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L'Autochtonie: Une Topique Athénienne Le mythe dans l'espace civique
Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
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Pièce maîtresse de la guerre idéologique opposant les cités entre elles ou support des représentations symboliques de la collectivité ', le mythe joue son rôle dans la polis, face à elle-même, face aux autres poleis. Il y gagne une histoire, ce qui n'enchante guère les mythologues, guère plus les historiens, une histoire pourtant qui n'est pas sans interférences avec celle, politique, sociale, idéologique, de la collectivité. Il y gagne surtout, parce qu'il tient un discours à la cité, pour la cité, d'être l'une des voix intérieures de l'imaginaire politique: toujours déjà là mais aussi toujours réactualisés, les schèmes mythiques légitiment et modèlent l'expérience civique. La polis les utilise, mais peut-être aussi cède-t-elle à la persuasion de ces dits très anciens.
To study a myth in its civic anchorage does not correspond to considering it as a mere instrument at the disposal of political manipulations but implies also an attentive examination of the work it operates on the city's expression, even at a certain distance from its own location. For a myth inscribed in a given civic space is worded in a different language according to whether it is evoked on the Acropolis, at the Ceramica or in the Agora. Nevertheless, it is always its voice that is heard, even within the most « secularized » formulations, such as that of the topos of autochtony in a funeral oration. Thus, on the sacred hill of the Acropolis and in the national cemetary of Ceramica, the myth of autochtony presents two models of identity conception of the Athenian city... assembly of a collective community for a religious celebration around the hero-founder Erichthonios—an original unit without the mediation of the autochtones' polis; but the political transparency of prose expression does not exclude the myth 's meaning and in the funeral oration, autochtony is voiced as in the Panathenae, in a language of kinship.
- Type
- Les Domaines de l' Histoire
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1979
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L'occasion m'a été donnée de présenter les grandes lignes de ce texte devant le séminaire de troisième cycle des universités de Suisse romande: que tous ceux qui ont participé à la discussion soient ici remerciés des suggestions qu'ils ont bien voulu me faire, et tout particulièrement Cl. Bérard, Cl. Calame et J. Rudhardt. Je dois beaucoup aux remarques de Nathalie Daladier, Maria Daraki et Pauline Schmitt, à la lecture attentive que P. Vidal-Naquet a faite de ce texte à chacune de ses étapes.
1. Sur ces deux aspects de la fonction politique des mythes, voir Nilson, M. P., Cuits, Myths, Oracles and Politics in Ancient Greece, Lund, 1951, pp. 49-80 Google Scholar et 81-87.
2. Voir par exemple Hérodote, VII, 161, Platon, Ménexène, 254 d et les multiples occurrences du thème de l'autochtonie dans les Oiseaux d' Aristophane.
3. Sur cette opposition, voir Loraux, N., « Naître enfin mortels » et « La politique athénienne du mythe », à paraître dans le Dictionnaire des mythologies (actuellement sous presse)Google Scholar.
4. Cf. Iliade, II, 545-6, où « ceux d' Athènes » et « le peuple d'Érechthée » sont des synonymes. Érechthée ou Érichthonios nommant Athènes: voir Hérodote, VIII, 44 et le marbre de Paros (F. Gr. Hist., 239 A 10). Cette liste ne prétend pas à l'exhaustivité, pas plus que les références qui suivront.
5. Apollodore, Bibliothèque, III, 14, 1; cf. Platon, Lois, I, 626 d 3-5.
6. On notera que chez Hérodote (VIII, 44), Kékrops est basileus (roi) cependant qu'Érechthée, tel un magistrat, exerce Xarche (le pouvoir mais aussi la charge officielle).
7. Voir le commentaire de Thucydide, II, 15, 1 («à l'époque de Kékrops et des premiers rois»…) par Harrison, J. E., Primitive Athens as described by Thucydides, Cambridge, 1906 (réimpr. Chicago, 1976), pp. 43 et 60Google Scholar.
8. J. E. Harrison, op. cit., Elderkin, G. W., « The Cuits of the Erechtheion », Hesperia, 10 (1941), pp. 113-124 Google Scholar, bien d'autres encore.
9. Il existe certes des traditions locales d'autochtonie (cf. Hérodote, IX, 73 et Pausanias, I, 14, 7), mais il convient de ne pas surestimer la « rivalité » entre tradition des dèmes et orthodoxie de la polis.
10. Le texte d' Hérodote évoqué ci-dessus semble indiquer que tradition locale et tradition civique de l'autochtonie s'accordent à s'opposer au thème du synoecisme (rassemblement de tous les dèmes en une cité), visé à travers la personne du « rassembleur » Thésée.
11. Cf. Pausanias, I, 26, 6 (à propos de la statue cultuelle de l'Érechthéion) et Thucydide, II, 15, 2 (la fête des Sunoikia dédiée à la déesse).
12. Dans Hérodote, VIII, 44, le nom de Kékropides n'est qu'une épiclèse (), celui d' Athéniens un onoma .
13. Voir Rudhardt, J., « Une approche de la pensée mythique: le mythe considéré comme un langage »;, Studia philosophica, 26 (1966), pp. 208-237 Google Scholar.
14. ARV2 1268, 2. Voir Brommer, F., « Attische Kônige »;, Charités. Mélanges Langlotz, Bonn, 1957, pp. 152-164 Google Scholar.
15. Sur Vaiôn, voir Benveniste, E., « Expression indo-européenne de l'éternité », Bulletin de la société de linguistique, 38 (1937), pp. 103-112 Google Scholar.
16. Naissance d'Érichthonios: du premier au dernier quart du ve siècle, avec un temps fort entre 475 et 450 ( Metzger, H., « Athéna soulevant de terre le nouveau-né: du geste au mythe », Mélanges P. Collart, Lausanne, 1976, pp. 295-303 Google Scholar; voir p. 298). Représentation des héros nationaux athéniens: du lendemain des guerres médiques à la fin du ve siècle (cf. F. Brommer, op. cit., p. 155 et Kron, U., Die Zehn attischen Phylenheroen. Geschichte, Mythos, Kult und Darstellungen, Berlin, 1976 Google Scholar).
17. Iliade, II, 546-551.
18. Sur deux vases, l' Acropole, symbolisée par l'olivier, est explicitement désignée comme le lieu de la naissance d'Érichthonios (cratère de Palerme ARV2 1339, 3; cratère Adolphseck ARV2 1346, 1).
19. Cf. Platon, Ménexène, 237 b-c.
20. Lévêque, P. et Vidal-Naquet, P., Clisthène l' Athénien. Essai sur la représentation de l'espace et du temps dans la pensée politique grecque…, Paris, 1964, p. 77, note 3Google Scholar.
21. Ibid., pp. 16-17. Voir aussi Humphreys, S. C., « Città e campagna nella Grecia antica », Rivista Storica Italiana, 83 (1971), pp. 124-129 Google Scholar.
22. L' Acropole comme polis: Thucydide, II, 15, 6; l' Acropole comme astu: cf. Gernet, L., « Droit et ville dans l'antiquité grecque », Anthropologie de la Grèce antique, Paris, 1967, p. 376 Google Scholar (l'olivier de l' Acropole comme « olivier de la ville »). — L' Acropole comme téménos d' Athéna: J. E. Harrison, op. cit., pp. 37-39 (mais cf. Aristophane, Lysistrata, 483).
23. A commencer par le quadrillage clisthénien: il ne semble pas que l' Acropole ait été intégrée dans un dème. Il est vrai que son nom de polis indique assez que la colline n'est pas une partie de la cité, mais vaut pour le tout. On observera inversement que le Céramique fait, comme il est normal, partie d'un dème.
24. Même si l'autochtonie concerne la totalité de la cité, son caractère fortement politique et l'existence d'autochtones ruraux en concentrent les signes dans l'espace de la ville.
25. Voir N. Loraux, L'invention d' Athènes, thèse encore inédite, à paraître, I, 1.
26. A l'exception près — de taille, il est vrai —, pour les héros, de l'excursus des Éponymes dans l'épitaphios de Démosthène.
27. Cette citation est empruntée, ainsi que la suivante, à Martin, R., Recherches sur l' Agora grecque, Paris, 1951, pp. 165 et 258-259 Google Scholar.
28. Ainsi dans I'Ajax de Sophocle (201-202), les Salaminiens, qui sont des Athéniens récents, n'en sont pas moins qualifiés d'Érechthéides. Emploi du terme Ërechthéides dans la langue poétique: voir encore Pindare, Isthmiques, IL 19, Pythiques, VII, 10; Sophocle, Antigone, 981-982, etc.
29. Ce qu'affirment une scholie à l' Iliade (II, 546-548) et 1'' Etymologicum Magnum, s. v. Erechtheus. Ce nom serait une glose étymologique sur la naissance de l'autochtone, né de la terre (chthôn) et du brin de laine (érion) ou de la lutte (éris) d' Athéna et d' Héphaïstos.
30. La coupe du peintre de Kodros, citée note 14, nomme l'enfant Érichthonios. Sur Érechthée et Érichthonios chez Euripide, voir Ermatinger, E., Die attische Autochthonensage bis auf Euripides, Berlin, 1897, pp. 109 ssGoogle Scholar.
31. Sur cette division, voir F. Brommer, « Attische Kônige », p. 158 et Burkert, W., « La saga délie Cecropidi e le Arrefore: dal rito di iniziazione alla festa délie Panatenee », dans Il Mito (M. Détienne éd.), Bari, 1974, p. 48 Google Scholar, note 48. On consultera également le dossier chez E. Ermatinger, op. cit., pp. 37 et 62.
32. Voir Vian, F., La guerre des Géants. Le mythe avant l'époque hellénistique, Paris, 1952, pp. 254 et 278Google Scholar, ainsi que W. Burkert, op. cit., note 46.
33. Ainsi que l'observe Bérard, Cl., Anodol. Essai sur l'imagerie des passages chthoniens, Neuchâtel, 1974, p. 35 Google Scholar. Sur Spartes, Gègéneis et Géants, voir Vian, F., « La fonction guerrière dans la mythologie grecque », dans Problèmes de la guerre en Grèce ancienne (J.-P. Vernant éd.), Paris- La Haye, 1968, pp. 53-68 CrossRefGoogle Scholar.
34. Voir F. Vian, La guerre des Géants, pp. 246-255 et W. Burkert, op. cit., p. 47; sur Kronia et Sunoikla, sur les Panathénées et les charges publiques, voir F. Vian, ibid., p. 259 et Brelich, A., Paides e parthenoi, Rome, 1969, pp. 315-316 Google Scholar.
35. Mommsen, A., Feste der Stadt Athen, Leipzig, 1898, pp. 155 ssGoogle Scholar.
36. Pannuchis: Deubner, L., Attische Feste2, Berlin, 1956, p. 24 Google Scholar et F. Vian, ibid., p. 250 (le texte essentiel est Euripide, Héraclides, 777-783). — Sacrifice à Pandrosos: L. Deubner, op. cit., pp. 26-27.
37. Totalisante, c'est-à-dire rassemblante, plutôt que « totalitaire » (F. Vian, op. cit., p. 257, à propos du sacrifice panathénaïque).
38. Que la formule « Érechthée est mort, vive Érichthonios: », Burkert, op. cit., p. 48) résume ou non le sens des Panathénées, on observera que la mort d'Érechthée, qui le « cache » dans le sol (Euripide, Ion, 281: ), inverse le mouvement de la naissance d'Érichthonios.
39. Sur les « Athéniennes », voir toutefois les remarques de P. Vidal-Naquet (” Le cru, l'enfant grec et le cuit », dans Faire de l'histoire (J. Le Goff et P. Nora éds.), III, Paris, 1974, p. 154.
40. On rappellera les amulettes que portent les nourrissons en « imitation » d'Érichthonios (Eur., Ion, 1429; cf. 16 ss.), les rites des Arrhéphoria et leur rapport avec l'histoire des Kékropides, la prestation du serment des éphèbes dans le sanctuaire d' Aglauros, le rôle de la prêtresse d' Athéna auprès des nouvelles épousées: cf. W. Burkert, op. cit., pp. 43-48, A. Brelich, Paides e parthenoi, ch. n (” Le fanciulle ateniesi ») et p. 289, ainsi que Jeanmaire, H., Couroi et courètes, Paris, 1939 Google Scholar (réimpr. New York, 1975), pp. 264-267 et 291-292.
4. Pour la canalisation des femmes et de la famille dans les funérailles publiques, voir L'invention d' Athènes, I, 1.
42. Ainsi qu'en témoigne l'œuvre de Thucydide; cf. Longo, O., « Atene fra polis e territorio », Studi italiani difilologia classica, 46 (1974), pp. 5-21 Google Scholar et « La polis, le mura, le navi », Quaderni di storia, 1 (1975), pp. 87-113.
43. Parce qu'elle est l'arche d' Athènes (cf. Lysias, Épitaphios, 17; Isocrate, Panégyrique, 25; Démosthène, Épitaphios, 3), l'autochtonie est à la fois origine, début et fondement: l'hypothèsis du discours sur Athènes (Isocrate, ibid., 23).
44. Cf. Démosthène, Épitaphios, 6 (l'aiôn); Lysias, Épitaphios, 17 et Démosthène, ibid., 4 (hic et nunc).
45. L'autochtonie est présentée comme eugéneia (noblesse) par tous les épitaphioi, à l'exception de celui de Périclès. 46. Le refus en est clairement formulé par Hypéride (Épitaphios, 7).
47. Cf. Lysias, Épitaphios, 17-19.
48. Hérodote, VII, 161 (texte qui présente une grande ressemblance avec la thématique de l'oraison funèbre); Lysias, Epitaphios, 17; Ménexène, 237 b3 et 5; Démosthène, Epitaphios, 4; Hypéride, Epitaphios, 1. A quoi l'on ajoutera la tirade de Praxithea, extraite de l' Erechthée d' Euripide par Lycurgue (Contre Léocrate, 100) sur le citoyen de nom et pas de fait.
49. Voir surtout Thucydide, II, 36, 1.
50. Cf. Aristote, Politique, III, 1276 a 34-bl.
51. L'exemple le plus pertinent en est Lysias, 17 où il est inutile de « sous-entendre » .
52. Euripide, Phéniciennes, 821 (on observera toutefois que c'est là une vision athénienne de l'autochtonie thébaine). Gègéneis (fils d'une Terre primordiale) et autochtones (enfants du sol civique): voir Cl. Bérard, Anodoi, pp. 34-35.
53. Les vrais citoyens et les immigrants: Thucydide, II, 36 et Hérodote, VII, 161; permanence du thème de ïaiàn: Démosthène, Epitaphios, 6.
54. Ménexène, 238el-239a5. A propos de ces oppositions dans ïépitaphios de Lysias, voir Loraux, N., «Marathon ou l'histoire idéologique», Rev. Et. Ane, 75 (1973), pp. 13-42 Google Scholar.
55. Sur les dix tribus, voir l'étude récente de Roussel, D., Tribu et cité, Paris, 1976, pp. 269-289 Google Scholar (citation p. 282).
56. On désigne conventionnellement sous ce nom les « listes de tués » athéniens; sur l'abstraction civique qui les anime, voir L'invention d' Athènes, I, 1.
57. Thucydide, VII, 69, 2, commenté par U. von Wilamowitz-Moellendorf, , Aristoteles und Athen, II, Berlin, 1893, ch. 7 (” Der athenische Name »), p. 171 Google Scholar.
58. D. Roussel, op. cit., p. 283, récusant la comparaison de la phulè clisthénienne « avec une grande famille »: « on était de la phulè Antiochis, mais on n'était pas un Antiochide ».
59. Démosthène, Epitaphios, 27-31.
60. H. Pope, « Erechtheus and the Erechtheids », Mélanges Robinson, II, Saint-Louis (Miss.), 1953, pp. 1044-1051.
61. Pausanias, I, 5, 1.
62. Sur le silence entourant Clisthène au ve siècle, voir Lévêque et Vidal-Naquet, Clisthène l' Athénien, pp. 117-118.
63. Ouvrage cité note 16. Sur la représentation du héros éponyme comme tel ou comme héros mythique, voir aussi Harrison, H. B. « Hesperides and Heroes. A Note on the Three Figure Reliefs », Hesperia, 33 (1964), pp. 76-81 Google Scholar.
64. Scène d'adieux: U. Kron, P 7 et 8; scène idyllique dans un paradis des Bienheureux: deux vases du peintre de Midias (U. Kron, P 9 et Ak 33). Tous ces vases datent des années 430-400; on rappellera que le monument des Éponymes est daté autour de 425: coïncidence ? ou reviviscence du culte des Éponymes durant la guerre du Péloponnèse ?
65. Voir les remarques de U. Kron, op. cit., p. 117.
66. Cf. Bérard, Cl., « Récupérer la mort du prince », à paraître dans les Actes du colloque d' Ischia sur l'idéologie funéraire dans le monde antique (décembre 1977), Cambridge et Paris, 1979 Google Scholar.
67. Oineus: Démosthène et Pausanias ne s'accordent même pas sur son identité (Démosthène, Epitaphios, 30; Pausanias, I, 5, 2). — Sur Léôs, voir U. Kron, op. cit., pp. 201-236.
68. Voir le dossier réuni par U. Kron; on notera 1) que l'enfant Érichthonios est plus volontiers représenté que le roi Êrechthée, lui-même toujours considéré comme héros mythique plus que comme éponyme; 2) que les personnages identifiés comme Êrechthée ou Kékrops sur les reliefs de certains décrets de tribus sont toujours associés à l' Acropole (présence de l'olivier).
69. Voir Démosthène, Epitaphios, 27, Pausanias, I, 5, 2. On notera qu'une fois franchies les bornes de l' Agora, le mythe d'autochtonie reprend ses droits: ainsi à l' Héphaïsteion (qui surplombe l' Agora du côté du monument des Éponymes) l'autochtone s'appelle Érichthonios (cf. Pausanias, I, 14, 6).
70. Démosthène, Epitaphios, 30; Pausanias, I, 5, 3.
71. Voir R. Martin, Recherches sur l'agora grecque, pp. 301 -305, ainsi que Thompson, H. A. et Wycherley, R. E., The Agora of Athens. XIV, Princeton, 1972, p. 51 Google Scholar.
72. Fils de Gè: Iliade, II, 548; Hérodote, VIII, 55; Euripide, Ion, 267. — Fils de Gè et d' Héphaïstos: Isocrate, Panathénaïque, 126; Pausanias, I, 2, 6; Platon, Timée, 23e 1-2. — Fils d' Athéna et d' Héphaïstos: on trouvera toutes les références dans Cook, A. B., Zeus. A Study in Ancient Religion, III, 1, Cambridge, 1940, pp. 218-223 Google Scholar.
73. Euripide, Médée, p. 824 ss.
74. La formulation des deux premières questions est empruntée à Cl. LÉVI-Strauss, Anthropologie structurale, I, Paris, 1958, p. 239.
75. Voir Peradotto, J., « Oedipus and Erichthonius. Some Observations on Paradigmatic and Syntagmatic Order », Arethusa, 10 (1977), pp. 85-101 Google Scholar (et surtout p. 94).\
76. Par exemple Delcourt, M., Hephaïstos ou la légende du magicien, Paris, 1957, p. 147 Google Scholar.
77. Le modèle antique de ces reconstructions modernes se trouve chez Saint Augustin, Cité de Dieu, 18, 12; voir, entre autres, Harrison, J. E., Mythology and Monuments of Ancient Athens, Londres, 1890, p. xxviii Google Scholar et Jeanmaire, H., « La naissance d' Athéna et la royauté magique de Zeus », Rev. Arch., 48 (1956), pp. 12-39 Google Scholar (passage cité pp. 32-33).
78. Iliade, II, 547-549 (trad. Mazon modifiée).
79. Cf. H. Jeanmaire, Couroi et courètes, p. 283. Tréphein signifiant « favoriser (par des soins appropriés) le développement de ce qui est soumis à croissance »: voir Benveniste, E., Problèmes de linguistique générale, I, Paris, 1966, p. 293 Google Scholar.
80. Cf. Souda, s.v. Kourotrophos. On ajoutera que l'étape « archaïque » du sacrifice des Panathénées associe étroitement Gè et Athéna: voir F. Vian, La guerre des Géants, p. 257.
81. Euripide, Héraclides, 770-772 (voir aussi 777-783, où l'évocation de la pannuchis confirme, s'il en était besoin, qu'il s'agit bien d' Athéna et non, comme on l'a cru souvent, de Gè).
82. Comme Kerényi, K., Die Jungfrau und Mutter der griechischen Religion. Eine Studie über Pallas Athene, Zurich, 1952, pp. 20-21 Google Scholar et Herington, C. J., Athena Parthenos and Athena Polias, Manchester, 1955, p. 44 Google Scholar.
83. Ovide, , Métamorphoses, II, 553 Google Scholar.
84. La notion de « fait linguistique » est empruntée à C. J. Herington, op. cit., p. 55 (chaque fois qu'un Athénien énonce le nom d' Athènes, il entend celui d' Athéna).
85. Harrison, J. E., Prolegomena to the Study of Greek Religion, Cambridge, 1908, p. 300 Google Scholar. Chez Cook (Zeus, III, 1, p. 224), Athéna est également nommée d'après Athènes. De Nilsson à Chantraine (Dictionnaire étymologique, s.v. Athéna), c'est la position inverse qui prévaut actuellement (voir cependant Burkert, W., Griechische Religion des archaischen und klassischen Epoche, Berlin, 1977, p. 220 Google Scholar).
86. Voir l'important passage des Lois (I, 626 d) sur l'éponymie divine d'v Athènes.
87. Aristophane, Oiseaux, 829-831; on observera que cette définition d' Athènes survient au moment précis où il s'agit de nommer la nouvelle cité.
88. Varron in Saint Augustin, Cité de Dieu, 18, 9. Sur ce mythe, voir les remarques de Vidal-Naquet, P., « Esclavage et gynécocratie dans la tradition, le mythe, l'utopie », Recherches sur les structures sociales dans l' Antiquité classique, Paris, 1970, pp. 63-80 Google Scholar.
89. Voir le dossier dans U. Kron, op. cit., pp. 249-252.
90. Le mot anodos désigne conventionnellement une scène représentant un personnage qui émerge du sol; Cl. Bérard parle à ce sujet de « passage chthonien » (Anodoi, p. 22). On observera toutefois qu'ici ce n'est pas Gè qui « passe », c'est l'enfant. Gè va retourner dans les profondeurs du sol, mais en vertu de la convention buste = mouvement (Bérard, op. cit., p. 27), sa figuration suffirait déjà à suggérer un passage, indépendamment du geste d'Érichthonios.
91. Présence de Zeus: hydrie du peintre d' Oinanthè, British Muséum E 182 (ARV1 580, 2). Rien n'autorise Cook (Zeus, III, 1, pp. 181 -187) à déclarer que Zeus est le protagoniste obligé de la scène, dont Hephaïstos ne serait qu'un substitut.
92. Cf. H. Metzger, op. cit., p. 302.
93. Euripide, Ion, 269-272. Passage capital en ce que le texte s'y réfère à l'imagerie.
94. Simon, E., Die Geburt der Aphrodite, Berlin, 1959, p. 51 CrossRefGoogle Scholar. Voir encore J. E. Harrison, ibid., p. xxx, à propos de la coupe du peintre de Kodros (voir planche 1), où Athéna est sans casque et a tourné son égide dans le dos, « touches légères qui la désignent comme mère beaucoup plus que comme guerrière ».
95. Verticalité: N. Belmont, « Levana ou comment élever les enfants », Annales ESC, janv.- fév. 1973, pp. 77-89. Anodos comme convention: Cl. Bérard, op. cit., p. 34.
96. Voir les remarques de H. Jeanmaire, Couroi et courètes, pp. 292-294.
97. Hymne homérique à Hermès, 17-18, 20-23 et 150-153. Sur ce texte, voir tout récemment Kahn, L., Hermès passe, Paris, 1978 Google Scholar.
98. Voir Gernet, L., « Fosterage et légende », Mélanges G. Glotz, I, Paris, 1932, pp. 385-395 Google Scholar.
99. Voir l'amphore de Boulogne-sur-Mer (n° 572; planche 2) où Pelée confie le jeune Achille au Centaure Chiron. D'autres documents, littéraires et figurés, suggèrent que c'est vers le père que l'enfant tend ainsi les bras (par exemple un passage d' OEdipe à Colone [846] et un cratère en calice du Musée de Berlin [n° 3974], documents sur lesquels Nathalie Daladier a attiré mon attention).
100. Cf. L. Gernet, « Sur le symbolisme politique: le Foyer commun ». Anthropologie de la Grèce antique, pp. 387 et 389.
101. Sur les Amphidromies, rite de reconnaissance de l'enfant par le père, voir Vernant, J.-P., « Hestia-Hermès. Sur l'expression religieuse de l'espace chez les Grecs », Mythe et pensée chez les Grecs1, Paris, 1971, pp. 124-170 Google Scholar (et surtout 158-164).
102. Ion, 10-36. Je me propose de reprendre la question dans une étude sur Ion, tragédie de l'autochtonie.
103. Sur ce point, je m'écarte des analyses de H. Metzger (article cité, p. 302): Athéna ne joue pas le rôle de la « levatrice » romaine qui remet l'enfant à sa famille, mais celui du père athénien qui, une fois l'enfant « levé », peut alors le remettre à sa nourrice.
104. Voir Loraux, N., « Sur la race des femmes et quelques-unes de ses tribus », Arethusa, 11 (1978), pp. 43-87 Google Scholar (p. 43).
105. Isocrate, Panégyrique, 24; Lycurgue, Contre Léocrate, 48; Démosthène, Épitaphios, 4.
106. En vertu de laquelle seul est citoyen Xanèr issu de père athénien et de mère athénienne (c'est-à-dire fille d'un Athénien).
107. Démosthène, Épitaphios, 4.
108. Lysias, Épitaphios, 17.
109. Isocrate, Panégyrique, 25; dans ce passage, c'est bien explicitement la cité qui mérite ces titres — aboutissement logique du double processus, d'occultation de Gè, d'idéalisation de polis, observé dans tous les épitaphioi.
110. Hegel, , Leçons sur la philosophie de l'histoire, trad. fr., Paris, 1963, p. 194 Google Scholar.
111. Voir L'invention d' Athènes, VI, 1.
112. Platon, Ménexène, 249 b 7 - c 2 et surtout 249 a 4-5.
113. Comme C. J. Herington, Athena Parthenos and Athena Polias, pp. 55-57 et 59.
114. Thucydide, II, 42, 2, commenté par Knox, B. M. W., Oedipus at Thebes. Sophocles’ Tragic Hero and his Time, New Haven et Londres, 1966, pp. 160-161 Google Scholar.
115. Glotz, G., La cité grecque2, Paris, 1968, pp. 153-154 Google Scholar.
116. Platon, Timée, 21 a 1-2.
117. Je prends ce mot dans le même sens que Lefort, Cl., parlant de « travail de l'œuvre » (Le travail de l'œuvre Machiavel, Paris, 1972)Google Scholar.
118. Voir Castoriadis, C., L'institution imaginaire de la société, Paris, 1975, pp. 159-230 Google Scholar.
119. Ces expressions renvoient à Platon, République, II, 377 b-e et III, 414 c (où le « beau mensonge » a d'ailleurs beaucoup à voir avec l'autochtonie).
120. « Signifier à distance »: Cl. Lefort, Le travail de l'œuvre Machiavel, p. 11.
121. La scène tragique est pour les mythes lieu de mise à distance: voir Vernant, J.-P. et Vidal-Naquet, P., Mythe et tragédie en Grèce ancienne, Paris, 1972 Google Scholar; la tragédie et l'interférence: P. Vidal-Naquet, ibid., p. 140.
122. Cf. Euripide, Médée, p. 824 ss, où les Athéniens sont à la fois descendants des dieux et issus du sol.
123. La traduction conventionnelle de parthenos (la « vierge ») ne doit pas faire oublier que la « virginité » grecque se définit d'abord par la situation de la parthenos, en deçà du mariage légitime.
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- Cited by