'ils ne peuvent se résoudre à mettre la main à la charrue… ; aussi ne s'en rompent-ils guère la tête et ils en laissent tout le maniement à leurs esclaves ; le territoire de sa principale ville n'est pas suffisamment cultivé pour la nourriture des habitants, tellement que bonne partie du riz vient de dehors » : ainsi nous dit le Français Augustin de Beaulieu qui fut en Atjéh en 1620, pour y quérir du poivre.

page 853 note 2. Avec la seule différence qu'à Batavia, la place du Sultan était tenue par la Compagnie ; mais on trouve dans les deux cas les mêmes procédés pour maintenir les prix (destruction des plantations de poivre de la Péninsule malaise par les Atjihais dès avant 1620, et un peu plus tard, destruction des plantations de girofliers dans les Moluques par les Hollandais) ; et dans les deux cas, le même échec dans la lutte contre la contrebande.

page 853 note 3. Batavia tournera longtemps le dos à son arrière-pays et ne se préoccupera guère de mettre en valeur le pays soundanais avantl a deuxième moitié du xvme siècle (introduction du café).

page 853 note 4. Il n'y eut que très peu de « Javans » (Soundanais et Javanais) à Batavia avant le début du xrxe siècle. L'essentiel de la population était formée de Chinois (volontairement immigrés ou transférés de force par les Hollandais), d’ « affranchis » (mardijkers, toepassen) importés d'Inde ou d'esclaves venus de Makasar, des Moluques, et surtout de Bali. Sur le premier peuplement de Batavia, voir Lance Castles, « The Ethnie Profile of Djakarta », in Indonesia, n° 3, Cornell Univ., 1967, pp. 153-204. Voir aussi la monographie de F. De Haan, Oud Batavia, Batavia, 1922, 3 vol.

page 854 note 1. Cf. Th. Pigeaud, Java in the fourteenth century, 5 vol., La Haye, 1960-1963 ; et surtout le tome IV, pp. 494 sqq : « Economy and commerce in 14th century Majapahit ».

page 854 note 2. Cf. Azambre, Les origines de Hà-nôi ; on retrouve le souci cosmologique qui présidait à Angkor, mais cette fois bien sûr dans un contexte tout différent, puisque la doctrine est inspirée ici de la géomancie chinoise (feng-shui).

page 854 note 3. Ce faubourg était administrativement divisé en phuong ou quartiers autonomes, comparables en un certain sens aux kampong des villes malaises.

page 854 note 4. Illustrant le récit de La Loubère, Du Royaume de Siam, tome I”, Paris, 1691. Sur Ayuthia, on peut consulter la très bonne étude de Larry Sternstein, « Krung Kao ; the old capital of Ayuthaya », in Journ. Siam. Soc, Lui, Bangkok, janvier 1965, pp. 84-121 (avec nombreux plans anciens). Autre exemple de « faubourg » commercial en marge d'une cité principalement « agraire » : la ville de Mrauk-U, en Arakan, et son faubourg de Daingripet, dont l'Augustin portugais Sebastiao Manrique nous a laissé une bonne description pour la première moitié du xvne siècle (cf. le récit romancé de M. Collis, The land of the Great image, Londres, 1946 (avec un plan de Mrauk-U, p. 175).

page 855 note 1. Surabaja se trouve en effet située près d'une des branches du delta du Brantas, sur un sol fait de récentes alluvions ; pour l'histoire ancienne de Surabaja, consulter la vieille monographie de Von Faber, G. H., Oud Soerabaia, Surabaja, 1931 Google Scholar. Parallèlement à cette enquête concernant les mythes d'origine, il faudrait recenser les villes comportant un sanctuaire au dieu ou aux génies du lieu ; on sait qu'à Bangkok ou à Phnom penh le culte des Nats protecteurs joue un rôle essentiel.

page 855 note 2. Peut-être postérieur à la rédaction même de l'ouvrage et transmis jusqu'à nous par un colophon du xvme siècle.

page 855 note 3. Azambre, Les origines de Hà-nôi, p. 266.

page 856 note 1. Histoire nouvelle et curieuse des Royaumes de Tunquin et de Lao, trad. franc., Paris, 1666.