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Histoire et sociologie du Vêtement
Quelques observations méthodologiques
Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
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Jusqu'au Début du XIXe Siècle, il n'y a pas eu, à proprement parler, d'Histoire du Costume, mais seulement des études d'archéologie antique ou des recensions d'habits par qualité. A l'origine, l'Histoire du Costume a été un fait essentiellement romantique, soit qu'il s'agît de fournir aux artistes, peintres d'époque ou hommes de théâtre, les éléments figuratifs de la « couleur locale » nécessaire à leurs œuvres, soit que l'historien s'efforçât d'établir une équivalence entre la forme vestimentaire et 1' « esprit général » d'un temps ou d'un lieu (Volksgeist, Zeitgeist, spirit of the time, caractère moral, ambiance, style, etc.). Les travaux proprement scientifiques sur le costume sont apparus vers 1860 ; ce sont des travaux d'érudits, d'archivistes comme Quicherat, Demay ou Enlart, d'ordinaire médiévistes ; leur propos principal est de traiter le costume comme une addition de pièces, et la pièce vestimentaire elle-même comme une sorte d'événement historique, dont il convient avant tout de dater l'apparition et de donner l'origine circonstancielle.
- Type
- Essais
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1957
References
page 430 note 1. On trouvera une liste de ces travaux (par siècle) dans Colas, R., Bibliographie générale du costume et de la mode, Paris, Librairie Colas, 1932-1933, 2 vol. in-4°Google Scholar (t. II, p. 1412 sq.), et dans Enlart, C., Manuel d'archéologie française, Paris, Picard, 1916, in-8° (t. III, p. XXI).Google Scholar
page 430 note 2. Quicherat, J., Histoire du Costume en France, Paris, Hachette, 1875, III–680 p.Google Scholar ; Enlart, op. cit. ; Demay, G., Le Costume au moyen âge, d'après les sceaux, Paris, Dumoulin et Cie, 1880, in-4°, 496 p.Google Scholar
page 431 note 1. Les meilleurs dessins, parce que se donnant ouvertement pour schématiques, sont ceux de : Truman, N., Historié Costuming, Londres, Pitman, 1936, XI–156 p., in fine.Google Scholar
page 431 note 2. L'histoire de la langue est ici d'un faible secours : non seulement une pièce peut changer de nom sans changer de fonction, mais, inversement, elle peut changer de fonction sans changer de nom. Au reste, la lexicologie du vêtement est encore très fragmentaire (Voir : A. J. Gbeimas, La mode en 1830…, thèse dactylographiée, 1948, et É. Lundquist, R., La mode et son vocabulaire, Gôteborg, 1950, 190 p.Google Scholar
page 431 note 3. Il y aurait lieu de recenser toutes les translations de pièces. Une loi s'en dégagerait peut-être, qui semble toujours pousser la pièce de l'interne vers l'externe ; seuls les psychanalystes ont traité jusqu'à présent ce point.
page 432 note 1. Varagnac, A., Définition du Folklore, Paris, Soc. d'Ed. géogr., maritimes et coloniales, 1938, VIII-66 p. (p. 21).Google Scholar
page 432 note 2. L'apparition de la supercherie vestimentaire, à la fin du XVe siècle, ne peut être comprise que si on la lie organiquement à une transformation idéologique de la fonction de « paraître » social. Quicherat lui-même (op. cit., p. 330) n'a pas hésite à la mettre en rapport avec la naissance du capitalisme ; mais ce genre d'observations est très rare.
page 432 note 3. Febvre, Lucien, « Le problème des divisions en histoire », in Bulletin du Centre International de Synthèse historique, n° 2, déc. 1926, p. 10 sq.Google Scholar
page 433 note 1. Sur la régularité profonde des rythmes de mode, voir Richardson, J. et Kroeber, A. L., Three centuries of women'sfashions, a quantitative analysis, Univ. of California Press, 1940, in-4°.Google Scholar
page 433 note 2. Le retour de certaines formes à des siècles de distance a induit certains auteurs à replacer le costume dans les perspectives d'une sorte d'anthropologie universelle. Voir à ce sujet Broby-Johansen, R., Kropp och Kläder, Copenhague, 1953, 247 p.Google Scholar, et Rudofsky, B., Are Clothes modem ? Chicago, Paul Theobald, 1947, 241 p.Google Scholar
page 433 note 3. Pour cette discussion, voir surtout : Fiugel, The Psychology of Clothes, Londres, Hogarth Press, 1950, 257 p., ch. I, et H. et Hiler, M., Bibliography of Costume, New York, H. W. Wilson C°, 1939, 4e Google Scholar édit., préface. Sur le motif de pudeur, outre les ouvrages cités : Binder, P., Muffs and Mordis, Londres, G. G. Harrap, 1953, 256 p.Google Scholar et Peterson, E., Pour une théologie du vêtement, Lyon, Ed. de l'Abeille, 1943, 23 p.Google Scholar
page 433 note 4. Gurvitch, G., La vocation actuelle de la Sociologie, Paris, P.U.F., 1950, ch. I.Google Scholar
page 434 note 1. Il est évident que plus la fabrication est standardisée, plus le système vestimentaire est fort. Voir à ce sujet les observations de G. FRIEDMANN sur les usines de fabrication du gilet et du veston, in Le Travail en miettes, Paris, Gallimard, 1956 (p. 29 sq).
page 435 note 1. Saussure, Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1949, 4e éd., 331 p. On préférera ici la formulation du structuralisme par Saussure à celle de ses épigones de l'Ecole de Prague, plus étroite ; celle de Saussure est plus historique, bien plus proche du durkheimisme. Quant à la possibilité d'extrapoler le saussurisme à d'autres disciplines que la linguistique, elle se trouve impliquée dans le saussurisme lui-même, qui est fondé sur un postulat épistémologique général.
page 435 note 2. Ullmann, S., Précis de sémantique française, Paris, P.U.F., 1952, 334 p. (p. 16).Google Scholar
page 436 note 1. Troubetskoy, N. S., Principes de phonologie, trad. Cantineau, J., Paris, Klincksieck, 1949, XXXIV–396 p.Google Scholar
page 436 note 2. A titre d'hypothèse de travail, nous proposons de classer les faits d'habillement de la façon suivante :
1° Dimensions individuelles du vêtement, en fonction de la taille du porteur. — 2° Degré et particularités d'usure, de désordre ou de saleté. — 3° Carences partielles, absences de pièces. — 4° Non usage (boutons non boutonnés, manches non enfilées, etc.). — 5° Protection pure, non formalisée (vêtement improvisé). — 6° Choix des couleurs (à l'exception des couleurs ritualisées : deuil, mariage, uniformes, tartans, etc.). — 7° Dérivations circonstancielles d'emploi d'une pièce. — 8° Gestes d'usage non stéréotypés, propres au porteur. — 9° Anomalies et dérogations aux faits de costume.
page 436 note 3. On peut proposer les précisions suivantes:
I. Pièces : 1° Formes, substances ou couleurs formalisées ou ritualisées. — 2° Usages circonstanciels fixes. — 3°. Gestes stéréotypés. — 4° Modalités consacrées de port. — 5° Distribution des éléments accessoires (poches, boutons, etc.).
II. Systèmes ou assortiments : 1° Système global apparent (” tenue »). — 2° Système partiel formant une unité d'usage ou de signification. — 3° Incompatibilité de pièces. — 4° Congruences de pièces. — 5° Jeu d'apparition de l'externe et de l'interne.— 6° Faits d'habillement reconstitués artificiellement à des fins significatives et à l'usage d'un groupe (costumes de théâtre, de cinéma).
page 437 note 1. Voir à ce sujet Greimas, A. J., L'actualité du saussurisme, in Le Français moderne, juil. 1956, p. 202.Google Scholar
page 437 note 2. Le « mannequin » ou la « cover-girl » représentent la réunion la plus étroite possible du fait d'habillement et du fait de costume : il y a dans le vêtement de collection des traces d'habillement (dimensions du porteur), mais ces traces sont infimes, puisque la finalité même de l'habillement est ici de présenter un costume.
page 438 note 1. Sir George H. Darwin, « Development in Dress », Macmillan's magazine, sept. 1872.
page 438 note 2. C'est ce qu'ont tenté de faire en phonologie Haudricourt et Juilland (Essai pour une histoire structurale du phonétisme français, Paris, Klincksieek, 1949).
page 438 note 3. Les fonctions psychologiques et les œuvres, J. Vrin, 1948, ch. II.
page 439 note 1. On trouvera la bibliographie (déjà ancienne, il est vrai) des enquêtes et questionnaires de psychologie des motivations sur le vêtement dans É. Barr, Young, A Psychological analysis of fashion motivation, New York, 1934, 101 p.Google Scholar
page 439 note 2. Flügel distingue 9 types de vêtement selon la psychologie du porteur : 1° rebellious type ; 2° resigned type ; 3° unemotional type ; 4° prudish type ; 5° duty type ; 6° protected type ; 7° supported type ; 8° sublimated type ; 9° selfsatisfied type (op. cit. p. 96 sq.).
page 439 note 3. On saisira ces deux aspects de l'explication psychanalytique dans l'analyse de l'empesage (Flugel, op. cit., p. 17) donné comme mode d'extension de la personnalité et comme symbole phallique. Hors de la perspective psychanalytique, le vêtement occidental ne présente jamais de symboles (l'un des rares exemples serait le mi-partisme médiéval, symbole de division psychique). Le vêtement est fondé entièrement sur un ordre des signes, non des symboles, c'est-à-dire qu'il n'y a aucun lien de motivation entre le signifié et le signifiant.
page 440 note 1. Il va de soi que le jeu des signes vestimentaires dépend étroitement du standing du porteur comme indice de son niveau de vie.
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