Tant que dure le terrible conflit qui ensanglante l'Europe, il serait prématuré d'en vouloir prédire toutes les conséquences; néanmoins chacun déjà, à son point vue, s'efforce de la juger et d'en tirer des enseignements; les militaires et les hommes d'Etat y puisent d'utiles lecons, et ce drame douloureux n'est pas moins instructif pour l'historien ou le philosophe, qui y cherchent des révélations sur le plan de Dieu à l'egard de l'humanité. Mais ce n'est sous aucun de ces aspects que nous avons à l'envisager. Pour nous, cette lutte abominable a été avant tout une démonstration éloquente des maux de la guerre et de l'utilité des sociétés de secours. Nous voudrions pouvoir nous dire que ces sociétés seront désormais superflues, et que, sur les flots du sang répandu, se lèvera l'aurore d'une paix perpétuelle. Mais hélas! nous n'en sommes pas là. Les manifestations dont nous avons été témoins chez les belligérants, en démasquant tout ce qu'il y encore de préjugés, de passions aveugles, de férocité native, chez les peuples les plus civilisés, sont Men de nature à faire craindre que la paix, en apparence la plus durable, ne soit qu'une treve, et que, tôt ou tard, le fléau ne se déchaine derechef sur notre vieux monde, qui devrait pourtant en être las.