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Published online by Cambridge University Press: 07 December 2011
Les Dinka ont construit de vastes sanctuaires dans les régions centrales du Sud du Soudan. Au début de 1983, époque de l'aggravation des tensions politiques qui allaient aboutir à la guerre civile actuelle, l'étable de la divinité Mayual, sanctuaire des Agar Dinka du Bahr al-Ghazal Sud, fut reconstruite par les représentants de plusieurs tribus secondaires sur des terres avoisinant la ville de Rumbek.
Le sanctuaire etait le symbole de la communauté de ses reconstructeurs, une communauté qui reconnaissait le rôle central politico-religieux du sous-clan Pana-macot, le plus ancien d'un groupe de sous-clans d'une puissance religieuse certaine et connu sous le nom de rordior (les fils des femmes). Le personnage religieux leader des Panamacot était le maître du sanctuaire. II était également Président du conseil municipal de Rumbek, une fonction séculaire créée par le gouvernement.Jusqu'à son élection en 1976, Agar avait soutenu l'idee qu'un seul homme ne pouvait pas cumuler ces deux fonctions.
A la fin de 1982—début 1983, la reconstruction imminente du sanctuaire devint l e sujet d'une dispute politico-religieuse entre le maître de l'etable-sanctuaire et un rival apparemment guidé par une inspiration divine et appartenant à un sous-clan différent. Cette dispute deboucha sur une lutte d'influence au sein de la communauté chargée de la reconstruction du sanctuaire. La forme et la logique de cette dispute furent partiellement façonnées par les aptitudes religieuses propres à chacun des deux leaders. L'appréciation de leurs aptitudes dépendaient par ailleurs de manifestations divines projetant des lectures différentes (mais non pas distinctes) de l'expérience acquise historiquement. Ces manifestations divines étant également inhérentes à la création de cette expérience. Une crise politico-religieuse fut déclenchée par l'expérience populaire contradictoire des manifestations divines, les differences d'aptitude a la prediction des deux leaders religieux au niveau de l'expérience de la vie quotidienne, les perceptions divergeantes du passé et les peurs engendrées par le développement des événements politiques nationaux et régionaux. Cet épisode sert à démontrer de quelle façon, pour les Agar Dinka du moins, un leadership guidé par des inspirations divines dépend d'un accord d'inter-prétation sans cesse negocié entre le leader et ses adeptes. Pour atteindre cet accord, toutes les parties concernées tentent de prédire l'avenir à la lumière du passé et du présent.