Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Dans un Compte Rendu vif et assez sévère, peut-être trop sévère, de l'Histoire de la Littérature française classique de Daniel Mornet, — un de ces comptes rendus qui ouvrent et tracent leurs voies aux études et aux recherches, — Lucien Febvre disait hier sa déception d'historien à qui l'on promettait bien une « histoire historique de notre époque classique », mais qui se trouvait une fois de plus plongé dans les eaux trop connues de l’ « histoire littéraire pure ». Il écrivait :
Une « histoire historique » [ … ] , cela veut dire ou voudrait dire l'histoire d'une littérature, à une époque donnée, dans ses rapports avec la vie sociale de cette époque. Et je n'ai pas besoin de dire qu'ainsi conçue une telle histoire présenterait, en effet, des « aspects inconnus ».
1. Moknet, Daniel, Histoire de la Littérature française classique (1660-1700), ses caractères véritables, ses aspects inconnus, Paris, Armand Colin, 1940.Google Scholar
2. Febvre, Lucien, Combats pour Histoire, Paris, Armand Colin, 1953, p. 264.Google Scholar
1. Quelques articles de détail exceptés, on ne voit guère à citer que deux études, la première trop sommaire, la seconde confuse et parfois inexacte : Fustier, Gustave, « Les Cabinets de lecture », Le Livre, Bibliographie moderne, 10 juillet 1883, p. 430–437 Google Scholar ; — M. Tibol, « Les Cabinets de lecture en France (1800-1850) », Revue des Bibliothèques, janvier-juin, 1926, p. 77-98 ; juillet-octobre 1926, p. 198-224 ; novembre-décembre 1926, p. 401-423 ; janvier-mars 1927, p. 13-35.
2. Illusions perdues, éd. Antoine Adam, Classiques Garnier [1956], p. 211.
3. Un chapitre qui consacre Jeur existence. Mais, lors de la publication de La Nouvelle Héloïse (1761), il y eut déjà des libraires pour louer le roman à ceux qui ne pouvaient l'acheter : « Tel libraire avide, j'ose l'assurer, exigeoit, dans la nouveauté, douze sous par volume, pour la simple lecture, et n'aecordoit que soixante minutes pour un tome » (” Des écrits publiés à l'occasion de La Nouvelle Héloïse », appendice au tome IV des OEuvres complètes de J.-J. Rousseau. Nouvelle édition, procurée par Mercier, Le Tourneur, Brizard, de l'AuInaye [1788], p. 458).
4. Encore avons-nous écarté les cabinets de lecture pour la presse et les ouvrages étrangers qui mériteraient une autre étude. Galignani pour l'Angleterre, Kissbiihl pour l'Allemagne, ont joué à Paris un rôle important dans la diffusion des oeuvres et des idées d'outre-Manche et d'outre-Rhin.
1. Le Petit Diable boiteux, au le Guide anecdotique des étrangers à Paris, par M. ***, Paris, C. Painparré, 1823, p. 130. Cité par Tirol, Revue des Bibliothèques, janviermars 1927, p. 17. Semblable description dans une étude d'Alph. Karr, « Imprimeurs, libraires, bouquinistes, cabinets de lecture », Nouveau Tableau de Paris, Paris, Mme Charles-Béchet, Edouard Legrand et J. Bergounioux, 1834-1835, 7 vol., t. V, p. 71.
2. Voir Fustier, art. cité ; — Gaston Prinet, « La Bibliothèque Cardinal », VIntermédiaire des Chercheurs et Curieux, 10 avril 1925 (t. 88, col. 321-323) ; — Jean Bonnerot, note dans le Bulletin du Bibliophile, 1952, p. 114.
3. Sauf exception citée en note, ce qui suit résulte de l'étude de la liasse F18.2162 bis, conservée aux Archives Nationales : demandes d'autorisation pour l'ouverture de cabinets de lecture.
4. Montigny, L., Le Provincial à Paris. Esquisses des moeurs parisiennes, Paris, Ladvocat, 1825, 3 vol., t. II, p. 107–108.Google Scholar
1. Nouveaux Tableaux de Paris, ou Observations sur les moeurs et usages des Parisiens au commencement du XIXe siècle, par [Jos. Pain et C. DE Beaukegard, d'après Québard], Paris, PMet aîné, 1828, 2 vol., t. I, p. 71.
1. Le périodique fouriériste, Le Nouveau Monde, insère cette note dans son numéro du 11 novembre 1839 : « M. Pastori vient d'établir un grand cabinet de lecture, rue Neuve- Vivienne n. 34 : on y trouve tous les journaux et tous les ouvrages de l'école sociétaire. » A partir du 1e r février 1843, il est indiqué qu'on s'y abonne au cabinet de lecture, rue Saint-André-des-Arts. — Pendant les années 40 également, les libraires-éditeurs Rouanet (4, rue Verdelet) et Prévost (61, rue Bourbon-Villeneuve) ont un fonds de livres et de brochures communistes (Cabet, Dézamy, Constant), qu'ils prêtent.
1. Augmentation due au relâchement des contraintes légales sous la Seconde République ; VAnnuaire de 1850 répertorie des données de l'année précédente.
2. Certains avaient été donnés par Fustier (art. cité), non sans quelques erreurs.
1. Op. cit., t. I, p. 69.
2. Art. cité (Nouveau Tableau de Paris, t. V, p. 71).
3. Sondages effectués dans la série 8° Q28. de la Bibliothèque Nationale (non encore communicable) qui conserve nombre de catalogues de cabinets parisiens et provinciaux. Parfois, on dispose pour un même cabinet de plusieurs catalogues qui doivent donc permettre des études comparées intéressantes et probantes, tant dans la perspective économique que pour l'évolution du goût.
1. Il est arrivé que de mêmes oeuvres aient été, la même année, tirées dans le format des cabinets de lecture et dans de compacts in-8° : Cécile, ou les Passions, de l'académicien Etienne Jouy, 1827 : 5 vol. in-12 et 2 vol. in-8° ; Le Rouge et le Noir, 1831 : 6 vol. in-12 et 2 vol. in-8°.
2. Sur l'existence de cette édition en 18 vol., voir Reed, F. W., A Bibliograpky of Alexandre Dumas pire (Londres, Neuhuys, 1933), p. 174.Google Scholar
3. Voir infra, p. 533.
4. Au sens de libraire-éditeur. (L'emploi absolu du mot éditeur dats du Second Empire. Auparavant, l'éditeur est l'écrivain qui publie le manuscrit d'un autre écrivain, sens ancien qui se conserve dans l'anglais editor.)
5. Alph. Kaeb, art. cité, p. 68.
6. Nouveaux Tableaux de Paris, op. cit., t . I, p. 69.
1. OEuvres complètes de Honoré de Balzac, p. p. M. Bouteron et H. Longnon (éd. Louis Conard), t . XXXVIII, OEuvres diverses, t. I, p. 361-365.
2. Série 8° Q*8. de la Bibliothèque Nationale.
3. Ils furent d'abord associés. A preuve, le Dictionnaire des romans anciens et modernes, ou méthode pour lire les romans, d'après leur classement par ordre de matières. Dédié aux abonnés de tous les cabinets de lecture, Paris, A. Marc, libraire, tenant cabinet de lecture par abonnement, rue Rameau, n° 11 ; Pigoreau, libraire pour les romans, place Saint-Germain-l'Auxerrois, n° 20 ; septembre 1819. Puis Pigoreau, redoutable homme d'affaires sous les aspects benoîts d'un ami des lettres et de la vertu (Droguereau d'Illusions perdues lui doit sans doute quelques traits), se sépara de Marc et publia seul, en octobre 1821, sa Petite Bibliographie biographico-romancière, ou Dictionnaire des romanciers, tant anciens que modernes, tant nationaux qu'étrangers ; A vec un mot sur chacun d'eux, et la notice des Romans qu'ils ont donnés, soit comme auteurs, soit comme traducteurs ; Précédé d'un catalogue des meilleurs romans, publiés depuis plusieurs années, et suivi de tableaux propres à en faire connaître les différents genres, et à diriger dans le choix des ouvrages qui doivent faire la base d'un cabinet de lecture. Ce recueil a été complété jusqu'en 1832 par 22 suppléments, selon Girault de Saint- Fargeau (voir la note suivante) ; la collection de la Bibl. Nat. ne dépasse pas le dixseptième (10 mars 1828). De son côté, Marc a publié en 1824, sous son seul nom, un Supplément au Dictionnaire des romans, du 30 septembre 1819 au I e r janvier 1824 et un autre Supplément en 1828.
1. Revue des Romans, Recueil d'analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers. Contenant 1 100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d'étendue pour en donner une idée exacte le sujet, les personnages, l'intrigue et le dénoûment de chaque roman, par Eusèbe G****** [Girault de Saint-Fargeau], Paris, Librairie de Firmin Didot frères, 2 vol., 1839.
2. Chevalier, Louis, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle, Paris, Pion, 1958.Google Scholar
1. Paris et ses curiosités…, nouv. éd., Paris, Marchand, an XII-1804, 2 vol., t. II, p. 48.
2. Paris, V. Magen, 1843, 2 vol.
3. Voir Pontmabtin, , Mes Mémoires. Enfance et jeunesse (Paris, Dentu, 1882), p. 111 Google Scholar et suiv.
4. Voir dans Le Petit Diable boiteux (Paris, Painparré, 1823), p. 134-136, une scène amusante qui a pour cadre un cabinet de lecture.
5. Cette répartition est faite selon l'actuelle délimitation des arrondissements et des quartiers.
1. J'ai donné la bibliographie du sujet dans L'Image de la Belgique dans les lettres françaises, de 1830 à 1870, Paris, Nizet, 1957.
2. Louis DE Hessem, « Le Cinquantenaire de la Bibliothèque Charpentier », Le Livre, Revue du Monde littéraire. Bibliographie rétrospective, 1888, p. 233-249.
1. Atkinson, Nora, Eugène Sue et le roman-feuilleton, Thèse, Paris, 1929, p. 6–10.Google Scholar
2. Voir ci-dessus, p. 526 et 527.