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Published online by Cambridge University Press: 30 October 2017
Sur le village bourguignon, du Xe au XIIe siècle, un savant russe, Mr N. P. Gratsianskii, a publié récemment un livre important, riche de faits et d'idées, contestable aussi, à mon sens, par certains côtés. L'oeuvre, pour toutes ces raisons, mérite un examen attentif. Mais, avant d'y procéder, deux observations, extérieures au débat, semblent s'imposer.
S'il est rendu compte, à cette place, du volume de Mr Gratsianskii, c'est au prix d'une dérogation flagrante à une règle universellement respectée. Car, demandé par nous, il ne nous a pas été adressé, et je ne le tiens, à titre de prêt, que de l'obligeance d'un ami étranger.
page 493 note l. Bourgoundshaia derevna v X-XII etoletniakh. Moscou-Leningrad, Ogiz (Gosoudartstvennoe, sotsialno-ekonomitcheskoe izdatelstvo), 1935 ; pet. in-8°, 255 p. (Izvestiia gosoudartsvennoi Akademii istorii materialnoi kouttoury imeni N. R. Marra, vynouek 102). J'exprime mes vifs remerciements et ceux des Annales à mon collègue Mr M. M. Postan qui a bien voulu me prêter l'ouvrage, ainsi qu'à Mr André Deléage qui, en ayant fait exécuter une traduction, a aimablement mis celle-ci à ma disposition. Mr Deléage prépare luimême, depuis plusieurs années, un travail dont nous espérons beaucoup sur la vie rurale en Bourgogne durant le haut moyen âge.
page 494 note 1 Les deux pseudo-diplômes de Charlemagne, insérés dans le Carlulaire de Saint- Vincent de Mâcon (nca LVIII et cxx) et que n'ont pas retenus les Diplomata Karolina, sont des faux patents. Les deux diplômes du roi Raoul (Chartes de Cluny, t. I, n°s 397 et 398), relatifs tous deux au même don, posent un délicat problème de critique diplomatique, que je ne me charge pas de résoudre.
page 494 note 2 Voici quelques exemples. P. 37, n. 2 : le n° 1438 des Charles de Cluny est cité comme prouvant l'existence, dans la villa Chedias, de « propriétaires autres que les moines ». Or on y voit les religieux aliéner des terres sises dans ce terroir. — P. 48, le n° 3873 des Chartes de Cluny ne saurait être invoqué ponr démontrer les faibles dimensions des terres possédées par certaines familles de chevaliers. Car le vieux chevalier Renaud ne donne visiblement pas aux moines tous ses biens (de quoi eussent vécu, après son entrée en religion, ses cinq enfants et sa veuve î) ; il cède quelques champs et surtout des friches et des bois, en divers lieux ; cette dispersion suggère plutôt l'idée d'une seigneurie assez vaste. Il est vrai, rappelant que l'approbation des fils du donateur a été achetée au prix d'un palefroi, le notaire ajoute : « quia pauperes erant ». Mais on sait de reste que, ne reconnaissant pas le droit des proches à s'opposer à toute aliénation, les églises présentaient volontiers sous la forme d'un acte de charité l'indemnité versée afin d'obtenir leur assentiment. —P. 161, n. 1 : le texte du cartulaire de Saint-Êtienne, emprunté à FLACH, t. II, p. 143, n. 3, stipule que les terres défrichées seront tenues en alleux par les moines, non par les hommes de ceux-ci. — P. 188, n. 1 : le Geoffroy, chevalier, qui figure dans le n° 4298 des Charles de Cluny, n'est visiblement pas le même personnage que son homonyme Geoffroy, fils de Constantin, de qui émane le don, et c'est ce dernier — et non le chevalier — qu'on nous dit être le petit-fils d'un rusticus…. On voudra bien me pardonner ce que ces observations peuvent avoir en apparence de pointilleux. L'habitude de mal lire les textes est un fléau sans cesse renaissant qu'il ne faut pas se lasser de combattre. Traiterait-on de pédant le biologiste qui récuserait une expérience parce que les tubes à essai n'ont pas été assez bien nettoyés ?
page 496 note 1 J. Garnier, Charles de commune, t. II, p. 220, c. 43.
page 496 note 2 C. Ragut, Carlulaire de Saint-Vincent de Afdcon, n° 567.
page 496 note 3 M. Quantin, Cartulaire général de l'Yonne, 1.1, n° 136
page 497 note 1 Le mémoire de Varenne de Béost a été publié par P. Desthay dans Enquêtes sur la Révolution en Côte-d'Or, fascicule 2, 1911. H. Sée et moi-même en avons donné plusieurs extraits.
page 497 note 2 J'ajoute que, çà et là, Mr Gratsianskii s'est laissé aller à invoquer des témoignages médiocrement probants. Que certaines seigneuries soient d'un seul tenant, on n'en saurait rien conclure touchant le dessin intérieur des terroirs. La mention de bornes, limitant les champs, n'a rien de contradictoire avec un régime d'open-ficld. Enfin il y aurait lieu d'examiner de près les servitudes de passage — exitus et regressus — que beaucoup d'actes stipulent, au profit des biens aliénés.
page 498 note 1 Notice insérée dans la Chronique de Bèze, éd. J. Gahnier (Chron. de l'abbaye de Saint- Bénigne), p. 327-328, et citée par Mr Gratsianskii, p. 48.
page 498 note 2 Cf. mes observations dans Annales, t. VII, 1935, p. 322 (à propos de l'Angleterre) et p. 456 (à propos de la Lorraine).
page 499 note 1 Il faut le dire ici, franchement : le livre tout entier souffre d'un grand manque de rigueur dans l'analyse juridique en même temps que sémantique. Voyez sur l'alleu luimême ou sur le sens — les sens plutôt — du mot familïa. Plus un droit et un vocabulaire sont mouvants, plus il importe de les repenser clairement.