Hostname: page-component-78c5997874-ndw9j Total loading time: 0 Render date: 2024-11-10T05:21:20.344Z Has data issue: false hasContentIssue false

Le Sel de France en Savoie (XVIIe et XVIIIe Siècles)1

Published online by Cambridge University Press:  30 October 2017

Marcel Blanchard*
Affiliation:
Montpellier, Université
Get access

Extract

Dans sa monumentale Histoire de la représentation diplomatique française auprès des cantons suisses, Edouard Rott, et, dans un substantiel article de la Revue économique internationale, Henri Hauser nous ont présenté, l'un quelques importants épisodes minutieusement narrés, l'autre un sobre et suggestif raccourci de la diplomatie du sel telle que la pratiquait la monarchie française. Mais, pas plus l'un que l'autre, ils ne se sont donné pour dessein de nous offrir de cette diplomatie, de son développement et de ses détours, un exposé systématique et complet. Celui-ci attend encore son spécialiste.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1937

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

Footnotes

1

Sources de cette étude : Dossiers de la Gabelle des Sels de Savoie (G. S. S.) aux Archives d'État de Turin (section centrale).

References

page 420 note 1 Toutes récriminations qui emplissent la correspondance du président Costa, — on retient ce magistrat entre bien d'autres, — quand il s'en vient en 1656 discuter de tous ces points à Paris même. « L'on payait (autrefois) le sel d'Evica avec du blé… quand on a pris le sel en France, l'on n'a pas eu égard que, pour l'avoir, il faut donner l'argent comptant, vu qu'on ne peutle troquer avec des denrées de Savoie…. Je me suis plaint à M. de Servient que les fermiers du Lyonnais aient mis un homme à eux dans les fermes de Savoie et… ont fait monter le prix… et que, pour avoir voulu les mêmes fermiers du Lyonnais traiter de la sorte les Suisses, [ceux-ci] ont quitté les sels de France et se servent de celui de Bourgogne, comme S. A. R. sera nécessitée de le faire si les Ministres du Roy ne le font jouir de ce qu'on a promis ; et ce qu'on a trouvé de plus mauvais parmi les ministres de sa dite Altesse, c'est qu'on ait incorporé dans la ferme du Lyonnais celle de Savoie, comme si elle dépendait de France, pour nous vendre par évidence bien chèrement ce qu'on veut apparemment nous donner par franchise. » (Mémoires et lettres du président Costa touchant sa négociation à Paris avec le fermier Monnerot au sujet de la traite franche des sels de Peccaix. G. S. S., Dossier 2, lettre du 12mail656.) Et l'envoyé savoyard se scandalisait de la puissance des financiers à la cour de France : « Tout le point consiste à avoir audience de MM. les Surintendants qui sachant la justice de notre cause… pour ne point heurter ces plutons de Partisans… et pour ne pas offenser S. A. R. en prononçant une injustice… éludent la visite de notre ambassadeur et la mienne…. Un souverain parent, ami, confédéré avec le roi trouverait-il plus de résistance en France, dans ces mêmes négociations que deux ou trois bourgeois de Paris (qui ont la ferme du Lyonnais) ?… On ne le doit point croire.” (Ibid, Costa à Madame Royale, 30 juin 1656.)

page 424 note 1 Lettre de Sartirana au roi de Sardaigne du 16 décembre 1754 : « Je crois qu'il n'est point de l'intérêt de V. M. de se prêter entièrement aux désirs de la cour de France demandant la tradition de tous les contrebandiers… outre le dommage qu'en souffrirait le commerce de la Savoie par la diminution des passages, il n'y a que la contrebande qui puisse déterminer les fermiers généraux de France à faire un parti avantageux pour avoir les fermes de Savoie. » (Archives Turin, section centrale, lettres des ministres en France.)

page 424 note 2 Sartirana au roi de Sardaigne, 27 novembre 1752 : « Le dérangement des finances devient ici de jour en jour plus affreux et le peu d'attention et de direction qu'on donne aux affaires marque un désordre et une faiblesse du gouvernement inconcevable… et tout le monde s'en ressent. II n'y a pas jusqu'aux fermiers généraux qui ne changent eux aussi et à chaque moment de propos à l'égard de la fourniture des sels. Il n'y a pas longtemps qu'ils paraissaient portés à la faciliter et qu'ils faisaient paraître une grande envie d'avoir les fermes de Savoie…. A l'heure actuelle, ils ne parlent plus absolument de cette disposition… et font toujours mille difficultés sur le prix des sels… (ibid). »

page 425 note 1 Sartirana au roi de Sardaigne, 21 mai 1755 : « J'avais bien prévu que le grand crédit qu'ont ici vis-à-vis des ministres les fermiers généraux aurait fini par porter quelque inconvénient au sujet des contrebandiers…. J'ai lieu d'en juger par tous les propos indécents qui me sont revenus que tenaient les fermiers généraux sur la protection que ces contrebandiers trouvaient dans les États de V. M…. Ces jours passés, une des personnes les plus confidentes du Contrôleur général me dit, parlant des contrebandiers, qu'il était permis de poursuivre partout le lièvre qu'on a levé chez soi…. Je lui répondis que c'était une bonne règle de chasse mais qu'elle ne l'était certainement pas à l'égard du droit des souverains. »

page 426 note 1 Une lettre du bailli Solar, ambassadeur à Paris, au chevalier Ossorio, ministre des Affaires Étrangères, en date du 11 juin 1762, fait état d'une discussion entre Choiseul et le contrôleur général : « Le comte de Choiseul ayant dit qu'il lui paraissait que le débit d'une denrée surabondante qui faisait entrer en France une somme considérable méritait quelque attention, le Contrôleur général lui a assuré que ce débit n'était d'aucune utilité, et que l'Intendance des Gabelles du Roy de Sardaigne ferait même plaisir à la France si elle cherchait à se fournir de sel ailleurs ». Le comte de Choiseul insista alors auprès du bailli Solar sur « la nécessité de s'entendre ave MM. des finances ». (G. S. S., Dossier 6.)

page 426 note 2 » Oserais-je bien sans importuner M. le Duc d'Aiguillon sur cette bagatelle vous prier de vouloir bien lui en dire un mot dans le moment que vous jugerez le plus convenable et l'engager à écrire quelque chose d'un peu pressant aux susdits fermiers. Je dois à une pareille complaisance du duc de Choiseul en 1768 la facilité avec laquelle le dernier contrat pour ces sels a été renouvelé. Je me flatte qu'il voudra bien s'y prêter avec sa politesse ordinaire pour tout ce qui concerne ma cour. »

page 427 note 1 C'est-à-dire par les récentes augmentations du prix du sel en France.

page 427 note 2 G. S. S., Dossier 5.