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Études sur la Cosmologie des Dogon et des Bambara du Soudan Français

Published online by Cambridge University Press:  21 August 2012

Extract

Dans un article intitule ‘Un Gnomon soudanais’ nous avons relevé l'existence et l'emploi du gnomon chez les Bambara du Soudan Français. Il n'est pas sans intérêt de présenter également la notion que ce peuple a de l'écliptique. Des idées similaires se retrouvent à ce sujet chez les Dogon; sans essayer de faire du comparatisme qui peut être fallacieux, nous mettrons en regard, cependant, cette notion astronomique commune aux deux peuples qui, démographiquement et spirituellement, témoignent d'une même origine.

Résumé

DIAGRAMS OF MYTHICAL JOURNEYS

The heroes of Bambara myths are said to have travelled through earth and heaven and in the sphere of cosmic space. Traditional accounts of their journeys are so precise and so detailed that diagrams are made of them in which dimensions of time and space are indicated. Many of these diagrams may also be regarded as representations of the movements of the sun, moon, or planets. The traditions concern the travels of Koni the creator, Faro, who put the created world in order, and Most Koroni Koundyé, the wife of Koni, who, pursued by the creator, fled to the four corners of the world. Koni, in the course of his journeys, created air, fire, water, and earth; his movements are represented sometimes by four connected spirals, sometimes by a cross, which also represents the movements of the sun through the year. Faro and Moso Koroni are regarded as complementary and antagonistic elements and their journeys are sometimes represented by a zigzag line which also symbolizes the path of the planet Venus. Moso Koroni is said to have instituted the practice of circumcision, and among the Bambara this operation is always carried out at the time when Venus, the morning star, is at its brightest.

The author points out that the mentality of the Bambara, as revealed in their myths, is at once so complex and so strange to European minds that long and detailed researches, as well as caution in offering interpretations, are most necessary.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © International African Institute 1951

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References

page 13 note 1 Un gnomon soudanais’, Africa, xx, no. 2, avril 1950, pp. 126–31. Communication faite à la 3ème Conférence Internationale des Africanistes de l'Ouest, Ibadan, décembre 1949. Le présent article a été aussi l'objet d'une communication à cette conference.Google Scholar

page 13 note 2 Selon les Dogon, les parties de la terre au delà des tropiques appartiennent aux ‘hommes qui sont dans l'obscurité’, yalu olone ine toy (lit., hommes de 1'endroit obscur).

page 13 note 3 Certains pronostics relatifs aux travaux agricoles, le rituel de la circoncision, &c. tiennent compte de ces phéonènes.

page 13 note 4 Cf. à ce sujet Zahan, D., 'Apeŗu sur la pensée théogonique des Dogon’, Cahiers Internationaux de Sociologie, vol. vi, Paris, avril-juin 1949, pp. 113–33Google Scholar; Ganay, S. de, ‘Notes sur la théodicée bambara’, Revue d'Histoire des Religions, cxxxv, no. 2-3, Paris, avril-juin 1949, pp. 187213.Google Scholar

page 14 note 1 Cf. Ganay, S. de, ‘Graphies des voyages mythiques chez les Bambara', voir pp. 20–3. Communication faite à la 3ème Conférence Internationale des Africanistes de l'Ouest, Ibadan, décembre 1949.Google Scholar

page 14 note 2 Le mot keme designe le nombre 80 chez les Bambara. ‘Quatre keme et quarante jours’ (tle Keme nani ant debe) correspondent done à 360 jours; meme nombre de jours est exprimé en dogon par: bay sun nay pen nay (lit., jours quatre quatre vingt quatre dix, i.e. (4X 4X 20)+(4 X 10)). II y a lieu d'observer qu'on peut très bien traduire les mots keme et sun par ‘cent’ (sachant par ailleurs que ce ‘cent’ ne correspond en réalité qu'à huit dizaines), étant donné que ces mots désignent chez ces peuples des unités de 3ène ordre.

page 15 note 1 Le nom ‘dent’ donné par les Indigènes aux chevrons de cette ligne brisée n'est pas fortuit. IIs rapprochent, en effet, ce mot et la chose qu'il représente du même mot désignant la dent de la bouche humaine. Par ailleurs, comme on le verra plus loin au sujet du nombre 90, le nombre ‘quatre keme et quarante’ (360) est réduit à quarante-quatre. Ceci ezplique la réponse donnée par un informateur à la question: ‘Combien de dents a-t-on dans la bouche?’ ‘Autant qu'il y a de jours dans l'année, c'est-à-dire quarante-quatre.’ Rappelons que le nombre de 360 jours de l'année bambara et dogon est une mesure du temps religieux. Mais on n'a là qu'une valeur théorique de la durée qui sur le plan ontologique s'articule avec la constitution métaphysique du monde (cf. à ce sujet notre étude: ‘Aperçu sur la pensée théogonique des Dogon’). Aussi quand il s'agit de la mesure du temps pratique et utile les Bambara et les Dogon ajoutent 5-6 jours aux 360 afin de respecter le cours des saisons. Dans l'état présent de l'enquête les idées relatives à la valorisation religieuse et théorique du temps semblent transcender de beaucoup celles qui ont trait au temps utile, car la vie sociale, les rites et les institutions reposent davantage sur le nombre 360 que sur 365 ou 366.

page 15 note 2 Quand il s'agit de ce que nous appelons points cardinaux, les Dogon traduisent par ‘quatre côtés du monde’ (adune siba nay), alors que les Bambara ne parlent que des ‘quatre coins du monde’ (dyen seleke nani). Ces deux expressions sont cependant équivalentes, car tant pour les Bambara que pour les Dogon ce qui correspond à notre point cardinal n'est pas une direction mais une série continue de directions. L'Est, par exemple, est toute l'étendue de l'horizon marquée par les levers du soleil durant l'année; de même, le Sud est toute la partie du monde où s'accomplit le mouvement diurne du soleil dans l'hémisphere austral. Aussi, pour un observateur placé au centre du monde (et, soit pour les Bambara soit pour les Dogon, le centre du monde est là où est la personne), s'il se tourne vers l'Est il aura devant lui en même temps L' ‘angle’ Est du monde (formé par les diagonales fictives du carré du monde) et le ‘côté’ Est (côté opposé au sommet de l'angle qu'il occupe). Dans la graphie du mouvement du soleil sur l'écliptique le segment AB indique done tous les mouvements diurnes du soleil dans l'hémisphère austral, tandis que le segment CD marque ce meme mouvement mais dans l'hémisphère septentrional (cf. à ce sujet D. Zahan, La notion d'orientation chez les Bambara et les Dogon, à paraitre).

page 16 note 1 Cf. S. de Ganay, ‘Notes sur la théodicée bambara’; ‘Graphies des voyages mythiques chefc les Bambara’.

page 16 note 2 La corrélation entre le temps, 1'espace et la vitesse est intéressante à noter chez ces peuples. D'une manière générale, tout changement dans la durée est dù davantage, selon eux, à une modification de la vitesse du mobile qui la mesure qu'à une modification de 1'espace où se meut le mobile.

page 17 note 1 Le moment où le soleil est dans la région zénithale est appeté par les Bambara tle ka kun tye ka tama (litt la marche du milieu de la tête soleil); le jour où il est juste au zénith est appelé ban sigi (litt. assise de l a réunion).

page 17 note 2 Cette marche du soleil entre le solstice d'été et l e solstice d'hiver est caractérisée chez les deux peuples par l'expression: ‘marche penchée du soleil’.

page 17 note 3 Les équinoxes sont déterminés au moyen du gnomon, cf. D. Zahan, ‘Un gnomon soudanais’.

page 17 note 4 Les enquêtes sur le phénomène de précession des équinoxes, comme d'ailleurs sur tout ce qui a trait à l'astronomie indigène, ne sont point aisées, d'une part parce qu'on touche par ces investigations l'un des points sensibles de l'ésotérisme africain, et d'autre part, parce que l'introduction des moyens mécaniques pour la mesure du temps a supprimé l'usage du gnomon et a fait tomber dans l'oubli les méthodes andennes d'évaluation de la durée.

page 17 note 5 Des documents à ce sujet ont été recueillis par S. de Ganay.

page 17 note 6 Cf. Griaule, M., Dieu d'eau, p. 93.Google Scholar

page 18 note 1 D'autre part, la ligne en chevrons a un symbolisme extrêimement riche. ‘Cette ligne est considérée comme le “chemin” de la lumière, du verbe, de l'eau, de la chaleur, de l'odeur et du cuivre, métal primordial. Elle est le signe de l'identitée ou de la correspondance de ces divers phénomènes’ (cf. Griaule, M., ‘Les religions noires’, L'Encyclopédie cob niale et maritime, Paris, 1949, Afrique Occidentale Française, t. I, p. 14.Google Scholar

page 18 note 2 Nous ne saurions trop insister sur le fait qu'il ne s'agit pas chez ces populations d'un culte astral, si cher à certains ethnographes, mais bien d'une intégration des grands phénomènes de la nature dans la vie de la personne et de la société. Celles-ci sont au centre du monde et doivent refléter l'univers tout entier.

page 19 note 1 Sous le titre: ‘La signification des représentations graphiques de quelques voyages mythiques chez les Bambara (Soudan Francais)’, cet article a été l'objet d'une communication à la 3ème Conférence Internationale des Africanistes de l'Ouest, à Ibadan, décembre 1949.

page 19 note 2 Cf. Ganay, S. de, ‘Notes sur la théodicée bambara’, Revue de I'Histoire des Religions, t. cxxxv, Paris, avril-juin 1949.Google Scholar

page 21 note 1 Sur le Faro cf. G. Dieterlen, Essai sur la religion bambara (à paraltre).

page 22 note 1 Ces deux ‘étoiles’ sont conçues par les Indigènes comme distinctes et portent chacune un nom.

page 22 note 2 En parlant ici des mouvements de Vénus sur son orbite, nous nous bornons à expliquer la signification donnée par nos informateurs à l'un des nombreux parcours de Faro et Moso Koroni, symbolisés par cette ligne à quatre segments; celle-ci est répresentée avec les orientations les plus diverses.

page 22 note 3 Octobre 1949.