Pour bien comprendre le problème du mariage chrétien en AOF, il est nécessaire de bien situer la place de l'individu et de la femme, d'une part dans la société païenne, et d'autre part dans la société chrétienne.
La société païenne a comme élément fondamental et comme cadre, tout à la fois, la collectivité familiale patriarcale (ou matriarcale). Cette collectivité familiale n'a pas constitué son organisation en vue du bien direct et immédiat de l'individu, c'est au contraire toute l'activité de l'individu qui se trouve ordonnée en vue du bien supérieur de cette collectivité. L'individu adulte ne fonde pas une famille nouvelle qui aura sa vie propre et son indépendance, car la famille patriarcale qui l'englobe, la seule famille qui compte, existait bien avant l'individu. Elle prend son origine dans un passé lointain, plus ou moins mythologique, et son avenir est sans limite. C'est cette collectivité patriarcale qui possède seule une personnalité complète, au point d'absorber largement celle des individus, aussi peut-on dire que les individus ne sont plus que les organes ou les instruments de cette personnalité complexe. Les intérêts de la collectivité dominent les intérêts de l'individu et en cas de conflit, ce sont toujours-les intérêts de ce dernier qui sont écartés.