De nombreuses études récentes montrent que la boulimie est une perturbation fréquente des conduites alimentaires de l’adulte dont la prévalence dans la population féminine avoisinerait 10 %. Il reste cependant difficile d’être plus précis, car les critères diagnostiques, les instruments d’évaluation et les populations varient beaucoup entre eux.
A titre d’exemple, la définition du DSM III ne retient pas la présence des vomissements comme critére obligatoire, contrairement à d’autres.
Les auteurs présentent également les premiers résultats d’une enquête effectuée auprès de l’ensemble des étudiants de l’Université de Genève. A partir de 4200 des 12000 questionnaires qui ont été retournés, la representativité selon le sexe et l’âge a été obtenue en sélectionnant un groupe de 3102 questionnaires valides, soit 25.7 % du total. Au moment de l’étude, 20.5 % des femmes et 8.6 % des hommes utilisaient l’un des moyens de contrôle du poids, régime inclus, et 2.6 % des femmes et 0.5 % des hommes recouraient aux vomissements. Concernant la boulimie, si ce travail ne permet pas de conclusions définitives, il permet néanmoins d’approcher un groupe à risque boulimique avoisinant 4 à 6 % des femmes et 0.5 à 0.8 % des hommes. Ces résultats ainsi que les ratios F/H et les âges de début sont superposables aux valeurs des études de référence. Les rapports que la boulimie entretient avec la dépression, les conduites toxicomaniaques ou d’alcoolisation, voire les troubles paniques, phobiques et obsessifs-compulsifs devraient être mieux étudiés afin d’éviter les erreurs de diagnostic. La recherche d’un poids idéal est une caractéristique de ce syndrome. Un traitement visant à modifier la représentation de ce paramétre constituerait un des éléments utiles d’une thérapie cognitive et informative.