Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Les monarchies qui se sont édifiées progressivement en Afrique orientale offrent des modèles d'organisation sociale complexe qui ont retenu la curiosité des observateurs européens depuis un siècle. Néanmoins, l' Afrique ayant été longtemps considérée comme un domaine sans personnalité historique, les analyses qui furent données de ces sociétés se cantonnèrent le plus souvent dans des jeux de comparaisons. Les réalités observées qui ne correspondaient pas aux schémas occidentaux étaient gommées plus ou moins consciemment ou considérées comme de simples variations exotiques.
1. Maquet, J.-J., Le système des relations sociales dans le Ruanda ancien , Tervuren, 1954 Google Scholar.
2. Gravel, P. B., Remera: a community in eastern Rwanda , La Haye-Paris, 1968 Google Scholar. — Les Cahiers d' Etudes Africaines, XIV, 1974, I viennent de publier un numéro spécial sur le Rwanda, sous la responsabilité de C. Vidal, où on trouvera des études locales extrêmement riches.
3. Sur le bugabire, voir par exemple Bulletin de jurisprudence des tribunaux indigènes du Ruanda-Urundi, oct. 1947, pp. 173-199: « Le contrat d'ubugabire, une coutume murundi ».
4. Tawney, J. J., « Ugabire, a feudal custom amongst the Waha », Tanganyika, Notes and Records , XVII, juin 1944, pp. 6-9Google Scholar.
5. Meyer, H., Die Burundi , Leipzig, 1916, p. 96.Google Scholar
6. Trouwborst, A. A., « L'organisation politique et l'accord de clientèle au Burundi », Anthropologica , IV, 1962, I, pp. 9–43 Google Scholar; et « L'organisation politique en tant que système d'échanges au Burundi », Anthropologica, III, 1961, 1, pp. 65-81.
7. Rodegem, F. M., Sagesse kirundi , Tervuren, 1961 Google Scholar (répertoire de 4 000 proverbes).
8. Voir à ce sujet Goody, J., « Feudalism in Africa ? », Journal of African History , IV, 1963, 1, pp. 1–18 CrossRefGoogle Scholar; et E. M. Chilver, « Feudalism in the interlacustrine Kingdoms », pp. 378-393, dans Richards, A., East African Chiefs , Londres, 1960.Google Scholar
9. La forêt qui s'étendait jusqu'aux rives du lac Victoria aurait commencé à reculer il y a quelque 3 000 ans. Cf. Cohen, D. W., The Historical Tradition of Busoga , Oxford, 1972, p. 75 Google Scholar.
10. Voir par exemple A. B. Mukwaya, Land Tenure in Buganda, East African Studies, I, Kampala, 1959.
11. Cf. Meschi, L., « Évolution des structures foncières au Rwanda: le cas d'un lignage hutu », Cahiers d'études africaines , XIV, 1974, I, PP. 39–51.Google Scholar
12. Reining, P., « Haya Land Tenure: Landholding and Tenancy », Anthropological Quaterly , 1962, 2, pp. 58–73 CrossRefGoogle Scholar.
13. A ce sujet des remarques très pertinentes sur le Buganda, le Bunyoro et le Rwanda dans E. I. Steinhart, « Vassal and Fief in three interlacustrine Kingdoms », Cahiers d'études africaines, VII, 1967, 4, pp. 606-623.
14. Beattie, J., The Nyoro State , Oxford, 1971 Google Scholar; Kiwanuka, S., A History of Buganda. Front the Foundation of the Kingdom to içoo , Londres, 1971 Google Scholar.
15. umu ware est employé ici dans son sens générique qu'il avait autrefois et non dans celui de « sous-chef » qu'on lui a donné à l'époque coloniale. Ce substantif dérive du verbe gutwara qui signifie « porter », « apporter », « administrer ».
16. Cela correspond au « nuclear feudal cluster » de Gravel, op. cit., p. 158.
17. Un bel exemple de confusion systématique de la position de patron avec celle de chef est fournie par l'article de C. Ruhara, C. Rwamasirabo et G. Sendanyoye, « Le Buhake, une coutume essentiellement munyarwanda », Bulletin des jurisprudences indigènes et du droit coutumier congolais, mars-avril 1948, pp. 245-258.
18. Le mot correspondant en kirundi, ubwoko, signifie, « sorte », « espèce », « catégorie ».
19. Maquet, op. cit. et K. Oberg, « Le royaume des Ankole d' Ouganda », dans Fortes & Evans-Pritchard, Systèmes politiques africains, Paris, 1964, pp. 107-140. Cette description est remise en cause par Karugire, S., A History ofthe Kingdom of Nkore , Oxford, 1971 Google Scholar.
20. Pour le Bunyoro, voir le récit repris par Beattie, op. cit., pp. 36-37.
21. Au Rwanda par exemple, les « clans » regroupent des familles tutsi, hutu et twa. Voir la récente étude de M. D' Hertefelt, Les clans du Rwanda ancien, Tervuren, 1971.
22. Les familles royales constituaient souvent des catégories sociales à part: les baganwa du Burundi, les babito du Bunyoro, etc.
23. J. Czekanowski, Forschungen im Nil-Kongo-Zwischengebiet, I: Ethnographie: Zwischenseengebiet, Mpororo, Rwanda, Leipzig, 1917, pp. 261-263. On retrouve avec intérêt une classification analogue dans C. VIDAL, « Économie de la société féodale rwandaise », Cahiers d'études africaines, 1974, 1, pp. 52-74, à savoir une « aristocratie » menée par « une vingtaine de grands chefs », d'autre part les « simples particuliers » ou « roturiers » plus ou moins aisés et enfin des corvéables et « journaliers ». Le terme de biletwa employé par Czekanowski est peu clair: désigne-t-il des tenanciers ou des « journaliers » ou bien des paysans propriétaires ayant des tâches spécifiques ? De toute façon un autre article de ce même numéro récent des Cahiers d'études africaines signale enfin que le buletwa (corvée) est une institution récente. Nous avons également de bonnes raisons de le croire. En 1912 le rebelle Ndungutse ne proposait-il pas l'abolition du buletwa, considéré comme une des innovations attachées au nom du roi Musinga ? (Cf. à ce sujet notre article « La révolte de Ndungutse (1912). Forces traditionnelles et pression coloniale au Rwanda allemand », Revue française d'histoire d'outre-mer, 1972, 4, p. 667). En tout cas Czekanowski a le mérite, surtout à son époque, de ne pas abuser du vocabulaire féodal.
24. Au début du xxe siècle, les trois Résidences d' Usumbura, de Kigali et de Bukoba représentaient 50 % de la population de toute l' Afrique orientale allemande, avec environ 4 millions d'habitants.
25. Czekanowski, op. cit., p. 263.
26. A ce sujet un article très intéressant de C. Newbury, « Deux lignages au Kinyaga », Cahiers d'études africaines, 1974, 1, pp. 26-38.
27. Czekanowski, op. cit., p. 264.
28. Voir l'excellent article de E. R. Sanders, « The Hamitic hypothesis », Journal of African History, 1969, 4, pp. 521-532.
29. Sur cet aspect de la politique coloniale, voir par exemple notre article « Une révolte au Burundi en 1934. Les racines traditionalistes de l'hostilité à la colonisation », Annales E.S.C., 1970, 6, pp. 1678-1717.
30. Cf. Lemarchand, R., Rwanda and Burundi , New York, 1970, pp. 127–133.Google Scholar Des remarques analogues dans J. Iliffe, « The Age of Improvement and Differentiation (1907-1945) », dans I. N. Kimambo, et A. J. Temu, A History ofTanzania.pp. 123-160.
31. L. Dumont, Homo hierarchicus, Paris, 1966, p. 287.