Les précipitations acides régionales (pH moyens des pluies et neiges au sol : 4,1 et 4,6) entraînent les phénomènes suivants dans les eaux oligotrophes des 4 rivières étudiées : (1) déficit d'alcalinité, laquelle déjà faible devient insuffisante pour neutraliser les apports d'acidité ; (2) amplification des concentrations d'aluminium suite à un lessivage acide des alumino-silicates du bouclier canadien ; (3) augmentation parallèle des teneurs en fer, manganèse et cuivre. Ces 3 phénomènes sont surtout prononcés à la fonte printanière des neiges. A cette période, le pH descend quelque peu sous 6,0 aux têtes du bassin, la concentration d'aluminium s'accroît d'amont à aval jusqu'à atteindre 355 µg Al/L en moyenne (maximum : 894 µg/L) et, similairement, celles du fer, manganèse et cuivre s'élèvent jusqu'à 317 µg Fe/L, 16 µg Mn/L et 11 µg Cu/L en moyenne (maxima respectifs : 376 µg/L, 31 µg/L, 27 µg/L). A ce moment, le saumon local est au début du stade alevin, lequel s'avère particulièrement sensible. Les risques écotoxicologiques des 3 phénomènes précités sont dès lors examinés pour Salmo salar au commencement de son développement. Actuellement, l'aluminium et le cuivre représentent un danger écotoxicologique pour le saumon dans ces rivières : si les précipitations acides persistent, un pH plus bas (5,5 à 6,0) et le fer deviendront deux autres facteurs dangereux qui s'ajouteront. Bref, le développement de Salmo salar risque d'être progressivement menacé dans ces rivières en cours d'acidification.