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Empire, droits et citoyenneté, de 212 à 1946*

Published online by Cambridge University Press:  04 May 2017

Jane Burbank
Affiliation:
New York University
Frederick Cooper
Affiliation:
New York University

Résumé

En 1946, alors que l’Assemblée nationale constituante française débattait des articles relatifs à la nouvelle Constitution de l’empire français outre-mer, un député évoqua le précédent de l’empereur romain Caracalla, qui avait accordé la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’empire en 212 de notre ère. Cet exemple prouvait qu’il était possible d’être citoyen d’un empire sans pour autant renoncer aux « civilisations locales ». Les auteurs étudient les différentes significations de la citoyenneté et des droits au sein des empires, en s’appuyant sur deux modèles distincts – un modèle romain et un modèle eurasien – et en s’attachant à différents exemples en Russie impériale, en URSS, et dans la France du XXe siècle. L’étude va au-delà de l’association communément établie entre citoyenneté et État-nation, et entre droits et démocratie. La construction et le maintien d’un empire supposaient d’intégrer des peuples divers au sein d’une unité politique, tout en maintenant des éléments de distinction et de hiérarchie. Le fait qu’une république du XXe siècle puisse évoquer un précédent remontant à l’époque classique montre à quel point l’imaginaire et les structures impériales ont gardé leur importance. Cet article plaide en faveur de la reconnaissance de la vaste palette de modalités selon laquelle l’appartenance politique, la différence culturelle et les droits peuvent être analysés, envisagés et compris.

Abstract

Abstract

In 1946, when France's Assemblée Nationale Constituante was debating articles on France's overseas empire for a new constitution, a deputy cited a precedent: in 212 the Roman Emperor Caracalla extended Roman citizenship to all male, non-slave subjects of the empire. The example, it was argued, showed that people could be citizens of an empire without giving up ‘local civilizations’. This article explores different meanings of citizenship and rights in empires, emphasizing two different models – Roman and a Eurasian one – and focusing on the contrasting examples of imperial Russia, the USSR, and 20th century France. The discussion moves beyond the common association of citizenship with the nation-state and rights with democracy. Building and sustaining an empire, we argue, entailed balancing the incorporation of diverse people into a political unit and the maintenance of distinction and hierarchy. That a 20th century republic could look to a classical precedent suggests the continued importance of imperial imaginaries and structures; the polity was not characterized by a binary distinction between a core and a subordinate periphery but rather was a multiplex combination of different territories and people that could be governed differently. The article calls for recognition of the wide range of ways in which political belonging, cultural difference, and rights can be analyzed, envisioned, and understood.

Type
Droits et citoyenneté
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2008

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Footnotes

*

Les premières versions de cet article ont été présentées à la Columbia University, à l’Ohio State University, à l’université d’Otago, à l’université de Tasmanie, à la Griffith University et à l’École normale supérieure.Des communications apparentées ont été présentées à l’université de Sydney.Nous aimerions remercier ici les participants à ces événements pour leurs nombreux commentaires très utiles, ainsi qu’Erika Wolf et Robert Aldrich grâce à qui nous avons pu donner ces conférences en Nouvelle-Zélande et en Australie.

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31- En théorie, un ou une athée avait la possibilité de se marier légalement, à condition d’appartenir à une « tribu » ou une « nation » athée.Mais pareil concept tranchait avec la conception qu’avait le gouvernement des communautés établies de longue date avec leurs traditions culturelles, et instaurer une nouvelle collectivité religieuse restait une entreprise risquée à la fin de l’empire : voir Paul W. Werth, « Big candles and ‘internal conversion’: The Mari animist reformation and its Russian appropriations », in Khodarkovsky, M. et Geraci, R. (dir.), Of religion and empire: Missions, conversion, and tolerance in the tsarist Russia, Ithaca, Cornell University Press, 2001, p. 144172.Google Scholar

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