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Les Courants de Peuplement dans l'Entre-Deux-Mers Étude Sur le Brassage de la Population Rurale1

Deuxième Partie : Du XVe au XXe Siècle

Published online by Cambridge University Press:  25 October 2017

Robert Boutruche*
Affiliation:
Bordeaux, Lycée Michel-Montaigne
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Les paysans étrangers comprirent si bien la portée de ces avantages exceptionnels qu'ils répondirent en grand nombre à l'appel des seigneurs. Nous avons pu relever l'installation d'environ cinq cents communautés d'immigrants. Mais, bien qu'exécutée dans la même cadre local : la seigneurie, leur répartition ne prit à travers le pays ni des caractères identiques ni une densité uniforme. Elle s'opéra en fonction des conditions géographiques et historiques que nous avons déjà exposées.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1935

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Footnotes

1

Voir Annales, t. VII, 1935, p. 13.

References

page 124 note 2. Leur nombre fut certainement beaucoup plus considérable. Notre étude est fondée principalement sur des documents d'archives originaux. Or combien de terriers ont disparu I Combien d'autres sont si abîmés par le temps que la lecture en est impossible 1 En outre, dans certaines agglomérations, telles que Créon, la venue des immigrants nous est signalée en bloc. Dans d'autres, les noms seuls des paysans disent leur origine étrangère : tenter de les dénombrer nous eût conduit à des erreurs multiples.

page 126 note 1. Cette expression n'est pas particulière à l'Entre-Deux-Mers. On la retrouve sous la même forme dans tout le Sud-Ouest. De même, sont appelés « gavaches » à Montpellier des montagnards qui viennent faire la vendange, et « gavoques » en Provence les colporteurs qui descendent de l'Oisans. Entre les pays de la Garonne et de la Loire, le terme « gavaud » désigne aussi des étrangers (P. Deffontaines, ouv. cité, p. 140, n. 2). La dénomination existe également en Espagne. Les Navarrais installés en Vieille- Castille sont traités de « Gabaïs ». Ils prennent leur revanche en usant de la même expression à l'égard des Béarnais et des Gascons qui s'installent en Navarre ( DrFay, H., Histoire de la lèpre en France. Lépreux et cagots du Sud-Ouest, Paris, 1909 Google Scholar ; PH. Queyron, ouv. cité, p. 328). A la Petite Gavacherie de l'Entre-Deux-Mers, actuellement restreinte à la région de Monségur, s'oppose sur la rive droite de la Dordogne, la « Grande Gavacherie », bloc beaucoup plus important de populations de langue d'oïl, qui s'étend aujourd'hui encore sur la majeure partie des cantons de Lussac, Coutras, Guitres, Saint-Savin et Blaye et reste en contact au Nord et à l'Est avec les parlers saintongeais. Nous avons trouvé des textes assez précis pour nous prouver que les domaines des Petite et Grande Gavacherie ont été réunis au XVe siècle (cf. p. 130).

page 126 note 2. FH. Godefroy, Dictionnaire, t. IV, 1885.

page 126 note 3. L. Drouyn, Variétés girondines, t. I, p. 167. Nous ne rappelons ici que les significations vraisemblables sans nous arrêter à certaines fantaisies philologiques.

page 127 note 1. Bibliographie dans Tourtoulon et Bringuier, Ouv. cité, p. 546-547 et 567.

page 127 note 2. Dumoulin, Musée d'Aquitaine, 1823 ; — Jouannet, F., Statistique de la Gironde, Bordeaux, 1837, I, 183 Google Scholar ; — M. Dupin, Notice historique et statistique sur La Réole, La Réole, 1839 ; — Boudon de Saint-amans, Histoire ancienne et moderne du Lot-et-Garonne, 1836 ; — Ribadieu, H., Les châteaux de la Gironde, Bordeaux, 1856, p. 424 Google Scholar, et Dr Couyba, La peste en Agenais, 1905.

page 127 note 3. Il y a une soixantaine d'années, Léo Drouyn, s'appuyant sur plusieurs baux à fief du terrier de Blasimon et de quelques archives familiales, proposa de reporter l'introduction des Gavaches à la seconde moitié du xv” siècle (Actes de l'Académie de Bordeaux, 1876, p. 50-51 et Variétés girondines, t. I, p. 167-168 ; thèse adoptée ensuite par Ph. Queyron et E. Bourciez). Mais Drouyn connaissait mal le fonds de La Sauve et n'avait guère pu consulter les archives des commanderies. S'il eut le grand mérite d'entrevoir la vérité, il n'aboutit qu'à des conclusions dépourvues de nuances. Il ne voit, par exemple, dans l'arrivée des Gavaches qu'une « infiltration lente et progressive », ce qui est vrai pour la région des fleuves, non pour celle des plateaux.

page 127 note 4. A cette époque, la zone dite de la « Petite Gavacherie » a donc pris une extension supérieure à celle qui lui est communément attribuée. On a eu le tort, en effet, de ne l'étudier qu'à partir du xvme siècle, donc en un temps où elle s'était résorbée aux pays du Dropt. Sans doute a-t-elle même débordé sur la rive gauche de la Garonne. Mais les lieux-dits caractéristiques — Gavachot, La Gavache — que nous trouvons encore aujourd'hui à Savignac, Puybarban et Meilhan peuvent ne dater que de l'itnmigration du XVIe siècle, Il est enfin certain que des établissements identiques furent alors fondés dans une grande partie de l'Agenais.

page 128 note 1. Série 3 E Gayot, i. 3 à 8,14, 31”, etc. Un exemple : au début de 1478, le procureur du seigneur de Monségur baille à fief nouveau à huit membres de la famille Christiame, originaires de Saint-Pierre-de-JuilIers en Saintonge, « deux héritages en un tenent », sis à Saint-Vivien et La Pujade. Le premier est « une piesse de héritage vacquant… en grans boys, hays et buyssons et de nulle valleur » en raison de « la fortune des guerres ou mortallitez qui ont esté par cy devant » ; il a une superficie de 258 journaux, soit près de 37 hectares. Le second « héritage » comprend seulement 12 journaux, qui devront être transformés en prés ». Cf., fig. 2, « les Bretons, Rambaud, Bonnet ».

page 128 note 2. Parmi les familles poitevines, retenons les noms, encore aujourd'hui très répandus en Entre-Deux-Mers, des Moricet, des Botin, des Garin (H 1 231, f. 46 , 56, 43).

page 128 note 3. Arch. de la Haute-Garonne, Ordre de Malte, Commande™ de Bordeaux, Membre de Sallebruneau, le Puch, pièce 24. Cf., fig. 2, le Puch, « Cluchard ». Autres exemples, ibid., pièces 19, 26, 28, 29, 43.

page 129 note 1. Jbid., Membre de Buch, liasse 89, pièces 19, 20, 36, 39, 21, 61, 22 et 37.

page 129 note 2. A la famille saintongeaise des Bonnet, par exemple, formée d'une dizaine de membres, l'abbaye de Blasimon et Bernard Angevin, seigneur de Rauzan, concèdent, en 1474 et 1476, un moulin ruiné et de très importants domaines en friches à Mauriac, au lieu-dit « aux Gourdins » (H 1 231, f. 85 et 13 ; Arch. Hist. Gir., X, p. 161-162 ; Variétés girondines, t. II, p. 513-514). Cf. ci-dessous p. 140 et, fig. 2, Mauriac, « Grand j Gourdin ». — Autres exemples : Variétés girondines, t. I, p. 500, etc., et t. III, p. 5, n. 7.

page 129 note 3. L. Drouyn, Variétés girondines, t. I, 497-500, et t. II, p. 187. Cf., fig. 2, Frontenac, « ChoIIet ». Des notaires qui ont signé ces actes, deux sont saintongeais : Jean Du Rat et Pierre de Larquer ; le troisième est limousin : Guillaume Daniel.

page 129 note 4. L. Drouyn, ibid., t. II, p. 171. — Nous retrouvons Jean Brisson à Camiac en 1497 (H 92, f. 2).

page 130 note 1. L. Drouyn, Variétés girondines, t. II, p. 180-183. — Parmi les témoins, Pasquet Guillebot. Cf., fig. 2, Martres et p. 140.

page 130 note 2. Notamment à Gensac, Saint-Pey-de-Castets, Mouliets-et-Villemartin, Sainte- Florence. Parmi ces familles, les Bonneau, les Bonnet, les Xaintongey, les Seurin. Cf. par exemple, H 235, f. 5 (1479) ; Commanderie d'Arcins, Répert., f. 128 (1486).

page 130 note 3. En 1496, par exemple, il fait réparer les chapelles de Génissac par deux menuisiers périgourdins qui habitaient cette paroisse (Série E, Maisons nobles, n° 814, f. 19T). A la même époque, il vend « des herbages et pasturaux » à un Béarnais (ibid., f. 23) et attire enfin quelques familles saintongeaises, angoumoises et poitevines ; parmi celles-ci, encore une famille Rambaud (ibid., n” 297, f. 71, 73v, 77V (1494-1497).

page 130 note 4. Libourne et Saint-Émilion, centres viticoles et commerçants situés en dehors de l'Entre-Deux-Mers, ont reçu à la même époque un assez grand nombre d'immigrants (par exemple, E suppl., n0B 3 976 et 4 515).

page 130 note 5. Série E, Maisons nobles, Seigneurie de Rions, n° 686, f. 5.

page 130 note 6. Ibid., Seigneurie de Benauge, n° 38, f. 80. Le terme «l'Armagnac » peut n'être qu'un nom de guerre.

page 131 note 1. Sa signature est, en outre, apposée au bas de la plupart des actes d'un important terrier de l'abbaye de Blasimon (H 1 231).

page 132 note 1. H 191, Commanderie d'Arcins, Répertoire des Titres, f. 306v et H 229, pièce 6.

page 132 note 2. H 240, pièce 7. De 1471 à 1476, il achète nombre de terres désertes et de bois à La Sauve et à Saint-Léon (H 192, p. 11 et 13 ; H 267, f. 388v). On le retrouve en 1479 procureur du commandeur de Montarouch (Commanderie d'Arcins, Répertoire, f. 87).

page 132 note 3. H 192, pièce 16. “ Commanderie d'Arcins, Répertoire, f. 88”. “ H 97, f. 149” et H 93, f. 41. En 1506, il reçut l'afferme de « tous les cens et rentes d'argent, avoine, blé et poulailles que l'abbé de La Sauve a coutume de prendre sur les prieurés de l'abbaye » en même temps que celle « de la moitié de toutes les ventes des fiefs qui se vendraient pendant ladite afferme ». D'autres notaires étrangers ont également assisté les abbés de La Sauve dans le repeuplement. Tels le Poitevin Jean Taillendern (par exemple, H 192, p. 15,1477) ; les Saintongeais Hélie Sandegal (par exemple, H 192, p. 8, 1493) et Arnaud Baudon ibid, p. 11, 1497) ; le Limousin Jean Dupont (ibid., p. 3 et 10) ; le Dacquois Jean de Lana (par exemple, H 134, p. 12, 1498, et H 207, p. 3, 1504).

page 132 note 4. H 240, p. 8, 9,10 et 13 ; H 241.

page 132 note 5. Il s'agit de Targon, Ladaux, Saint-Pierre-de-Bat, Totigeac, Soulignac, Faleyras, Monpezat, Baigneaux, Saint-Germain-de-Campet, Bellebat, Escoussans et Gournac.

page 133 note 1. H 240, cahier 22 (vers 1470), et pièce 5 (1473).

page 133 note 2. H 240, pièce 13 (3 août 1482).

page 134 note 1. Les Boey, les Bortaud, les Merlet, les Tiffonet, les Pasquereau, les Pibouleau, familles saintongeaises ou poitevines ; « Amenyon deux Saignous », un Béarnais ; enfin des Bas-Poitevins, les frères Gaufreteau (H 91, f. 160 ; H 97, f. 220v et 156v ; H 95, f. 148 ; H 86, f. 35v ; H 97, f. 157v). Cf., fig. 2, La Sauve.

page 134 note 2. Arch. Nat., J J 217, n° 43 ; texte signalé par Imbart de la Tour, Les origines de la Réforme, t. I, p. 219. Sur les dévastations de Créon, cf. Première partie, p. 21, extrait du même acte.

page 135 note 1. En Benauge : à Montignac et Baigneaux, Madirac, Targon, Saint-Germainde- Campet et Bellebat…. En Entre-Deux-Mers : à Romagne, Bellefond, Saint-Léon, Dardenac et Daignac, Espiet, Camiac-et-Saint-Denis, Guillac et Grézillac.

page 135 note 2. H 90, f. 186 ; — H 90, t. 199 et H 267, f. 302. — H 241, f. 20v et H 240, pièce 8.

page 135 note 3. H 90, f. 284. Cette concession est la plus étendue que nous ayons relevée.

page 135 note 4. H 267, f. 293.

page 135 note 5. Cf., par exemple : H 91, f. 22 v ; H 267, f. 154 et 153 ; H 90, f. 207.

page 135 note 6. H 90, f. 217 v et 243v ; H 86, f. 20v ; H 84, f. 25v ; H 90, f. 244 ; H 91, f. 41 ; H 271, f. 44 et H 84, f. 15 v ; H 91, f. 49’ et H 95, f. 376 et suiv. ; H 95, f. 22v ; H 83, f. 7, 30v et 34v.

page 136 note 1. H 91, f. 85v et 29 ; H 207, p. 4, f. 2 et 2v.

page 136 note 2. Série B, Maisons nobles, n° 686 (1490) ; — H 268, f. 67 (1467) ; — Série E, n° 38, f. 13 (1464) et f. 72 (1474).

page 136 note 3. Par exemple, Maria Sentongeyra abandonne en 1470 son domaine de Saint- Léon « à cause des arrérages, rentes et devoirs » qu'elle avait laissés impayés. En 1479, l'abbé de Blasimon exerce la commise contre le Poitevin Jean Amer, qui ne payait pas les cens et ne cultivait pas les terres du domaine que lui avait cédé, trois mois plus tôt, le Périgourdin Jean Lambert.

page 137 note 1. Nous aurions voulu préciser dans quelle mesure les étrangers s'adaptèrent aux habitudes de leur nouvelle patrie, savoir si leurs méthodes de culture différèrent au xve siècle des méthodes bordelaises, connaître le dessin de leurs terroirs et décrire leurs relations avec les Gascons. L'état des documents ne le permet pas.

page 137 note 2. L. Drouyn, Variétés girondines, t. I, p. 612.

page 137 note 3. Le 15 février 1520, celui-ci érige en sa faveur la terre de la Motte-Gusson en fief noble. L. Drouyn émet l'hypothèse que Jean Cholet était peut-être noble avant sa venue en Entre-Deux-Mers (ibid., t. I, p. 498).

page 137 note 4. L. Drouyn, ouv. cité, t. II, Mauriac, p. 513-514.

page 137 note 5. Renseignements recueillis au cours d'une enquête auprès des instituteurs et curés d'un certain nombre de communes : voir l'Orientation bibliographique.

page 138 note 1. Union Géographique Internationale, Troisième rapport de la commission de l'habitat rural, présenté par A. Demangeon, Paris, 1931 ; — Marc Bloch, Un grand problème et une méthode : l'habitat dans Annales, t. IV, 1932, p. 489-493.

page 138 note 2. Semi-dispersion favorisée, en outre, par la grande étendue des terrains imperméables dans le Sud-Est de l'Entre-Deux-Mers.

page 139 note 1. C'était la conséquence, sans cloute, de la richesse du sol et surtout de la coutume en matière de succession, qui imposait l'égale subdivision des terres entre les enfants. Celle-ci ne pouvait être combattue que par le système de la copropriété familiale (E. Lodge, ouv. cité, p. 35-36). Aujourd'hui encore, dans les pays viticoles de la région de Loupiac, par exemple, est considéré comme moyen propriétaire quiconque possède un domaine de 5 à 12 ha. Au-dessus, c'est déjà la grande propriété.

page 139 note 2. Nous avons reporté les plus caractéristiques sur la fig. 2.

page 139 note 3. Commune de Sainte-Florence : « A Xantongey » (H 85, f. 17v (1471) ; « A Saintongey » (Registres de Jean du Rat (1472) et du second notaire Allegret (1523), dans H 274, f. 15v et 16). —- Commune de Sauveterre-de-Guyenne ; « La Saintongère » (Carte d'État-Major à 1 : 80 000e, n° 192, La Réole N.-E.).

page 139 note 4. Communes de Bossugan et de Ruch : « A Poitevin » (Registres des notaires Gassies et Teynac, dans H 274, f. 12 et 13). — Commune de Baron : « Poitevin » (n° 181, Libourne S.-O.). — Commune de Listrac : « Poitevin » (La Réole N.-E.).

page 139 note 5. Commune de Saint-Pey-de-Castets : « A l'estaige de Pey Breton », dans H 85, t. 56 (1465). — Commune de Camiac : « Au Breton », dans H 91, f. 173 (1478) ; H 95, f. 23 (1516) ; Registres de Bardeau (1482), des Allegret (1523 et 1554), de Rausan (1612), dans H 274, f. 21v et 22. — Commune de Saint-Germain-du-Puch : « Village du Breton » (Registre de Lafargue (1613), et Libourne S.-O.) — Rauzan, Dieulivol, Savignae et Massugas : « Bretagne, le Breton, les Bretons » (La Réole N.-O. et N.-E.).

page 140 note 1. Commune de Camiac : « Au majne de Limousin » (Registre de Decazereis (1575), dans H 274, f. 22, — Bagas et Les Esseintes : « Au Limousin » (La Réole, N.-E. et S.-E.). — Communes de La Réole et Saint-Quentin-de-Baron : « Rouergue » (La Réole S.-E., et Libourne S.-O.). — Les Esseintes et Monprimblanc : « Le Périgord » (La Réole S.-E. et N.-O.). — Fargues et Latresne : «Armagnac » (Libourne S.-O.). — Guillac : « Au majne du Basque » (Allegret, 1523, dans H 274, f. 28 et 28v). — Mauriac, Listrac, Ruch, Jugazan, Haux, Saint-Sulpice-et-Cameyrac : « Le Basque » (La Réole N.-E. et N.-O. ; Libourne S.-O.). — Guillac : « A l'estatge d'Arnaud d'Espaigne » (H 267, f. 38 (1364) ; Registres de Bonroy (1469) et de Bardeau (1478), dans H 274, f. 26v et 27). — « Au majne d'Aragon (Registres des Allegret, 1530 et 1553).

page 140 note 2. Par exemple à La Sauve (La Réole N.-O.), Saint-Hilaire du Bois et Mesterrieux (La Réole N.-E.).

page 140 note 3. La Sauve (La Réole N.-O.). Sur leur installation, cf, p. 134, n. 1.

page 140 note 4. Le Puch (La Réole N.-O.). Cf. p. 128.

page 140 note 5. Camiac: «A Pey Bonnet », H 95, f. 243 (1530). — Guillac (Libourne S.-O.), Haux et Gabarnac (La Réole N.-O.), Neuffons (La Réole N.-E.).

page 140 note 6. Saint-Quentin de Baron, Camiac et Saint-Denis (Libourne S.-O.) ; Cazaugitat, Pellegrue, Riocaud (La Réole N.-E.).

page 140 note 7. Bellebat et Martres (La Réole N.-O.). — Cf. p. 130, n. 1.

page 140 note 8. Par exemple le Puch (La Réole N.-O.), Gensac (Libourne S.-E.). Cette dernière commune appartenait jadis aux Albret. Le même terme apparaît sur la rive gauche de la Garonne à Puybarban, Savignac et Meilhan (La Réole S.-O. et S.-E.).

page 140 note 9. De multiples textes pourraient être allégués. Tel acte de 1483 nous dit que des domaines en friches concédés à des immigrants en 1478 dans la paroisse de Targon sont « de présent en terres labourées ». Tel autre document de la même année nous montre un « hostau » construit à Ladaux « près de bois vacquants » (H 241).

page 141 note 1. L'exploitation semble avoir été de plus faible rendement qu'au xme siècle, mais répartie sur de plus grands espaces. Nous l'appellerions aujourd'hui extensive.

page 141 note 2. On voit même d'anciens vignobles transformés en champs de céréales.

page 141 note 3. A Loupiac par exemple, des terroirs entiers sont à nouveau comptantes en vignes.

page 141 note 4. H 90, f. 2 m et H 97, f. 243v.

page 142 note 1. L'immigration moderne et contemporaine n'a pas eu l'ampleur de celle du xv« siècle. Nous ne donnerons donc sur cette troisième période qu'une large vue d'ensemble destinée à marquer sous quelle forme le passé revit dans le présent.

page 142 note 2. Guerres de religion et Fronde furent pour le Bordelais de terribles épreuves. Mais aucun travail d'approche sérieux ne permet de conclusions sur l'histoire sociale de la région à cette époque, à plus forte raison sur l'immigration. Belle voie, pourtant, que nous voudrions ouvrir aux chercheurs. Par ailleurs, nous faisons des réserves sur l'ouvrage d' Nicolai, A., La population de la Guyenne au XVIIIe siècle, Paris, 1907.Google Scholar

page 142 note 3. Dumoulin, Musée d'Aquitaine, 1823.

page 142 note 4. Hypothèse de PH. Queyron, ouv. cité, p. 449. P. Deffontaines (ouv. cité, p. 66, n. 2) la combat sans nous convaincre tout à fait.

page 143 note 1. PH. Queyron, Ouv. cité, p. 443.

page 143 note 2. Cf., plus haut, p. 128-130.

page 143 note 3. Par exemple, B suppl. 3 370, années 1580, 1646.

page 143 note 4. Le « Pois de la Gavacherie », telle est la dénomination que donne une carte de 1653 à la seule région de Monségur.

page 143 note 5. Almanach des laboureurs ou Conservateur des richesses du paysan, Bordeaux, 1378 (en partie réimprimé dans les Mém. de la Soc. des antiquaires de France, t. I) ; — Dumoulin, Musée d'Aquitaine, 1823 ; — Notice sur le pays de la Gavacherie (1840) (Bourciez, ouv. cité, p. 145). Dans sept autres communes, une partie seulement des habitants a conservé les anciens idiomes. Cf., fig. 2, les limites de la Gavacherie d'après ces statistiques.

page 144 note 1. A Monségur, le gavache n'est plus parlé que par le tiers des habitants à la fin du XIXe siècle. Les autres ont adopté un patois du Haut-Agenais ou le français (Bourciez, ouv. cité, p. 144-146).

page 144 note 2. En 1880, sur les 172 000 ha. de vignobles que renfermait le département de la Gironde, 136 500 étaient atteints par la maladie et 20 500 complètement détruits. Alors qu'en 1875 la récolte dépassait 5 100 000 ni., elle tombait à 1 960 000 en 1876. 1 660 000 en 1880, 1 170 000 en 1884 (E. Féret, Statistique de la Gironde, t. I, p. 278- 285 et 466-467).

page 144 note 3. Pendant tout le xix” siècle, la natalité du département de la Gironde est inférieure à la natalité moyenne de la France (1801-1810 : 29 naissances pour 1 000 habitants ; 1831-1840 : 25 ; 1877-1886 : 21). En 1887 et en 1889, les décès l'emportent sur les naissances. On touche ici à l'un des phénomènes psychologiques et sociaux les plus complexes de notre époque. Cf., par exemple, G. Mauco et P. Deffontaines, ouv. cit. et A. Levasseur, La population française, t. I, 1889.

page 145 note 1. Conséquence des progrès du machinisme agricole : entre 1820 et 1876, l'arrondissement de La Réole perd 3 000 habitants. Pourtant, l'étendue des vignobles a augmenté : mais ils sont désormais travaillés à la charrue, alors qu'au début du XIXe siècle ils l'étaient à bras. D'où un exode rural vers Bordeaux, ou vers les petits centres de l'Entre-Deux-Mers : Monségur passe de 1 328 à 1 709 habitants (B. Féret, Statistique de la Gironde, t. I, p. 278-285 et 466-467). — Conséquence particulière du phylloxéra : dans la région de Loupiac, par exemple, les petits viticulteurs émigrent surtout à Bordeaux afin d'y exercer un métier de détaillant. Certains émigrent même dans les républiques sud-américaines. Sur les plateaux d'Entre-Deux-Mers, les effets du phylloxéra se superposent aux répercussions du machinisme et de la dénatalité pour affaiblir la population rurale. Entre 1876 et 1891, l'arrondissement de La Réole perd, à nouveau, plus de 5 000 habitants et celui de Libourne, près de 2 000. En revanche, l'arrondissement de Bordeaux gagne 68 000 habitants, dont 51000 pour la seule ville de Bordeaux : conséquence du développement industriel et de la renaissance commerciale de la capitale du Sud-Ouest à partir de 1860.

page 145 note 2. Cette immigration a été particulièrement sensible à Duras, Monségur, Blasimon, Cours, Gironde, Landerrouat, Sainte-Gemme, Roquebrune, Ruch, Naujan-et-Postiac, Mouliets-et-Villemartin, Dardenac, La Sauve.

page 145 note 3. E. Potet, L'émigration vendéenne dans le Bassin d'Aquitaine dans Annales de géographie, 1912, p. 265 ; — Y. Chataigneau, L'émigration vendéenne, ibid., 1917, p. 423.

page 146 note 1. De nombreux cultivateurs, en provenance du Bazadais et des Landes, se sont également établis dans cette région des coteaux. Ils étaient attirés par les meilleurs salaires et ils ont suffi au recrutement du personnel jusqu'à la guerre. Vers 1898-1900, les grands vignobles des coteaux d'Bntre-Deux-Mers étaient reconstitués. La crise phylloxérique a entraîné une véritable révolution dans le mode de plantation, le système de culture et l'encépagement. Révolution des plus heureuses ! La plantation régulière « en lignes » se substitue à la plantation « en foule ». La culture profonde à la charrue succède à la culture superficielle à la bêche. En un mot, d'extensive qu'elle était jusqu'alors, l'exploitation viticole devient intensive et s'élève par ses méthodes au rang d'un grand art (Comice Agricole et Viticole du Canton de Cadillac, La reconstitution des vignobles…. Rapports sur les travaux de lSSt à 1900, Bordeaux, 1900 ; — Bord, G., Région viticole des Grands vins de Bordeaux, Paris, 1931 Google Scholar, et Essai sur les variations de l'encépagement…, Bordeaux, 1932.

page 146 note 2. La population de l'arrondissement de La Réole, en régression continue depuis 1820, gagne 1 700 habitants entre 1891 et 1896. Voici quelques chiffres caractéristiques : Pellegrue, en 1891, 1 343 hab. ; en 1896, 1 431. — Sauveterre, 786, puis 976. — Romagne, 288, puis 376. — Sainte-Croix-du-Mont, 979, puis 1 048.

page 147 note 1. Les propriétaires viticulteurs se plaignent que le métayer, qui a sa part proportionnelle des produits du sol, ne s'attache qu'à la production des vignobles aux dépens de leur conservation. C'est pourquoi le métayage est peu répandu dans la « grande côte » de Bordeaux. II en va autrement dans le Réolais, pays de polyculture.

page 147 note 2. Pour l'étude détaillée des divers mouvements d'immigration, cf. l'ouvrage de G. Mauco. Pour l'immigration suisse, Bernhabd, H., Lândbauzonen, làndliche Ehtvôlkerung und landivirtschaftliche Einwanderung in Frankreich, mit besonderer Beriicksichtigung der schiveizerischen Ansiedlung in Sùdwestjrankreich, Berne, 1927.Google Scholar

page 148 note 1. Peu de communes de l'Entre-Deux-Mers où des Espagnols ne se soient installés : en particulier à Mesterrieux, Taillecavat, Roquebrune, Saint-Michel-la-Pujade, Cours, Lamothe-Landerron, Monségur, Dieulivol, Blasimon, Sauveterre, Frontenac, La Sauve. Toutefois, dans les pays viticoles, ils sont généralement moins nombreux qu'à l'époque de la reconstitution qui suivit le phylloxéra. En 1927, dans le département de la Gironde, 1 189 cultivateurs espagnols (436 propriétaires et 753 fermiers, ou métayers) exploitaient 3 128 ha. Ces chiffres n'indiquent que la population « active ». Par le nombre des cultivateurs espagnols immigrés, la Gironde était au sixième rang des départements français. Par l'étendue des terres exploitées, au quatrième. Quant aux ouvriers agricoles, leur immigration est également temporaire.

page 148 note 2. En 1927, 472 cultivateurs italiens (70 propriétaires et 402 fermiers, ou métayers) exploitaient dans le département de la Gironde une étendue de 1 694 ha. Chiffres faibles en comparaison du Lot-et-Garonne, par exemple (4 581 cultivateurs exploitant 21 440 ha.). Les lois italiennes de 1928 ont à peu près arrêté ce mouvement et même provoqué des retours vers la mère patrie.

page 149 note 1. En 1927, la population exclusivement agricole de la Gironde était de nationalité étrangère dans une proportion de 17,5 p. 100. Grâce à l'immigration, la population « rurale » du même département — communes de moins de 2 000 habitants — a augmenté de près d'un tiers entre 1840 et 1931. Quatre autres départements français seulement : Seine-et-Oise, Nord, Pas-de-Calais, Alpes-Maritimes, nous fournissent un exemple identique (Louis Bouts, dans Journal de la Soc. de Statist. de Paris, n° 6, juin 1932, p. 275-297). L'accroissement urbain a été beaucoup plus considérable encore : tel celui de Bordeaux jusqu'en 1891, puis, de 1891 à 1931, celui de sa banlieue. Aussi, à l'exception d'un léger fléchissement au lendemain de la guerre, la population de la Gironde n'a-t-elle pas cessé d'augmenter depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à nos jours : fait d'autant plus remarquable que ce département est l'un de ceux où sévit la plus forte dénatalité. La dernière statistique, celle de 1933, mentionne 121 décès pour 100 naissances.

Dans l'Entre-Deux-Mcrs, les gains de la population de nombreuses communes rurales sont frappants entre 1926 et 1931. En effet, dans l'intervalle, la population étrangère du département s'accroît de 6 000 unités. Quelques exemples : La Sauve, 790 habitants en 1926 ; 820 (dont 45 étrangers) en 1931. — Daignac, 388 en 1926 ; 449 (40 étrangers) en 1931. — Dardenac, 83, puis 102 (22 étrangers). — Naujan-et- Postiac, 579, puis 610 (61 étrangers). — Blasimon, 960, puis 1 034 (139 étrangers). — Le repeuplement de La Sauve à l'époque contemporaine nous paraît aussi suggestif qu'au XVe siècle. Entre 1900 et 1914, des Périgourdins, des Saintongeais et des Vendéens s'y étaient installés. Depuis 1919, y sont venus des Suisses, des Espagnols, des Italiens, des Polonais, des Russes, des Tchécoslovaques et des Yougoslaves : la plupart ouvriers agricoles ou métayers. Sans doute leur immigration est-elle en partie temporaire. L'exemple d'une telle mosaïque de nationalités n'en est pas moins typique.