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Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Alors un très bon livre? — Certes. Ce qui explique, entre parenthèses, que, les Annales l'ayant mis de côté à son apparition et classé parmi les valeurs sûres, promises à une longue et calme existence, c'est aujourd'hui seulement qu'il en est rendu compte. Un très bon livre et, j'ajoute, une heureuse contribution à l'histoire du Languedoc au XIVe siècle : fortuné Languedoc qui voit défricher son sol historique par tant de bons travailleurs se plaçant à des points de vue divers et à des époques différentes.... Philippe Wolff, pour sa part, s'est attaqué au XIVe siècle — ou plutôt à une tranche d'une centaine d'années qu'il situe, approximativement, entre 1350 et 1450. Chiffres abstraits, comme tous les chiffres. Au vrai, s'il eût dit : « Toulouse pendant la guerre de Cent Ans », il eût plaqué sur son gros livre une étiquette plus familière aux lecteurs. Scrupule, s'il ne l'a point fait : deux dates n'engagent rien ; une étiquette comme « guerre de Cent Ans » noue un lien, un rapport entre les guerres et la marchandise — disons, entre les guerres et l'économie commerciale — et donc suppose résolu d'avance un problème à débattre.
page 78 note 1. A peu près en même temps, cependant, que dans la Revue historique, l'intéressante étude de Robert Boutruche qui associe à la thèse de Ph. Wolff celles de Duby sur le Maçonnais (XIe-XIIe siècles), de Schneider sur Metz (xme et xive s.) et de Mollat (Normandie, trafic maritime, fin du moyen âge).
page 78 note 2. Commerces et marchands de Toulouse [vers 1350 — vers 1450), Paris, Pion, 1954, XXXII-710 p. in-8°, 9 pi. h. t., 18 cartes et 19 graphiques. Le dossier cartographique est remarquable (voir plus loin).
page 78 note 3. Sur ce, ou ces problèmes, voir l'étude que Ph. Wolff lui-même a bien voulu me donner pour mes Mélanges (Éventail de l'histoire vivante, t. II, p. 141). Un problème d'origines, la guerre de Cent Ans.
page 79 note 1. Parmi lesquelles des cartes de main-d'oeuvre qui permettent de bien délimiter les zones d'attraction de la ville. — Carte des relations lointaines de Toulouse : les trajets de grande importance étaient Toulouse-Tarbes-Pau-Bayonne, d'où par mer on gagnait les ports anglais, et Toulouse-Carcassonne-Perpignan, puis, par mer, Barcelone. A Garcassonne, bifurcation vers Narbonne, Montpellier et par delà Nîmes et Avignon. Trajets de moindre fréquence : Toulouse- Rodez-Le Puy-Lyon, et ensuite Dijon-Paris-Tournai ; à l'extrême pointe, Bruges et Bruxelles. La ligne directe Toulouse-Paris par Gahors semble de bien moindre importance. Et de même, les embranchements vers Burgos par Pampelune, à partir de Tarbes ; vers Saragosse par La Ainsa ; vers Barcelone, direct, par Foix — Croquis concernant la vigne : provenance des achats de vin toulousains ; nombre de pipes achetées ; Toulouse tourne résolument le dos au Bordelais, une fois de plus, et s'approvisionne dans la Haute-Garonne. — Élevage : noiffbre et proportion des animaux (bovins, chevalins, porcins, ovins, caprins, d'après les contrats de cheptel). A première vue, on est incité à dire : prédominance des ovins. Vue erronée en se sens que les cent bovins que représente un ceçcle noir et les cent moutons que représente également un petit cercle, ne sont pas de même ordre ni de même valeur. Peut-être eût-il fallu que le signe pour les caprins représente non pas une mais dix têtes ? Le schéma eût été allégé et mieux équilibré. Croquis du pastel, surtout concentré au Sud-Est de la ville, dans un triangle Toulouse-Maurissac-Saint- Michel-de-Lande. — Autres croquis concernant le bois (sur pied et ouvré) ; la draperie ; l'argenterie ; les fonderies de canons et de cloches, etc. — Plus, des cartons intéressant la répartition des clients d'une firme de marchands drapiers (1425-1442) et de deux épiciers toulousains (une centaine de références). — Tout cela ingénieux, utile, montrant bien que l'action de Toulouse se fait avant tout sentir au Sud-Est de la ville, dans la Haute-Garonne et un peu dans le Béarn, pas du tout en direction de la Guyenne. Il faudrait des croquis analogues concernant le Bordelais pour confronter les limites — et aussi Montpellier-Narbonne. On aurait par là-même un embryon de carte économique du monde languedocien assez suggestif. Une carte des péages résume les activités routières de la région. Quant aux courbes et graphiques, ils concernent le cours des écus de 1419 à 1422, des graphiques relatifs au cours des pièces d'or, à la qualité d'or fin correspondant au denier tournois d'après le franc, l'écu (1385-1417), le mouton (1417) et de nouveau l'écu (1417-50) ; la nature des paiements (en or ; en or et en argent ; argent) et le pourcentage des prix stipules en pièces d'or et en monnaie dite de compte. Des graphiques concernant les prix : froment, boeufs, épices, sel, vin, pastel, bois ; ceux des moulins ; cire et chandelles, etc. ; d'autres se rapportent au salaire des manoeuvres, 1365-71, aux capitaux placés dans les associations. — Tout cela souvent fragmentaire, mais si nous avions pour dix villes du Midi languedocien des relevés analogues, nous commencerions à voir clair dans l'évolution économique de la région. — Et il faudrait Bordeaux avant tout. Travail collectif à organiser.
page 81 note 1. L'imprimerie débutante est en dehors des prises du livre. Et donc aussi l'industrie papetière qui n'a pris son essor propre qu'après l'essor de la xylographie (à partir du dernier quart du XIVe siècle) et de l'imprimerie (dernier tiers du xve siècle), ces deux mangeuses de papier.
page 81 note 2. Voir Lucien Febvre, Philippe II et la France-Comté, p. 435.
page 81 note 3. Au sens symbolique du mot. Même un Bourguignon salé n'aurait pu boire de la « muire »….
page 83 note 1. Sur l'instruction des marchands, Ph. Wolff s'est privé du plaisir de citer l'article classique de Pirenne qui ouvrit les Annales, t. I, 1929, p. 13-29, L'instruction des marchands au moyen âge.
page 84 note 1. Cf. notamment ce que j'ai été amené à en dire dans mon Problème de l'incroyance, p. 421- 426 : carence d'outils et de langage scientifique.
page 84 note 2. Je note cependant au passage que, dans l'histoire des enrichissements de marchands, Ph. Wolff n'a pas fait place à l'usure. Faute de documents, j'imagine.
page 84 note 3. Ph. Wolff ne semble pas connaître les leçons (du reste assez rares et peu répandues) d'A. Dupont, Formes des comptes et façon de compter dans l'ancien temps (Public. Soc. de Comptabilité de France, 1928).
page 84 note 4. Elle sera au xvie siècle une des causes des premiers succès de la Réforme dans nombre de villes. A Besançon notamment. Elle se posait de même à Amiens.