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De Quand Date le Mot « Industrie » ?

Published online by Cambridge University Press:  25 October 2017

Paul Harsin*
Affiliation:
Université, Liége
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Un débat s'est engagé récemment entre deux historiens, Mr Henri Sée et Mr Henri Hauser, sur une question de lexicologie historique qui peut, à première vue, paraître secondaire. Il s'agit du mot industrie.

En 1925, Mr Sée émettait l'opinion qu'on ne trouvait pas ce mot employé dans sa signification contemporaine d'entreprise industrielle avant l'année 1817 et l'apparition du livre fameux de Chaptal : De l'industrie française. Il concluait qu'il fallait se garder de l'employer pour désigner la manufacture des XVIIe et XVIIIe siècles et que la révolution industrielle, au début du XIXe siècle, avait créé le mot avec la chose.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1930

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References

page 235 note 1. A propos du mot Industrie dans Revue historique, t. CXLIX, p. 58-61.

page 235 note 2. Le mot Industrie chez Roland de la Platière, ibid., t. CL, p. 189-193.

page 235 note 3. Les débuts du capitalisme, Paris, Alcan, 1927. Le dernier chapitre s'intitule : Le mot Industrie et l'évolution industrielle, p. 309-323.

page 235 note 4. Mr Hauser emprunte ses textes au recueil de M. Marion, Les impôts directs sous l'ancien régime.

page 235 note 5. Revue historique, t. CLVIII, 1928, p. 326, n. 3. : « Mr Hauser conteste notre assertion en s'appuyant sur des exemples dont quelques-uns semblent lui donner raison et dont d'autres sont plus discutables. »

page 236 note 1. Même dans cette phrase qui nous a fait hésiter un instant : « L'industrie s'étant perfectionnée dans les villes s'est accrue dans les campagnes” (Le siècle de Louis XIV , dans l'édition de 1878 des œuvres de Voltaire, t. XIV, p. 531). De même encore dans L'homme aux quarante écus, où nous trouvons plusieurs fois cette expression, mais toujours dans un sens étymologique à peine douteux (par exemple : « Voilà l'unique source de l'industrie, du commerce», etc., t. XXI, p. 316 et suiv.).

page 236 note 2. Lettre n° 107, à la date de 1717.

page 236 note 3. Dans L'Esprit des lois, Montesquieu n'emploie le mot qu'au sens étymologique.

page 236 note 4. Marion, Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1923, p. 289.

page 236 note 5. Bibl. Nat., Lf84 15.

page 236 note 6. Arch. Affaires étrangères Paris, Mém. et doc, France, 1247, fol. 251.

page 236 note 7. Daire, Économistes financiers du XVIIIe siècle, 1843, p. 173.

page 237 note 1. Ibidem, p. 339 : « revenus des biens tant en fonds qu'en industrie ».

page 237 note 2. Mr Hauser écrit que le mot a toujours chez Vauban le sens d'industria. C'est vrai pour la Dîme royale.

page 237 note 3. Mémoires de Saint-Simon, éd. de Boislisle, t. XIV, p. 331.

page 237 note 4. Le chapitre premier débute ainsi : « La liberté générale du commerce et de l'industrie n'est que le retour au droit naturel. » — Voir p. 5 : « Le bon marché est la suite nécessaire de la liberté du commerce et de l'industrie” ; p. 6 : « Moins il en coûte pour les façons et les ouvrages de l'industrie et plus on est en état d'acheter et de consommer » ; p. 88 : « On a divisé et subdivisé le commerce et l'industrie en une infinité de corps qui se touchent par un point indivis et commun… » ; p. 91 : « Chaque portion de la même branche d'industrie se trouve ainsi partagée entre autant de classes d'ouvriers qui se jalousent…», etc., etc.

page 237 note 5. Weulersse, Le mouvement physiocratique en France de 1756 à 1770, t. II, p. 414.

page 238 note 1. P. 88, en note.

page 238 note 2. Collection Guillaumin des Économistes, t. XIV, p. 181.

page 238 note 3. Ces textes sont cités d'après l'édition qu'en a donnée Mr Dubois en 1911.

page 238 note 4. Collection Guillaumin, Œuvres de Turgot, t. I, p. 440.

page 238 note 5. Ibid.,t. I, p. 356-357.

page 238 note 6. Ouv. cité, p. 118.

page 239 note 1. 3 volumes in-4° (1747). La citation se trouve au t. I,p. 185.

page 239 note 2. Quelques textes encore : Dans une œuvre restée inédite, l'économiste Dutot écrit : « Quoyque par eux-mêmes [l'or et l'argent] ne soient pas propres à nous nourrir, à nous vêtir et à nous loger…, ils ne laissent pas de produire de bons ou de mauvais effets sur ces véritables biens, parce qu'entre cet argent d'une part, les biens-fonds, l'industrie, le travail, les denrées et les marchandises de l'autre, il y a une communication infaillible d'augmentation de valeur ou de perte…» (voir P. Harsin, Les doctrines monétaires et financières en France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Alcan, 1928, p.240). — Pareillement, dans un mémoire inédit sur la situation politique et financière de la France, rédigé en 1729, puis revu pour être présenté au Contrôleur général en 1739 (Bibl. Mazarine, ms. 2764, fol. 38, 51, 178), on lit : « L'agriculture et l'industrie sont la base du commerce. — Chez les Romains, les impôts étaient aussi très considérables, mais le pauvre ni l'industrie n'y contribuaient point. — Les revenus du Roy diminuèrent sensiblement à mesure que Vindustrie et le commerce s'anéantissaient. » — [Tout aussi nette, cette phrase d'un mémoire anonyme de 1721 (Arch. Affaires étrangères Paris, Mém. et doc, France, 1247, fol. 248) : « Dans l'établissement du crédit, il faut considérer l'objet et la fin, qui est le commerce et l'industrie, car si l'on manquoit de fonds pour /aire valoir le commerce et l'industrie, il n'y auroit pas moyen de les établir. »

page 240 note 1. P. Harsin, Contribution à l'étude du système de iatv.dans Annales de la Société scientifique de Bruxelles, 1927, p. 41, 43, 51. Citons encore, d'après notre Étude critique sur la bibliographie des œuvres de Laiv, Liège, Vaillant Carmanne, 1928, p. 97, cette phrase de Vidée générale du nouveau système des finances du même Law (1719) : « Les revenus du Roy sont augmentez ; …il peut les accroître chaque année… en protégeant le commerce et en favorisant l'industrie.“

page 240 note 2. Bibl. Nat., ms. franc. 7765, fol. 136.

page 240 note 3. Daire, ouv. cité, p. 406.

page 240 note 4. Lors de la présentation des pages qu'on vient de lire, le 11 novembre 1928, à la Société pour le progrès des études philologiques et historiques de Belgique, Mr Huisman nous avait objecté que, « dans l'usage administratif des Pays-Bas autrichiens au XVIIIe siècle, le mot industrie n'est jamais employé dans son sens technique moderne » (voir Revue belge de philologie et d'histoire, 1928, p. 1683). L'objection ne vaut pas : d'abord parce que les dictionnaires techniques en matière économique renferment bien d'autres lacunes (celle du mot agriculture, par exemple, dans un cas) ; ensuite parce que les classements d'archives exécutés sous Joseph II connaissent parfaitement le mot industrie dans son sens actuel ; enfin parce que l'emploi du mot était banal dans la seconde moitié du XVIIIe siècle comme nous le démontrons ci-après.

page 241 note 1. Voir H. Van Houtte, Histoire économique de la Belgique à la fin de Vancien régime, Gand, 1920, p. 394.

page 241 note 2. Gauchie, Le comte de Barbiano de Belgiojoso dans Bull, de la Commission H. d'histoire, 1912, p. 233-234 et p. 287.

page 241 note 3. Ledoûx, La suppression du régime corporatif dans les Pays-Bas autrichiens en 1784 dans Mém. cour, de l’Académie R. de Belgique, 1912, p. 9, n. 2. Cet auteur cite également (p. 46) un passage d'un mémoire de 1784 où il est dit : « Ces privilèges bien loin de nuire à l'industrie, à la liberté et au commerce…. »

page 241 note 4. Texte publié par Crutzen dans Le Messager des sciences historiques, 1887, p. 307. Mr Van Hotjtte, ouv. cité, p. 82, tire de cette même source (p. 427) un autre passage qui n'est pas moins probant. « Il serait à désirer que l'on pût également parvenir à empêcher le commerce au plat pays ; l'agriculture y gagnerait et les habitants des villes, qui n'ont d'autres ressources que l'industrie et le commerce, rentreroient dans la possession d'une faculté qui leur est nécessaire pour subsister. »

page 242 note 1. Crutzen, Ouv. cité, p. 301, d'après le carton 1006 des Archives du Conseil Privé.

page 242 note 2. Brants, Une critique de la liberté commerciale aux Pays-Bas en 1773 dans Bull, de l'Académie R. de Belgique, 1907, p. 642.